jeudi 8 mars 2012

Montpellier : Journée internationale de la femme

La journée internationale de la femme - vue par les hommes : Micro-trottoir

Journée de la femme à Montpellier"Cette journée ne devrait plus exister depuis longtemps", constate un jeune homme qui fait partie du mouvement des indignés. "Mais tant qu'il y a des injustices, elle doit rester. On parle d'égalité et tout ça - en vérité, l'égalité n'existe pas. Ni entre homme et femme, ni entre les humains."

Un autre Monsieur, de quelques années plus âgé que le premier, n'est pas du même avis. "Les femmes aiment se voir comme victimes. Regardez autour de vous : elles sont partout. Elles dirigent des entreprises, elles ont tout genre de postes, mêmes ceux qui à l'origine étaient réservés aux hommes. Elles ont du pouvoir dans tous les domaines de la vie, et quand ils font un enfant, on leur donne des congés éternels."

"Il a raison", s'en mêle un Monsieur d'une cinquantaine d'année qui a écouté la conversation, "les femmes ont tous les avantages. Je suis en train de divorcer, et je veux la garde de notre fille. Mais pensez-vous que ma requête serait prise en compte ? On me traite comme un pédophile. Comme si un homme n'était pas capable de développer des sentiments paternels. Ce n'est que les femmes qui comptent, même une traînée comme mon ex. Mais ce n'est pas étonnant - le juge est une femme, son avocat est une femme..."

Un étudiant, interrogé par l'équipe de Montpellier Presse Online, ne voit pas non plus l'inégalité dans la vie des femmes. "Je fais des études à l'école de commerce", raconte-t-il. "Si on regarde les statistiques concernant les personnes qui sont embauchées immédiatement après leur diplôme, on se rend compte que les filles ont l'avantage sur les garçons."

Femmes à MontpellierUn Monsieur dans la soixantaine parle lui aussi de la réussite professionnelle des femmes. "Ma petite-fille n'a pas trouvé de travail. Elle a donc créé sa propre entreprise, et elle a réussi à se faire une clientèle. Elle est très courageuse, et je peux vous dire qu'elle travaille trois fois plus qu'un employé. J'ai lu qu'il y a beaucoup plus de femmes que d'hommes qui créent leur entreprise. Peut-être ont-elles plus de courage que les hommes."

Un autre Monsieur, de quelques dix ans le cadet du précédent, a une autre opinion sur la situation professionnelle des femmes. Il dit qu'il serait engagé dans le travail de la CGT où il aurait "vu des choses incroyables", mais que le problème serait flagrant aussi dans l'entreprise pour laquelle il travaille. "Sur une masse salariale d'à peu près mille personne, on compte environ 80 pour cent de femmes. Mais côté management, on compte à peine 30 pour cent de femmes. Sans commentaire..."

Un Monsieur dans la quarantaine parle des mauvaises expériences de sa femme. "Un homme ne peut pas imaginer ce que ça signifie d'être harcelé au travail. Ma femme n'a pas osé en parler pendant des mois, de peur de perdre son poste. À la fin, elle était au bout des nerfs."

Journée internationale de la femme"J'ai une femme comme responsable", explique un Monsieur d'à peu près le même âge. "Et je peux vous dire que je la respecte énormément. Tout le monde la respecte. Pour une femme, c'est beaucoup plus difficile de s'imposer. Le travail est un monde d'homme. Si une femme veut réussir, elle doit prouver qu'elle est deux fois plus compétente que les hommes."

"Tout le monde sait qu'il est interdit de donner à une femme un salaire inférieur à celui d'un homme qui fait le même travail", constate un Monsieur dans la cinquantaine. "C'est la loi. Mais il n'y a pas de loi plus facile à contourner. On invente tout simplement une autre dénomination de poste, et on peut payer moins. Le problème ne vient pas du côté loi - il vient de la mentalité des chefs d'entreprise. Pour eux, une femme est toujours un objet qu'on peut exploiter. Mieux qu'un homme."

"Dans les années soixante-dix, on était persuadé qu'on réussirait à faire disparaître toutes les inégalités", se rappelle un autre Monsieur dans la cinquantaine. "Aujourd'hui, je me demande pour quoi nous nous sommes battus. Si on nous avait dit, à l'époque, que quarante ans plus tard, les femmes auraient toujours besoin d'une Journée de femme, qu'elles seraient toujours moins payées, qu'elles n'auraient que des 'pseudo-droits', qu'il serait toujours difficile pour elles de décrocher un job à responsabilités, qu'elles seraient toujours bousculées dans les transports publics... on ne l'aurait pas cru."

"On ne devrait pas célébrer une journée de la femme, mais 365 par an", déclare un Monsieur dans la soixantaine. "Et il faudrait enfin amorcer la libération de l'homme, engoncé dans ses stéréotypes, ses fausses certitudes et son énorme ego. Curieusement, les femmes sont considérées comme une minorité - tandis qu'en vérité, elles sont la majorité..."
Photos et texte : copyright Doris Kneller

mardi 6 mars 2012

Montpellier Sports - la tête et la jambe

Enfants ou adultes : être sportif à Montpellier

Montpellier sportifOn peut dire ce qu'on veut sur les bienfaits ou les dangers du sport. Toujours est-il que le sport est une occupation qui fait plaisir - et qui est à la portée de tout le monde. C'est au moins ce que proclame la ville de Montpellier qui, pour toutes les vacances scolaires en 2012, lance un programme de sport costaud... costaud et gratuit pour tout le monde.

Les Montpelliérains jeunes et moins jeunes peuvent exercer tout genre de sport - du tennis au taekwondo, le tir à l'arc, le judo, le football - masculin et féminin - la boxe, l'escalade, le baseball, le basket,... Seule condition de la gratuité qui concerne toutes les offres sportives sauf l'équitation et la pêche : le participant doit vivre à Montpellier et être en possession de la carte "Montpellier Sports" qui coûte cinq euros. On peut se la procurer au Service municipal des sports et à certaines Maisons pour tous.

Montpellier Presse Online a voulu savoir, si les Montpelliérains sont au courant de cette mesure de la ville et, surtout, ce qu'ils en pensent. La mère d'un garçon de neuf ans n'en est évidemment pas informée : "Oui", explique-t-elle, "il a envie de faire du sport. Mais il veut autre chose tous les jours. Un jour il veut jouer au foot, puis c'est le judo... J'ai trois enfants, je ne peux pas payer pour tout ça." Montpellier Presse Online lui parle donc des mesures prises par la ville de Montpellier. "Je ne sais pas", répond-elle, "je n'ai pas le temps de m'en occuper."

Vélo ç MontpellierUne autre mère - elle a une fille de douze et un garçon de once ans - est plus ouverte aux possibilités proposées à ses enfants. "Les profs en ont parlé à l'école. Je trouve ça formidable. Bien sûr, tous les deux vont participer. Ça les occupe et c'est bien pour la santé."

Toutefois, pas toutes les offres rencontrent l'enthousiasme des enfants - la plupart des jeunes rêvent des sports qui se donnent la réputation d'être des sports "extrêmes". Ils préfèrent les sports de combats aux sports classiques au ballon, et la gymnastique est souvent considérée comme quelque chose "pour les vieux". "C'est pas intéressant", proclame un garçon de douze ans quand on lui parle de la gymnastique, "ça sert à rien." Et interrogé sur son sport préféré, il répond spontanément : "Aïkido - et le Breakdance."

Mais la trouvaille sans doute la plus intéressante - au moins aux yeux des parents mais aussi pour beaucoup d'enfants - est le système des stages "la tête et la jambe". L'idée : éduquer l'esprit et le corps en même temps. Ainsi, les diverses associations avec qui la ville a décidé de travailler proposent aux amateurs des langues d'exercer l'anglais et la "Tap Dance" en même temps. Ou de jouer au foot américain et d'apprendre le jargon sportif en anglais. Ceux qui, comme le jeune homme interrogé par Montpellier Presse Online, aiment l'Aïkido, peuvent parallèlement plonger dans la culture japonaise : la calligraphie, l'histoire, les légendes... Une autre possibilité de passer une partie de ses vacances consiste dans des jeux sportifs qui ont le but d'apprendre l'orientation. La sécurité routière est liée à la pratique du Triathlon, et ceux qui ont envie de s'initier aux beaux arts peuvent en même temps jouer au volley...

"À première vue, l'idée me semble très bien", déclare un Monsieur dans la soixantaine dont les trois petits-fils sont des sportifs acharnés. "Donner aux enfants une éducation sportive et, en même temps, une culture générale est une bonne initiative. Mais apprendre l'anglais et jouer au foot n'est peut-être pas si utile. Mes petits-enfants aiment jouer au foot, mais quand ils jouent, ils n'ont rien à faire avec l'anglais. En plus, les enfants de certains quartiers - comme par exemple la Mosson, mais aussi bien d'autres - feraient mieux apprendre le français avant d'attaquer l'anglais."

Montpellier et le sport"Le foot et l'anglais ?", répète une dame dans la quarantaine, mère d'un garçon et d'une fille de 10 et 14 ans qui aiment bien le sport. "Oui, je trouve ça bien. Ça leur donne peut-être un peu de motivation pour l'anglais."

Un Monsieur d'à peu près le même âge - père d'un garçon "très sportif" - est principalement d'accord, mais il trouve que les mesures de la ville de Montpellier ne sont pas suffisantes. "Pour les motiver, il faut plus. Pourquoi pas inviter des clubs anglais pour que les enfants puissent exercer leur anglais avec des copains, au lieu de juste apprendre quelques vocables sportifs ?"

Et une dame dans la cinquantaine, grand-mère d'une fille de cinq ans, commente : "Tant qu'ils ne font pas de bêtises, tout est utile. Qu'ils fassent du sport ou apprennent l'anglais... Le principal est qu'on leur donne un but dans la vie." Et sa fille, mère de la petite, ajoute : "C'est ce que je souhaite pour ma fille : un but dans la vie, une perspective. Quelque chose qui lui donne un avenir."
Photos et texte : copyright Doris Kneller

dimanche 4 mars 2012

Montpellier menacé par la sécheresse

Les restrictions d'eau prévues à Montpellier et le désespoir des agriculteurs

L'eau à MontpellierCertes, lorsqu'on est en ville, la vie est moins amusante quand il pleut. Toutefois, la ville n'est pas isolée de ses environs, et ces environs ont besoin d'eau. L'équipe de Montpellier Presse Online a voulu savoir si les Montpelliérains, grands amateurs du soleil, sont conscients du manque d'eau en ce début d'année.

"Si je trouve qu'il devrait pleuvoir un peu plus ?" La dame sourit. "Bien sûr que non. Je suis ici pour le soleil - de la pluie, j'en avait assez chez moi." La jeune femme raconte qu'elle vient de la Normandie. "C'est fantastique", s'extasie-t-elle et embrasse la Comédie d'un grand geste de bras, "on est toujours en hiver et tout le monde se prélasse sur les terrasses."

De son point de vue, la "nouvelle Montpelliéraine" a certainement raison. Mais pas tout le monde partage son opinion. Les agriculteurs autour de Montpellier et même les amateurs des jardins commencent à désespérer. "Ça fait déjà quatre ans qu'on n'a pas assez d'eau", se plaint un Monsieur qui aime passer son temps dans son jardin dans le quartier Croix d'Argent. Il ajoute que le problème ne le concerne pas vraiment, vu qu'il n'a "que de jolies fleurs" dans son jardin. "Mais ceux qui cultivent des légumes et les agriculteurs ont de plus en plus des problèmes."

Les agriculteurs s'inquiètent effectivement, et les responsables commencent à réfléchir sur des restrictions d'eau pour tout le monde. La préfecture parle de très faibles cumuls pluviométriques pour cet hiver - juste 10 mm entre décembre et février, contre 170 mm dans les années "moyennes" et au moins 30 mm dans les hivers qualifiés comme "très secs" - un phénomène qui n'a plus eu lieu depuis 139 ans.

Montpellier et ses plagesTandis que les fleuves et rivières de l'Hérault montrent des débits extrêmement bas pour la saison, on craint pour le niveau des eaux souterraines. Déjà, Montpellier n'a pas été construit dans une zone qui, même les années les plus abondantes, déborde de l'eau - c'est pourquoi, au 18e siècle, le viaduc entre Montpellier et Saint-Clément-de-Rivière a été construit.

Ce qui, à l'époque, frôlait le prodige et suffisait à résoudre plus ou moins tous les problèmes d'eau n'a plus rien à voir avec les besoins d'aujourd'hui. "Si j'étais d'accord de restreindre la quantité d'eau que j'utilise ?" répète une dame dans la quarantaine la question de l'équipe de Montpellier Presse Online. "Certainement pas. Car ça signifierait que je n'aurais plus le droit de prendre mes douches. Ou de faire la vaisselle, ou de laver mon linge. Je pense que ces choses font partie des droits de base, aujourd'hui, n'est-ce pas ?"

Un Monsieur dans la cinquantaine pense qu'il ne vaut pas la peine de parler de l'eau utilisée à titre personnel. "Les quantités d'eau dont les gens ont besoin pour leur consommation sont ridicules comparées à la consommation de l'industrie. Où dans le secteur public. Avez-vous une idée combien d'eau est utilisée par les jardiniers de la ville de Montpellier ? Juste pour arroser les espaces verts, les petits jardins de quartier, les carrefours ? Il n'y a même pas assez d'eau pour le Jardin des Plantes - vous l'avez déjà vu en été ? Souvent, il est tout sec..."

Une Montpelliéraine un peu plus jeune que le Monsieur lui donne raison. "On gaspille trop d'eau", constate-t-elle. "En Espagne, par exemple, il est interdit de laver sa voiture en été. À quoi ça rime, laver sa voiture tandis que les agriculteurs ne savent pas comment sauver leur récolte ?"

Montpellier et la sécheresseJardin ou agriculture, tout ce qui vit de l'eau sera en danger cette année. La préfecture conseille aux particuliers qui aiment les plantes ainsi qu'aux jardins publics ou aux agriculteurs de se préparer à une année de sécheresse extrême. Certains problèmes pourraient être résolus par le choix d'essences qui ont besoin de moins d'eau... Toutefois : "Bonne idée", commente un jeune agriculteur, "pour l'ornement, on peut privilégier les plantes grasses. Elles sont chez elles ici dans la Méditerranée et le manque d'eau ne les dérange pas. Mais pour les agriculteurs, c'est déjà plus difficile : il n'y a pas de légumes qui n'auraient pas besoin d'eau. Pareil pour les fruitiers qui, dans un certain stade, dépendent de l'eau. Et même s'il y avait des essences moins gourmandes en eau - on ne peut pas tout arracher et replanter du jour au lendemain. La gestion de l'eau, c'est une affaire à très long terme."

Serait-il temps de s'avouer vaincu par la nature ? "Les gens n'arrivent pas à comprendre", déclare un Monsieur dans la quarantaine, "que la vie proche de la Méditerranée n'est pas une vie en Normandie. Il faudrait vivre différemment. On accepte la différence quand il est question de se faire bronzer à la plage en plein mois de février. Mais notre climat n'a pas que des avantages. Il faut accepter qu'en été, la nature soit sèche. Et il faut accepter que nous ne puissions pas avoir une flore du Midi et du Nord en même temps. Celui qui veut des pelouses vertes dans son jardin se trompe du paysage."

L'angoisse des agriculteurs ne se restreint pas à l'arrosage des plantes : "Les bêtes ont besoin de l'eau", constate un agriculteur. "L'état aurait peut-être dû interdire l'élevage des bêtes dans le Midi il y a longtemps, ça aurait été plus intelligent. Mais maintenant, il est trop tard, les bêtes sont là et elles réclament leur eau..."
Photos et texte : copyright Doris Kneller