Après les grèves : la TaM offre aux Montpelliérains la gratuité des trams et bus une fois par mois
Nous ne sommes peut-être pas au bout des grèves
qui perturbent le trafic des trams à Montpellier, mais l’usager peut maintenant compter sur une petite récompense. La direction de la TaM a enfin cédé à la
pression de la CGT, selon laquelle les utilisateurs des trams, victimes
innocentes des querelles entre les employés et les employeurs dans le transport
public, devraient être « un peu consolés ».
Le jour choisi par la direction de la TaM est le premier dimanche de
chaque mois - « comme le musée Fabre », remarque une dame dans la
cinquantaine interrogée par l’équipe de Montpellier
Presse Online. D’abord, il n’était question que de désactiver les
machines à composter les tickets pour une journée. Toutefois, ce geste aurait
défavorisé les usagers réguliers avec un titre de transport mensuel ou annuel.
C’est pourquoi, finalement, il a été décidé que chaque utilisateur d’un titre
de transport à long terme sera remboursé lors du renouvellement de sa carte, au
niveau de deux euros par mois, correspondant à deux voyages le dimanche
désormais libre.
Ce qui est étonnant : la nouvelle n’est pas encore très répandue.
Jusqu’à maintenant, les journaux locaux se contentent d’une petite notice à l’intérieur
de leurs éditions, la télé n’en a même pas parlé. « C’est un scandale »,
critique une dame dans la quarantaine. « Je veux dire, la mesure est louable,
mais les gens doivent en être informés. Le manque d’information donne l’impression
que la TaM ne voudrait pas qu’on le sache. Pour que peu de
personnes en profitent. »
L’équipe de Montpellier Presse Online voulait surtout savoir, si les
usagers des trams et bus sont déjà informés de la nouvelle mesure - qui, pour
la première fois, entrera en vigueur le dimanche de Pâques - et ce qu’ils en
pensent. « Oui, mon voisin m’en a parlé », commente un Monsieur dans
la quarantaine. « Et lui, je crois, l’a lu quelques part, sans doute dans
un journal. Mais l’idée de commencer un dimanche de Pâques me semble bizarre :
comme si on voulait surtout faire profiter les touristes et donner une bonne
réputation à Montpellier. »
Toutefois, un assez grand nombre des Montpelliérains interrogés n’était pas au
courant de la nouvelle mesure. « Ce dimanche ? », demande par
exemple un Monsieur dans la trentaine. « Non, je ne savais pas. Dommage,
je ne serai pas à Montpellier pendant Pâques, je ne pourrai donc pas profiter. »
Une dame dans la cinquantaine n’est pas très enchantée. « Les
dimanches, les trams sont déjà pleins à craquer », se plaint-elle. « Parce
qu’il y en a pas beaucoup. Si, maintenant, il y a en plus un dimanche où les
gens ne doivent pas payer, il y aura tant de monde qu’on ne pourra plus
respirer. »
La dame n’est pas la seule à critiquer le choix du dimanche. Beaucoup
pensent spontanément au fait que, ce jour-là, il y a relativement peu de trams
et de bus qui circulent. « A première vue », constate par exemple un
Monsieur dans la quarantaine, « ce geste semble généreux. Mais, de toute
manière, il ne concerne pas beaucoup de rames ou, plus précisément, moins de
rames qu’un jour ouvrier quelconque. Ainsi, l’action est moins chère qu’elle n’a
pas l’air. »
Une dame un peu plus âgée que le Monsieur se met à rire. « Non, je
n’étais pas informée, mais ce n’est pas étonnant, je ne lis pas souvent les
journaux d’ici. Mais », rigole-t-elle, « c’est si typique pour notre TaM
que de choisir un dimanche : ce jour-là, les contrôleurs sont plus chers -
j’imagine qu’on leur paie le tarif de week-end - et il y a beaucoup plus de ‘fraudeurs’,
comme on appelle maintenant les gens qui ne compostent pas leurs tickets. C’est
donc une bonne idée de se montrer ‘généreux’ et de permettre à tout le monde de ne
pas payer. »
Toutefois, la plupart des interrogés sont contents de la mesure. « Nous
avons assez morflé avec tous les grèves », souligne une dame dans la trentaine.
« Mais, quand même, ils n’auraient pas eu besoin de nous récompenser - c’est
donc un geste positif. Bravo, la TaM. »
Un Monsieur dans la cinquantaine est d’accord avec elle. « On ne
peut rien dire », constate-t-il, « c’est un geste digne d’une société
qui est proche de l’usager. Dommage, seulement, que ce soit un dimanche. Un
jour de la semaine aurait été plus utile, un mardi ou mercredi, par exemple. Ces
jours-là, ma femme prend souvent le tram pour aller faire des cours - elle aurait
donc pu épargner un ticket. » Une étudiante de quelques vingt ans est plus
ou moins du même avis : « Je ne peux pas le croire », s’étonne-t-elle.
« C’est presque trop beau pour être vrai. Il est rare de voir de tels
gestes commerciaux. J’en suis éblouie. Mais, bien sûr, je trouve ça formidable. »
Photos et texte : copyright Doris Kneller