lundi 24 janvier 2011

Montpellier : Hélène Mandroux et le mariage gay

Hélène Mandroux, maire de Montpellier, planifie une cérémonie de mariage gay

Hélène Mandroux soutient le mariage gay
Hélène Mandroux lutte pour le mariage gay

Il y a plus d'un an, en novembre 2009, Hélène Mandroux, maire de Montpellier, montrait une fois de plus que les "minorités" peuvent compter sur elle. En ce moment, le sujet des mariages gays était dans l'air, on en parlait - mais, pour ceux qui sont concernés, on n'en parlait pas assez.

"Je demande à l'actuel gouvernement de faire preuve de courage politique", déclara Hélène Mandroux ce jour en novembre 2009, et elle prenait clairement position "pour l'ouverture du mariage aux couples du même sexe." Ce jour-là, les associations gaies de Montpellier avaient organisé une manifestation sur la place du Marché aux fleurs - une manifestation pacifique en forme d'un concert devant Hélène Mandroux accompagnée par d'autres représentants de la municipalité, Patrick Bloche, député maire à Paris et co-auteur du Pacs qui, déjà en janvier 2008, avait déposé une proposition de loi concernant le mariage des homosexuels, une soixantaine de maires des environs et quelque 8000 spectateurs.

Le concert du Marché aux fleurs n'était pas la première - ni la dernière - fois que le maire de Montpellier ait exprimé son désir d'égalité entre les sexes et du droit de tout le monde d'être heureux. Deux mois plus tard, elle écrivit une lettre à Nicolas Sarkozy pour exiger le mariage des couples de mêmes sexes - sans recevoir de réponse. Hélène Mandroux renouvela donc ce qu'on devrait nommé "l'Appel de Montpellier", plaidant pour ce que les couples gays aient le même accès aux mariage et au Pacs que les autres, avec les mêmes droits, par exemple en cas de décès d'un des partenaires. Elle insista aussi sur les problèmes des couples gays de nationalités différentes : au contraire des couples hétérosexuels où le conjoint français peut faire en sorte que son partenaire soit en sécurité même s'il n'est plus en mesure de veiller sur lui, un homosexuel français n'a aucune possibilité d'assurer l'avenir de la personne qu'il aime.

Hélène Mandroux soutient Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière
Hélène Mandroux s'engage pour
Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière

Hélène Mandroux déplore aussi le retard de la France par rapport au Canada, à l'Afrique de Sud et à d'autres pays européens : la Suède, par exemple, introduisit le mariage des couples gays en 2009, mais déjà au début des années 80, les amoureux pouvaient avoir la bénédiction officielle des prêtres. Mais entre-temps, la légalisation des amours gays est aussi possible au Canada et à l'Afrique de Sud. Un autre pays européen où le mariage entre partenaires du même sexe est autorisé est le Portugal.

Florin Robin, président de la radio associative Divergence FM et son compagnon portugais, Tito Livio Santos Mota, avaient l'intention de profiter de cette loi portugaise. Ils vivent ensemble depuis 25 ans, et se marier est un de leurs plus grands désirs. Ainsi, ils se sont adressés à l'ambassade portugaise à Marseille, et leur date de mariage fut fixée... Or, ils n'avaient pas compté avec l'état français. Vu que le mariage gay est interdit en France, la patrie de Florin Robin s'en est mêlée, comme explique le président de Divergence FM, et les autorités portugaises se voyaient obligées d'annuler la cérémonie.

Hélène Mandroux n'a pas les moyens légaux pour "récompenser" la perte de Florin Robin et Tito Livio Santos Mota, mais elle peut les soutenir. Elle est prête à les unir par un acte symbolique qui, comme l'espère Florin Robin, pourrait toucher les mentalités françaises.

Hélène Mandroux et Haïti
Hélène Mandroux et Haïti

Et les mentalités montpelliéraines ? En attendant le verdict constitutionnel annoncé pour le 28 janvier, l'équipe des Gens de Montpellier interrogea les habitants de la ville près de la Méditerranée. Et, fidèles à leur réputation d'être d'un "esprit ouvert", la plupart des interrogés sont d'accord avec l'initiative de leur maire. Il y avait évidemment des réponses du style "On aurait tout vu", "Quoi encore ?", un laconique "À quoi bon ?" ou "Je n'aime pas le mariage", mais en général, les Montpelliérains sont pour le mariage gay.

"Pour une fois, j'ai envie de dire 'bravo' à un politicien", déclare un Monsieur d'une soixantaine d'années. Il explique que lui-même ne serait pas gay mais que, pour lui, cela ne changerait rien. Une jeune femme soutient cette réaction : "On veut tous être heureux, n'est-ce pas ?" lance-t-elle pour, ensuite, ajouter : "Si moi j'ai le droit de me marier avec mon ami, pourquoi mon copain gay ne devrait pas se marier avec le sien ? Quelle est la différence ?

Plusieurs personnes ne savent pas si "le mariage est utile pour les homosexuels", mais ils sont de l'avis que "chacun devrait avoir le droit de vivre comme cela lui plaît." - "...tant que cela ne fait pas mal aux autres", ajoute un Monsieur d'une quarantaine d'années, et il poursuit : "Et je ne saurais pas en quoi un mariage gay pourrait faire mal. Sauf à ceux, peut-être, qui sont jaloux de tous ceux qui s'aiment..."

Une dame autour de la cinquantaine raconte l'histoire d'un de ses amis qui vit avec son compagnon depuis plus de trente ans - sans, évidemment, avoir le droit de se marier. "N'est-ce pas un exemple sympa, ça ?", demande-t-elle. "Je ne connais pas beaucoup de couples qui s'aiment encore après plus de trente ans. La plupart des couples 'normaux' se quittent après quelques années. La loi ne devrait-elle pas favoriser le véritable amour ?

Une dame d'une trentaine d'années parle des enfants. "Je suis infirmière", explique-t-elle, "et je vois beaucoup d'enfants mal traités ou peu aimés. J'ai commencé à douter de l'idée qu'une mère aime automatiquement son enfant, juste parce qu'elle est mère. On dit ça, mais c'est pas vrai. J'ai vu trop d'exemples qui prouvent le contraire. Je voudrais que les gens qui s'occupent des enfants les aiment - sinon, ils ne créent que tristesse et criminalité. Si j'étais Président, je permettrais aux gays d'adopter des enfants, enfin, à tous les couples, sous conditions qu'ils les aiment plus que certains 'mères' que j'ai rencontrées.
Photos et texte : copyright Doris Kneller

lundi 17 janvier 2011

Manifestation à Montpellier : la Tunisie fête la libération du peuple

Micro-trottoir : Fête de la libération de la Tunisie

Montpellier fête la libération de la TunisieDes centaines d'hommes et de femmes en fête sur la Comédie... On manifeste pour la libération du peuple tunisien, on crie, on chante, on est heureux. Des amitiés se nouent, des mots comme "solidarité" tombent souvent. Un Monsieur "enroulé" dans un drapeau tunisien pose le bras sur les épaules d'un autre : "C'est un frère", déclare-t-il, et : "Il est algérien".

Solidarité aussi du côté du groupe palestinien. "C'est formidable", s'exclame une jeune femme qui porte le drapeau de la Palestine. "Un peuple s'est libéré. Cet acte redonne espoir à tous les peuples oppressés."

Un Monsieur tunisien explique à quelques Français ce qui s'est passé. Il raconte que le président de Tunisie vient de quitter le pays - "un dictateur qui a été obligé par le peuple de s'enfuir"... On danse dans les rues, c'est enfin la liberté. Un autre Tunisien croit savoir que Nicolas Sarkozy a refusé la demande de refuge de la part de Zine el Abidine Ben Ali, le président en fuite.

Une dame d'une quarantaine d'années semble bien informée. "C'est grâce à ce président que votre pays est devenu riche", explique-t-elle a un des Tunisiens enroulés dans leurs drapeaux. "C'est grâce à lui que votre peuple a quelque chose à manger." - Une jeune femme tunisienne se détourne, elle ne souhaite visiblement pas discuter avec la dame. Mais un de ses amis reste patient. "La richesse n'était pas pour le peuple", dit-il, "mais uniquement pour certains. Le peuple est devenu pauvre."

La révolution du peuple tunisien"La richesse", s'en mêle un autre Tunisien, "n'était destinée qu'au président et sa famille. Et à ses amis. Et aux investisseurs étrangers."

Quelques Français ne savent pas encore ce qui se passe. "La Tunisie ?", réagit une dame d'une trentaine d'années à la question de l'équipe des Gens de Montpellier. "Pour moi, ce sont de jolies plages, la mer, le tourisme." - A-t-elle jamais entendu parler de la révolution tunisienne ? - "Des révolutions", répond-elle, "il y en a partout, maintenant, dans les pays d'Afrique. Il se passe des choses partout. Vous avez un président, il tombe, vous en avez un autre. Et ce sont tous des dictateurs, sans exception."

Un Monsieur dans la cinquantaine se sent agacé par la foule en fête sur la Comédie. "Chaque peuple a le gouvernement qu'il mérite", cite-t-il, légèrement déformée, la fameuse phrase d'Alexis de Tocqueville, "et s'ils veulent se libérer, qu'ils le fassent. Mais pas chez nous." Et il secoue la tête en signe de désapprobation.

Deux dames d'à peu près le même âge que le Monsieur, également françaises, sont du même avis. "Je ne comprends pas, ce que nous avons à faire avec la soi-disant libération des Tunisiens", proclame l'une, et l'autre ajoute : "Ces gens-là, s'ils veulent faire la révolution et aider leur peuple à se libérer, pourquoi ne sont-ils pas en Tunisie ? Ici, chez nous, on n'a pas besoin de leur révolution." La première reprend la parole : "C'est bien facile de faire la fête, quand on est en sécurité en France. Mais est-ce logique qu'ils font la fête ici pendant que leur peuple lutte pour sa liberté ?"

Tunisie - Montpellier : la liberation du peupleUn Monsieur d'une trentaine d'années ne considère pas non plus la manifestation d'un bon œil. "Les Tunisiens sont libres. Bravo. En contrepartie, pleins de Français et autres Européens sont bloqués dans les aéroports. Si c'est cela qu'ils appellent liberté, je dis 'non merci'. Personne ne peut être libre si cette liberté entraîne le blocage des autres."

Un autre Monsieur, un peu plus âgé que le précédent, discute avec un des Tunisiens engagés dans la manifestation. Après avoir écouté les explications de son interlocuteur, il pointe sur les affiches de Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière, les deux journalistes toujours en captivité en Afghanistan. Puis, il s'adresse au photographe de l'équipe des Gens de Montpellier. "Vous devriez prendre une photo avec un panneau des Tunisiens libérés et l'affiche des Français non libérés." Le jeune homme tunisien n'est pas d'accord. "Ce sont deux choses différentes. Les journalistes n'ont rien à voir avec la lutte du peuple tunisien." Le Français insiste : "Vous n'êtes pas de l'avis que tout le monde devrait être libre, les Français autant que les Tunisiens ?" Mais le Tunisien reste sur son point de vue : "On ne peut pas mélanger les causes."

D'autres Tunisiens, toutefois, ne sont pas vraiment dans une humeur de fête. "Que Zine el Abidine Ben Ali a quitté notre pays, c'est une bonne chose", explique un jeune Tunisien à un groupe de Français. "On peut dire que c'est une victoire de la révolution. Mais les vrais problèmes vont commencer maintenant. Personne n'est plus en sécurité, c'est la guerre des rues. Les malfaiteurs se confondent avec les révolutionnaires, personne ne sait plus si une personne armée lutte pour la liberté ou si elle est un simple voleur. Et les discussions sur le prochain gouvernement vont créer la pagaille. La Tunisie risque de sombrer dans le chaos."

Un autre jeune Tunisien lui donne raison sur le principe, mais il est moins pessimiste. "Le principal", dit-il, "est que nous sommes libérés du régime de Zine el Abidine Ben Ali. Les prochaines semaines ne vont pas être faciles, mais petit à petit, tout va rentrer dans l'ordre. La liberté mérite bien un peu de désordre, quand même."
Photos et texte : copyright Doris Kneller

jeudi 13 janvier 2011

Conférence à Montpellier : Algérie - la vérité

Louis Aggoun parle aux Montpelliérains de ses études sur l'Algérie : "200 ans d'inavouable"

Louis Aggoun à MontpellierDe nouveau, on parle de l'Algérie. Mais pour une fois, le discours sonne différemment. Louis Aggoun, journaliste et coauteur du livre "Françalgerie, Crimes et mensonges d'États", n'est pas d'accord avec la manière qu'on raconte l'histoire de l'Algérie et, plus précisément, celle des relations entre la France et l'Algérie.

Louis Aggoun qui a donné son avis lors d'une conférence avec discussion organisée par les Amis du Monde Diplomatique à la salle Belvédère du Corum à Montpellier est, selon ses critiques, un "ardent défenseur de la vérité". Il n'a pas confiance dans la véracité des textes historiques traitant les dernières 200 années de l'Algérie ou, plutôt, il met en doute la complexité des documents présentés par les auteurs. Car, comme il explique, éliminer certains faits correspond à manipuler la vérité.

Ce que Louis Aggoun a écrit dans son nouveau livre "200 ans d'inavouable, la colonie française en Algérie" - et ce qu'il a défendu dans sa conférence - peut choquer. Mais cela ne fait pas peur à l'auteur qui se considère surtout comme militant des droits de l'homme. Il n'hésite pas à dénoncer le rôle de certains politiciens français tels que Charles de Gaulle, Mitterrand ou Charles Pasqua dans l'histoire récent de l'Algérie. En même temps, il s'interroge sur l'interprétation qu'il faut donner à certains événements, comme, par exemple, la mort soudaine de Houari Boumédiène, du deuxième président de la République algérienne démocratique et populaire, qui, avec sa décision de nationaliser les hydrocarbures sans même consulter ses partenaires internationaux - "Nous avons décidé la nationalisation des hydrocarbures" -, ne se fit pas bien voir du gouvernement français. Dès qu'un politicien algérien aurait pris la décision de démocratiser le pays, explique Louis Aggoun, on l'aurait éliminé...

Louis Aggoun, conférence sur l'AlgérieLors de sa conférence à Montpellier, Louis Aggoun parle aussi de l'attitude de Charles de Gaulle envers l'Algérie au moment de l'indépendance. L'homme d'état aurait souligné qu'il faudrait un gouvernement en Algérie qui préserve les intérêts de la France : il fallait notamment résoudre les questions du nucléaire et du pétrole, les deux grands enjeux entre la France et l'Algérie. Auparavant, de Gaulle aurait déjà proclamé que l'Algérie serait la seule colonie où la France aurait des intérêts. Et, selon Louis Aggoun, de Gaulle n'aurait jamais changé d'avis en ce qui concerne l'Algérie.

Bref, selon l'auteur des "200 ans d'inavouable", la colonisation de l'Algérie n'aurait pas cessée en 1962, mais juste pris une autre forme. Bien que la France ait toujours prétendu regarder de loin les événements dans son ancienne colonie, ses politiciens auraient eu leur mot à dire. Au moment où le terrorisme a régné en Algérie, ce n'était pas le peuple algérien qui aurait eu le plus à perdre ni les généraux dont personne n'aurait vraiment su ce qu'ils faisaient. C'était la France, comme l'explique Louis Aggoun, qui tenait le plus au maintien du gouvernement. Bien que l'Algérie ait proclamé que les événements politiques et sociaux ne regarderaient que les Algériens, la France aurait été mêlé à toutes les affaires d'état. Mais l'intérêt le plus important de la France aurait été l'export : le public montpelliérain présent à la discussion avec Louis Aggoun a appris que l'Algérie était le marché idéal pour faire écouler les stocks de la surproduction française. Notamment les médicaments importés de la France seraient vendus à un prix six fois plus élevé qu'en France.

L'auteur reproche à la presse de s'être tu pendant toutes ces années après la déclaration de l'indépendance. Louis Aggoun fait remarquer qu'environ un million de pieds noirs auraient perdu leurs foyers sans que personne proteste. Et quand à Charles de Gaulle - une fois obtenu la dissuasion nucléaire, il aurait eu sa bombe atomique "comme joujou".

L'autre problème : selon Louis Aggoun, les hommes d'état algériens qui, à la première heure, ont pris les rênes en Algérie n'auraient pas exercé de véritable pouvoir. Ainsi, Ahmed Ben Bella, premier président de l'Algérie indépendante, n'aurait jamais eu envie de devenir président - il aurait, comme disent certains, préféré jouer à la Belote. Sa nomination n'aurait pas été la suite de sa révolte contre la France - il a été un des neuf chefs du Comité révolutionnaire et a participé au détournement d'un avion - mais due au fait qu'il était le plus haut gradé de l'école militaire... ce que, comme remarque Louis Aggoun, personne n'aurait jamais vérifié.

Louis Aggoun ne revendique pas le soutien de sources inconnues ou de témoins. Son travail, comme il a souligné, est plutôt de nature scientifique. Il suffirait de regarder toutes les œuvres écrites sur le sujet et d'analyser les textes - pour, ensuite, exprimer ce qui est marqué entre les lignes.
Photos et texte : copyright Doris Kneller

vendredi 7 janvier 2011

Un cadeau de Noël pour les enfants de Montpellier

Collecte de cadeaux au Polygone, Odysseum, Géant Casino et Carrefour

Noël des enfants de MontpellierPresque un millier de petits Montpelliérains et Montpelliéraines ont pu recevoir un cadeau, deux jours avant Noël. L'Esplanade Charles de Gaulle, devant le Corum, était plein d'enfants qui, probablement, n'ont pas eu d'autres cadeaux, ni à Noël, ni les jours ordinaires... - "bien qu'il soit difficile d'imaginer", comme remarque une dame dans la trentaine, "que tant d'enfants qui vivent ici, au milieu de notre société de consommation, vivent dans la pauvreté."

L'idée de cette action venait de la mairie de Montpellier, en collaboration avec les grandes associations d'aide. Mais ceux qui ont vraiment aidé, c'est les habitants de Montpellier. C'est eux qui ont confié les cadeaux aux bénévoles postés dans les centres commerciaux, le Polygone, l'Odysseum, le Géant Casino aux Près d'Arènes et au Carrefour à Lattes. "Dans la publicité", critique un Monsieur de quelque cinquante ans qui, justement, fait ses courses au Polygone, "ils vont mentionner la mairie et les centres commerciaux. Mais pas les gens qui, en réalité, ont donné les cadeaux." - A-t-il glissé un cadeau dans le "sac" des bénévoles ? - "Non, je préfère décider moi-même, à quel enfant j'offre un cadeau."

Une dame un peu plus jeune est du même avis. "Je trouve cette action honteuse, à la limite", proclame-t-elle. "Oui, c'est bien que les Montpelliérains donnent quelque chose pour les enfants. Mais comment la mairie peut-elle leur demander ça ? Elle a assez de moyens pour payer elle-même les cadeaux aux enfants pauvres." Et sa fille, étudiante à Paris qui passe les vacances avec sa mère, ajoute : "Je trouve que les centres commerciaux ne devraient pas donner l'autorisation de demander des cadeaux aux gens, dans leurs locaux, mais ils devraient les offrir eux-mêmes. Comment voulez-vous que les gens soient généreux si les plus riches ne le sont pas ?

Cadeaux de Noël pour les enfants de Montpellier"La question est mal posée", répond un Monsieur d'une trentaine d'année à l'inter- rogation de l'équipe des Gens de Mont- pellier. "La question n'est pas ce que je pense de la collecte des cadeaux pour les enfants pauvres, mais ce que je pense de l'existence d'enfants pauvres dans notre société."

"Ce qui est le pire", explique une dame d'à peu près le même âge, "c'est que personne ne sait exactement, combien il y a d'enfants pauvres en France." - "Là, on ne parle que des enfants", l'interrompt sa copine qui, comme elle dit, est venu au Polygone pour choisir des cadeaux pour des amis qui, selon elle, "n'ont pas vraiment besoin de recevoir des cadeaux. Ils ont les moyens de s'acheter tout ce qu'ils veulent." Et elle poursuit : "Mais les pauvres, ce n'est jamais que des enfants. En général, il y a toujours une famille là-derrière. Et tout un destin. Des adultes qui n'ont pas réussi à avoir une partie des biens de cette société du bien-être."

Sa copine qui, évidemment, a déjà étudié le sujet, reprend la parole. "Saviez-vous que personne n'a fait d'études dignes de se nom sur les enfants pauvres en France jusqu'à 2004 ?" Elle parle d'une étude réalisée par le Conseil de l'emploi, des revenus et de la cohésion sociale. Selon cette étude, présentée comme rapport public, huit pour cent des enfants et jeunes de moins de 18 ans vivent dans des conditions en dessous du seuil de pauvreté... si on applique les définitions de pauvreté définie par la France. Si, par contre, on se base sur les références européennes, le chiffre est doublé : 16 pour cent des enfants français, donc quelque deux millions d'enfants, ne connaissent pas le standard de vie qui, selon la publicité et ce qu'on appelle l'opinion "générale", est considéré comme "normal" par la plupart des Français.

Montpellier fait des cadeaux aux enfants"Ce qu'il faut craindre", ajoute encore la première des deux dames, "c'est que tous ces enfants pourraient devenir des délinquants. Parce que dès le début, pratiquement dès leur naissance, ils n'ont pas la moindre chance de s'en 'sortir'."

"Non, je n'ai pas donné de cadeau à la collecte", répond une dame dans la soixantaine à la question de l'équipe des Gens de Montpellier. "Tout est tellement cher que je peux à peine acheter quelque chose à mes petits enfants. Avec ma petite retraite..."

"Je ne donne jamais rien aux collectes", dit une autre dame un peu plus jeune que la précédente. "Je me méfie des collectes. La plupart des choses qu'on donnent atterrissent chez les enfants des soi-disant bénévoles."

Heureusement, la dame est assez seule dans son opinion. "J'admire ces gens", dit on jeune homme, "ils offrent leur temps sans attendre la moindre récompense, même pas un merci. On parle des organismes qui organisent cette action, de la mairie et tout. Mais ce ne sont pas les élus qui sont sur le terrain. Ceux qui font le travail restent anonymes."

Autres articles Micro-trottoir réalisés par l'équipe des Gens de Montpellier sur le site de Montpellier Presse Online
Photos et texte : copyright Doris Kneller