vendredi 6 avril 2018

Bébé apprend l’anglais

Les avantages d'apprendre une deuxième langue dès l'âge de bébé

Oui, il y a toujours des préjugés, non, apprendre un deuxième idiome en même temps que la langue maternelle n’est pas nuisible ni pour le développement physique ni pour le caractère de l’enfant, oui, on n’apprend jamais aussi vite et facilement qu’à l’âge de bébé.

Malgré - et, justement, à cause de - toutes les idées préconçues, Nadine Isnard a relevé le défi. Son expérience comme enseignante lui a fait comprendre que la capacité d’apprendre une langue diminue avec l’âge. Et si elle dit « âge », elle ne parle pas des seniors, mais des enfants. Un enfant de trois ans apprend déjà moins facilement qu’un bébé, tandis qu’il est clairement privilégié face à une fillette ou un petit garçon de cinq ou six ans.

Pour Nadine Isnard, les priorités sont fixées. Tous les parents devraient apprendre à leurs bébés non une langue, mais deux ou, pourquoi pas, trois en même temps.

Prenons le cas de Véronie, maintenant une jeune fille de 13 ans. Quand elle était née, sa maman, elle-même allemande, lui a parlé dans sa langue d’origine. Son papa ressortissant de la Grande Bretagne lui a parlé anglais - et, comme la famille vivait en France, tous les amis de ses parents n’ont pas hésité de « babiller » avec lui en français.

Le résultat ? Déjà avec trois ans, Véronie était trilingue. Elle changeait de langue par rapport à l’adulte avec qui elle avait affaire, sans se tromper, sans mélanger les différents idiomes. Anglais, allemand, français, de nouveau un peu d’anglais, pour l’enfant, tout était bien. Et aujourd’hui, on la prend pour un « génie » de langues - à tort.

Car la jeune fille - ou le bébé qu’elle était à l’époque où elle a appris toutes ces langues - est loin d’être « géniale ». Elle est tout simplement normale. Mais elle a eu la chance d’être confrontée avec le français, l’anglais et l’allemand lorsqu’elle était bébé, à l’époque où elle était capable d’apprendre sans le moindre effort.

Toutefois, pas tout le monde n’a la chance d’être né d’une mère allemande, d’un père anglais et d’être entouré de Français. Et c’est là où intervient Nadine Isnard.

En collaboration avec une équipe internationale, compétente en questions d’apprentissage de langues, elle a développé une méthode pour bébé et petite enfance. Cette méthode peut être utilisée par des parents qui eux-mêmes ne parlent pas un mot de la langue étrangère. Ainsi bébé peut apprendre l’anglais, l’italien ou l’espagnol sans se forcer, comme un jeu doux et agréable.

copyright Doris Kneller

dimanche 11 mars 2018

11ème Journées de Cinéma Suisse

Christine Bolliger et l'émotion du film contemporain 

Les Journées de Cinéma Suisse arrivent, les Journées de Cinéma Suisse se terminent. Comme chaque année. Et, comme chaque année, beaucoup trop rapidement. Comme toujours, elles sont préparées et présentées par Christine Bolliger, avec savoir-faire, sensibilité - sensibilité culturelle, surtout, car qui pourrait mieux faire la liaison entre deux cultures qui, géographiquement, se sont si proches et, dans l’esprit, si loin ? - et beaucoup d’amour. Et c’est cet amour que ressent le spectateur lorsqu’il regarde le choix de films qui lui est présenté.

Est-ce facile de choisir des films censés représenter un pays ? - Certainement pas. Et il faut une connaissance profonde des habitants de ce pays et de leur production de cinéma pour y arriver… et surtout, s’il s’agit d’un pays aussi divers que la Suisse.

Pour citer Christine Bollinger qui, comme personne d’autre, a compris cette diversité : « On me demande souvent si le cinéma suisse a une particularité, et j'aime répondre que le cinéma suisse s'est toujours distingué par son engagement pour des groupes défavorisés, la dénonication de certains dérèglements judiciaires, politiques ou économiques. »

Cette année-ci, il est question de la diversité des langues, de l’ouverture vers l’extérieur, mais aussi de ce qui souvent reste caché : le handicap. Toutefois, comme dans chaque pays, l’amour ne perd pas sa place privilégiée. Mais quel amour ? Et on parle du sport extrême, de l’art, de la montagne et… de la mort. La mort comme un poème, un conte de fée. Le plus beau, cependant, offert par ces 11ème Journées de Cinéma Suisse, c’est la jeunesse. Le festival n’oublie pas de donner la parole aux jeunes cinéastes, à la nouvelle génération, la production actuelle : celle qui nous concerne, ce fameux jour d’aujourd’hui !

Et parlons d’aujourd’hui, un dimanche où le ciel semble un peu tristounet - juste le temps pour aller au cinéma. Le producteur Roy Oppenheim sera un des invités qui nous parlera du présent du cinéma suisse. Jean-Paul Cardinal, réalisateur du film « Sweet Girls » sera là lui aussi pour confronter les questions et commentaires du public face à son œuvre satirique où la jeunesse prouve aux « vieux » qu’elle existe et qu’elle éprouve le droit d’exister... Un film si suisse et, en même temps, si international, à ne pas rater : aujourd’hui à 19 h au Centre Rabelais.

Mais le comble de ces Journées de Cinéma Suisse et, parallèlement, le comble pour tout amateur de film et l’œuvre de Dominik Locher, Goliath, montrée demain, à la fin du festival. Elle est sortie en 2017 et a déjà reçu pleins de prix, dont celui du meilleur film de fiction au Black Nights Film Festival de Talinn ou celui du Festival à Sao Paulo. Il nous parle de cette « maladie » qui atteint tout ceux qui se laissent submerger par l’image de « l’homme » et de « la femme » véhiculée par la publicité quotidienne : autrement dit - une maladie dont nous sommes toutes et tous atteints.

« Goliath » est donc un film qui concerne. Il choque, il fait pleurer, il soulage. Il parle de « nous ». En même temps, toutefois, il parle de notre voisin qu’on croit ne pas pouvoir comprendre - parce que, justement, il touche ce qui est le plus profond en nous. Notre peur de nous-mêmes, de nos sentiments, de la réalité, de la vérité. Le voisin qu’on ne comprend pas parce qu’il nous ressemble tant…

Quel est le côté « suisse » de ce film dont les personnages pourraient vivre partout, ici, ailleurs, mur à mur avec nous - qui pourraient être nous-mêmes ? La réponse est simple : Justement, comme souligne Christine Bollinger, la disponibilité du film suisse de parler de ce qui touche, qui heurt qui risque de faire mal. De nous-mêmes.

Ce film « Goliath » de Dominik Locher qui clore les 11ème Journées de Cinéma Suisse est, tout simplement, un chef d’œuvre. A voir demain, lundi, à 19.30 heures, au Cinéma Gaumont Comédie.

copyright Doris Kneller