Ouverture d'un atelier et point de vente pour des créateurs montpelliérains
Ils sont cinq, et ils ont une chose en commun : l'amour de la création, de tout ce qui est "original" - et de l'écologie et du commerce équitable.Tout a commencé lorsque Marielle Lopez a trouvé un local dans la rue de Pila Saint Gély au cœur de Montpellier. Elle avait envie de le louer, toutefois, elle hésitait. Ouvrir une boutique est un risque - et les Montpelliérains allaient-ils apprécier ce qu'elle avait à leur proposer ? - Mais surtout, elle ne voulait pas être seule. Elle voulait travailler avec d'autres gens qui partagent son enthousiasme et son envie de "faire" quelque chose, d'utiliser leur talents et d'entamer de nouvelles voies... bref, créer un atelier et un espace de vente pour d'autres créateurs et créatrices.
C'est ainsi qu'elle avait l'idée de "tester". En collaboration avec ses collègues créatrices et créateurs, elle a ouvert la boutique qui, peut-être, sera la sienne un jour - même un jour très proche - pour un week-end afin de montrer leurs créations et de faire la fête.
Ou, peut-être, tout a-t-il déjà commencé beaucoup plus tôt, le jour où, lors d'un voyage en Mexique, Marielle Lopez a eu un "coup de cœur", comme elle dit, pour les vêtements de Carla Fernández. La couturière "recycle" des rebozos, ces grandes écharpes des indigènes dans lesquelles, par exemple, elles portent des bébés, pour en faire des tuniques originales. Mais ce n'était pas seulement ses vêtements qui plaisaient à Marielle Lopez, mais aussi sa manière de travailler. Carla Fernández avait vite compris, quel talent, quel savoir-faire et quelle potentielle de travail efficace elle trouvait chez les Indiens de Mexique. Toutefois, au lieu de les exploiter et les faire travailler pour "trois fois rien" comme beaucoup d'autres chefs d'entreprise, elle a décidé de les rémunérer correctement. Ainsi, peu importe la couleur de peau ou l'origine des employés, tout le monde reçoit un salaire juste.
"On peut dire que Carla Fernández a monté une sorte de 'commerce équitable'", raconte Marielle Lopez. Les femmes coupent les vêtements, elle font les broderies et, toujours suivant les idées de Carla Fernández, elles créent ce qu'on pourrait appeler une "nouvelle ligne".
Véronique Ribeiro et son entreprise "Dur à cuir" misent elles aussi sur le recyclage. La créatrice se sert des chutes de cuir, des chambres à air, elle coupe, nettoie, cire... et en fait des merveilles. Une chambre à air de vélo, par exemple, peut se transformer en une ceinture élégante et de bonne qualité. De petites trousses qui, pour une fois, se distinguent de celles qu'on trouve dans chaque boutique "classique", sont faites de pneu de camion. Lorsqu'elle travaille avec des chutes de cuir, elle "utilise tout au maximum", rien n'est jeté. Tout comme Marielle Lopez, elle a trouvé son idée au cours d'un voyage. Pour elle, c'était l'Afrique : c'est là où elle a récupéré ses premières chutes de cuir et en a fabriqué des boucles d'oreille. Plus tard, revenue en France, elle a passé son CAP de maroquinerie pour ajouter le savoir-faire à son talent et sa richesse d'idées.
Aline Brunel utilise elle aussi toutes les matières qui se laissent transformer, parfois recycler et , surtout, mélanger. Pour elle, ce n'était pas un voyage qui lui a donné son idée, mais un job... dans une usine de chaussures. Ici, elle a vu combien de cuir ne sert à rien - on n'en utilise qu'une partie et le reste est jeté.
La future propriétaire de l'entreprise "Luma'aro" a donc commencé à récupérer les chutes de cuir et de les recycler. Mais, comme sa collègue créatrice Véronique Ribeuro, elle non plus n'a pas seulement misé sur le talent et les idées : déjà avant de travailler dans l'usine de chaussures, elle a acquis un savoir-faire de couturière à une école de couture.
Ce qu'elle aime le plus, pourtant, ce sont les couleurs. Et les mélanges : le "mariage" entre le cuir et les différents tissus, dans toutes les couleurs, agréable à porter et beau à voir.
Simon Julien n'est pas créateur de vêtements, mais créateur de "vues". Il est photographe, et sa spécialité est la vie. Ce jour dans la boutique de Marielle Lopez, il expose pour la première fois - des photos panoramiques qui représentent une sélection des meilleures photos, comme il explique, prises au cours des dernières années.
D'abord, Simon Julien a du mal a décrire son travail - ses photos s'expriment par elles-mêmes. Mais ensuite, il parle de sa recherche de l'immersion dans une scène, un endroit, un temps donné. Il fixe sur l'image des scènes, des gens, des choses qu'il ne connaît pas mais qu'il a envie de découvrir. Il travaille beaucoup sur la cuisine, la gastronomie et les scènes de restaurant. "Je veux que le spectateur entre dans l'image", explique-t-il.
Julien Pignol, paysagiste depuis quinze ans, est le cinquième des créateurs et créatrices réunis chez Marielle Lopez. Ce qu'il crée, c'est "l'ambiance verte". Il s'est spécialisé aux végétaux en entreprise - porter la nature dans les bureaux. Il a créé une sorte de "mur végétal mobile" qui peut être monté partout, dans un minimum de temps. "Il est autoportant, on n'a donc pas besoin de le fixer au mur." Il utilise surtout des plantes tropicales qui ne sont pas seulement belles, mais aussi dépolluantes et agissent comme un filtre contre la pollution de l'air.
La qualité de son travail et son impact sur l'environnement sont importants pour Julien Pignol. Car il n'est pas seulement paysagiste, il est aussi père de famille, et il n'a pas envie "de polluer la terre pour nos enfants"...
Photos et texte : copyright Doris Kneller
Ça y est, la saison des marchés de Noël est revenue. Pas une ville dans l'Hérault qui ne consacre pas au moins une journée, voire un week-end, à un marché de Noël, pour ne pas parler de la grande fête des Hivernales à Montpellier.
À cette époque, Ina Holzhauer était secrétaire adjointe - plus tard, elle est devenue secrétaire - de l'association "Pérols Jumelages" qui gère et anime des relations amicales avec Flörsheim am Main, une petite ville en Allemagne, pas loin de Francfort. L'idée de renforcer encore cette amitié entre les deux communes et, pour aller plus loin, entre les Français et les Allemands en général, n'était donc pas absurde. "Pour s'entendre, il faut d'abord se connaître", réfléchit Ina Holzhauer. "Et une bonne partie de la connaissance et de la reconnaissance passe par la connaissance des produits d'un pays - et surtout par les bonnes spécialités culinaires..."
L'idée d'un Marché de Noël un peu original était bonne, mais les circonstances l'étaient aussi : "Les Péroliens avaient envie de découvrir les produits de leur ville jumelle, et côté Flörsheim am Main, les gens sont très ouverts à tout genre d'idée nouvelle." Ils étaient immédiatement d'accord d'envoyer des représentants de leur ville avec leurs meilleurs produits - comme ce pâtissier de Flörsheim am Main qui a promptement réagi lorsque Ina Holzhauer lui a soumis son idée : "Je t'aide, bien sûr, je vais te faire de bons gâteaux..."
C'est fois-ci, les Montpelliérains et leurs amis avaient droit à assister à une ZAT - Zone Artistique Temporaire - encore plus spéciale que ses deux prédécesseurs : elle ne consistait pas seulement dans de diverses performances artistiques comme toujours très originales, mais aussi dans l'inauguration du nouveau hôtel de ville. Et le comble : le jour de l'apparition du Monstre du Loch Lez, prédit par Nostradamus, l'illustre étudiant à la faculté de Montpellier, était venu.
Ce qui, par contre, a plu aux Montpelliérains était la cellule d'enquête instaurée par la mairie de Montpellier et l'intervention de divers spécialistes de monstruosité. Ainsi, Olaf Nitche, monstrologue de Düsseldorf en Allemagne, perché sur une île de livres, a expliqué au public ce qui distingue les monstres des êtres "normaux". Les différences, selon lui, ne sont pas énormes - il y a juste la question de la taille. Il faudrait s'imaginer l'effet d'une mouche haute de trente mètres... et déjà, on saurait ce qu'on ressent face à un monstre. Bref, un monstre est un être d'un aspect dont nous n'avons pas l'habitude...
Une étudiante récemment arrivée de la région parisienne est impressionnée. "J'imagine que, pour les Montpelliérains, c'est l'inauguration de l'hôtel de ville qui est le plus important. Je ne suis pas experte dans la matière, mais je crois qu'il est unique dans son genre, écologique est tout."
Un mardi à Montpellier, trois heures le matin, quartier entre la gare SNCF, l'ancienne gare routière et la Comédie. Un groupe de jeunes traîne dans les rues. Quelques filles éclatent de rire - d'un rire fort et sonore - et des garçons poussent des hurlements de loups, d'autres aboient ou crient, tout simplement, comme si la vie leur faisait mal. À première vue, ils ont l'air ivres, mais quand on les observent de près, on remarque qu'ils n'ont rien bu ou très peu.
"Ses jeunes", termine le Monsieur le récit qu'il adressé à l'équipe de "Montpellier Presse Online", "ne sont pas méchants. Ils ne veulent pas nuire aux gens, mais ils sont énormément frustrés. Ils ne savent pas quoi faire de leur vie, et ils n'ont aucun espoir. Ils ont l'impression que personne ne les respecte - et ils ont appris à respecter personne, de leur côté."
"Nous ne pouvons pas être derrière chaque client", confirme le patron d'un bar dans lÉcusson. "Ce n'est pas nous qui avons fait les lois contre les fumeurs. Les gens veulent fumer, alors ils sortent. En général, ils sortent à plusieurs et continuent leur conversation dehors. C'est normal qu'ils ne pensent pas toujours à baisser la voix, n'est-ce pas ? Quand ils quittent le bar", ajoute-t-il, "ils font ce qu'ils veulent, de toute manière. S'ils ne rentrent pas tout de suite, ce n'est pas sous notre responsabilité."
"Si vous voulez connaître la différence entre la France et les autres pays... les gens se laissent faire, partout", explique un jeune homme qui, avec beaucoup d'autres, est sorti sur la Comédie le 15 octobre. "On s'incline devant l'autorité, on fait se qu'elle attend de nous. Mais à un certain degré, on en a assez. Et là, au contraire d'autres peuples en Europe, on va dans la rue. On se laisse plus faire."
L'austérité était aussi le sujet d'un sketch présenté dans les rues de Montpellier par un groupe de la jeunesse communiste. Avec beaucoup d'humour - et de cynisme - les jeunes hommes et femmes faisaient l'éloge de l'ingéniosité de "certains" de s'enrichir et des banques dont les dettes sont transférées au peuple : "Ils font tout pour sauver les banques", commente un des acteurs, "et ils savent, comment faire."
Contre les gaz de schiste, anti-nucléaire, austérité et appauvrissement,... tous les sujets de la "grande journée nationale d'action" aboutissaient dans un seul qui dominait toutes les pensées : le racisme en général et, notamment, le "racisme d'état". "Paris, le 17 octobre 1961 - il y en a peut-être qui l'ont oublié", admet un homme dans la quarantaine, "ou c'est ce que les médias souhaitent de nous faire croire. Mais non. Ceux qui croient à la justice et l'égalité n'ont pas oublié." Le 17 octobre 1961, c'est le jour où la France a été secouée. Que 30.000 Algériens manifestent calmement à Paris contre les couvre-feux auxquels la loi les avait condamnés n'a étonné personne. Que 12.000 manifestants ont été arrêtés est grave. Que, après la manifestation, on a parlé de trois morts est encore plus grave. Mais que, comme il s'est avéré plus tard, des centaines d'Algériens ont été tués dans les rues de Paris, ceci est l'horreur pure.
À Montpellier, beaucoup des choses vont changer. Surtout au niveau de la circulation...
Les
De nouveau, la mairie de Montpellier a pu accueillir environ 3000 "nouveaux Montpelliérains" : des gens arrivés à Montpellier au cours des derniers douze mois, avec de nouvelles idées et de nouveaux espoirs. La réception, présidée par le maire de Montpellier Hélène Mandroux, avait pour objectif de donner aux "nouveaux" l'impression d'être les bienvenus. Mais ils ont aussi pris connaissance des réalisations urbaines de la ville et, bien sûr, de son esprit de
Au cours de son discours, le maire de Montpellier a également évoqué la question souvent posée, pour quelle raison elle change assez souvent les responsables des commissions. Pour se faire comprendre, elle a comparé le travail des conseillers municipaux à sa propre carrière de médecin : anesthésiste-réanimateur à la clinique du Parc à Castelnau-le-Lez, elle était souvent appelée aux urgences - ce qui, comme elle a expliqué aux nouveaux Montpelliérains, était de plus en plus difficile à gérer vu qu'elle avait "quatre hommes à la maison". Elle a donc changé de carrière et est devenue médecin généraliste à la Paillade de Montpellier.
Le buffet servi avec une heure de retard a été pris en assaut par les nouveaux Montpelliérains entre-temps affamés. "Maintenant, j'ai vécu le pire de Montpellier", rigole une étudiante arrivée il y a deux semaines, "se bagarrer au buffet pour avoir quelque chose à manger, pire n'est plus possible..."
Nostradamus,
Mais cela n'est pas tout. À cette époque, où seule la solidarité entre les Montpelliérains peut donner de l'espoir, la mairie de Montpellier demande de l'aide à tous les habitants de la ville - appel auquel se joint, cela va de soi, l'équipe de
Ce qui, probablement, plaît moins au Monsieur dans la trentaine, un biologiste d'Oxford en Angleterre qui restera à Montpellier pendant une année pour étudier la faune de la Méditerranée. "Aucun scientifique", répond-il spontanément à la question de l'équipe de Montpellier Presse Online, "ne peut se vanter de connaître toutes les espèces. Chaque année, des espèces disparaissent de la terre, mais d'autres sont découverts. Pour la science et notre respect de l'humanité, de la nature et de Dieu, nous devons donner une chance à tout être vivant."
Il y en a qui étaient soulagés lorsque, fin juillet, le cercle des
Et, définitivement, les indignés de Montpellier "savent faire des choses". Presque tout le monde parle plusieurs langues, il y a des musiciens, des dessinateurs, des artisans... "Nous organisons des ateliers en pleine rue, accessibles à tout le monde. Sur l'Esplanade, sur la Comédie..." L'atelier de dessin, par exemple, est déjà un premier succès. "On s'est installés sur la Comédie et a invité les passants à venir dessiner avec nous. Beaucoup de gens se sont arrêtés. Ils ont aimé dessiner avec nous. Ça leur a donné le sentiment de faire quelque chose 'ensemble'. Il y a trop de gens, ici à Montpellier, qui se sentent seuls."
Ce partage, toutefois, n'est pas bien vu par tout le monde. "Plusieurs fois, pendant un de nos ateliers, la police est venue pour nous demander ce qu'on fait. Ils étaient persuadés qu'on serait là pour vendre quelque chose", raconte un des indignés. "Ils peuvent pas comprendre", ajoute-t-il, "qu'on peut partager sans penser à l'argent."
Vendredi soir à Montpellier, la dernière édition des
Un accident tragique qui, malheureusement, n'a rien de "spécial" - il n'y a pas un week-end où des conducteurs ivrognes ne mettent pas en danger la vie des autres. Toutefois, les Montpelliérains se sentent concernés. "C'est à notre fête, à nos Estivales", dit une jeune femme, "que la fille a tant bu. Nous sommes pas responsables de son comportement, bien sûr", ajoute-t-elle, "mais, quand même, on se sent un peu...", elle hésite, "oui, responsable."
Mais les bus ne sont pas les seuls qui manquent. "La jeune fille venait de Nîmes", remarque un homme dans la quarantaine. "J'ai des amis à Nîmes qui viennent de temps en temps à Montpellier. Ils sont toujours obligés de prendre la voiture, parce que le dernier train part vers 21 heures. Les Estivales attirent du monde de partout - soit qu'on les limite aux gens qui habitent Montpellier, soit qu'on donne aux autres un moyen de rentrer sans utiliser la voiture. Faut se décider..."
Sans doute, ça bouge à Clapiers - un fait qui est garanti par les nombreuses associations locales qui se sont présentées lors de l'édition 2011 de la foire aux associations. Pour les visiteurs du village, déjà la découverte du site de la foire était enchantant : la manifestation s'est déroulée dans le parc municipal, dans l'ombre de chênes centenaires. Pour ceux qui ne venaient pas la première fois, la foire permettait, certes, de s'informer sur les activités culturelles et sportives de la ville, mais aussi de passer un dimanche après-midi agréable, de retrouver des amis et de discuter les exploits de l'été.
L'équipe de
Ceux qui veulent consacrer leur temps à d'autres peuvent s'engager pour l'Atelier Petites Mains au Crès, un atelier de loisirs créatifs pour les enfants, ou devenir un des bénévoles de Clapiers qui aident les jeunes à trouver le goût de la lecture. On peut apprendre l'occitan ou participer à un concours de cuisine, et les hommes ont même le droit de chanter dans un choral occitan. "Pour le moment, il n'y a que les hommes qui chantent chez nous", constate un membre de l'association Cocut avec un sourire un rien moqueur, "mais si les femmes veulent absolument chanter elles aussi, on va réfléchir..."
Début septembre, 9.30 heures, au centre de Montpellier. Trois piétons s'arrêtent au coin de la rue Pagezy et de la rue de la République. Ils se regardent, ils hochent la tête. Normalement, ils ne se seraient même pas remarqués, mais la situation les unit. "C'est toujours pareil", dit l'un et "On en a assez", remarque l'autre.
Entre-temps, la révolte des habitants de la rue Durand s'est étendue aux deux rues parallèles, la rue Levat et la rue de la République. Sur les portes et vitrines de la rue de la République, un tract appelle au rassemblement. "... groupons-nous", peut-on y lire, "constituons un comité de quartier et opposons-nous pour que la rue de la République ne devienne pas la Rue de tous les bus que personne ne veut."
Quelle ville ne rêverait pas d'un centre sans voitures ? Toutefois, Montpellier n'y est pas encore. Pour le moment, c'est juste les habitants du quartier de la gare qui ne savent plus où garer les leurs. Ainsi, la rue Durand a reçu un joli trottoir très large - "pour faire taire les voix qui disent que les piétons ne peuvent plus y passer" - et un couloir étroit pour les bus et les voitures. Voilà tout. Si un habitant de la rue a besoin de s'arrêter près de sa maison pour, par exemple, décharger ses bagages des vacances, il provoque immédiatement un embouteillage et la colère des conducteurs des bus. "La rue Durand est condamnée à mourir", explique une habitante, "car personne ne peut plus emménager. Les camions de déménagement n'ont plus de place." - Le déménagement, pourtant, n'est plus possible non plus.
Rien n'est définitif, alors, et rien n'est terminé. En attendant, le bruit, la pollution et la peur des accidents continuent à hanter les habitants du quartier de la gare. "Et même nos chiens n'ont plus de place", ajoute une dame en indiquant la fermeture du petit parc de la rue de la République qui, officieusement, était devenu le "terrain des chiens". Le parc existe toujours, mais ses arbres se cachent derrière un mur. Et là où, auparavant, se trouvait l'entrée, on peut lire maintenant que "Nos équipes aménagent votre cadre de vie"...
Juillet 2009, mardi, vers 11 heures, dans un quartier calme de Montpellier. Le soleil brille, il fait chaud - une journée de rêve pour ceux qui vont à la mer. Mais pas tout le monde a des vacances. L'équipe d'un camion de nettoyage, de toute manière, ne fait pas partie des vacanciers...
Ridiculisée par, comme elle dit, "des sexistes", en colère à cause d'une occasion de poste perdue, la dame a rédigé une plainte et l'a envoyée à la mairie. "J'étais nouvelle à Montpellier, je ne savais pas à qui m'adresser. Mais je me suis dit que la mairie la ferait passer."
Des cas isolés ? Bien sûr. "Je suis sûre que la plupart des équipes de nettoyage sont des hommes polis et gentils", admet la dame à la robe mouillée. "Et si je n'avais pas eu ce rendez-vous, j'aurais oublié l'histoire depuis longtemps. Mais ce qui me fâche encore aujourd'hui, c'est que ma plainte a été ignorée. Pourquoi, dans un tel cas, ils ne font pas de recherches internes pour éliminer des éléments comme ça ? Je suis certainement pas la seule qu'ils ont importunée. Mais avoir aucune réponse, ça fait mal. C'est comme si la mairie était d'accord avec eux. Ou, au moins, qu'elle ne s'intéresserait pas aux problèmes des gens qui vivent ici."