dimanche 28 février 2010

Montpellier : Corum, Comédie des livres, parking ou rues piétonnes - les Montpelliérains sont-ils vraiment des "râleurs" ?

Montpellier, une ville parfaite ? Les avantages et désavantages de vivre à Montpellier - Micro-trottoir

Montpellier, AntigoneLes Montpelliérains sont-ils "râleurs" ? - Comme toutes les villes, Montpellier a des côtés charmants et des côtés qui, peut-être, dérangent un peu le "bonheur quotidien". Mais, comme disent nos voisins, "nobody is perfect", personne n'est parfait. Reste la question, quel côté est prédominant...

"Ce que je trouve sympa à Montpellier et ce que je n'y aime pas..." Le Monsieur d'une cinquantaine d'années réfléchit, et ses yeux se posent sur la clôture qui marque les travaux actuels sur la place de la Comédie. Mais il ne semble même pas les remarquer. "Je ne me suis jamais posé la question." Ensuite il se retourne et, pour quelques secondes, il observe la foule des jeunes qui s'ébattent autour de la fontaine des trois Grâces. Finalement il sourit.

"C'est pas beau, ça ? On est encore en février, ailleurs il fait si froid que les gens se cachent à l'intérieur de leurs maisons. Et ici, tout le monde est dehors. Des soirées comme ça, où tout le monde est dehors en plein hiver, vous ne trouvez pas ça ailleurs."

Une dame d'une trentaine d'années est d'accord avec lui. "À Montpellier, ça bouge", dit-elle. Et encore : "Il s'y passe toujours quelque chose."

Une autre dame, un peu plus âgée, pense plutôt aux relations humaines. "Avez-vous essayé d'offrir un sourire à une personne assise dans un café parisien à la table voisine ? - Elle va regarder ailleurs et penser que vous voulez lui faire du mal. À Montpellier, par contre, elle va tout simplement vous rendre votre sourire."

église Saint-roch, montpellierMais pas tout le monde ne voit que les bons côtés. "Montpellier se vante d'avoir plein de rues piétonnes", explique une dame autour de la cinquantaine, "c'est vrai, mais uniquement en théorie. En réalité, personne ne les respecte." Et, comme "programmé", un camion-poubelle arrive, manoeuvre à toute vitesse autour des gens qui se promènent sur la place de la Comédie - quelques-uns se sauvent, paniqués - et s'enfonce dans la rue de Maguelone, utilisant les raies du tram. La dame hoche la tête : "Vous voyez ce que je veux dire ?"

"Montpellier est une très belle ville." La dame d'une soixantaine d'années réfléchit. "Et ce que je n'aime pas ? - La politesse. Ou, plutôt, le manque de politesse." Elle regrette que, dans son immeuble, personne ne dit "bonjour". "Il m'est arrivé de dire bonjour à des jeunes qui ne répondent même pas. Mais", ajoute-t-elle, "cela peut arriver dans toutes les villes, n'est-ce pas ? C'est l'époque qui veut ça."

"Les bus", dit une autre dame d'à peu près le même âge. "Les bus sont trop dangereux. Ils foncent sans s'occuper des piétons. Ils ne respectent même pas les passages piétons. Si un conducteur de voiture 'normale' se comportait comme eux, il perdrait tout de suite son permis."

Une autre dame, dans la quarantaine, se plaint plutôt de la situation des parkings. "Si vous habitez au centre ville, la situation est désespérante. Ils vous donnent généreusement une carte résidant, vous payez moins cher, mais vous payez tout de même. Pas que je ne voudrais pas payer..." ajoute-t-elle rapidement, "mais parfois, je tourne en rond pendant une heure sans trouver de parking. Et là, personne ne me rembourse. Et on ne me rembourse pas non plus les vitres enfoncés ou les serrures cassées. Dans trois ans, on m'a cassé deux vitres, un rétroviseur et une serrure." La dame se fâche. "Mais une fois, j'ai oublié de renouveler mon ticket de parking, pendant une journée. Et là, on m'a donné deux !!! amendes... Ils sont là pour donner des amendes, mais ils ne sont jamais là pour nous aider ou protéger nos voitures."

Un Monsieur d'à peu près le même âge essaie de répondre le plus globalement possible. "Voyons", dit-il, "ce qui est sympa : le centre piéton, l'Antigone. Les rives de Lez pourraient être mieux aménagées, je veux dire au-delà de l'Antigone et de Port Marianne. Mais à vrai dire, je n'ai jamais bien exploité ce coin-là. Les places de Montpellier sont sympas, l'architecture aussi. Et les parcs. Mais la mendicité est moins sympa."

La mendicité est aussi un point qui fâche une jeune femme. "Avant, y avait des SDF dans les rues qui ont demandé quelques sous. C'était ok. On leur a donné quelque chose ou pas, mais il n'y avait jamais de problème. Maintenant, la ville est pleine des mendiants où on a l'impression qu'ils sont tous organisés. Souvent des femmes, parfois avec des enfants, qui se 'collent' à vous. Et vous ne pouvez plus vous approcher d'un distributeur de billets sans qu'un de ces mendiants soit assis devant. Enfin, pas partout, mais surtout en ville. Et", le discours de la dame devient de plus en plus engagé, "je vous demande, où sont passé les vrais SDF ? On n'en voit presque plus. Est-ce qu'ils ont été chassé par cette nouvelle bande de mendiants ?"

Corum à Montpellier"La ville est très jolie", déclare une autre dame, à peine plus âgée que la précédente. "Mais pas partout. Regardez la Comédie..." Son geste embrasse les maisons qui entourent la place de la Comédie. "Ces bâtiments sont très beaux. Et maintenant, regardez là-bas." Sa main pointe vers la maison en terrasses qui héberge l'hôtel Ibis. "C'est une honte. Cette espèce de... construction moderne - non, ce n'est même pas une construction moderne, c'est n'importe quoi... ça fait tache."

"Ce que j'aime et ce que je n'aime pas..." réfléchit une dame de quelque quarante ans qui attend le tram au Corum. "J'aime le Corum." Elle sourit. "À part ça... vous savez, il y a toujours des choses qu'on n'aime pas, dans toutes les villes, partout au monde. Les gens sont contents s'ils trouvent une raison pour râler. Ce que je n'aime pas à Montpellier, voilà, c'est que les gens sont râleurs. Et ce que j'aime", continue-t-elle, "c'est l'offre culturelle. Dans quelle autre ville vous trouvez tant des offres culturelles que, parfois, vous ne savez pas quoi choisir ? Les cafés à thèmes, les festivals de film ou de danse, la Comédie des livres, les concerts", son regard se tourne vers le Corum, "l'Agora des Savoirs toutes les semaines, les foires, les rencontres internationales - vous entendez des dizaines de langues différentes dans les rues de Montpellier - et j'en oublie. Ne me dites pas qu'on n'est pas gâtés à Montpellier..."

Photos et texte : copyright Doris Kneller

samedi 27 février 2010

Troisième semaine de cinéma suisse à Montpellier

Salle Rabelais : Montpellier, Yves Yersin, Jean-Luc Godard et le cinéma suisse

Cinéma suisse à MontpellierIl est vrai - ailleurs, il y a des salles de cinéma qui ferment, et à Montpellier, il y a un festival de film après l'autre. Un d'eux a lieu pour la troisième fois et vient de la Suisse : la troisième semaine de cinéma suisse à Montpellier.

On ne peut pas dire que la salle Rabelais était bondée, cette soirée de l'ouverture du festival des films de la Suisse alémanique et romande. Mais les Montpelliérains étaient bien présents. Et ils ne l'ont pas regretté : le film était long, mais, comme l'a promis Frédéric Maire, directeur de la cinémathèque suisse, avant la projection - le temps passait très vite. Le film avait tout ce qu'on demande du "bon cinéma" : une histoire bien faite, des images d'une beauté qui a fait rêver, des émotions, un peu d'humour, et il laissait place à la réflexion et l'interprétation.

L'histoire de ce film que Yves Yersin a tourné en 1979, "Les petites fugues", parle - des humains. Des humains qui ont leurs routines, leurs amours, leurs soucis et, surtout, leurs rêves. Et ces rêves, comme si souvent, tournent autour de la liberté... quoi qu'on en entend.

Le consul suisse à Montpellier La liberté était le sujet central du film. Bien que, lors de la discussion après la projection, les opinions sur l'interprétation de certaines scènes aient un peu divergé, sur ce point, tout le monde était d'accord. Cette liberté à laquelle tout le monde aspirait, de laquelle tout le monde rêvait, était symbolisée par un cyclomoteur bleu - bleu comme la montagne suisse ou bleu comme le ciel. À son propriétaire, un vieux valet du ferme dont, à "l'ère avant" le cyclomoteur, le voyage le plus long finissait au village à côté de la ferme, il donnait envie de la liberté. À d'autres, il faisait peur.

Jusqu'à ce que ce symbole de la liberté ait été détruit. Mais l'idée était déjà bien fixée dans la tête du valet - il a donc trouvé un autre symbole : la photo. Avec son appareil photo, il "fige" ceux qui sont incapables de s'échapper à leur petit monde et il ouvre le monde "derrière" - derrière la montagne  - où la liberté n'a plus besoin de symbole.

Lorsqu'on regarde le film "Les petites fugues", on n'a pas besoin de savoir que Yves Yersin, son metteur en scène, vient du côté photographie - on s'en doute immédiatement. Les images de la montagne suisse sont d'une beauté indescriptible, et sa façon de capter le paysage caractéristique de la campagne suisse est plus expressive que tout genre de récit. Mais il ne "peint" pas seulement les paysages, mais aussi les visages des gens. Il leur regarde bien en face, les visages deviennent des contes et le spectateur oublie les barrières du "beau" et du "laid" habituelles. Pour Yves Yersin, tout visage est beau, et il n'a pas besoin de mots pour en persuader son public.

Cette façon de permettre à la caméra de fixer un visage jusqu'à ce que le spectateur en ait compris chaque trait correspond bien à l'époque de la réalisation du film, la fin des années 70, où le cinéma européen était sous l'influence de cinéastes comme, par exemple, le metteur en scène suédois Ingmar Bergman. C'est à Ingmar Bergman que l'histoire du film doit cette technique de regarder une personne "bien en face" et de capter la beauté des traits qui reflètent non une beauté "officielle", mais le vécu, la vie.

Toutefois, Yves Yersin ne se situe pas seulement dans le cadre du film européen de son époque, mais aussi dans le cinéma suisse lui-même. Au contraire du cinéma français, celui de la Suisse n'a pas connu un développent de films muets. Ce n'est qu'à partir de 1930 où le cinéma suisse a trouvé son chemin, dominé par l'amour de la beauté et du paysage. Le film "Heidi", tourné en 1937 avec la jeune Shirley Temple dans le rôle principal, est un exemple bien typique : les habitants du pays qui sont forgés par la nature, dont la vie se déroule avec le rythme de la montagne. Leur "contradiction" sont les citadins, dépourvus de tout sentiment naturel et livrés à la tristesse d'une vie sans nature.

Semaine cinéma suisse, MontpellierYves Yersin a hérité de cet amour de la montagne qui dominait les films suisses des années 1930 à 1950. Mais, ceci à part, l'ambiance de ses films se réfère plutôt à la "nouvelle vague" entamée vers 1960 par Jean-Luc Godard et les metteurs en scène qui se sont réunis pour former le fameux "groupe de 5" - dont Yves Yersin était le sixième membre. La langue du cinéma suisse tourne au français - les films en alémanique deviennent plus rares -, et les metteurs en scène se liguent pour pouvoir produire des films indépendants, libres surtout de la contrainte de la pensée "classique", traditionnelle. Des sujets comme la liberté surgissent de plus en plus souvent.

Cette première soirée de la "troisième semaine de cinéma suisse à Montpellier" n'était que l'avant-goût de cinq autres films qui seront projeté dans la salle Rabelais - avec l'entrée libre et la demande de donner un "petit quelque chose" à l'association "C'est-Rare-Film" qui a organisé le festival et qui espère être en mesure d'organiser aussi une quatrième semaine de cinéma suisse...
Photos et texte : copyright Doris Kneller

mercredi 24 février 2010

George Frêche : une statue de Lénine pour Montpellier

Montpellier et ses statues : Louis XIII, Jean Jaurès, Rabelais, Richer de Belleval... et Lénine

Les statues de MontpellierQue Louis XIV, Jean Jaurès, Rabelais, Richer de Belleval, les trois Grâces, la Licorne de la place de la Canourgue... et Lénine ont-ils en commun ? Jusqu'à maintenant, rien. Mais bientôt - si George Frêche obtient ce dont, en ce moment, il a envie - ils auraient tous une statue à Montpellier.

Toutefois, peut-on jamais être sûr de ce que souhaite George Frêche ? De toute manière, il a annoncé au conseil d'Agglo que l'Odysseum devrait avoir sa "place du XXe siècle" avec une statue de Lénine et, pourquoi pas, si on y est déjà, aussi des statues de Mao, de Roosevelt et de Churchill. Pour Mao, Roosevelt et Churchill, rien de concret, jusqu'à maintenant. Pour Lénine, par contre, Monsieur Frêche a des idées bien définies.

Ainsi, George Frêche a parlé de la possibilité d'acheter une statue de Lénine qui, actuellement, se trouve à Seattle, dans le nord-ouest des États-Unis - dans un pays alors dont on ne pourrait pas dire qu'il est en admiration devant Lénine - et qui est en vente pour un prix à débattre qui se situe entre 100 000 et 170 000 euros. Si on compare ce prix avec les frais des travaux entamés il y a quelques jours sur la place de la Comédie qui coûteront aux Montpelliérains quelques 683 000 euros, la statue ne semble peut-être pas exagérément chère. Et pourtant...

Richer de Belleval, MontpellierComme toujours, tout le monde n'est pas d'accord. Hélène Mandroux, maire de Montpellier, ne s'oppose par vraiment à l'idée de son concurrent aux élections régionales, mais elle est de l'avis que ce projet n'aurait pas de priorité. D'autres groupes, plus stricts, remettent sur table tous les ressentiments qu'ils ont contre Lénine et Mao - bref, les propos de George Frêche sont de nouveau devenus sujet de discussion.

En ce qui concerne le budget à prévoir pour la statue de Lénine, il n'y a évidemment pas seulement le prix de l'achat, mais aussi les frais de transport. Et ces frais de transport ne sont probablement pas négligeables, vu que la statue pèse sept tonnes et mesure quelque 4,50 mètres - une taille certainement impressionnante à première vue, mais moins impressionnante, déjà, à côté des 15 mètres de l'arc de triomphe de Montpellier...

Comme toutes les statues, aussi celle de Seattle a une histoire. Les premiers à pouvoir l'admirer étaient les habitants de Poprad, une petite ville en Slovaquie, où elle a été érigée en 1988. Mais sa gloire n'a pas duré longtemps : en 1989, le régime soviétique était détrôné et, avec lui, les statues de Lénine et cie. Pendant des années, personne ne voulait des statues des anciens héros soviétiques et, comme beaucoup de ses "confrères", Lénine gisait dans un coin de la ville, invisible, oublié. Jusqu'au jour où un entrepreneur de Seattle - la ville de Bill Gates - l'a découvert.

Montpellier, Antigone On dit que cet entrepreneur, un certain Lewis Carpenter, aurait admiré Lénine au point d'hypothéquer sa maison pour pouvoir l'acheter. Mais il est vrai que cette statue était - et est toujours - une véritable rareté. Ce problème est bien connu en France et, notamment, à Montpellier : s'il y a révolution, les révolutionnaires ne se contentent pas de changer le régime et l'idéologie, ils tiennent aussi à détruire les symboles matériels des anciennes croyances. C'est pour ce genre de changement d'idéologie que nous avons perdu tant de monuments anciens à Montpellier, par exemple la première statue de Louis XIV et celle de Louis XIII.

Bref, Monsieur Carpenter de Seattle a donc réussi à s'approprier une des rares statues de Lénine qui n'ont été ni décapitées (ce qui était à la mode en 1989), ni détruites. Au contraire des habitants de Poprad qui n'ont pu profiter de leur statue de Lénine que pendant un an, il a pu l'admirer jusqu'à 1994, l'année de sa mort.

Depuis ce jour, de nouveau personne ne voulait de la statue. Elle est toujours debout, à Seattle, dans la 36e rue, mais elle n'est plus chère à personne. Jusqu'au moment où elle est découverte par George Frêche et son idée d'une "place du XXe siècle" à l'Odysseum.

George Frêche est-il sérieux lorsqu'il parle de l'achat de la statue ? Il est évidemment le seul à le savoir. Mais, la première surprise passée, l'idée ne semble pas si absurde que cela... Car, sans doute, la statue est une œuvre d'art qui, selon les connaisseurs, est très belle. Et elle est rare. Ainsi, il y a sans doute pas mal de personnes qui ont envie - peut-être pas d'imiter l'entrepreneur de Seattle et d'acheter la statue, mais de la voir, au moins une fois dans leur vie. Il semble qu'il y a une sorte de "tourisme spécialisé", des gens qui voyagent de ville en ville pour admirer de jolies statues.

Et ce groupe de touristes pourrait faire partie des objectifs de George Frêche, quand il parle de sa "place du XXe siècle" à l'Odysseum. Autrement dit, Lénine, peu importe ce qu'on pense de sa politique, de ses actions et de son idéologie, pourrait attirer de nouveaux visiteurs à Montpellier.

Selon la presse, George Frêche est lui-même le premier étonné des fortes réactions que son idée a provoquées. Il aurait exprimé sa surprise sur le fait qu'on parle tant de son projet de statue juste à un moment où il poursuivrait un objectif beaucoup plus important : il est au point d'obtenir un accord pour une ligne à grande vitesse destinée à lier Montpellier et Perpignan.

Photos et texte : copyright Doris Kneller

lundi 22 février 2010

Frêche, Mandroux, Roumégas, Couderc... Montpellier et la politique

Les Montpelliérains et les Régionales : Micro-trottoir


Montpellier, Antigone : les Régionales"Si la politique m'intéresse ? - Non, franchement, pas outre mesure", répond la jeune femme qui, avec son amie, prend un café sur la place Jean Jaurès. Elle sourit. "Je ne vote pas. Je trouve que tous les candidats sont pareils."

"Il n'y a plus de partis à droite ou à gauche", enchaîne son amie qui se dit "un peu plus politisée que ma copine." De toute manière, elle compte voter. "Mais Marine", elle pointe sur son amie, "a raison. Si je vote ou pas, ça ne change rien à la politique. Ceux qui ont le pouvoir font ce qu'ils veulent."

"Je vote pour Frêche", déclare spontanément un Monsieur dans la cinquantaine qui traverse la place Jean Jaurès. "Il n'est peut-être pas mieux que les autres", ajoute-t-il, "mais il exprime ce que nous pensons tous."

"Frêche", proclame aussi une dame un peu plus jeune. "Pourquoi ? Je ne sais pas. On dit qu'il a fait beaucoup de choses pour Montpellier, n'est-ce pas ?"

Un homme dans la trentaine n'est pas d'accord. "L'époque Frêche est terminée. Il est vrai qu'il a fait beaucoup pour Montpellier, mais maintenant, il faut de nouvelles idées. J'aurais peut-être voté pour Jean-Louis Roumégas, mais finalement, je préfère Hélène Mandroux."

Peyrou : les Régionales à Montpellier"Hélène Mandroux ?" demande un étudiant. "Non, franchement, politiquement parlant, elle est morte. Dommage, je l'ai prise pour un bon maire." Le jeune homme ne veut pas dire pour qui il votera. "Pas pour Mandroux, de toute manière, et pas pour Frêche. Et pas pour Couderc non plus. Mais je vais voter, c'est sûr. Voter est le dernier geste de pouvoir du peuple."

"Voter ? À quoi bon ?" Le jeune homme est assis au pied de la statue de la licorne de la place de la Canourgue. "La politique, ça m'est égal. Qu'ils fassent ce qu'ils veulent, et plus ils se déchirent, mieux ça vaut. La politique, c'est du fric et du pouvoir. Ça ne regarde qu'eux, on n'en a rien à faire." "Eux", pour lui, ce sont les politiciens de toute couleur. Connaît-il les candidats ? "Évidement, on ne parle plus d'autre chose. Georges Frêche qui croit qu'il peut impressionner les gens avec ses propos - et le plus ridicule : il y arrive… et Hélène Mandroux, la bonne maman à tous. Et Jean-Louis Roumégas qui se croit déjà président de la région. Et Raymond Couderc… non, y en a marre. Laissez-moi tranquille avec la politique." Et il se lève et quitte la place de la Canourgue en direction de la Cathédrale Saint-Pierre.

"Je vote pour George Frêche", déclare un homme d'une quarantaine d'années. "Ils peuvent dire ce qu'ils veulent, mais c'est le seul qui sait ce qui est bien pour Montpellier. Et les Parisiens… qu'ils restent chez eux et nous laissent tranquilles. Comment peuvent-ils oser nous dire ce qu'on a à faire, chez nous, à Montpellier ?"

Montpellier et les Régionales La dame sourit. Elle a environ soixante ans et, en ce moment, elle se repose sur un des bancs de la place de la Canourgue. "Ce que je sais des candidats aux régionales ? Pas grand-chose. Raymond Couderc est professeur, oui. N'est-il pas Algérien, ou sa femme ? Je ne me rappelle pas bien." - La dame se trompe : Raymond Couderc, candidat de la majorité présidentielle, est né à Bordeaux. Mais, au début de sa carrière, il a travaillé avec le ministère d'agriculture en Algérie et enseigné à l'université d'Alger. - "J'aime bien Hélène Mandroux, elle est sympa. Et Roumégas… comment était son prénom ? - Ah oui, Jean-Louis. Il est mignon, ce jeune."

Un étudiant qui se promène sur la place de la Canourgue a capté les derniers mots de la dame. "Jean-Louis Roumégas ?", se mêle-t-il de la conversation. "Oui, faut voter pour lui. L'écologie est notre avenir. À quoi ça vous sert, toute cette richesse, si on fait tout pour foutre en l'air notre planète ? Et encore, j'espère que Roumégas sera à la hauteur. Dommage que nous n'avons pas un Cohn Bendit chez nous ou José Bové. Lui, au moins, il est actif, il agit au lieu de parler."

"Couderc, Frêche, Mandroux, Jeanjean, Roumégas, Revol et j'en passe…" énumère une dame dans la trentaine. "Pouvez-vous me dire la différence ? Je vais vous dire quelque chose, à vous, la presse. La politique, ça n'existe pas. C'est juste un petit jeu entre des gens qui n'ont rien à faire. Et qui ont assez de fric pour se le payer."

Et un homme dans la soixantaine : "Politique, politique, vous ne pensez qu'à ça. Regardez comment on est bien ici, le soleil, la mer, la vie est belle. Je ne vote pas. Je vote pour le soleil et le ciel bleu."

Photos et texte : copyright Doris Kneller

vendredi 19 février 2010

Place de la Comédie à Montpellier : l'Hôtel Nevet

Place de la Comédie et rue Jaques Cœur - l'endroit où Montpellier rencontre Montpelliéret

Montpellier, place de la ComédieSi les pierres de la place de la Comédie pouvait raconter leur histoire, nous n'aurions plus besoin de livres... - Qui, debout devant le Cinéma Gaumont sur la Comédie, pourrait imaginer que, un jour, le Cardinal de Richelieu descendit de sa carrosse, en grande pompe, entouré de ses servants, peut-être à l'endroit même où, aujourd'hui, nous faisons la queue pour voir un film ?

S'il y a des maisons à Montpellier qui ont "vécu", celles de la place de la Comédie en font partie. Mais la maison qui vit le plus de "personnages" de l'histoire, c'est sans doute celle qui était placée à l'endroit où, aujourd'hui, se trouve le Cinéma Gaumont.

Imaginons le temps où la vie de Montpellier était soumise aux idées d'un gouverneur qui, de son côté, était obligé de rapporter au roi tout ce qui s'y passait. C'était à ce moment que le bâtiment vit sa première grande époque. Encore, il s'ouvraient sur deux côtés : sur la Comédie au sud-est, et vers la rue Jacques Cœur au nord-ouest.

La place de la Comédie et l'Hôtel NevetÀ cette époque, la rue Jacques Cœur portait le nom de "rue de la Peyre", c'est-à-dire, en français, "rue de la Pierre". Mais cette appellation ne faisait pas allusion aux matériaux avec lesquels les maisons de la Comédie étaient construites - pierre de Saint-Jean-de-Védas, pierre de Pignan ou pierre de Saint-Geniès-des-Mourgues -, mais à la borne en pierre qui marquait l'endroit où se rencontrent la rue de la Loge, la rue Jacques Cœur et la Grand'Rue Jean Moulin, la limite entre la partie qui était sous l'autorité de Montpellier et celle qui appartenait à Montpelliéret.

Nous ne savons pas de quel côté le Cardinal de Richelieu entrait dans la maison lorsqu'il visita Montpellier en 1629. Et il n'était pas le premier des "grands" de la France à dormir dans ce bâtiment : en 1564, il fut choisi par Charles IX et Catherine de Médicis, la reine mère. Louis XIII s'y reposa en 1642, et dix-huit ans plus tard, ce fut à Louis XIV et Mazarin d'être hébergés dans la maison entre la Comédie et la rue Jacques Cœur.

Toutefois, comme tant de bâtiments à Montpellier, celui-ci non plus ne devrait pas tenir debout pour l'éternité. La Révolution arriva, et avec elle la dévalorisation de presque tous les édifices historiques. La maison fut vendue et revendue, mais, pour quelques années, elle restait intacte. Jusqu'au jour, presque cent ans après la visite de Louis XIV et Mazarin, où elle fut accaparée par un vieux soldat de l'Empire… Ce soldat, un certain Monsieur Nevet, devrait démolir la maison, en construire une autre et, de nouveau, attirer les yeux de la France et de l'Europe vers la Comédie : il créa le fameux Hôtel Nevet.

Place de la Comédie à MontpellierEt une autre grande époque avait commencé. Nous pouvons considérer l'Hôtel Nevet comme un des "pionniers" du tourisme. Cette fois-ci, ce ne fut pas les rois et cardinaux qui y séjournaient, mais les artistes et écrivains - par exemple Valery Larbaud qui écrivit plusieurs nouvelles sur Montpellier - les futurs étudiants de l'université de Montpellier qui venaient de bonnes familles et qui étaient là pour "renifler" l'air de la ville et s'inscrire à leur faculté et, bien sûr, les Parisiens, les Anglais, les Allemands, les Russes - tous ceux qui avaient assez d'argent pour se payer des vacances près de la Méditerranée et qui avaient l'habitude des endroits à la mode...

Mais un jour, cette époque était révolue elle aussi. Et, avec elle, celle de la maison. De nouveau, elle fut vendue, démolie et reconstruite pour, une autre fois, accueillir une clientèle riche qui cherchaient les endroits à la mode : deux partenaires, les Messieurs Antonin et Géraud, y construisirent les "Nouvelles Galeries" qui, plus tard, furent transformées en Galeries Lafayette.

Photos et texte : copyright Doris Kneller

jeudi 18 février 2010

Place Jean Jaurès : Montpellier et ses statues

L'histoire aboutit à Montpellier : Jean Jaurès et l'esprit des Montpelliérains

Place Jean Jaurès à MontpellierNe faut-il honorer, à Montpellier, que les hommes qui sont nés ou qui ont vécu parmi les Montpelliérains ? Ou, plutôt, la ville de Montpellier ne doit-elle pas à son propre esprit international d'être prête à reconnaître les mérites de tous ceux qui étaient grands, généreux, courageux - humains ?

Le 27 février 1999, le jour de l'inauguration de la statue de Jean Jaurès sur la place nommée après lui, la réponse était évidente : Montpellier honore tous ceux qui agissent dans son esprit.

Quel était cet esprit de Jean Jaurès ? - Nous connaissons son histoire, mais on parle peu de ses idées. Quel état de conscience, quels événements ont amené cet homme d'une petite ville au Sud de la France à être si courageux, à faire ce qu'il avait à faire ?

Dans son livre "L'Armée nouvelle", rédigé en 1910, Jean Jaurès décrit son état d'esprit lors que, très jeune, il se promène pour la première fois à Paris. Il parle d'un soir d'hiver où, pour lui, l'homme né à Castres, la ville semblait immense, inhumaine. Il avait l'impression de voir des milliers d'humains dont personne ne connaissait l'autre, tous seuls, solitaires. Et en ce moment, il s'est demandé : "...comment tous ces êtres acceptaient l’inégale répartition des biens et des maux, comment l’énorme structure sociale ne tombait pas en dissolution..."

La statue de Jean Jaurès à MontpellierLa solitude, un phénomène qui est loin d'être nouveau, régnait déjà à l'époque de Jean Jaurès. Une des raisons pour la solitude, pour lui, était ancrée dans les habitudes - les habitudes, surtout, d'accepter sans réfléchir tout ce qui entoure les hommes. Ainsi, il était de l'avis que la solitude n'était pas due à l'esprit humain, mais au système social : "...le système social", écrit-il dans "L'Armée nouvelle", toujours pensant aux gens qu'il observait lors de sa promenade à Paris, "avait façonné ces hommes, il était en eux, il était, en quelque façon, devenu leur substance même, et ils ne se révoltaient pas contre la réalité, parce qu’ils se confondaient avec elle." Il critiquait le fait que l'homme pensait plus facilement à ses petites commodités qui, finalement, ne changeaient rien à ses conditions de vie, au lieu d'essayer de "refondre le système social, énorme, accablant et protecteur, où il avait, en quelque coin, son gîte d’habitude et de misère."

C'était donc avec un tel état d'esprit que Jean Jaurès se lançait dans la vie parisienne. Toutefois, quelques années plus tard, il avait compris que "...donner la liberté au monde par la force est une étrange entreprise pleine de chances mauvaises." La liberté, aux yeux de Jean Jaurès, était représentée par la République. Mais il y voyait aussi des dangers. Ainsi, il était de l'avis que le suffrage universel "qui trouve son expression définitive et logique dans la République" avait fait des citoyens des hommes de pouvoir, "une assemblée de rois." Il souligne que c'est le peuple, les "salariés" comme il appelle les gens qui travaillent, qui, désormais, est responsable des lois qui le gouvernent. "...mais au moment même où le salarié est souverain dans l'ordre politique il est dans 1’ordre économique, réduit à une sorte de servage."

Montpellier, Place Jean JaurèsBref, pour Jean Jaurès, la liberté était une base nécessaire de la vie de tous les jours. Cependant, il soulignait que celui qui voulait en profiter avait aussi des responsabilités. Il exigeait "l'émancipation politique" du peuple mais, en même temps, il proclamait son "émancipation sociale".

L'œuvre de Jean Jaurès est restée inachevée. Elle a donné du courage à beaucoup de gens, mais elle a aussi attiré l'inimitié sur lui. La preuve : il a été assassiné en 1914, par un militant de l'extrême droit, juste trois jours avant l'éclatement de la Première Guerre mondiale, une guerre contre laquelle il avait lutté avec tant d'esprit de liberté, de fraternité et de pacifisme.

La place Jean Jaurès à Montpellier :
Place Jean Jaurès à Montpellier
Montpellier et ses cafés

Photos et texte : copyright Doris Kneller

mercredi 17 février 2010

La place de la Comédie en flammes - carnaval à Montpellier : le Mardi Gras

Défilé de carnaval du Peyrou à la place de la Comédie

Carnaval à MontpellierCe fut un carnaval assez chaud qui, hier, a abouti à la place de la Comédie. Brillante sous la couche d'eau qui, après les pluies de la journée, s'était accumulée sur la Comédie, la place était en flammes. Comme toujours, l'idée du Mardi Gras était de faire le plus de bruit possible, de semer la pagaille la plus fort possible et de ne respecter qu'une règle : le fait qu'il n'y a pas de règle, ce soir-là…

En effet, le carnaval est resté le dernier jour - ou plutôt la dernière nuit - où les gens ont le droit de se "cacher". Les masques qui ne sont pas seulement permises mais même souhaitées peuvent dissimuler les gens qui, tout simplement, ont envie de faire la fête dans la rue, une fois l'année. Mais derrière les nez rouges et les visages de vampires il peut aussi y avoir des gens agressifs, des casseurs, ceux qui ne veulent pas seulement semer la pagaille gentille, comme le veut la tradition du carnaval, mais la pagaille sérieuse, destructrice.

"Avez-vous peur du carnaval et des gens cachés derrière les masques ?" a demandé la Revue des Gens de Montpellier à des Montpelliérains qui, malgré la pluie et le bruit, s'aventuraient autour de la place de la Comédie, sans pour autant participer au carnaval. "Et pourquoi aurais-je peur ?", a répondu une dame dans la trentaine qui "pas à cause du carnaval mais à cause du froid" était pressée de rentrer. "Le carnaval a toujours eu lieu. Maintenant, on dit que les masques pourraient cacher des criminels. Mais pourquoi maintenant ? Rien n'a changé. Si le carnaval est dangereux maintenant, il l'était toujours - ou jamais."

Montpellier, place de la Comédie : CarnavalUn Monsieur un peu plus âgé n'est pas de son avis. "À l'époque, les jeunes étaient plus innocents. Ils ont fait du bruit, ils ont fait la fête, mais ils n'étaient pas au chômage et ils n'avaient pas peur de la crise. C'est cette peur de la crise qui fait que les gens plongent dans le désespoir. Et le désespoir crée l'agressivité."

Désespoir ou non, hier soir sur la Comédie, l'ambiance était au feu. Des petits incendies flambaient partout et illuminaient la place de la Comédie et une partie de la rue de la Loge. Des centaines des jeunes et moins jeunes déguisés ou non dansaient et sautaient entre les flammes - ou restaient tout simplement debout pour les contempler et pour observer les pompiers qui, de leur côté, observaient les actions des carnavaliers.

Carnaval à la place de la ComédieCe ne fait que quatorze ans que le carnaval traditionnel de Montpellier a été redécouvert par les fêtards. Le principe de ce carnaval est l'absence de tout organisateur ou organisme. Bien que la municipalité essaie de garantir un minimum d'ordre - par exemple par la fermeture du Peyrou la nuit - le principe du chaos est prédominant. Personne ne décide, quel genre de char est admis, tout le monde a le droit de porter des masques et de se déguiser, et on attend de la force de l'ordre qu'elle ne pense même pas à la possibilité de demander une carte d'identité - car, selon ceux qui défendent la tradition du carnaval, personne ne porterait des papiers sur lui ni de l'argent, cette nuit-là. Elle appartiendrait aux pauvres et aux "inconnus". Personne ne serait obligé de se "dévoiler".

"Carnaval, c'est notre fête", déclare un masque au nez bleu et aux yeux verts. "Ça ne plaît peut-être pas aux flics, mais ils ne peuvent rien changer à la tradition." Et un masque d'une espèce de Dracula ajoute : "On est sage toute l'année, enfin, plus ou moins. Donnez-nous alors le droit de faire le fou pour une fois." Et une danseuse déguisée en sorcière décide : "Aujourd'hui, les rues sont à nous. Venez, dansez avec nous. Ou foutez le camp. Les gens tristes sont mieux devant leur télé, ce soir."

Photos et texte : copyright Doris Kneller

mardi 16 février 2010

Vacances à Montpellier - Palavas-les-Flots, Villeneuve-lès-Maguelone ou la Grande Motte...

Micro-trottoir : les plages de Montpellier

Palavas-les-FlotsAu moment le plus fort de l'hiver, l'idée des vacances d'été semble toujours très tentante. "Gens de Montpellier" a donc interrogé les Montpelliérains pour savoir, ce qu'ils font dans leurs vacances, ou la partie de leurs vacances, où ils restent à Montpellier.

"Aller à la plage", répond spontanément une jeune femme qui, en ce moment, se "gèle" en attendant le tram à l'arrêt du Corum. "À Montpellier, nous n'avons pas besoin d'aller ailleurs pour faire des vacances. La mer est devant nos portes."

"En été, j'aime bien aller à la mer", déclare aussi une autre dame, un peu plus âgée que la première. "Mais pas pendant la journée", poursuivit-elle. "Il fait trop chaud, pendant la journée et puis, il y a trop de monde à la plage. J'y vais plutôt le soir quand il n'y a plus personne. Et parfois, je me balade dans les rues de Palavas."

Palavas-les-Flots, une des perles de la Méditerranée autour de Montpellier. "Saviez-vous qu'au début, Palavas n'était qu'un petit château fort ?", demande la dame Et, comme pour s'excuser, elle ajoute : "J'enseigne l'histoire. L'histoire me fascine."

La dame a raison. Il y a à peine 300 ans, Palavas-les-Flots était un petit village de pêcheurs, et la seule raison pour laquelle les Montpelliérains connaissaient sa présence était le poisson que les Palavasiens vendaient sur le marché de Montpellier. On aurait dit que personne ne s'intéressait au petit village si paisible - ou, plutôt, paisible au premier coup d'œil. Parce qu'en vérité, il n'était pas si paisible qu'il avait l'air : les pêcheurs étaient victimes des évasions du côté de la mer.

La Grande Motte Ainsi, on a enfin décidé de réagir : un petit fort a été construit et défendu par une sorte de mini-armée. Ce petit fort a été connu sous le nom de la Redoute de Ballestras. Les visiteurs de Palavas-le-Flots pouvaient le voir intact jusqu'aux années 1930. À ce moment, un autre besoin était devenu plus actuel que les invasions du 18e siècle : la pénurie de l'eau qui ne concernait pas seulement Palavas-le-Flots, mais aussi Montpellier et le Midi entier. Et là, la Redoute de Ballestras fournissait juste ce dont on avait besoin : l'édifice était idéal pour être transformé en château d'eau ou, plus précisément, en trois châteaux d'eau à la fois.

Toutefois, l'été, ce n'est pas seulement la baignade et la promenade dans les petites rues d'une commune balnéaire comme Palavas-les-Flots. "C'est la saison des fêtes", déclare un homme dans la trentaine. "Les vendredi, ce sont les estivales sur l'Esplanade et le week-end, on fait le pique-nique sur la plage." - Y a-t-il un endroit préféré pour les pique-niques ? - "Le Grand Travers."

Le Grand Travers et le Petit Travers, des plages situées entre Carnon et La Grande Motte, sont effectivement idéales pour les pique-niques. Elles sont relativement abritées du vent, et la végétation sauvage des dunes appelle l'époque où les plages étaient encore abandonnées à la force des tempêtes et où seuls les pêcheurs s'y aventuraient. En été, on peut y observer des Windsurfers et des Kitesurfers avec leurs cerfs-volants colorés.

Mais les Grand et Petit Travers sont fréquentés non seulement pendant la journée, mais aussi le soir ou, plutôt, la nuit. "Ce qu'on fait en été ?" demande une dame de quelque 25 ans. "On va danser au Petit Travers. On organise des fêtes, les vendredi et les samedis soirs, à la bonne franquette, et souvent même en semaine. Chacun amène quelque chose à boire et à manger, et on danse."

Villeneuve-lès-MagueloneUne dame plus âgée pense plutôt au côté culturel des communes de la plage. "On va souvent à La Grande Motte, surtout quand on a des visiteurs. C'est un village plein d'histoire et très intéressant. Nos visiteurs se régalent chaque fois. Et après la visite, le soir, quand il y a moins de monde aux plages, on va se baigner."

Mais la plage n'est pas seulement un lieu de fête et de repos. "Je prépare ma thèse", explique un étudiant, "pour l'instant, je ne peux pas me permettre de prendre des vacances. Mais dès qu'il fait beau, je prends mes livres et je m'installe à la plage de Villeneuve-lès-Maguelone."

Toutefois, Villeneuve-lès-Maguelone n'est pas seulement connue pour sa jolie plage - une des plus sauvages de la région - mais surtout pour sa Cathédrale romane. Construite en forteresse, la Cathédrale de Villeneuve-lès-Maguelone a une histoire assez turbulente, ponctuée par l'arrivée des peuples les plus différents, l'installation des Grecs, des Romains, des Sarrasins. On y trouve l'ombre des grands de l'histoire, de Charles Martel, de Louis le Débonnaire, fils de Charlemagne, et des papes qui ont fréquenté l'endroit, avec des ambitions plus ou moins paisibles.

Mais les plages sont-elles tout ce que Montpellier a à offrir en été ? - "Bien sûr que non", réponds une jeune dame. "Montpellier en été, ce sont surtout les festivals. Le festival de Radio France, le festival de danse, le cinéma en plein air… et beaucoup d'autres. Il y a tant de musique et de films et de théâtre et de poésie…" Sans doute, si on veut profiter de toutes les offres culturels de l'été montpelliérain, on n'aurait certainement plus le temps d'aller à la plage.

Photos et texte : copyright Doris Kneller

samedi 13 février 2010

Tramway, bus, vélo : Montpellier et son plan d'aménagement

Montpellier et son trafic : le plan d'aménagement de la voirie est-il parfait ? - Micro-trottoir

Cours Gambetta, Montpellier
Cours Gambetta
Théoriquement, le plan d'aménagement de Montpellier est établi. Il indique les modifications dans la voirie de Montpellier censées garantir une circulation optimale et écologique entre Montpellier et ses environs - et entre les divers quartiers de Montpellier - pendant les prochains vingt années à venir.

Mais avant de déclarer le plan définitivement valable, Hélène Mandroux et son équipe ont décidé de prêter l'oreille à la voix des Montpelliérains, pour mieux connaître leurs besoins et pour faire profiter le plan de leurs bonnes idées. Pour entendre cette voix, la mairie organisera des rencontres avec des associations, des comités des quartiers et autres groupes qui s'intéressent à la structure de leur ville. Le point fort, pourtant, de ces rencontres sera le printemps de la démocratie, avril et mai prochains, où les Montpelliérains seront sérieusement appelés à donner leur avis.

Toutefois, plus tôt la mairie connaît les opinions des Montpelliérains - et plus elle a des avis différents - plus vite elle peut réagir et intégrer ces opinions dans son plan… "Vous souhaitez savoir ce que je changerais à Montpellier au niveau de la circulation et des moyens de transport ?", répond le jeune homme qui attend le tram à la place Carnot. Il réfléchit. "Avec les nouveaux trams, une grande partie de la ville sera desservie", poursuivit-il. "Mais toujours pas la ville entière. Il reste des quartiers où les gens dépendent de leur voiture ou d'un bus. Les bus, ça concerne surtout les jeunes qui ne peuvent pas encore se payer une voiture. Mais beaucoup de bus s'arrêtent vers 20 heures. Les gens qui habitent ces quartiers-là sont donc obligés d'avoir une voiture ou de rester chez eux, le soir. Oui, c'est un problème important à Montpellier. Si j'avais le pouvoir, je changerais tout d'abord les horaires des bus."

Trafic à MontpellierUne dame qui elle aussi attend le tram à la place Carnot n'a pas besoin de réfléchir. "Ce que je changerais ?" demande-t-elle pour répondre immédiatement : "Les grèves. Interdire les grèves." La réponse semble normale, vu qu'on est samedi et que le prochain tram n'est prévu que dans plus de 30 minutes. "Y en a marre des grèves. Je commence à croire qu'ils ne font pas la grève pour revendiquer quoi que ce soit, mais pour avoir plus de loisir. Et peut-être aussi pour se rendre intéressants."

"Il faut faire quelque chose contre les embouteillages permanents", déclare un homme dans la quarantaine. "Les voitures bloquent les routes et personne ne passe plus. Et ces voitures polluent énormément. On parle sans cesse de l'écologie à Montpellier, mais avec cette masse de voitures et des moteurs en marche même si elles sont coincées dans un bouchon, ça n'a rien à voir avec l'écologie. C'est carrément contradictoire."

Un autre Monsieur exprime des soucis tout à fait différents. "Les travaux. Les travaux sur le Cours Gambetta, par exemple, me dérangent énormément. Je sais que c'est pour le nouveau tram et qu'ils nous demandent patience. Mais c'est facile de parler de patience quand on n'a pas besoin de prendre ces routes tous les matins. Et patience est un mot bien gros si on sait que le nouveau tram ne sera pas fini avant 1012. Nous avons donc encore deux ans de galère devant nous, chaque matin, jour par jour."

Une dame de 36 ou 37 ans se plaint de l'avenue Georges Clemenceau. Elle habite à Saint-Jean-de-Védas, mais elle travaille à Montpellier. "Pour rentrer dans la ville, je n'ai pas de problème. Je prends l'avenue George Clemenceau. Il y a parfois des embouteillages, le matin, mais en principe ça va. C'est le soir que ça craint, quand je veux sortir de Montpellier. Comme l'avenue Georges Clemenceau est une rue à sens unique, je dois prendre des rues plus petites. Et là, il y a toujours des problèmes."

Une autre dame pense surtout à son fils. "Tous ses amis font du vélo. Je ne peux donc pas lui interdire de faire du vélo lui aussi. Mais chaque fois, je me fais du souci. Il y a quelques voies pour vélo, mais pas partout. La plupart du temps, les enfants sont obligés de rouler dans les rues, avec les voitures."

Elle revendique alors beaucoup plus de voies cyclables. "Ou, si on ne veut pas faire des voies cyclables pour les enfants, on devrait cesser d'en parler. Ils bourrent le crâne aux enfants avec leurs histoires d'écologie et oublient qu'ils les mettent en danger."

Une autre dame, un peu plus âgée, est d'accord de ne plus parler des vélos. "C'est tellement à la mode, maintenant, que tout le monde veut faire du vélo. À la base, il n'y a pas de mal. Mais les cyclistes sont si imprudents, ils ne respectent aucune règle ni le code de la route - ils sont un danger énorme surtout pour les piétons."

Le tramway entre la gare et la Comédie Un Monsieur dans la cinquantaine critique les zones piétonnes. "Bien sûr, c'est très agréable de se promener dans une rue piétonne. Mais où est-ce qu'on laisse la voiture ? Mon appartement se trouve dans la Grand'Rue Jean Moulin, je dois garer ma voiture dans le parking de la Comédie. Quand ma femme fait des courses, elle doit tout porter du parking jusqu'à la maison. Parfois, c'est vraiment trop demandé - pour elle et pour nos voisines aussi. Si on veut faire des rues piétonnes, il faut faire en sorte que personne n'y habite."

Une dame, un peu plus jeune, parle également des parkings. "À quoi sert un plan d'aménagement qui règle le trafic si on n'a pas de parking. Trouver un parking dans les rues du centre ville n'est pratiquement pas possible." - Y a-t-il une solution ? - "Plus de parkings, beaucoup plus." - Mais où pourrait-on implanter ces parkings ? - La dame hésite. Puis elle déclare : "Il faut utiliser tous les espaces au centre ville. Au lieu de construire de nouvelles maisons et d'aménager des parcs, il faut faire des parkings. Le parking est devenu essentiel dans la vie des gens. La municipalité devrait donc réagir à ce besoin. Et les parkings devraient aussi être gratuits."

Photos et texte : copyright Doris Kneller

vendredi 12 février 2010

Travaux à Montpellier : un nouveau sol pour l'Œuf de la Place de la Comédie

Les travaux à Montpellier : Georges Clemenceau, lycée Joffre, Polygone, Vert Bois et "l'Œuf"

Plan d'aménagement à MontpellierLe plan pour "repenser" la structure de Montpellier et faire de sa voirie le modèle d'une ville où tous les habitants et visiteurs se peuvent déplacer sans problème et où, en même temps, le respect de l'écologie est garanti, fut lancé il n'y a pas longtemps.

Il est vrai que les travaux sur la ligne 3 du tramway gênent déjà assez les Montpelliérains. Avec ceux du plan d'amélioration du trafic, les problèmes de circulation seront encore plus lourds. 2010 sera donc une année où les Montpelliérains seront forcés, s'ils veulent où non, de "souffrir" pour un meilleur avenir. De toute manière, les travaux ont déjà commencé.

Ces nouveaux travaux concernent, par exemple, l'avenue Georges Clemenceau, à l'angle de la rue de Belfort. Ici, la voirie doit être remise à neuf pour améliorer la sécurité sur le carrefour. Si la météo le permet, les travaux commenceront immédiatement au début des vacances, c'est-à-dire le 15 février - ainsi, au moins les enfants et les parents qui les amènent à l'école n'en seront pas concernés. Si tout va bien, les travaux ne dureront que quelques jours.

Mais une partie des travaux à Montpellier est déjà réalisée. Ainsi, dans le coin du collège Joffre et le parking du Polygone, à l'Allée de Montmorency, des travaux plus longs et importants sont terminés, et le nouveau visage du site correspond absolument à l'idée du grand plan d'aménagement de Montpellier. On créa donc un espace plus ouvert à côté du lycée et du collège Joffre pour, surtout, augmenter la sécurité des élèves. Cet espace a la forme d'un large plateau piétonnier qui sert aussi aux parents à mieux se garer quand il déposent leurs enfants. Dans ce sens, on s'est aussi occupé des routes que les élèves doivent traverser et de l'accès au parking du Polygone : le carrefour de l'avenue de Nîmes fut transformé en giratoire, et pour accéder au parking du Polygone, on a maintenant la possibilité de tourner directement à gauche.

Esplanade Charles de Gaulle, MontpellierEn même temps, on a commencé à réaliser un point important du réaménagement de Montpellier : l'élargissement des trottoirs pour que les piétons circulent plus facilement en ville. Plus tard, on partagera le trottoir entre piétons et cyclistes pour que chacun aurait sa propre partie sécurisée. De cette façon, les Montpelliérains à vélo pourront emprunter l'avenue Jean Mermoz et joindre le centre ville sans quitter les voies cyclables.

D'autres travaux dans le sens de sécurité des élèves ont été réalisés autour du groupe scolaire Vert Bois. Cette amélioration du quartier a été prévue depuis plusieurs années, mais la ville a bloqué ces travaux pour, d'abord, finir le bassin de rétention des eaux pluviales au stade Jeannot Véga - les deux travaux en même temps auraient causés trop de gêne à la circulation. Entre-temps, on a élargi le trottoir devant les écoles, et la rue est devenue zone à 30 kilomètres/heure. Ainsi, la question de sécurité se pose déjà moins. En plus, on a construit des plateaux surélevés devant l'école Jules Ferry, et l'école maternelle Térésa a même eu droit à un parvis ombragé. Pour combler le tout, l'éclairage public a été renforcé pour que les élèves circuleront plus facilement les matins ou après-midi en hiver.

Mais pour les Montpelliérains, les travaux les plus spectaculaires seront ceux de la Place de la Comédie : à partir du 15 février, on refera le sol autour du fameux Œuf. Toutefois, à la déception de pas mal de Montpelliérains, les matériaux resteront les mêmes : aucun espoir, alors, de ne plus glisser les jours de pluie. Peu d'espoir, aussi, de s'installer tranquillement sur une des terrasses des cafés de la Comédie pendant les trois mois prévus pour la première tranche des travaux. Mais il est vrai que ces terrasses sont beaucoup plus fréquentées en été - surtout par les visiteurs de Montpellier. Et en été, on pourra profiter de nouveau des cafés sans être entouré du bruit des travaux.

Montpellier, place de la ComédieCeux qui fréquentent la Comédie pendant la nuit - entre 1.30 et 7 heures, ne seront pas trop tranquilles non plus - bien que la mairie promet que les travaux seront le moins bruyants possibles : on profitera de ces heures avec beaucoup moins de trafic pour changer l'illumination des façades.

On a compris - ces travaux sur la Comédie ne correspondront pas à un "petit bricolage" : leur budget est fixé à 683 000 euros.

Toutefois, il y a aussi des travaux à Montpellier qui ne gênent personne et qui font plaisir : l'Esplanade a reçue un nouveau Ginkgo Biloba, cet arbre qui, comme on dit, vit pendant 1000 ans et qui est devenu le symbole de la longévité. Il a été offert à Montpellier par le Club des Lions, par ces gens qui ont pour objectif la préservation de la planète. Et cette préservation commence, bien sûr, par les arbres...
Photos et texte : copyright Doris Kneller

jeudi 11 février 2010

Les étudiants de la faculté de médecine à Montpellier

Lapeyronie, Nostradamus, Bernard Pons, Rabelais - et Jean-Antoine Chaptal, à la fac de Montpellier

Faculté de médecine, Montpellier"Si je connais le nom d'un grand homme qui a vécu à Montpellier ?" s'assure l'étudiante à la fac de Richter. "Bien sûr : Lapeyronie. Ce n'est pas pour rien que l'hôpital porte son nom." Que sait-elle de Lapeyronie ? "Ce médecin a fait de Montpellier une ville élue au niveau des recherches médicales. Il a fait évoluer la médecine comme Pasteur la biologie. Il a fait la réputation de Montpellier en médicine."

Et elle continue : "J'avais l'occasion de visiter la chapelle de la fac de médecine, à l'intérieur de l'université. On y trouve les portraits des grands leaders de la médecine de Montpellier. Et Lapeyronie y est, évidemment."

La jeune femme n'a pas tort. François de Lapeyronie, un des grands hommes de Montpellier qui ne fit pas seulement ses études à Montpellier mais qui y est aussi né, n'avait que 17 ans quand il obtint le titre de Maître-Chirurgien et Barbier. Après une petite virée à l'université de Paris, il se retrouve deux ans plus tard à l'hôpital de Saint-Éloi sur la Place d'Armes, c'est-à-dire la Place de la Comédie actuelle, construit à l'endroit où, aujourd'hui, se trouve Monoprix. Plus tard, il fut le médecin et chirurgien personnel de Louis XV et fonda l'Académie Royal de Chirurgie... Et, bien sûr, à un moment de sa vie, il faisait aussi partie de l'équipe des professeurs qui enseignèrent à la fac de Montpellier.

Rabelais à MontpellierPeut-on imaginer plus jolie carrière ? - Peut-être pas une carrière plus jolie, mais, à Montpellier, il y avait plusieurs étudiants de médecine qui firent une carrière au moins aussi brillante que celle de Lapeyronie. "Nostradamus", est un nom qu'une autre étudiante propose spontanément. "Et oui," ajoute-t-elle avec un sourire un peu moqueur, "le fameux Nostradamus était de Montpellier. Très peu de Montpelliérains le savent."

Nostradamus ou, plus exactement, Michel de Nostredame, fut effectivement une des étoiles au ciel des médecins de Montpellier. Il y faisait ses études et, comme Lapeyronie, il transmettait ses connaissances pour une période aux étudiants de la fac de la ville. Or, il n'était pas né à Montpellier, mais à Saint-Rémy-de-Provence. L'anecdote selon laquelle il fut chassé de l'université pour avoir enfreint les règles de ne jamais travailler pour un apothicaire est aussi bien connue que le fait qu'il réussit à se faire pardonner et d'être réintégré à la fac de médecine uniquement par son talent de persuasion.

Si nous avançons quelques siècles, nous tombons sur un autre étudiant de la médecine à Montpellier dont, plus tard, tout Français connaissait le nom - même si son métier le plus connu n'avait rien à voir avec la matière qu'il a étudiée : Bernard Pons. Il devint d'abord secrétaire général de la RPR dont il fut membre fondateur et, plus tard, ministre de l'Équipement, du Logement, des Transports et du Tourisme. Mais à Montpellier, il n'a jamais perdu sa réputation de "révolutionnaire". Pour les Montpelliérains, il n'est pas seulement un ancien ministre, mais surtout l'homme qui organisa la grève des cinémas de Montpellier. Après sa carrière politique, Bernard Pons revint à Montpellier et passa sa thèse de docteur en médecine.

Montpellier, fac de médecineFrançois Rabelais est un autre de ces noms qu'aucun Montpelliérain ne peut oublier. Avec ses Pantagruel et Gargantua, il compte comme un des fondateurs du roman satirique et il y en a qui vont jusqu'à parler de lui comme un des fondateurs du roman moderne. Mais il était aussi un défenseur acharné de la paix et de la tolérance - l'esprit international qui, aujourd'hui, règne à Montpellier lui aurait donc plu. Il lutta contre les injustices de l'église et il réalisa même l'exploit douteux d'être parmi ceux qu'on inscrivait sur l'Index Librorum Prohibitorum, c'est-à-dire que, pendant quelques années, ces livres furent carrément interdits.

Mais Rabelais n'était pas seulement un écrivain et critique génial, mais aussi un docteur qui passa sa thèse à Montpellier - bien que, comme tant des grands Montpelliérains, il ne soit pas né dans la ville proche de la Méditerranée.

Ce ne fut d'ailleurs pas un médecin mais un chimiste, Jean-Antoine Chaptal, qui, en 1795, obtint le droit d'établir une partie de l'université - la faculté de médecine - dans le monastère qui, auparavant, faisait partie de la cathédrale Saint-Pierre. Et ce fut également Jean-Antoine Chaptal qui fonda la fameuse bibliothèque de la faculté qui, aujourd'hui, compte neuf cents manuscrits et plus de 100 000 ouvrages qui datent de plus d'un siècle.

Photos et texte : copyright Doris Kneller

mercredi 10 février 2010

Circulation à Montpellier, Jeu de Paume, périphérique et ligne 3...

Un plan pour repenser les transports à Montpellier

Bus et tram à MontpellierBonne nouvelle pour beaucoup de Montpelliérains : le boulevard du Jeu de Paume restera ouvert à la circulation pendant la construction de la ligne 3 du tram. Il est vrai qu'il sera réduit à une voie, mais personne ne sera obligé de tourner en rond dans les petites rues pour trouver son chemin.

Actuellement, il n'est pas possible d'entrer ou de sortir de Montpellier sans tomber sur un chantier qui promet que "le tramway avance". Tout le monde parle donc de la future ligne 3 dont l'inauguration sera un des grands événements de l'année 2012. Or, ce n'est pas seulement le réseau de tram qui, actuellement avec la ligne 3, plus tard avec la ligne 4, sera modifié. La ville de Montpellier veut aller beaucoup plus loin : tout le système de circulation, les routes, les transport en commun, les rues piétonnes, les parkings - tout ce qui est en relation avec le transport doit être revu.

Avec son plan qui, selon la mairie, doit régler la question de la circulation pour les vingt ans à venir, la municipalité poursuit deux objectifs : devenir ville "modèle", c'est-à-dire organiser un système de circulation qui frotte l'idéal, en est le premier. L'autre est une question d'écologie.

Le tram, Place de la ComédieLe premier objectif part du principe que tous les usagers doivent être satisfaits du système de circulation, peu importe s'ils se servent d'un moyen de transport en commun ou individuel, au point que d'autres villes aient envie de l'imiter et de profiter du savoir-faire montpelliérain - comme déjà Brasilia qui se fait conseiller par des experts de la TaM pour l'élargissement de leur réseau de tramway.

Mais Montpellier n'a pas seulement l'ambition de devenir une ville modèle pour le trafic à l'intérieur et à l'extérieur du centre et de la périphérie : Hélène Mandroux et son équipe sont aussi décidés de transformer Montpellier en une "ville écologique".

Ainsi, la mairie prévoit de se tenir aux indications données aux communes européennes : dans dix ans, les émissions de gaz carbonique, du fameux "gaz de serre", seraient réduites de 20 pour cent. Il n'est alors pas seulement question de rendre contents les Montpelliérains et les visiteurs de la ville, mais aussi de diminuer la circulation en voiture et celle d'autres moyens de transport polluant. Il faut faire en sorte d'être à la hauteur des deux priorités à la fois.

Comment affronter ce défi ? - D'abord, évidemment, il y a le tram. Le tramway de Montpellier doit devenir si attractif que même les fans les plus assidus du volant aient envie de laisser leur voiture chez eux ou sur un des parkings situés aux arrêts à l'extérieur du centre. La mairie prévoit évidemment d'augmenter le nombre de ces parkings. Avec la ligne 3 et, encore plus, avec la ligne 4, augmente aussi le nombre des quartiers de Montpellier et des villages de l'agglomération qui seront desservis. La question de la sécurité - ou, plutôt, la peur de beaucoup d'usagers des groupes plus ou moins ivres et bruyants qui, la nuit, fréquentent le tram - ainsi que le problème des grèves ne sont, jusqu'à maintenant, pas résolus.

Tram ligne 3, MontpellierMais il va de soi que les Montpelliérains et leurs visiteurs doivent aussi être en mesure de joindre par voiture les quartiers de la ville et, bien sûr, le centre. Il y a peu de villes en France où tant d'automobilistes se plaignent que le réseau des routes ne serait pas clair et qu'on se perdrait facilement. Le nouveau plan prévoit alors une sorte de périphérique autour de la vieille ville, d'où des routes partent, en forme "d'étoile", dans toutes les directions. Ce système améliorerait la liaison avec les villes et villages autour de Montpellier, mais aussi le trafic entre les quartiers. En plus, la municipalité promet la construction de plus de parkings proches des habitations - une mesure qui sera certainement bien accueillie, surtout en ce moment, où un nombre important des parkings du centre ville a été éliminé pour faire place à la construction de la ligne 3 du tram.

Parallèlement, les zones piétonnes seraient élargies pour garantir une circulation sécurisée à ceux qui pratiquent ce que le plan appelle les "modes de transport doux", alors aux piétons et vélos. Toutefois, ici, il y a également deux questions qui restent ouvertes : le problème des voitures, pour la plupart en service de la ville, qui circulent dans les rues piétonnes sans faire attention aux gens qui ne sont pas capables de se sauver "en sautant" quand ils arrivent, et celui de l'agressivité de quelques cyclistes qui considèrent les rues piétonnes comme terrain de course.

Selon la mairie, les premières mesures de ce nouveau plan seraient appliquées dès cet été. Mais auparavant, on cherche encore de bonnes idées supplémentaires en donnant la parole aux Montpelliérains. Le printemps de la démocratie, avril prochain, sera une bonne occasion pour récolter les commentaires des usagers des transports à Montpellier.

Photos et texte : copyright Doris Kneller

lundi 8 février 2010

Montpellier bouge pour Haïti

Hélène Mandroux et les autres : Montpellier aide Haïti : mairie, aquarium, Villa Rouge, Rock Store, le sport et plein de concerts...

Montpellier aide HaïtiIl y en a qui comptent et qui comparent : pour mettre sur pied un système d'aide pour les victimes des ravages à Haïti, l'Agglo et la mairie de Montpellier n'ont eu besoin qu'à peine un mois. La décision, par contre, de soutenir les victimes à Gaza, après les bombardements affreux de décembre 2008 qui, comme à Haïti, privèrent des milliers de personnes de leur toit, prit presque un an.

Le délai que prend un acte administratif est une chose. Le fait d'aider en est une autre. Montpellier se plaît dans son rôle de cité internationale - et ce n'est pas qu'un "rôle" : Montpellier, dans les dernières années, est effectivement devenue une ville internationale. Or, cet esprit international ne peut pas s'exprimer que par des festivals de films, de danse et autres manifestations multiculturelles : il donne aussi une responsabilité.

Et cette responsabilité, Montpellier essaie de l'assumer le plus efficacement possible. Six jours après que le séisme de magnitude 7 ébranla l'île de Haïti et, notamment, sa capitale Port-au-Prince, les associations de Montpellier, des représentants de la mairie - dont le maire Hélène Mandroux et son adjoint Jacques Touchon, responsable des relations internationales - et des particuliers qui se sentaient touchés se ressemblaient à la Maison des relations internationales pour réfléchir sur l'aide pour Haïti. Entre-temps, une des promesses de la mairie est réalisée : lors du dernier conseil municipal, un soutien financier de 50 000 euros fut voté.

Concerts pour HaïtiLa question quoi faire pour que cette somme parvienne à Haïti et serve à financer les mesures les plus urgentes fut rapidement résolue. Le conseil municipal décida de la confier à l'Unicef, le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance.

Mais à Montpellier, ce n'est pas seulement la mairie qui fait preuve de cet esprit de solidarité internationale. Les Montpelliérains - entreprises, associations et particuliers - se bougent pour venir à l'aide aux habitants de Haïti. À la Croix Rouge, route de Mende, les téléphones sonnent toute la journée. Les Montpelliérains donnent des sous, mais ils proposent aussi leur engagement bénévole. L'argent, selon la Croix Rouge, servira d'abord au rétablissement des circuits d'eau et, bien sûr, à aider les blessés et les personnes les plus sinistrées à se remettre sur pied.

Ceux qui veulent aider en passant pas la Croix Rouge peuvent aussi participer à la collecte en déposant des chèques dans les urnes installées depuis le 15 janvier à la Maison de l'Agglomération à Montpellier. Selon Jacques Touchon, cette mesure s'avéra déjà très efficace lors du Tsunami.

Et puis, il y a des concerts pour Haïti. Le premier eut lieu déjà le 21 janvier, à Baillargues. Le week-end du 23 et 24, d'autres concerts furent programmés à Montpellier, dont quelques-uns dans des salles mises à disposition par la mairie. Mais pour aider au moins un peu, il suffit déjà d'aller danser, ces jours-ci : la discothèque la Villa Rouge promit d'envoyer à Haïti un euro sur chaque entrée. Le Rock Store choisit un autre système : sa soirée de musique "Napvanse" avec, entre autres, des musicien haïtiens, fut entièrement gratuite, mais les musiciens demandèrent au public de donner quelques euros pour l'association "Aide et Action" qui s'occupe activement de la reconstruction à Haïti.

L'aquarium Mare NostrumIl y a encore d'autres possibilités d'aider. Ceux qui n'ont pas envie d'aller danser ou écouter de la musique peuvent rendre visite à l'aquarium Mare Nostrum à l'Odysseum où, comme à la Villa Rouge, un euro par billet vendu est envoyé à Haïti. La même idée fut appliquée aux rencontres sportives : les fans du sport qui assistèrent, par exemple, au match de football entre Montpellier et Nice au stade de la Mosson donnèrent automatiquement un euro aux victimes à Haïti. Les responsables du basket vont encore plus loin : les recettes de la rencontre entre Montpellier et Lattes fut entièrement versée à Haïti, tandis qu'au match de volley entre Montpellier et Paris, le public fut demandé de donner un peu plus - là, les responsables préfèrent mettre sur place une collecte parmi les spectateurs.

Le Mas de Saporta à Lattes, par contre, s'adresse à un public bien différent. Le week-end dernier, il proposa une dégustation de vin bien prestigieuse pour verser un maximum d'argent à Haïti. Une première dégustation de vins blancs le matin coûta cent euros, une deuxième de vins rouges, l'après-midi, fut évaluée au même prix. Mais ceux qui avaient envie d'assister aux deux dégustations à la fois ne payèrent que 160 euros - et la recette entière fut destinée à la Fondation de France et son action de solidarité pour Haïti. Il va de soi que cette demande de soutien ne s'adressa pas à "tout le monde" : il fut bien précisé que, grâce à la déduction fiscale dont le public ciblé a droit, le prix de la dégustation de 100 euros serait réduit à 33 euros, le prix des deux dégustations à 50 euros...

Tandis que les uns se bougent pour trouver de l'argent pour Haïti, d'autres Montpelliérains ont des projets plus concrets. C'est une petite entreprise de Montpellier, Predict services, spécialisée aux risques d'inondation, qui met ses compétences à la disposition de la sauvegarde d'Haïti. Ses techniques de maîtriser les dégâts causés par les coulées de boue seraient uniques au monde.

Cependant, selon la mairie de Montpellier, il ne suffit pas de penser aux victimes à Haïti. Il y a aussi des étudiants des universités montpelliéraines qui ne vivent pas seulement dans la peur pour leurs familles restées sur l'île, mais à qui le séisme causa carrément des problèmes de survie. Ainsi, la mairie décida de verser aussi une aide financière aux Haïtiens à Montpellier qui, jusqu'à maintenant, vécurent surtout de l'argent versé par leurs familles ou par le gouvernement.

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Photos et texte : copyright Doris Kneller