De l'Esplanade de la Citadelle et la Roquelaure à l'Esplanade Charles de Gaulle de Montpellier
Nuit sur l'Esplanade à Montpellier. Rien ne bouge. C'est l'été, l'air est un peu plus frais que pendant la journée. Il fait beau.Tout à coup, au sud de l'allée centrale, un bruit. On devine plutôt qu'on ne la voit une silhouette qui s'approche doucement du bassin d'eau alimenté par le système des fontaines de Montpellier. Ensuite, la silhouette se fond dans l'ombre du bassin.
Peu après, une autre silhouette s'approche du bassin. On entend une espèce de "plouf", comme un corps qui plonge dans l'eau, suivi par un autre "plouf". Puis, un petit gloussement, suivi par un éclat de rire à peine étouffé.
Le promeneur nocturne, un peu curieux ou, peut-être, rempli d'un doute, même d'un soupçon, se dirige vers le bassin. Et ce qu'il découvre le laisse consterné, voire choqué. Toutes ses idéaux sur ce qui convient, qui est de bonnes mœurs, sont compromis : il aperçoit deux corps nus qui se baignent dans le bassin.
Et il n'est pas le seul citoyen à être consterné. Les bonnes mœurs doivent être rétablies ! Ainsi, sur l'insistance des Montpelliérains, le bassin est démoli - celui du sud et, pour faire d'une pierre deux coups, aussi celui du nord de l'Esplanade.Deux petits monuments sont détruits... mais les bonnes mœurs sont assurées. On est en 1780. À cette époque, l'Esplanade - notre Esplanade de Charles de Gaulle - compte déjà parmi les allées les plus belles de Montpellier. Toutefois, à peine soixante ans auparavant, le terrain de l'Esplanade ressemblait plutôt à un chantier. On y avait laissé les matériaux qui restaient de la construction de la Citadelle, et même les pierres ramassées après le siège de 1622 traînaient encore sur la future Esplanade.
Ce fut le duc de Roquelaure, un des fameux lieutenants du roi en Languedoc, qui en avait assez de se terrain "sauvage" si proche du centre de Montpellier. Ainsi, en 1724, il fit nettoyer le terrain est construire une promenade - une promenade qui, en honneur de son créateur, fut baptisé la Roquelaure.
Il est vrai que ce nom témoigne de peu d'imagination. Mais il est aussi vrai qu'au moment de la construction de la future Esplanade Charles de Gaulle, les pères de Montpellier n'avaient pas beaucoup de temps pour réfléchir. Car initialement, un autre nom a été prévu : Esplanade de la Citadelle. Ce nom, bien que, peut-être, pas plus original que celui de "Roquelaure", sembla logique au moment où la grande statue de Louis XIV était destinée à trouver sa place sur la nouvelle allée. Mais, encore avant que les plans de construction de l'Esplanade puissent être réalisés, Louis XIV fut logé au Peyrou, au point le plus haut de Montpellier. Ainsi, aux yeux des Montpelliérains, le nom d'Esplanade de la Citadelle perdit son sens.
Si, aujourd'hui, nous admirons les arbres magnifiques qui longent l'Esplanade Charles de Gaulle, c'est surtout le nom d'Édouard André qui nous vient à l'esprit. Ce paysagiste et botaniste qui, en 1900, transforma l'ancienne Roquelaure dans l'Esplanade où, de nos jours, ont lieu des grandes manifestations comme les Estivales et le marché de Noël, était connu partout en Europe. Mais déjà presque 200 ans auparavant, lors de la construction de la première version de l'Esplanade, les arbres qui jetaient leur ombre sur la voie évoquèrent un nom célèbre : celui d'August Broussonet, le botaniste qui avait importé à Montpellier les Mûriers à Papier ou, en appellation scientifique, Broussonetia Papyrifera.Mais l'ancienne Roquelaure aidait aussi aux responsables de Montpellier d'améliorer un peu les "fins des mois" de la ville : en 1794, lorsque les premières fontaines versaient leur fraîcheur sur l'Esplanade, un Montpelliérain s'intéressa au surplus de l'eau qui, inutilisée, s'écoula et se perdit dans les terres situées en dessous de la Roquelaure. Et on se mit d'accord qu'il pouvait les utiliser pour arroser son jardin - contre la pas très modique somme de 50 livres par an...
Photos et texte : copyright Doris Kneller
"Si je me suis rendu compte des travaux en ville ?", demande l'étudiante, et elle continue : "Bien sûr. J'imagine que personne ne peut passer plus d'une seule journée à Montpellier sans remarquer le chaos." Cela fait deux semaines que la jeune Espagnole est à Montpellier, mais les problèmes causés par les "travaux sur la ligne 3" lui sont déjà familiers comme à tout Montpelliérain.
À l'autre bout de la nouvelle ligne de tram, les habitants de Juvignac ne dépendront enfin plus exclusivement du bus : la ligne 3 desservira le futur quartier de Caunelle qui, d'ici 2020, disposera de 1446 logements - Juvignac et son tram pourront donc compter sur 12.000 à 13.000 nouveaux habitants. Et, Agglo oblige, il n'est pas seulement prévus que ces nouveaux habitants n'auront que trente minutes de trajet pour être au centre de Montpellier, ils profiteront aussi pleinement des règles écologiques que Montpellier et son Agglomération se sont fixées récemment et qui, pour la première fois, ont été appliquées avec la construction de la nouvelle
Et de nouveau, on reviendra sur la route de Lodève, passera aux Arceaux, au Plan de Cabane et arrivera au cours Gambetta pour, enfin rejoindre la ligne "fleurie" et, à la gare, de nouveau la ligne 1 du tram.
"Se déplacer en bus est devenu si compliqué qu'on est déjà fatigué avant le travail", soupire la dame âgée d'environ quarante ans, après avoir attendu son bus pendant une cinquantaine de minutes. Maintenant, elle est debout entre beaucoup d'autres utilisateurs du Tam, pressés l'un contre l'autre. Il fait chaud dans le bus, et il est coincé dans un embouteillage.
"À partir de septembre", déclare une dame d'une vingtaine d'années, "je circulerai exclusivement en vélo. Je pense que ça sera la seule possibilité de faire face à la situation des rues à Montpellier. Et en plus", elle rit, "c'est bien pour la santé."
"Si vous voulez savoir", déclare une autre dame, d'une soixantaine d'années, "les chauffeurs des bus profitent de la situation. S'ils n'ont pas envie de travailler, ils affichent "bus hors service", et ils se réjouissent du désespoir des gens. Parce que personne ne peut prouver qu'il n'y a pas un problème dû au travaux. Ils se sentent en pouvoir, ils peuvent faire ce qu'ils veulent. Les gens qui ont besoin des bus dépendent de leur bonne volonté."
Quand la ville de Montpellier décide de fêter l'année des États Unis - 55 ans de jumelage avec Louisville oblige - elle veille à ce que tous, ou presque, les aspects de ce pays (ou plutôt continent) soient évoqués. Ainsi, tandis que la Comédie des livres témoignait des différents genres et mouvements littéraires de l'Amérique, le "Cinéma sous les étoiles" rappelle l'esprit hollywoodien. La nouvelle exposition au Pavillon populaire sur l'Esplanade Charles de Gaulle explore encore un autre côté de l'art américain : le monde des photographes qui voient les États Unis "autrement". La plupart de ces artistes refusent de fixer leur regard sur le fameux rêve américain, mais ils visent les humains, l'expression de ce qu'ils sentent et de ce qu'ils vivent, aujourd'hui, dans ce pays dont on dit que tout y serait possible.
Les critiques d'art ont beaucoup discuté de l'utilité des légendes des tableaux. Les uns disent qu'une explication de l'artiste serait indispensable - sinon, le public ne pourrait jamais comprendre les pensées de l'artiste et, par conséquent, ne pas estimer correctement la valeur du tableau. Les autres sont de l'avis que, tout au contraire, l'ignorance de ce que l'artiste pensait au moment où il a créé le tableau rend la liberté au public. Chacun, avancent-ils, devrait avoir le droit d'interpréter un tableau selon ses sentiments, ses goûts, son caractère et l'humeur du moment dans lequel il s'absorbe dans la considération de l'oeuvre.
C'est à ce moment où on aurait envie d'avoir le photographe à ses côtés, de lui poser des questions : quel est l'esprit d'un artiste capable d'ôter ses yeux - et l'objectif de son appareil photo - de cet événement stupéfiant pour se tourner vers les spectateurs ? Que ces gens ont-ils sentis lorsqu'ils se voyaient visés par un photographe ? Que sentiraient-ils si, aujourd'hui, ils entraient dans le Pavillon populaire à Montpellier et voyaient leurs photos exposées comme oeuvres d'art, avec leur image prise à un moment où ils étaient exposés à un choc, "nus", stupéfaits, sans défense psychologique ?
"Montpellier en été - quel est son côté le plus beau ?" La dame âgée d'une trentaine d'années sourit. "Question intéressante, en effet." Elle réfléchit pour un moment pour, ensuite, poursuivre : "Pour moi, c'est l'ambiance générale de fête. Quand on rentre le soir, à n'importe quel jour de la semaine, à n'importe quelle heure, il y a toujours une ambiance de fête en ville. Surtout sur la place de la Comédie."
"Je ne sais pas, comment les étudiants font la fête. Très bruyamment, je constate dans mon voisinage. Pour moi, faire la fête, c'est différent. Mais il ne faut pas non plus confondre l'ambiance festive générale, dans les rues, et la fête personnelle. J'entends par fête être entre amis, dans un restaurant ou chez soi, avoir quelques discussions intéressantes, échanger." - N'est-ce pas un genre de fête qu'on peut faire en hiver ainsi qu'en été ? Que l'été a-t-il donc de particulier ? - "En été", répond le Monsieur spontanément, "on peut se mettre sur la terrasse..."
"Les soirées estivales sur l'Esplanade - j'aime beaucoup les vendredis soirs de l'été. Chaque semaine, ils programment un autre style musical. La semaine derrière, c'était la musique espagnole. J'y suis allée avec deux copines, on a pris notre pique-nique, on s'est assise dans l'herbe, et on a écouté la musique. Plus romantique n'est pas possible."
"Quand faut-il faire des vacances à Montpellier ?" répète la dame d'une quarantaine d'années assise devant un café sur une des terrasses de la Place de la Comédie. Elle parle très bien français, mais elle a un accent anglais. "Maintenant, bien sûr", répond-elle sans hésiter. "C'est maintenant que le ciel est bleu et le soleil brille."
Et encore un Monsieur, dans la cinquantaine, vote pour des vacances à Montpellier plutôt en hiver. "En hiver", souligne-t-il, "Montpellier est une ville vraiment vivante. Il y a tous les jours des manifestations culturelles, des conférences, des discussions, des concerts à la Comédie et au Corum, des opéras. 'Agora des savoirs' va reprendre avec une nouvelle série de sujets scientifiques et plein d'autres choses. Et les jeunes ne peuvent pas se plaindre non plus : des fêtes partout, des bars fréquentés par les jeunes, des discos... Je le sais de mon fils. S'il pouvait, il sortirait tous les jours."
Les Rencontres de Pétrarque sont aussi la raison pour laquelle un Monsieur dans la soixantaine vient à Montpellier chaque juillet. "J'ai vécu à Montpellier pendant plusieurs années", raconte-t-il, "mais j'ai dû retourner à Paris, pour des raisons professionnelles. Ce qui ne m'empêche pas de revenir chaque été, au moment des Rencontres de Pétrarque. Je reste toujours quatre semaines, je profite des concerts et je fréquente les manifestations cafés thèmes. Par exemple le café philo à la brasserie le Dôme. Les gens pensent que tout s'arrête pendant l'été, mais ce n'est pas vrai. Beaucoup de rencontres hebdomadaires continuent en été. Toutefois, il n'y a pas de Rencontres de Pétrarque, en hiver, par contre. Je préfère alors l'été."