jeudi 11 février 2010

Les étudiants de la faculté de médecine à Montpellier

Lapeyronie, Nostradamus, Bernard Pons, Rabelais - et Jean-Antoine Chaptal, à la fac de Montpellier

Faculté de médecine, Montpellier"Si je connais le nom d'un grand homme qui a vécu à Montpellier ?" s'assure l'étudiante à la fac de Richter. "Bien sûr : Lapeyronie. Ce n'est pas pour rien que l'hôpital porte son nom." Que sait-elle de Lapeyronie ? "Ce médecin a fait de Montpellier une ville élue au niveau des recherches médicales. Il a fait évoluer la médecine comme Pasteur la biologie. Il a fait la réputation de Montpellier en médicine."

Et elle continue : "J'avais l'occasion de visiter la chapelle de la fac de médecine, à l'intérieur de l'université. On y trouve les portraits des grands leaders de la médecine de Montpellier. Et Lapeyronie y est, évidemment."

La jeune femme n'a pas tort. François de Lapeyronie, un des grands hommes de Montpellier qui ne fit pas seulement ses études à Montpellier mais qui y est aussi né, n'avait que 17 ans quand il obtint le titre de Maître-Chirurgien et Barbier. Après une petite virée à l'université de Paris, il se retrouve deux ans plus tard à l'hôpital de Saint-Éloi sur la Place d'Armes, c'est-à-dire la Place de la Comédie actuelle, construit à l'endroit où, aujourd'hui, se trouve Monoprix. Plus tard, il fut le médecin et chirurgien personnel de Louis XV et fonda l'Académie Royal de Chirurgie... Et, bien sûr, à un moment de sa vie, il faisait aussi partie de l'équipe des professeurs qui enseignèrent à la fac de Montpellier.

Rabelais à MontpellierPeut-on imaginer plus jolie carrière ? - Peut-être pas une carrière plus jolie, mais, à Montpellier, il y avait plusieurs étudiants de médecine qui firent une carrière au moins aussi brillante que celle de Lapeyronie. "Nostradamus", est un nom qu'une autre étudiante propose spontanément. "Et oui," ajoute-t-elle avec un sourire un peu moqueur, "le fameux Nostradamus était de Montpellier. Très peu de Montpelliérains le savent."

Nostradamus ou, plus exactement, Michel de Nostredame, fut effectivement une des étoiles au ciel des médecins de Montpellier. Il y faisait ses études et, comme Lapeyronie, il transmettait ses connaissances pour une période aux étudiants de la fac de la ville. Or, il n'était pas né à Montpellier, mais à Saint-Rémy-de-Provence. L'anecdote selon laquelle il fut chassé de l'université pour avoir enfreint les règles de ne jamais travailler pour un apothicaire est aussi bien connue que le fait qu'il réussit à se faire pardonner et d'être réintégré à la fac de médecine uniquement par son talent de persuasion.

Si nous avançons quelques siècles, nous tombons sur un autre étudiant de la médecine à Montpellier dont, plus tard, tout Français connaissait le nom - même si son métier le plus connu n'avait rien à voir avec la matière qu'il a étudiée : Bernard Pons. Il devint d'abord secrétaire général de la RPR dont il fut membre fondateur et, plus tard, ministre de l'Équipement, du Logement, des Transports et du Tourisme. Mais à Montpellier, il n'a jamais perdu sa réputation de "révolutionnaire". Pour les Montpelliérains, il n'est pas seulement un ancien ministre, mais surtout l'homme qui organisa la grève des cinémas de Montpellier. Après sa carrière politique, Bernard Pons revint à Montpellier et passa sa thèse de docteur en médecine.

Montpellier, fac de médecineFrançois Rabelais est un autre de ces noms qu'aucun Montpelliérain ne peut oublier. Avec ses Pantagruel et Gargantua, il compte comme un des fondateurs du roman satirique et il y en a qui vont jusqu'à parler de lui comme un des fondateurs du roman moderne. Mais il était aussi un défenseur acharné de la paix et de la tolérance - l'esprit international qui, aujourd'hui, règne à Montpellier lui aurait donc plu. Il lutta contre les injustices de l'église et il réalisa même l'exploit douteux d'être parmi ceux qu'on inscrivait sur l'Index Librorum Prohibitorum, c'est-à-dire que, pendant quelques années, ces livres furent carrément interdits.

Mais Rabelais n'était pas seulement un écrivain et critique génial, mais aussi un docteur qui passa sa thèse à Montpellier - bien que, comme tant des grands Montpelliérains, il ne soit pas né dans la ville proche de la Méditerranée.

Ce ne fut d'ailleurs pas un médecin mais un chimiste, Jean-Antoine Chaptal, qui, en 1795, obtint le droit d'établir une partie de l'université - la faculté de médecine - dans le monastère qui, auparavant, faisait partie de la cathédrale Saint-Pierre. Et ce fut également Jean-Antoine Chaptal qui fonda la fameuse bibliothèque de la faculté qui, aujourd'hui, compte neuf cents manuscrits et plus de 100 000 ouvrages qui datent de plus d'un siècle.

Photos et texte : copyright Doris Kneller

1 commentaire:

  1. Rabelais cite Montpellier dans son Pantagruel (Chapitre 5), en parlant de son héros : "Puis vint à Montpellier, où il trouva fort bons vins de Mirevaulx et joyeuse compagnie ; et se cuida mettre à étudier en médecine, mais il considéra que l'état était fâcheux par trop et mélancolique, et que les médecins sentaient les clystères comme vieux diables. Pourtant voulait étudier en lois ; mais, voyant que là, n'étaient que trois teigneux et un pelé de légiste au dit lieu, s'en partit."

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