jeudi 27 mai 2010

La Comédie du Livre à Montpellier : la littérature de l'Amérique du Nord

L'Amérique du Nord à l'honneur à Montpellier : la 25ème édition de la Comédie du Livre

Comédie du livre, MontpellierCela fait six mois que la place de la Comédie n'a pas vu tant de stands - des stands qui, en ce moment, sont encore vides. Depuis ce jour fin de novembre où on a commencé à monter les stands pour le marché de Noël, la Comédie a vu plein de manifestations : la fête de la biodiversité du week-end dernier, la Comédie de la Santé du précédant, la Comédie des animaux, la Journée internationale des droits de la femme, des manifestations écologiques, politiques,... des gens qui attendent d'autres, au pied de la Fontaine des trois Grâces, heureux, déçus,... Sans doute, la vie sur la place de la Comédie était riche - riche d'émotions comme la joie et la tristesse, riche d'événements, de vie, tout simplement.

Aujourd'hui, la saison s'approche de son terme. Peu importe si l'hiver a été bon ou mauvais, marqué de sécheresse, de pluie, de froid ou de soleil, l'été est arrivé et, avec lui, la Comédie du Livre. Comme toujours depuis 25 ans, la place de la Comédie paraît triste et joyeux en même temps : triste, parce que l'hiver avec toutes ses soirées de concert, ses conférences, ses réunions et ses sorties au cinéma est terminé ; joyeux, parce que la Comédie du Livre commence.

"Si je vais à la Comédie du Livre ?", répète la dame d'une trentaine d'années la question de l'équipe de "Gens de Montpellier". "Mais bien sûr. Je l'attends depuis la fin de la dernière Comédie du Livre. Ce week-end est 'sacré' pour moi : si mes amis veulent me voir, ils n'ont qu'à venir sur la place de la Comédie."

Littérature américaine à MontpellierLa 25ème édition de la Comédie du Livre est consacrée à la littérature de l'Amérique du Nord. Et ceux qui croient toujours que les feuilletons made in USA représentent la culture des États-Unis seront étonnés : la littérature nord-américaine est aussi riche que celle de l'Europe.

Comme chaque année, on n'entend qu'une seule plainte : l'impossibilité d'être partout. Partout, cela signifie se promener sur la place de la Comédie et l'Esplanade pour fouiller les stands des livres, visiter une exposition, écouter une des conférences, rencontrer un auteur, assister à un des cafés à thème... L'offre, comme disent beaucoup de Montpelliérains, est trop fournie. Et souvent, lorsqu'ils se plaignent de cette manière, un sourire content apparaît sur leur visage...

Le problème commence déjà avec les manifestations d'ouverture : à 16 heures, devrait-on assister aux lectures de Jean Joubert et Eloïse Alibi à la Maison de la poésie ou plutôt se joindre aux Montpelliérains qui préfèrent l'auditorium du musée Fabre et la conversation littéraire avec André Manoukian ? Ou plus tard, vers 18.30 heures, vaut il mieux assister à la lecture de la pièce de Naomi Wallace ou aller au Café du genre de Françoise Mariotti et écouter "l'auteure" féministe Katherine Roussos ?

Le visiteur "philosophe" de la Comédie du Livre cesse de regarder le programme dès qu'il l'aura étudié - trop de décisions à prendre - et se laisse aller de salle en salle, de manifestation en manifestation, sans choisir, parce qu'il sait que toutes sont captivantes. Parfois il suit la foule, parfois un ami, mais il ne court pas le risque de s'ennuyer. Peut-être marque-t-il dans son agenda les "Grandes rencontres de Philippe Lapousterle" - l'écrivain académicien Éric Orsenna, le philosophe Éric Emmanuel Schmitt, Marie Rouanet et "La mémoire de nos temps", Katherine Pancol et, de nouveau à Montpellier, Max Gallo et sa "passion de l'histoire". Et, bien sûr, la rencontre avec Jean-Louis Bourlanges, François Léotard, Philippe Meyer et Edvy Plenel à la salle Rabelais où ils discutent les rôles du pouvoir, des journalistes et des sondages : Peut-on fabriquer l'opinion ?"

La Comédie du livre sur l'Esplanade Général de Gaulle"La Comédie du Livre ? Non, ça m'intéresse pas", déclare un Monsieur dans la cinquantaine. Mais il a l'air malheureux. "Je n'aime pas les foules et les touristes", ajoute-t-il. Il n'est évidemment pas le seul Montpelliérain qui n'est pas tenté par les livres. Mais il appartient à une minorité.

"À quoi je pense quand j'entends le nom de la ville de Montpellier ?" La dame dans la quarantaine est anglaise et, comme elle explique, touriste à Montpellier. "À la mer, au soleil... mais en ce moment, bien sûr, à la Comédie du Livre. Car c'est pour elle que je suis venue."
Photos et texte : copyright Doris Kneller

dimanche 23 mai 2010

Fête de la biodiversité à Montpellier - édition 2010

Montpellier fête la biodiversité : les plantes, les animaux, l'homme et la planète

Biodiversité à Montpellier"Fête de la biodiversité", répète le Monsieur d'une soixantaine d'années. "Non, je ne connais pas. Jamais entendu. Bien que je sois Montpelliérain. Mais je pense que c'est encore une de ces inventions des politiciens. Ils veulent nous faire croire qu'ils s'occupent vraiment de la nature. Si vous me demandez, c'est juste 'pseudo'. De la poudre aux yeux des électeurs."

Peu importe qui aurait "inventé" la Fête de la biodiversité à Montpellier, il ne s'agissait pas "de la poudre aux yeux", mais d'une manifestation très sérieuse avec une quarantaine d'associations écologistes, elles aussi passionnées et sérieuses.

insectes à MontpellierL'idée centrale de cette deuxième édition de la Fête de la biodiversité - organisée dans le cadre de l’Année internationale de la biodiversité - était l'observation et la connaissance de la nature. Il est vrai que l'animation s'adressait surtout, "officiellement", aux enfants - mais cette programmation permettait aux adultes, sans avoir à avouer leur esprit ludique, de profiter des installations de la ville et des associations de la nature, toutes d'une qualité excellente au niveau de leur valeur scientifique et pédagogique et qui, en plus, faisaient plaisir aux petits (et aux grands).

Toutefois, bien que les adultes se soient également régalés, la Fête de la biodiversité à Montpellier a réussi à attirer un millier d'enfants juste le premier jour. Leur émerveillement lorsqu'ils étaient confrontés aux informations sur la nature était éloquent : si, de nos jours, un enfant élevé dans une ville si proche de la campagne et de la nature comme Montpellier peut s'extasier devant une petite graine, cela fait réfléchir les représentants des écoles et les responsables de l'éducation.

Comédie de la Biodiversité, MontpellierDe toute manière, ces graines ont été présentées avec beaucoup d'amour pour la matière. Les enfants - et adultes - pouvaient se rendre compte de la diversité de ces objets minuscules qui portent en eux la vie des fleurs, des légumes, des arbres...

Mais aussi d'autres êtres minuscules étaient à l'honneur : les insectes. L'association SPIPOLL - Suivi Photographique des Insectes POLLinisateurs - fait tout pour chasser le "berk" presque automatique des enfants de la ville quand il est question des insectes. Ses photos montraient la beauté par exemple d'une "petite abeille" dans toute sa splendeur, et des membres de l'association, passionnés par leur sujet, savaient fasciner les visiteurs avec leurs explications par exemple sur les différences entre une guêpe et d'autres insectes, piqueurs ou non, qui ressemblent aux guêpes uniquement pour ceux qui n'ont pas appris à les regarder.

Ainsi, on pouvait apprendre qu'il y a des syrphes, des insectes qui, en vérité, appartiennent à la famille des mouches, dont l'abdomen ressemble à celui d'une guêpe ou d'une abeille. Toutefois, ces syrphes "déguisés" en insecte piquant n'ont pas de dard - ils sont dont entièrement inoffensifs... et, par conséquent, sans défense. C'est pourquoi, la nature faisant bien les choses, l'évolution leur a offert cette ressemblance avec les guêpes ou les abeilles, plus "respectées" par les prédateurs. Ce "cadeau" de l'évolution, s'appelle mimétisme.

L'association SPIPOLL présente un site Internet avec plein d'informations sur les insectes, présentées avec passion et exactitude scientifique. Ce site incite également à prendre en photo ces petits êtres. Il explique, où les "capter" avec l'appareil photo, et il aide à les identifier.

Montpellier et la biodiversité en villePour quelques jeunes Montpelliérains, l'occasion de discuter sur les insectes au cours de la Fête de la biodiversité était aussi leur première occasion de réfléchir à la vie de ces petits syrphes et, en même temps, du "génie" de l'évolution et de la biodiversité.

Mais il n'était pas seulement question des "petits" - les "grands" animaux avaient aussi leur défenseurs. Ainsi, l'association Kalaweit informait sur le menace d'extinction de douce espèces de gibbons par la destruction de leur habitat, les forêts intertropicales. Il est vrai que ces grands singes sont protégés par la convention de Washington de 1973 - mais cela ne sert à rien tant que leur habitat peut librement être détruit.

Un autre stand était consacré non seulement à la protection de la nature, mais aussi à celle de l'homme. Car même si, parfois, il a tendance à l'oublier, il fait toujours partie de cette nature dont il est le pire ennemi. Ainsi, le stand présentait une liste des aliments et des cosmétiques sans huile de palme.

Bref, à travers les stands, le visiteur pouvait se rendre compte non seulement de la biodiversité à Montpellier, mais de la richesse de la nature en général - une richesse que beaucoup des enfants de ville ne connaissent plus. Pour les aider, il y a aussi la Radio Terra one, une station installée à Montpellier, entièrement consacrée à l'écologie, à l'homme et à la planète.

Pour ceux qui n'ont pas pu profiter de la Fête de la biodiversité pour visiter les installation de la ville de Montpellier, rien n'est perdu : elles resteront visibles dans les divers parcs montpelliérains.

Autres articles sur la biodiversité :
Biodiversité et écologie à Montpellier
Printemps de la démocratie à Montpellier
Fête de l'écologie en Avignon
Montpellier écologique
Photos et texte : copyright Doris Kneller

mardi 18 mai 2010

La Comédie de la Santé à Montpellier : don d'organes, nourriture saine

Le don d'organes - enjeu de générosité : la Comédie de la Santé à Montpellier, édition 2010

Comédie de Santé, Montpellier"Oui, je suis passée sur la Comédie de la Santé à Montpellier", répond la dame dans la cinquantaine à la question de l'équipe des "Gens de Montpellier". "Ce n'est pas la première fois qu'ils font ça, n'est-ce pas ?" poursuit-elle, "et je trouve ça bien. Les gens, aujourd'hui, ne font pas attention à leur santé. On en parle tout le temps, mais on ne fait rien."

La dame a évidemment raison : déjà en 2009, la ville a présenté aux Montpelliérains une "Comédie de la Santé" qui, tout simplement, avait pour sujet la question du "Vivre en bonne santé à Montpellier". Cette année-ci, par contre, le thème de la manifestation était beaucoup plus spécial : il était question du don d'organes.

"Don d'organes ?", demande une autre dame, un peu plus jeune que la précédente, qui explique que, elle aussi, aurait "fait un tour" sur la Comédie de la Santé. "Non, je ne savais pas. J'ai pensé que ça tournerait autour de la santé en général." - De quels stands se rappelle-t-elle ? - La dame réfléchit. "Il y avait un camion pour faire des analyses. Puis la croix rouge. Je ne me rappelle plus bien." - Et combien des stands y avait-il, à peu près ? - "Je ne sais pas - une quarantaine, peut-être ?"

C'était en effet plus de soixante associations et organismes de la santé qui se sont rassemblés sur la place de la Comédie pour présenter aux Montpelliérains les défis de la santé. On parlait de la bonne nourriture, du diabète, des problèmes de vue et de l'audition, mais on évoquait aussi des problèmes comme le tabac et l'alcool, le manque de mémoire, des questions de poids et des malaises et maladies en relation avec l'âge. Il y avait aussi des associations d'aide comme, par exemple, SOS amitié. "Montpellier doit sa renommée à sa faculté de médecine", soutient Hélène Mandroux, maire de Montpellier, dans l'annonce de la Comédie de la Santé où elle évoque aussi les valeurs humaines (humanité et générosité) liées à un don d'organes. Et : "...quand on dit 'Montpellier', on pense 'médecine'..."

Place de la Comédie, MontpellierCeci est sûr : Montpellier a son mot à dire dans le domaine de la santé. Déjà il y a des centaines d'années, sa faculté de médecine produisait la plupart des médecins des rois. Aujourd'hui, bien qu'il y ait plus de rois en France, elle n'a rien perdu de sa réputation - et réputation oblige...

Mais la Comédie de la Santé ne parle pas seulement des maladies, mais aussi de la prévention. Et ici, l'alimentation joue sans doute un rôle essentiel. Ainsi, ceux qui s'intéressaient à l'alimentation n'avaient pas seulement l'occasion de visiter une exposition qui, plein d'humour, a été baptisé "Comment poussent les nouilles ?", mais aussi le droit de déguster des fruits et légumes et de participer à un quiz sur les fonds de la gourmandise qui n'exclurent pas la santé.

L'idée vient de Didier Allely, un Parisien qui a beaucoup voyagé pour, finalement, atterrir à Montpellier. Il est de l'avis que, de nos jours, une nourriture saine ne pose plus du problème - si on en a envie. Et pour en avoir envie, il faut s'y approcher d'une manière ludique. En plus, il a constaté que beaucoup d'enfants ne savent plus d'où viennent nos vivres. Y en a qui pensent que le lait est fabriqué par les supermarchés, et que les pâtes... poussent sur les arbres.

Ainsi, Didier Allely milite pour que tout le monde - et surtout les enfants - comprennent ce que "manger" veut dire. Qu'ils comprennent que la bonne nourriture n'est pas uniquement bonne pour la santé, mais aussi pour le goût. Bref, il ne veut pas "obliger", mais persuader...

Montpellier et sa Comédie de Santé...et où pourrait-il mieux persuader les gens des bienfaits d'une nourriture saine que sur la "Comédie de la Santé". "Non, je n'ai pas vu la Comédie de la Santé. Je n'habite pas au centre", explique une dame dans la trentaine. "Mais oui, la nourriture saine est très importante pour moi. J'ai deux enfants, et je veux qu'il soit nourris sainement."

Une autre dame, un peu plus âgé que la première, ne voit pas tant de sens dans ce qu'on appelle la "nourriture saine" : "On ne nous vend pas des saletés, ce n'est pas vrai. Tout est surveillé, surtout dans les grandes surfaces. Ceux qui nous racontent qu'il faut manger bio et je ne sais pas quoi encore ne veulent qu'encaisser. La nourriture en grande surface est moins chère et au moins aussi correcte que celle qu'on achète chez les petits producteurs qui ne cessent de parler du 'bio'. Au contraire : les petits producteurs peuvent faire ce qu'ils veulent, avec la nourriture. Personne ne les observe du près."

Un Monsieur dans la quarantaine est de son avis : "Avez-vous jamais essayé de nourrir quatre enfants en bio ? Vous pouvez le faire - si vous êtes l'héritier d'une grosse fortune..."

"Le bio, c'est trop cher", est aussi l'avis d'une dame dans la cinquantaine. - Or, faut il manger bio pour se nourrir sainement ? - "Bien sûr", explique une autre dame, un peu plus jeune. "Le bio est la base de la nourriture saine."

Toutefois, bien qu'on parle beaucoup de la nourriture, bio ou non, pendant ces deux jours de la Comédie de la Santé, le don d'organes reste au centre de l'attention. Une conférence est consacrée à ce sujet, et ceux qui voulaient "voir" avaient la possibilité de visiter une exposition où on pouvait tout apprendre sur les organes et les tissus.
Photos et texte : copyright Doris Kneller

dimanche 16 mai 2010

Facebook à Montpellier : l'apéro géant

Montpellier, le "virtuel" et la "génération Facebook" - le lendemain de la grande rencontre

Montpellier, solitude en ville"Ils ont dit qu'on était dix mille - comment peuvent-ils savoir ?" demande une jeune fille le lendemain de "l'apéro géant" à Montpellier qui marquait la grande rencontre des utilisateurs de Facebook. Et sa copine ajoute : "Ils nous ont comptés." Puis, les deux éclatent de rire.

"On peut dire que Facebook est la place commune la plus grande du monde", explique un jeune homme."Il est vrai que tout est virtuel - mais derrière Internet, il y a des humains. La preuve", et il fait un geste qui donne l'impression qu'elle inclue les centaines et milliers des gens qui, la veille, ont tous eu la même idée : se rencontrer, bavarder, faire connaissance - faire la fête dans les rues de l'Antigone à Montpellier.

"Dommage que la pluie a détruit une partie de la soirée", se plaint un autre jeune homme. "Mais non", réagit sa copine, "c'est tant mieux comme ça. Si on avait fini plus tard, plein de gens auraient été bourrés..."

Que se passe-t-il si le virtuel devient réel ? était la question que, lors de cet apéro géant de Facebook, des milliers de Montpelliérains se sont posée - des Montpelliérains et Montpelliéraines jeunes et moins jeunes. À la question quelle, selon elle, était la moyenne d'âge, une jeune femme répond : "Il n'y avait que des jeunes." Et elle ajoute : "Nous, les jeunes, on a besoin de se faire plaisir. Pour nous, la vie est si difficile." - Juste pour les jeunes ? - "Peut-être pas", elle hausse les épaules, "mais beaucoup plus difficile que pour les adultes. Nous, on est confrontés au chômage..." À la question, quel âge elle a, elle répond fièrement : "J'ai 26 ans, je suis encore jeune. Tout est devant moi."

Un peu plus tard, l'équipe des "Gens de Montpellier" tombe sur une dame qui prouve que la "jeune de 26 ans" n'avait pas tout à fait raison : "J'ai 46 ans,", répond la dame, "et je me suis régalée hier soir." Comme la dame plus jeune, elle aussi a été accompagnée par des amis lorsqu'elle est allée à l'apéro géant de Facebook. A-t-elle fait connaissance de gens qu'elle ne connaissait pas encore ? - "Non, on a fait la fête entre amis."

Montpellier jeuneUn homme qui dit qu'il aurait 34 ans avait d'autres idées : "Non, pas avec des amis. J'ai préféré y aller tout seul. Parce que le sens, de tout ça, c'est faire de nouvelles connaissances. Comme sur Facebook. Vous ne vous inscrivez pas sur Facebook pour rester dans votre coin avec des gens que vous connaissez depuis mille ans. Non, tout le monde veut se faire de nouveaux amis."

Est-ce cela le sens profond de la "génération Facebook" - de cette génération qui, semble-t-il, n'est pas si limitée d'âge comme on pourrait avoir l'impression ? "Oui", confirme une jeune femme qui, elle aussi, est inscrite chez Facebook, mais qui n'a pas assisté à l'apéro géant : "J'aurais bien voulu y aller, mais j'avais pas le temps. En effet", continue-t-elle, "tous ces milliers et milliers des gens qui sont inscrits sur Facebook veulent trouver des amis. Aujourd'hui, tout le monde en a marre d'être seul. Mais dans la 'véritable' société, on est seul tout le temps. Les gens ont peur. Quand quelqu'un à côté d'eux a un problème, ils préfèrent regarder ailleurs."

Et elle raconte une expérience récente où, sur le quai du tram, elle a été agressée. "Ils m'ont pas tuée, mais ils m'ont fait mal." - Et les gens autour d'elle ? - "Justement, ils n'ont pas réagi. Ils ont fait semblant de ne rien voir. Une femme qui se tenait directement à côté de moi a regardé dans une autre direction. Quand, après, j'ai essayé de capter ses yeux, elle s'est encore retournée. Je pense que, d'abord, elle avait peur, et après, elle avait honte."

Génération Facebook à MontpellierTout cela est-ce différent dans la "société Facebook" ? "Non, pas forcément, je ne sais pas. Là aussi, ce ne sont que des humains, les mêmes gens que ceux dans la rue. Mais, tout de même... les gens vont sur Facebook pour vivre autre chose. Pour être moins isolés, peut-être pour se faire confiance."

Lorsque cette "société facebook" se rencontre "en réel" dans les rues de Montpellier, les gens se font plus confiance que dans la "vie de tous les jours" ? - "Certainement", dit un jeune homme qui, lui aussi, a fait la fête la veille. "On sais que ce sont des gens ouverts, qui ont les mêmes idées que nous." S'est-il fait de nouveaux copains cette nuit-là ? - "D'abord, non", répond-il. "J'étais avec ma copine, et on a bavardé entre nous. Mais plus tard, quand il a commencé à pleuvoir, elle est rentrée, et je suis encore resté pour un moment. Et là, j'ai rencontré un groupe bien sympa. On a rigolé ensemble."

"Si je connais Facebook ?" répète un homme d'une cinquantaine d'années la question de l'équipe des "Gens de Montpellier". "Bien sûr. C'est un truc sur Internet, où les gens parlent d'eux. Et il y avait une grande rencontre, hier. Toute la presse en parle. Mon fils y est allé." - N'aurait-il pas eu envie d'accompagner son fils ? - Le Monsieur rit. "Pourquoi pas ? Mais je crois que mon fils n'aurait pas aimé que je me mêle du groupe de ses potes. De toute manière, je trouve bien que les jeunes font la fête au lieu de rester tout le temps devant leur ordinateur."

Et une jeune dame résume : "Si Facebook n'existait pas, il faudrait l'inventer. On a si peu de possibilités de rencontrer des gens - sans Internet, on serait tous seuls."

Photos et texte : copyright Doris Kneller

lundi 10 mai 2010

L'abolition de l'esclavage - marche de commémoration à Montpellier

L'esclavage et son l'abolition, la loi Taubira et l'écosystème des Caraïbes...

Montpelliercontre l'esclavageL'esclavage en France a été aboli en 1848. Mais ceux qui se sentaient concernés par tout ce qui a été fait dans le nom de la célébration d'être "blanc" ont dû attendre jusqu'à 2001pour voir apparaître la loi Taubira - la déclaration officielle que l'esclavage était un crime contre l'humanité.

Cette déclaration a été publiée un 10 mai. Et c'est la raison pour laquelle, en 2006, le 10 mai a été déclaré journée nationale des mémoires de la traite, de l'esclavage et de leurs abolitions.

Toutefois, de nos jours, dans une ville moderne et ouverte comme Montpellier, pourquoi penserait-on encore à l'esclavage ? - "Il y a beaucoup de raisons", explique un participant à la marche en souvenir de l'esclavage qui, traversant le centre de Montpellier, comblait la journée de la commémoration, remplie par des conférences, des discussions et un marché artisanal.

"Je ne veux pas parler du racisme qui, de nos jours, est toujours actuel", poursuit le jeune homme. "Bien que tout le monde sache que, même à Montpellier, un noir a beaucoup plus du mal à trouver un job qu'un blanc. Combien de temps il nous est arrivé, à mes amis ou à moi, d'avoir une promesse de travail au téléphone qui se transfère en 'erreur' dès qu'on se présente en personne."

Montpellier : commémoration de l'esclavageUn autre homme, un peu plus âgé, se mêle de la conversation. "Tout le monde parle d'écologie. Aussi à Montpellier. Mais tout le monde a oublié que, quand les blancs sont arrivés aux Caraïbes, la nature était intacte. L'homme et la nature vivaient en harmonie."

En effet, l'arrivée des Espagnols au 15ème siècle, plus tard celle des Français, a entraîné des changements importants dans l'écosystème des îles. Les conquérants ont transformé un système d'abondance naturelle en exploitation immense où l'homme et la nature n'avaient plus les mêmes objectifs. "L'exploitation de la nature, produire de plus en plus, faire de l'argent avec la nature, c'était tout ce l'homme blanc avait en tête", commente une jeune femme qui, elle aussi, participe à la marche en souvenir de l'esclavage.

La destruction d'un écosystème naturel - et les souvenirs d'un peuple qui a souffert - est-ce cela qui nous reste aujourd'hui de l'esclavage ? - "L'esclavage n'est pas terminé", intervient un homme dans la quarantaine qui ne participe pas à la marche, mais qui se joint aux participants au moment où ils font la pause sur la place de la Comédie. "L'esclavage, ça signifie être la victime d'un tyran. Et des victimes de tyrans, il y en a toujours pleines."

"Il y a toujours des pays où, quand vous avez des dettes, vous êtes obligé de travailler pour votre créancier. Et dans ces pays-là, il n'y a n'y loi ni syndicat pour aider. Votre 'chef' fait de vous ce qu'il veut - il vous fait travailler jusqu'à ce que vous êtes au bout."

Une jeune femme préfère changer de sujet : "Oui, l'esclavage pour dettes, c'est connu. Ça existe même en France." - Plusieurs personnes éclatent de rire. - "Mais l'esclavage des enfants est beaucoup plus important. Le 'tourisme sex'. Combien de ces hommes présents ici sur la place", avec un geste de la main elle indique la place de la Comédie, "sont déjà allé dans des pays 'exotiques' pour abuser des enfants ? - Je ne souhaite même pas le savoir. Je ne pourrais pas regarder un tel homme sans devenir agressive."

Montpellier : marche contre l'esclavage"Et l'esclavage des femmes ?" intervient une autre jeune femme. "C'est un problème qui se passe ici, devant nos portes. Ou, plutôt, derrière les portes fermées. Combien des hommes frappent leurs femmes - combien de femmes ne peuvent pas quitter leurs maris parce qu'elles n'ont pas un centime à elles ? Elles doivent souffrir, toute leur vie."

"Tout cela n'est pas comparable à ce qui s'est passé dans l'histoire", reprend un homme plus âgé que les autres. "La soumission d'un peuple entier - de plusieurs peuples. Des hommes blancs qui attaquent des villages paisibles, quelque part en Afrique. Des gens qui les ont accueillis avec toute leur gentillesse, avec une hospitalité comme on ne l'a jamais connue en Europe. Et au lieu de se contenter de cette gentillesse, ils enlèvent les hommes et les enfants pour les tasser dans des négriers et les vendre. Combien d'hommes sont morts pendant les trajets, frappés et torturés ? Combien de familles ont été séparées, pour toujours ?

"Si, encore, on pouvais tirer des leçons de l'histoire", commente une femme dans la cinquantaine. "Mais ce n'était jamais le cas. Nous n'avons pas appris à garder la paix après les guerres, et nous n'avons pas compris que l'esclavage, de toute forme, est contre la dignité humaine. Et je ne parle pas de la dignité de la victime - une victime reste toujours digne, peu importe ce qui lui arrive. Je parle de la dignité des criminels. Torturer un être humain, c'est perdre toute sa dignité."

"De toute manière", dit un homme à peu près dans le même âge, "on ne risque pas d'oublier les esclaves. Tant qu'il y a des Montpelliérains qui marchent dans la ville pour nous les rappeler."
Photos et texte : copyright Doris Kneller

samedi 8 mai 2010

Comédie du Livre 2010 : écrivains à Montpellier

Terre d'accueil pour les écrivains - François Rabelais, Paul Valéry, André Gide, Léo Malet... et les autres

Comedie du Livre, Montpellier"Montpellier terre d'accueil pour les écrivains", est un des messages publicitaires employés par la mairie de Montpellier pour faire connaître la Comédie du Livre 2010, une manifestation autour de la littérature et de l'écrivain. Entre-temps, la Comédie du Livre de Montpellier tient sa place à côté des grandes foires du livre européennes comme celle de Barcelone ou de Francfort. Sa conception, certes, est différente - et sa taille n'est pas comparable à celle de, par exemple, Francfort qui compte pour la plus grande foire du livre du monde. Mais c'est juste cette conception qui la rend si attractive aux yeux des Montpelliérains et de leurs visiteurs d'un "peu partout dans le monde".

Message publicitaire ou non, la mairie n'a pas tort. Montpellier a effectivement toujours attiré des écrivains. Il y a, par exemple, François Rabelais. Bien qu'il soit beaucoup plus connu comme médecin - médecin qui a "révolutionné" la science de son époque - il fut aussi écrivain. Qui n'aurait pas lu son "Gargantua" et le "Pantagruel" qu'il publia sous le pseudonyme d'Alcofribas Nasier, nom fantaisiste qui est, tout simplement, l'anagramme de François Rabelais.

Le livre à Montpellier, la ComédieCe qui est moins connu : pendant ses études, François Rabelais logea chez son ami, un certain Monsieur Rondelet, à l'époque représentant des étudiants, aujourd'hui réputé grâce à la poste nommée d'après lui. Chez Rabelais l'écrivain, Rondelet est devenu "Rondibilis".

Ensuite, il y avait évidemment Paul Valéry qui commença ses études à Sète pour, en 1884, s'inscrire à un lycée de Montpellier. Il avait la chance d'être un bon moment à Montpellier - ou plutôt à Palavas-les-Flots, où l'on fêtait pour la sixième fois le centenaire de l'université de Montpellier.

Et, emporté par les grands noms d'écrivains qui coururent les rues de Montpellier, qui pourrait oublier André Gide et son fameux oncle Charles, ce Montpelliérain ? Ce fut son jardin avec ses chênes verts et ses lauriers que son neveu décrivit avec tant d'enthousiasme dans son autobiographie "Si le grain ne meurt".

Puis, n'oublions pas Jean-Jacques Rousseau qui adora le paysage autour de Montpellier et la beauté de la ville, mais qui, après quelques semaines, partit plutôt déçu. Il était venu pour deux raisons : faire soigner sa maladie de cœur et entamer des études de médecine. Or, sa maladie de cœur ne put pas être guérie avec les moyens plus ou moins classiques de son médecin : Docteur Fizes, à l'époque spécialiste des maladies du cœur, ne connaissait pas de remède contre cette sorte de souffrance qui fut infligée à son patient par une dame qui ne partagea pas ses sentiments. Et, quant à ses propres études de médecine, Jean-Jacques Rousseau se rendit compte que "l’horrible puanteur des cadavres qu’on disséquait", comme il l'écrit dans ces Confessions, lui fut "impossible de supporter".

Et qu'en pensent les Montpelliérains d'aujourd'hui ? - "Si je connais un écrivain qui a passé son temps à Montpellier ?" Le jeune homme réfléchit. Ensuite, un grand sourire gagne son visage. "Mais bien sûr : Léo Malet." - Que peut-il dire sur cet écrivain ? - "Il a écrit des policiers. Nestor Burma."

Montpellier et sa ComédieUne jeune femme sait un peu plus au sujet de Léo Malet et son héro Nestor Burma. "Il l'a créé à une époque où le policier américain était interdit en France. Et il avait envie d'écrire un véritable roman policier français." - Nestor Burma a-t-il donc le caractère typique d'un policier français ? - La jeune dame éclat de rire. "Peut-être, je ne sais pas. Mais Léo Malet l'a créé selon sa propre image... On dit qu'il était toujours de mauvaise humeur. Et anarchiste en plus."

Lorsque l'équipe des Gens de Montpellier veut savoir si elle a l'intention d'aller à la Comédie du Livre, elle répond immédiatement : "Mais bien sûr. Je ne rate jamais un seul jour de la Comédie du Livre. Les manifestations autour de la Comédie n'ont qu'un seul désavantage : il faut choisir où on va. Il y en a toujours plusieurs en même temps. Et rien de plus fascinant, et dangereux pour ma bourse", nouveau éclat de rire, "que visiter les stands de livres."
Photos et texte : copyright Doris Kneller

mercredi 5 mai 2010

Manifestation à Montpellier : les infirmières anesthésistes sur la Comédie

Les infirmières anesthésistes de Montpellier demandent la solidarite

Infirmiers à Montpellier"On fait comme si notre travail ne valait rien", a déclaré une des infirmières anesthésistes qui, hier, ont organisé une manifestation sur la Place de la Comédie à Montpellier. "Il est vrai que notre gouvernement ne juge pas le travail des infirmières à sa véritable valeur. Mais pour nous, c'est encore plus grave", explique une de ses collègues.

En fait, selon les infirmières anesthésistes de Montpellier, ils sont dans leur filière la profession la plus négligée par la reconnaissance salariale et "morale". "Nous nous sentons méprisés par le Ministère", proclame leur tract. Et des manifestants ajoutent : "Madame Bachelot, la députée qui veut dévaloriser notre travail, n'a probablement jamais eu besoin des services d'une infirmière anesthésiste. Sinon, elle n'aurait pas eu cette idée."

Comme si souvent, il est question de salaire, mais aussi de la "valorisation morale", comme l'exprime une des infirmières montpelliéraines sur la Place de la Comédie. On parle de la réputation de la profession. "Il est vrai que le gouvernement réfléchit sur une réévaluation salariale des infirmières", continue-t-elle, "mais les infirmières anesthésistes seront clairement défavorisées."

Manifestation des infirmiersLes représentantes de la profession des infirmières anesthésistes basent leurs revendications - être reconnus au niveau salarial ainsi que "moral" - surtout sur leur professionnalisme et leur haut degré de responsabilité. "C'est nous qui surveillons le malade quand il revient à lui, après une anesthésie. Si, en ce moment critique, nous nous montrons incompétentes ou faisons une erreur, la vie du patient est en danger. Quelqu'un qui travaille dans un bureau peut 'relâcher' de temps en temps - nous jamais. Les conséquences seraient trop dures."

Un collègue se montre plutôt sarcastique : "Madame Bachelot peut faire tant de fautes qu'elle veut - ce n'est pas grave. Il y a peut-être un groupe de professionnels qui en souffre, mais cela ne fait mal à personne - sauf aux professionnels eux-mêmes. Et à la limite, elle peut toujours corriger ses fautes. Nous, par contre, on ne peut jamais rien corriger. Nous travaillons auprès des hommes et non des papiers. - Autrement dit, nos responsabilités sont beaucoup plus élevées que celles d'un ministre..."

Infirmières, camionneurs, conducteurs de tram, enseignants, représentants de la culture... Plus tôt ou tard, toutes les professions manifestent ou déclarent la grève. Et ils ont tous un point en commun : ils revendiquent la solidarité. "Il y a des interventions qui ne peuvent pas avoir lieu à des journées d'action, comme celle-ci. Mais nous manifestons aussi dans l'intérêt des patients. Ils devraient donc être solidaires avec nous."

Peut-on être solidaire quand on est malade es obligé d'attendre encore plus longtemps avant d'obtenir une intervention ? - "Tout le monde nous demande d'être solidaires", répond un jeune homme. "Et qui est solidaires avec ma profession ?" - Quelle est donc sa profession ? - "Chômeur", rigole-t-il. "Mais sérieusement," reprend-il ensuite, "tous ces gens qui font la grève ont un privilège : ils ont un travail. Moi non. Je serais déjà content de gagner le SMIG."

Les infirmiers de Montpellier"Je ne sais pas pour les infirmières", dit une dame dans la quarantaine. "Je connais trop mal leur profession. Mais je me rappelle très bien les grèves des camionneurs. Sur l'autoroute, ils ne connaissent pas de solidarité, avec personne. Quand ils veulent doubler, ils le font, même s'ils bloquent tout le monde. Mais quand ils ont un problème, ils forcent tout le monde à la solidarité. Je n'oublierai jamais cette 'solidarité forcée' : avec mon mari, on était 'prisonniers' de cette solidarité pendant des heures."

"Nous savons bien qu'il y a des gens qui souffrent et qui ont besoin de nous. Pour eux, on devrait plutôt travailler, en ce moment, au lieu de manifester", reconnaît une autre infirmière. "Mais justement - presque tout le monde a besoin de nous, plus tôt ou plus tard. Pourquoi ils permettent donc au ministre de nous traiter comme si nous étions des employés sans la moindre responsabilité ?"

Un Monsieur dans la soixantaine observe la manifestation. "Ils ont raison," commente-t-il, "les grosses têtes pensent toujours qu'ils seraient les seuls qui comptent. Si, un jour, ils étaient obligés de faire le travail de tous ces braves gens", - avec un geste, il inclut les infirmiers et tout le monde sur la Comédie - "ils sauraient ce que signifie 'travailler pour vivre'. Mais c'est notre propre faute... on les paie trop bien. Un ministre devrait être payé selon l'importance de son travail - comme nous tous."
Photos et texte : copyright Doris Kneller

lundi 3 mai 2010

Les parkings de Montpellier : se garer au centre ville

Place de la Comédie, Halles Laissac, Odysseum et les petits parkings dans les rues de Montpellier

Parking dans les rue de Montpellier"Se garer à Montpellier ? Là, vous n'avez pas choisi un joli sujet", assure la dame dans la trentaine qui sort juste du parking en dessous de la Place de la Comédie. "Je fais partie des rares privilégiés qui ont un abonnement dans ce parking. Mais je vous assure qu'il est assez cher. - Et le pire : on n'est pas sûr de trouver toujours une place, enfin, pas rapidement, de toute manière."

Lorsqu'on parle des parkings à Montpellier, beaucoup de gens se plaignent non seulement d'avoir du mal à trouver une place, mais "parfois, on a l'impression qu'on paie pour rien. - Dans le monde du commerce privé, ceci s'appelle arnaque, n'est-ce pas ?", continue la dame du parking de la Place de la Comédie. Le problème : la ville - ou les organismes qui ont le droit de s'occuper des parking à Montpellier - vendent plus d'abonnements qu'il y a des places. Ceci compte pour les grands parkings du centre ville comme, par exemple, le parking sous la Comédie ou parfois aussi pour le "parking rond" des Halles Laissac, face à l'ancien observatoire. Mais le pire : être "condamné", comme l'exprime un Monsieur dans la cinquantaine, de se garer dans les rues du centre de Montpellier.

"J'habite dans le quartier de la gare", raconte le Monsieur, "et je n'ai pas encore réussi à avoir une place dans un parking fermé. Oui, je dis 'réussi', car bien que ça coûte les yeux de la tête, les gens se battent pour en avoir une." - Pourquoi ? - "Parce que tant qu'on est condamné à se garer dans les rues, c'est la galère pour trouver une place et, en plus, la voiture n'est pas en sécurité."

Parking Odysseum, MontpellierLe Monsieur n'est pas le seul à se plaindre d'un manque total de sécurité. "Tout le temps vous voyez les flics de la ville", dit une autre dame, elle aussi dans la trentaine. "Il sont là pour donner une amende à ceux qui sont en retard et occupent leur place cinq minutes de plus que prévu. Mais si vous pensez qu'ils s'intéressent aussi à la sécurité, vous vous trompez énormément."

Ceci fait deux ans que la dame travaille au centre de Montpellier, et "je ne gagne pas assez pour me payer une place dans un parking sécurisé. Je suis donc obligée de me garer dans les rues - sur une place payante, bien évidemment." Son bilan : une vitre et un phare cassés, le vol de l'antenne, d'un rétroviseur et d'un essuie-glace.

"Georges Frêche et la mairie ne cessent pas de nous promettre des parkings. Depuis des années. Mais on n'en va rien. Au contraire, au lieu de créer les nouveaux parkings promis, ils en enlèvent systématiquement - pour faire circuler les bus et construire leur tram." - Sauf à l'extérieur de la ville, par exemple à L'Odysseum. "On peut presque dire que vous êtes privilégié, aujourd'hui, si vous habitez à l'extérieur de Montpellier. Vous laissez votre voiture sur un grand parking pas cher et vous prenez le tram. Mais j'habite en pleine ville - uniquement à un endroit qui n'est desservi ni par les trams, ni par un bus - c'est-à-dire qu'il y a un bus, c'est vrai, mais il circule tellement rarement que je n'ai pas le temps de l'attendre. En plus, il n'est jamais à l'heure : souvent, il passe trop tôt, et on est obligé d'attendre le prochain... qui, par malchance, sera en retard..."

Dès qu'on parle des parkings, beaucoup de Montpelliérains pensent automatiquement à l'Odysseum. "On peut dire que c'est le plus beau espace parking de la ville", constate un Monsieur. "Mais ce ne sert pas à grand-chose - juste à ceux qui veulent faire des cours. On a un grand parking pour une espèce d'énorme 'supermarché' où personne n'habite. Mais là où habitent les gens, il n'y a rien."

se garer à MontpellierToutefois, les sujets principaux qui reviennent très souvent au cours du "micro trottoir" des Gens de Montpellier sont la sécurité et l'impossibilité, au moins à certaines heures de la journée, de trouver un parking. Et la phrase "j'ai payé, mais cela ne me donne pas le droit à un parking" revient très souvent. "On a deux possibilités", explique une jeune dame qui, elle aussi, habite dans le centre de Montpellier et dépend des parkings dans les rues. "On peut payer juste pour un jour, quand on sait qu'on à un parking. Mais payer chaque jour le tarif d'une journée, c'est très cher. Si, par contre, on paie pour deux semaines, c'est beaucoup moins cher. Mais si, pendant les deux semaines, on s'absente ou ne trouve pas de parking - ce qui est très fréquent - on a payé pour rien."

Est-il vraiment si difficile de trouver un parking au centre ville ? - "Eh oui, énormément. Surtout le soir, quand tout le monde est à la maison. Le seul moment qui est un peu plus facile, c'est les vacances."

Juste un Monsieur, la soixantaine, n'est pas du même avis. "Ne croyez jamais ce que disent les gens", avertit-il tous ceux qui veulent bien l'écouter. "Les Montpelliérains aiment râler. C'est même leur occupation préférée. Regardez un peu notre système de tram, avec des parking au bout et tout. Connaissez-vous d'autres villes où vous êtes si gâtés ? Si la situation des parkings ne convient pas aux gens, il n'ont qu'à habiter ailleurs."
Photos et texte : copyright Doris Kneller