Bilan après la Comédie du Livre consacrée à la littérature allemande : "Nous avons compris ce qui préoccupe la nouvelle génération allemande."

Plusieurs mois avant que la Comédie du Livre 2011 ouvre ses portes, les Montpelliérains n'étaient pas sûrs si le sujet de cette année leur convenait. Une dame allemande qui vit à Montpellier depuis plus de 20 ans a exprimé un malaise qui ne concernait pas seulement les Montpelliérains "venus d'ailleurs" : "La littérature allemande, oui, bien sûr, pourquoi pas. Elle est aussi riche qu'une autre. Mais pourquoi invite-t-on tant d'écrivains qui parlent de la deuxième guerre mondiale ?
Dimanche soir, après trois jours de Comédie du Livre avec des tables rondes, conférences et discussions entre les écrivains et le public, l'opinion de beaucoup de Montpelliérains avait changé. L'étonnement a cédé à un sentiment de compréhension : on n'est plus étonné voire choqué de découvrir à Montpellier des livres comme, par exemple, ceux de Peter Longerich - sa biographie sur Himmler ou celui qui porte comme titre la fameuse phrase "Nous ne savions pas" - où les policiers de Volker Kutscher qui essaient de répondre à la question, comment le régime Nazi a pu prendre pied en Allemagne.

"Jusqu'à maintenant", explique une dame d'un quarantaine d'années après une rencontre avec Volker Kutscher, "j'avais pensé que ce sommes nous, les Français, qui poussent les Allemands à ne pas oublier le point le plus noir de leur histoire. Mais pendant les jours de la Comédie du Livre, j'ai compris que la nouvelle génération d'écrivains allemands a été capable d'une performance impressionnante : ils se sont penché sur leur histoire pour s'interroger pourquoi tout cela a pu arriver."
Cela est vrai pour Volker Kutscher qui a inventé un commissaire qui travaille dans le Berlin des années 30. Ses romans ne reflètent pas seulement l'esprit contradictoire de panique, de crime américanisée et de fête qui, à cette époque-là, régnait dans la capitale allemande, mais ils montrent aussi le développement politique. Volker Kutscher explique qu'encore deux ans avant que Hitler soit élu chancelier, la plupart des Allemands n'auraient jamais eu l'idée que ces cogneurs du parti nazi qui passaient leur temps à des batailles de rue contre le communistes atteindraient un jour un pouvoir politique légal.
Peter Longerich, par contre, l'historien allemand et professeur d'université à Londres dont on dit qu'il serait un des plus grands experts de l'histoire du holocauste, va encore plus loin. Il a entamé un travail scientifique sur les sources écrites de l'époque des Nazis - la presse, des lettres, des documents officiels etc. - pour constater ce dont tant de jeunes Allemands s'en doutaient déjà : le peuple allemand savait très bien ce qui se passait "en secret". "Le plan de l'extermination des juifs était plutôt un secret de Polichinelle", résume un Monsieur ce qu'il a appris dans une conférence. Puis il répète une pensée qu'il avait entendu par Peter Longerich : "Mais entre apprendre quelque chose par la presse et l'accepter comme vérité pure, il y a un long chemin."

Toutefois, quelques Montpelliérains ne voulaient pas se contenter de la question concernant la conscience du peuple allemand : la question sur ce qui se passait en France et ailleurs a surgi plusieurs fois. "C'est fabuleux", s'enthousiaste un Monsieur d'une cinquantaine d'années qui dit qu'il connaît très bien l'Allemagne et qu'il s'intéresse beaucoup à son histoire, "cette Comédie du Livre était la première occasion pour moi de discuter franchement sur tous les sujets concernant la shoah. Il n'y avait pas de tabous, ni du côté allemand, ni du côté français. Serions-nous enfin arrivé au point où nous pourrions tirer des leçons du passé, sans nous perdre dans les émotions ?"
Celui qui aurait pensé que le sujet de la littérature allemande en générale et celui de l'époque nazi en particulier n'intéresserait que des personnes plus ou moins âgées aurait eu tort : les conférences étaient fréquentées d'un bon nombre d'étudiants. Leurs questions montraient qu'ils ne connaissaient pas seulement le sujet, mais qu'ils y avaient aussi beaucoup réfléchi. Ce qui était remarquable : au contraire de quelques personnes plus âgées dont la connaissance - et l'habitude - de la propagande les fait parfois oublié la problématique de base, les jeunes ont mit en question l'esprit commun et la "réaction de masse" d'un peuple.
"Je comprends", s'ouvre un étudiant à l'équipe de Montpellier Presse Online, "que les Allemands cherchaient de l'aide pour se sortir d'une crise qui les a paralysés. Mais pourquoi ont-ils pris pour cible un groupe de gens, les juifs, qui étaient dans la même galère que tout le monde ?
Une étudiante qui a assisté à la conférence sur l'image de l'Allemagne dans les livres scolaires s'étonne : "Les auteurs de ces livres ont essayé de suggérer que tous les juifs auraient des nez longs et les yeux méchants. Mais si on regarde ces livres, " - elle fait allusion aux extraits qui ont été projetés pendant la conférence - "on se rend compte que ce ne sont que des dessins, des caricatures. Comment tout un peuple peut croire que ces caricatures correspondent à la vérité ? Ils avaient tous des voisins ou des connaissances juifs. C'était évident pour tout le monde que ces longs nez n'avaient rien à voir avec la réalité."
"J'ai beaucoup appris, ces jours de la Comédie du Livre", explique une autre étudiante. "On comprend un peu mieux, maintenant, pourquoi tout ça est arrivé. Mais ce que j'ai appris me fait un peu peur. Nous aussi, on est dans la crise. Nous avons pas de travail. L'économie va mal. Courrons-nous le risque de voir surgir un autre 'sauveur' qui, finalement, nous détruira tous ?"
Sa copine secoue la tête. "Non", dit-elle, l'air très sérieux. "L'humanité n'est peut-être pas l'élément le plus intelligent qui soit. Mais nous sommes capables d'apprendre quand même. Jamais plus on ne permettrait des excès de cruauté comme on les a vus à la deuxième guerre mondiale. Si les 'vieux' n'ont rien appris, nous sommes là, les jeunes. Nous, on veut la paix."
Dimanche soir, après trois jours de Comédie du Livre avec des tables rondes, conférences et discussions entre les écrivains et le public, l'opinion de beaucoup de Montpelliérains avait changé. L'étonnement a cédé à un sentiment de compréhension : on n'est plus étonné voire choqué de découvrir à Montpellier des livres comme, par exemple, ceux de Peter Longerich - sa biographie sur Himmler ou celui qui porte comme titre la fameuse phrase "Nous ne savions pas" - où les policiers de Volker Kutscher qui essaient de répondre à la question, comment le régime Nazi a pu prendre pied en Allemagne.

Volker Kutscher à Montpellier
"Jusqu'à maintenant", explique une dame d'un quarantaine d'années après une rencontre avec Volker Kutscher, "j'avais pensé que ce sommes nous, les Français, qui poussent les Allemands à ne pas oublier le point le plus noir de leur histoire. Mais pendant les jours de la Comédie du Livre, j'ai compris que la nouvelle génération d'écrivains allemands a été capable d'une performance impressionnante : ils se sont penché sur leur histoire pour s'interroger pourquoi tout cela a pu arriver."
Cela est vrai pour Volker Kutscher qui a inventé un commissaire qui travaille dans le Berlin des années 30. Ses romans ne reflètent pas seulement l'esprit contradictoire de panique, de crime américanisée et de fête qui, à cette époque-là, régnait dans la capitale allemande, mais ils montrent aussi le développement politique. Volker Kutscher explique qu'encore deux ans avant que Hitler soit élu chancelier, la plupart des Allemands n'auraient jamais eu l'idée que ces cogneurs du parti nazi qui passaient leur temps à des batailles de rue contre le communistes atteindraient un jour un pouvoir politique légal.
Peter Longerich, par contre, l'historien allemand et professeur d'université à Londres dont on dit qu'il serait un des plus grands experts de l'histoire du holocauste, va encore plus loin. Il a entamé un travail scientifique sur les sources écrites de l'époque des Nazis - la presse, des lettres, des documents officiels etc. - pour constater ce dont tant de jeunes Allemands s'en doutaient déjà : le peuple allemand savait très bien ce qui se passait "en secret". "Le plan de l'extermination des juifs était plutôt un secret de Polichinelle", résume un Monsieur ce qu'il a appris dans une conférence. Puis il répète une pensée qu'il avait entendu par Peter Longerich : "Mais entre apprendre quelque chose par la presse et l'accepter comme vérité pure, il y a un long chemin."

Peter Longerich à la Comédie du Livre
Toutefois, quelques Montpelliérains ne voulaient pas se contenter de la question concernant la conscience du peuple allemand : la question sur ce qui se passait en France et ailleurs a surgi plusieurs fois. "C'est fabuleux", s'enthousiaste un Monsieur d'une cinquantaine d'années qui dit qu'il connaît très bien l'Allemagne et qu'il s'intéresse beaucoup à son histoire, "cette Comédie du Livre était la première occasion pour moi de discuter franchement sur tous les sujets concernant la shoah. Il n'y avait pas de tabous, ni du côté allemand, ni du côté français. Serions-nous enfin arrivé au point où nous pourrions tirer des leçons du passé, sans nous perdre dans les émotions ?"
Celui qui aurait pensé que le sujet de la littérature allemande en générale et celui de l'époque nazi en particulier n'intéresserait que des personnes plus ou moins âgées aurait eu tort : les conférences étaient fréquentées d'un bon nombre d'étudiants. Leurs questions montraient qu'ils ne connaissaient pas seulement le sujet, mais qu'ils y avaient aussi beaucoup réfléchi. Ce qui était remarquable : au contraire de quelques personnes plus âgées dont la connaissance - et l'habitude - de la propagande les fait parfois oublié la problématique de base, les jeunes ont mit en question l'esprit commun et la "réaction de masse" d'un peuple.
"Je comprends", s'ouvre un étudiant à l'équipe de Montpellier Presse Online, "que les Allemands cherchaient de l'aide pour se sortir d'une crise qui les a paralysés. Mais pourquoi ont-ils pris pour cible un groupe de gens, les juifs, qui étaient dans la même galère que tout le monde ?
Une étudiante qui a assisté à la conférence sur l'image de l'Allemagne dans les livres scolaires s'étonne : "Les auteurs de ces livres ont essayé de suggérer que tous les juifs auraient des nez longs et les yeux méchants. Mais si on regarde ces livres, " - elle fait allusion aux extraits qui ont été projetés pendant la conférence - "on se rend compte que ce ne sont que des dessins, des caricatures. Comment tout un peuple peut croire que ces caricatures correspondent à la vérité ? Ils avaient tous des voisins ou des connaissances juifs. C'était évident pour tout le monde que ces longs nez n'avaient rien à voir avec la réalité."
"J'ai beaucoup appris, ces jours de la Comédie du Livre", explique une autre étudiante. "On comprend un peu mieux, maintenant, pourquoi tout ça est arrivé. Mais ce que j'ai appris me fait un peu peur. Nous aussi, on est dans la crise. Nous avons pas de travail. L'économie va mal. Courrons-nous le risque de voir surgir un autre 'sauveur' qui, finalement, nous détruira tous ?"
Sa copine secoue la tête. "Non", dit-elle, l'air très sérieux. "L'humanité n'est peut-être pas l'élément le plus intelligent qui soit. Mais nous sommes capables d'apprendre quand même. Jamais plus on ne permettrait des excès de cruauté comme on les a vus à la deuxième guerre mondiale. Si les 'vieux' n'ont rien appris, nous sommes là, les jeunes. Nous, on veut la paix."
Photos et texte : copyright Doris Kneller
Le paradis commence juste quelques mètres à l'extérieur du village. Et ce ne sont pas seulement les "prades" - les "prairies" en occitan - de Prades-le-Lez qui attirent l'œil du promeneur, mais aussi la forêt et le Lez qui, imperturbable, amène son eau aux paysages baignés par le soleil du Midi.
Toutefois, les temps ont changé. Et tandis que les environs de Prades-le-Lez restent un paradis naturel, il n'y a plus beaucoup d'enfants à la recherche d'une pomme ou d'une pêche. Ils ont, tout simplement, perdu l'habitude de manger des fruits. Quelques enfants, comme souligne une enseignante pradéenne, ne savent même plus d'où viennent les fruits - ils ont tendance à les confondre avec un yaourt ou un bonbon de goût fruité.
Pourtant, si l'on dit "fruit", on ne parle pas de "fruits quelconques". Il n'est pas seulement question d'une nourriture équilibrée, mais aussi d'une agriculture adaptée aux idées de la vie saine. Ainsi, le projet s'inscrit dans le plan d'alimentation nationale qui met en valeur les produits de la saison et, tant que possible, ceux de proximité. "Tous les fruits sont acceptés. Toutefois, les enfants n'ont pas besoin de manger des fraises en décembre ou des cerises en octobre. Dans notre région, chaque saison porte assez de fruits et de légumes."
Si, un samedi de printemps, on demande à un Montpelliérain où on fait la fête, il peut arriver qu'il rie, tout simplement. Comme la dame dans la trentaine qui attend un tram sur la place de la Comédie : "La fête ?", dit elle en riant, "vous n'avez pas à la chercher. Elle est partout."
Au printemps montpelliérain, la fête ne se cache pas entre les murs - au moins pas pendant la journée. Elle commence dès qu'on aborde les rues du centre de la ville. Premier constat : "tout le monde" est dehors. Deuxième constat : "c'est la fête en permanence", comme l'exprime un jeune homme qui "préfère Montpellier à Lyon", la ville où il a grandi. "J'ai pensé qu'un samedi ensoleillé, les gens seraient à la plage", s'étonne une étudiante qui vit son premier printemps à Montpellier.
Et la promenade à travers la fête continue. Le Montpelliérain qui laisse la Comédie derrière lui pour s'engager dans l'esplanade peut être sûr de tomber sur une autre fête : par exemple sur un festival de la musique des Amériques du Sud ou sur les "Aplecs de Sardana", un concours de la danse catalane qui, avec tous ces gens qui se prennent par la main et dansent en ronde, ne tombera jamais dans l'oubli.
Le soir, la fête continue souvent à l'intérieur. Par exemple avec la remise des prix de la 11ème édition des Rencontres photographiques de Montpellier, les Boutographies, où des photographes de beaucoup de pays se donnent rendez-vous. La première partie, la remise des prix des Boutographies, se déroule dans une ambiance "officielle" - mais dès que commence la deuxième partie, un apéritif dans le jardin de la Maison des Relations internationales, la fête continue : tout le monde bavarde avec tout le monde, les bases de nouvelles amitiés sont mises en place, on parle anglais et français, espagnol, portugais et allemand, et la "tour de Babel" multilingue se transforme en une manifestation de solidarité "typiquement" montpelliéraine.
Après-midi dans la rue Durand. Une voiture s'apprête à la franchir. Un peu étonné, le conducteur freine - la rue est bloquée par une banderole. Mais avant qu'il ait le temps de comprendre, deux habitants de la rue se précipitent pour la soulever. Le conducteur donne un signe de main, leur offrant un sourire de remerciement et, aussi, de solidarité.
Mais, justement, on ne peut plus compter sur les bus. Lorsque, aux heures de pointe, les bus bouchonnent dans la rue Durand, personne ne bouge plus entre la gare et les halles Laissac. Les usagers des bus arrivent en retard, les voitures entre les bus sont coincées, et si quelqu'un avait l'idée de livrer une marchandise à un des commerçants de la rue Durand, il ferait mieux se garer loin pour livrer à pied. Parce que se garer dans le quartier, cela est pratiquement devenu impossible.
...ce qui n'empêche pas certains conducteurs de s'arrêter pour faire des remarques vulgaires sur les "fesses" de jeunes dames qui ont la malchance de se pencher sur leur voiture justement dans la rue Durand (voir
Mais le problème ne concerne pas seulement les commerçants. "J'aimerais bien inviter un de ces Messieurs de passer une seule matinée chez moi", lance une habitante dont l'appartement est situé côté rue. "On ne peut pas ouvrir une fenêtre, tant qu'il y a des gaz d'échappement dans la rue. Et si on ne les ouvre pas, on étouffe, avec le temps qu'il fait - et nous ne sommes même pas encore en été. La puanteur des gaz d'échappement est partout, dans toutes les pièces. On interdit aux gens de fumer, mais on se prend le droit de les enfumer par des gaz d'échappement."