jeudi 18 mars 2010

Montpellier et le tourisme : emploi, commerce et festivals

Festival Radio France, festivals de cinéma, cafés et fêtes à la plage : que la ville de Montpellier serait-elle sans le tourisme ?

Montpellier et le tourisme
Que la ville de Montpellier serait-elle sans ses touristes ? - Le Monsieur d'une trentaine d'années rigole : "Une ville agréablement calme. Je me passerait bien des touristes." Mais la dame à ses côtés n'est pas d'accord avec lui : "Ce que tu dis n'a pas de sens. Regarde un peu autour de toi." Elle fait allusion aux cafés de la place de la Canourgue. "Penses-tu vraiment que ces cafés seraient là s'il n'y avait pas de tourisme à Montpellier ?"

Sans doute, la dame pose une question essentielle. "Montpellier serait-elle Montpellier sans les touristes ?" La dame dans la soixantaine réfléchit. "Vous savez, j'ai connu la ville quand elle était encore tout petite, avant tout ce développement délirant." Elle rit. "Vous avez affaire à une espèce devenue rare : je suis une véritable Montpelliéraine." La dame veut sans doute dire qu'elle est née à Montpellier. "Dans ma jeunesse, tout le monde se connaissait à Montpellier. On se promenait dans les rues, et on rencontrait des amis. Aujourd'hui... Mais, bien sûr, la ville n'était pas si jolie, avec les rues piétonnes partout. Je ne sais pas - c'était pas si mal à l'époque."

"Vous posez une question assez difficile." Le Monsieur, un peu plus jeune que la dame, hoche la tête. "D'un côté, tout Montpelliérain déteste les touristes. Par définition. Dès qu'un bon citoyen devient touriste, il oublie sa bonne éducation. Pour lui, c'est les vacances, donc tout le monde doit avoir des vacances. Il ne réfléchit pas, il s'amuse - il a payé pour pouvoir s'amuser. Les gens qui travaillent et qui sont dérangés par son bruit ne l'intéressent pas... ils ne comptent même pas... dans ses idées, le 'rabat-joie' lui fait perdre l'argent qu'il a payé pour être en vacances."

Montpellier et ses plagesUne analyse très pointue qui ne l'empêche pourtant pas d'apprécier certains côtés du tourisme. "Mais il est vrai que, dans le stade actuel, nous ne pourrions plus nous passer du tourisme. Entre-temps, toute une industrie est basée sur ce secteur économique. Sans le tourisme, beaucoup de commerces à Montpellier et aux environs seraient condamnés à la faillite - pour ne pas parler du chômage qui atteindrait des taux encore plus effroyables."

Une jeune dame voit le sujet d'un côté plus léger. "J'aime bien les touristes, surtout les étrangers. Je peux parler anglais avec eux, et ils sont contents, même si je fais des fautes. En plus, la ville serait morte en été, sans les touristes, vous ne pensez pas ?"

Une autre jeune dame sourit : "S'il y a pas de touristes, y aurait pas de bars sur la plage, les nuits d'été. Et s'il y avait pas de bars sur la plage, on pourrait pas faire la fête nous non plus."

Sa copine rit, mais puis, elle devient sérieuse : "Nous n'avons pas besoin des bars pour faire la fête sur la plage, on peut faire ça tout seuls. On prend notre pique-nique, de la musique, et c'est parti... Imagine", s'adresse-t-elle à son amie, "si on avait la plage pour nous tout seuls, pendant l'été. Juste les habitants de Montpellier et des villages autour. Ça serait le paradis."

Un jeune homme qui prend une bière sur la terrasse d'un café de la place de la Canourgue est plus généreux. "On a cette région formidable, tout ce soleil, la mer... pourquoi pas partager un peu ? Laisse-les venir, les touristes. Ils sont dans la pluie toute l'année, ils ont besoin d'un peu de soleil. Regarde", son regard se tourne vers le ciel d'un bleu éclatant, "on est en mars, et il fait déjà si chaud qu'on se croirait en plein été. Les pauvres Parisiens, ils souffrent toujours du froid." Et il lève son verre et boit, comme il dit, "au partage du soleil et du bon temps."

Emploi, commerce, exercer ses connaissances de langues étrangères - y a-t-il d'autres raisons pour apprécier le tourisme à Montpellier ? - "L'ouverture", explique une dame dans la quarantaine. "Imaginez une ville fermée où, tous les jours, on ne rencontrerait que les habitants. Toujours les mêmes. Le soir, on irait dans un des deux ou trois bars qui auraient survécu sans le tourisme où on connaîtrait tout le monde et où on saurait en avance de quoi on parlera. On connaîtrait l'opinion de toutes les personnes, pour qui elles votent, ce qu'elles pensent du divorce de telles voisine..."

"Le tourisme ?", réponds une autre dame d'à près peu le même âge. "Je ne sais pas. Pas trop utile, n'est-ce pas ? Mais ce qui est bien, c'est les hommes d'affaires qui viennent pour les congrès. Ils ont des sous, et ils les dépensent à Montpellier. Et les jeunes qui viennent ici pour faire des études. Ou pour apprendre le français. Ils restent ici pour quelques mois, et ça nous amène une bouffée d'air..."

"J'ai des voisins qui ne viennent que pendant les vacances. Et je peux vous dire qu'avec mon mari, on a appris à détester les vacances. Ils font la fête tous les soirs et quand on leur demande de faire moins de bruit, ils nous insultent", explique une dame un peu plus âgée.

Congrès à Montpellier"Le tourisme ? c'est la meilleurs chose qui puisse nous arriver !" Le Monsieur dans la quarantaine rigole. "Vous n'êtes pas à la bonne adresse. Mon opinion ne devrait pas être très typique... je suis le propriétaire d'un hôtel. Sans les touristes, je serais en chômage depuis longtemps. Et mes quatre employés aussi."

"Le tourisme est un cercle - non, je ne dirait pas infernal." Cette fois-ci, c'est une dame d'une trentaine d'années qui s'apprête à analyser la question. "Les étés à Montpellier sont très actifs. Nous avons le festival de Radio France, des festivals de cinéma, bref, plein de manifestations qui attirent les touristes. Grâce à eux, toutes les manifestations sont une réussite, au niveau du nombre des entrées vendues. On dirait que, sans les touristes, une bonne partie des festivals n'existerait plus - et sans les festivals, on aurait moins de touristes. Si les Montpelliérains ne veulent pas de touristes, il faut alors arrêter les festivals. Et s'ils veulent des festivals, faut accepter le tourisme. C'est clair, n'est-ce pas ?

Photos et texte : copyright Doris Kneller

1 commentaire: