vendredi 31 décembre 2010

Montpellier : Un concert pour Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière

"Si Stéphane et Hervé étaient parmi nous, ce soir, le concert sera parfait." - Montpellier, un an après : Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière

Un concert pour Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière"Ce n'est pas normal", dit le Monsieur dans la soixantaine, "ils ont fait mal à personne."

L'homme qui parle se tient devant l'Opéra-Comédie sur la place de la Comédie à Montpellier. Devant lui, sur les marches de l'Opéra-Comédie, se déroule un concert gigantesque : cinquante groupes ou chanteurs sont venus à Montpellier pour présenter une soirée de musique qui sera mémorable, une véritable soirée anniversaire. Mais ce n'est pas un anniversaire joyeux. Il marque une année entière de captivité de deux hommes que beaucoup de gens connaissent et qui sont aimés par tout ceux qui les ont rencontrés : Stéphane et Hervé, comme disent les gens qui se sentent proches d'eux. Ils pensent à Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière, les deux journalistes pris en otage en Afghanistan.

Le mot qu'on entend le plus, ce soir sur la place de la Comédie, c'est "courage". Il faut sans doute beaucoup de courage à Stéphane Taponier, Hervé Ghesquière, leurs familles et leurs amis pour tenir le coup. Car depuis octobre, le 304ème jour de leur calvaire en Afghanistan, où le club de la presse de Montpellier, en collaboration avec la mairie - Hélène Mandroux était présente -, a lancé 304 ballons "pour ne pas les oublier", rien n'a bougé.

Un concert pour les deux journalistes enlevés en AfghanistanEn effet, rien n'a bougé ou presque pendant toute cette année. Début février, plus de deux mois après leur enlèvement, France Télévisions se tait. Ce n'est qu'après les protestations des journalistes de France 3 que la presse commence sérieusement à parler de Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière. Toutefois, leurs noms ne sont officiellement dévoilés qu'en mi-avril : plus de quatre mois, le public ne pouvait pas être sûr de l'identité des deux journalistes enlevés en Afghanistan.

En juin, après six mois de captivité, le ministre de la Défense et le patron de France Télévisions se déplacent enfin en Afghanistan pour entamer des négociations. Nicolas Sarkozy proclame que le gouvernement ferait tout son possible... Et de nouveau : rien.

En septembre, on parle d'un "espoir raisonnable" d'une libération avant Noël, et en décembre, on communique aux amis de Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière - et à tous ceux qui s'intéressent à leur sort - que le gouvernement afghan agirait aux côtés des Français.

Toujours est-il que le jour du concert à Montpellier, l'anniversaire de la prise en otage, les deux journalistes n'étaient pas à côté de leurs amis pour écouter la musique. Et ils étaient nulle part ailleurs en France : car, malgré toutes les bonnes paroles, ils sont toujours des otages.

Les amis de Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière sont tristes et se fâchent. Les autres hochent la tête. "Pourquoi ?", demande une dame dans la cinquantaine sur la Comédie qui dit de ne jamais avoir rencontré les deux journalistes. "Ce n'est pas possible qu'on ne puisse rien faire pour eux. La France a quand même une certaine influence..." Et elle ajoute, un peu moins sûre d'elle : "N'est-ce pas ?"

Un concert à MontpellierUn jeune homme se fâche après avoir écouté les discours des politiciens locaux. "C'est bien beau de dire que c'est au peuple et à la presse d'aller jusqu'au bout", se plaint-il, "ça sonne formidable dans la bouche d'un homme politique. Mais ça veut dire quoi ? Ça sert à quoi ?" Et il se donne lui-même sa réponse : "À rien." - "Nous sommes une région de gauche et nous l'assumons", déclare-t-on aussi et qu'il ne "faut pas faire taire la presse." Une voix dans le public réagit : "De telles déclarations ne changent rien au sort de Stéphane et Hervé..."

Il est clair que le public montpelliérain a bien profité du concert du soutien des deux journalistes. "C'est rare que la Comédie a vu un tel amas de grands artistes", commente une dame dans la quarantaine. Il y a des gens qui sont restés fidèles à la musique pendant toutes les six heures du concert. "Fabuleux", constate un Monsieur du même âge.

Une dame dans la trentaine est du même avis : "Un grand concert pour deux amis qu'il ne faut pas oublier", dit-elle. Mais puis, elle s'emporte. "Il y a une chose qui ne me plaît pas. On parle des deux journalistes français, de Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière, c'est très bien et on ne doit pas s'arrêter un seul jour. Mais les deux n'étaient pas seuls. Trois autres personnes ont été enlevées avec eux - et de ceux-là, on ne parle presque pas. Je me demande, pourquoi. Parce qu'ils ne sont pas journalistes ? Ou parce qu'ils ne sont pas français...  ?"

En ce moment, personne ne sait, quand Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière seront de nouveau parmi nous - et leurs trois accompagnateurs parmi les leurs. "Tout ce que nous avons", dit une jeune dame qui fait partie du Comité de soutien à Hervé et Stéphane, "ce sont des paroles. Des paroles vides." Et un homme dans la cinquantaine ajoute : "C'est si facile aux terroristes et aux oppresseurs de ligaturer la presse. La presse ne doit pas être oppressée."

Montpellier : journalistes en AfghanistanL'équipe des Gens de Montpellier et de Montpellier Presse Online lance un appel à tous les gens qui habitent notre terre, à ceux qui vivent en paix ou aimeraient bien vivre en paix, de penser à nos collègues et amis, Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière, et faire en sorte que personne au monde n'aura plus à souffrir de la guerre, de l'injustice, des fantasmes de pouvoir et, surtout, de la haine.

Bonne année à tous les gens dont le cœur connaît l'amour, qui aiment la terre et la paix. Bonne année à tout ceux qui sont de bonne volonté !

L'équipe des Gens de Montpellier et de Montpellier Presse Online
Photos et texte : copyright Doris Kneller

jeudi 30 décembre 2010

Les Hivernales à Montpellier : le marché de Noël

Un peu plus de convivialité et de l'artisanat ? - Ambiance à Montpellier aux fêtes de Noël

Jour de Noël à MontpellierNoël à Montpellier. Le marché de Noël sur la Comédie et l'Esplanade, les Hivernales, n'est pas encore fini. Mais aujourd'hui, aucune boutique n'est ouverte. Aucune ? - Si, une seule boutique est ouverte... et sauve l'ambiance pour ceux qui sont venus pour boire leur petit verre de vin chaud des fêtes.

Et ce n'est pas seulement le vin et le chocolat chauds qu'on trouve à ce stand qui interrompt agréablement la monotonie d'un marché de Noël aux boutiques blanches, vides, fermées. Ceux qui ont le temps et l'envie y trouvent aussi un peu de culture. Ils apprennent, par exemple, la différence entre le chocolat chaud et le chocolat viennois, ils comprennent, pour quelle raison le chocolat viennois a été rebaptisé liégeois - c'était à la première guerre mondiale où on aimait toujours bien le chocolat viennois mais n'osait pas prononcer un nom évoquant l'Allemagne -, et un enfant réalise d'une manière douce et gentille que jeter son chewing-gum par terre n'est peut-être pas la meilleure solution...

Personne ne sait ce que font les autres commerçants ce jour de Noël. Et personne n'ose les critiquer : "Eux aussi ont des familles." Mais la déception se fait bien sentir. "Un marché de Noël fermé le Noël", blague un jeune homme, et un autre ajoute : "C'est parce que le père Noël est syndiqué."

Les Hivernales à MontpellierToutefois, le marché de Noël ne manque pas trop, ce jour de fête. "On a tout vu", explique une dame avec deux jeunes enfants. "Chaque fois qu'on a traversé la place de la Comédie, on a regardé un peu." Elle sourit. "Maintenant, on connaît tout, n'est-ce pas ?" s'adresse-t-elle à son fils aîné d'environ trois ans. Une autre dame, plus âgée, est même soulagée : "Pour une fois, il ne faut pas se frayer un chemin à travers des masses", explique-t-elle.

Effectivement, pendant les semaines avant Noël, les Hivernales voyaient presque toujours des masses de visiteurs. Mais visiteurs en masse, cela correspond-il à faire de bonnes affaires ? - "La plupart des gens passaient juste pour aller de l'Opéra vers le Polygone ou du Corum à la Comédie", se plaint un commerçant. "S'ils ont un peu de temps, ils s'arrêtent parfois, mais pas pour acheter. Juste par curiosité." Et un autre : "Les gens n'ont plus de sous."

Côté consommateur, on entend des voix différentes. "Je ne regarde même plus les stands", raconte une dame dans la cinquantaine. "Je les connais tous. Ce sont les mêmes qui viennent tous les ans, en hiver pour les Hivernales et en été pour les Estivales. Et entre les deux, on les voit sur les marchés." Une autre dame, un peu plus jeune, critique surtout la nature de la marchandise : "Ces choses-là, je peux les acheter n'importe où. Je ne sais pas si l'artisanat existe encore sur les autres marchés de Noël, mais aux Hivernales de Montpellier, je ne trouve que des revendeurs." Un Monsieur dans la soixantaine est d'accord. "J'ai bien aimé les marchés où on pouvait discuter avec les artistes et artisans. À cette époque, les marchés avaient encore le flair de 'l'unique'. Ce qu'on y voyait, on ne le voyait nulle part ailleurs."

Montpellier, les Hivernales 2010Une jeune commerçante comprend la retenue des Montpelliérains. "Cette année-ci", dit-elle d'une voix un peu triste, "le marché n'a rien de convivial. Quand il pleut, les gens sont de mauvaise humeur. Et les jours de soleil, il y a toujours tant de gens qu'on ne peut pas tchatcher tranquillement. Tout le monde est stressé."

Que faire, alors ? Si les gens n'aiment plus les Hivernales, la ville de Montpellier devrait-elle les supprimer ? "Mais non", s'écrie spontanément une dame d'une trentaine d'années. "Noël sans marché de Noël, c'est comme... c'est comme Pâques sans œufs." Et une dame plus jeune ajoute : "Comment entrer dans une ambiance de Noël s'il n'y a pas d'Hivernales ?"

"Non, surtout pas supprimer le marché de Noël", déclare aussi un homme dans la cinquantaine. "Mais peut-être améliorer deux trois choses. Il faudrait, par exemple, laisser une sorte de couloir sur la place de la Comédie pour que les gens puissent passer. La place de la Comédie est un lieu de passage, on ne peut pas demander à tout le monde de plonger dans la foule et dans la préparation de Noël uniquement parce qu'il traverse la place."

Une dame d'à peu près le même âge aime bien l'idée d'un "couloir". "Je passe par la Comédie chaque jour, deux fois même, pour aller travailler. Et le fait d'être obligée de passer toujours à côté des stands et de contourner des gens qui s'arrêtent au milieu du chemin pour regarder m'a tellement fatigué que je n'ai même plus envie de profiter du marché."

Puis, on a envie de voir des artisans. "Un marché de Noël avec plein d'artisans, ça serait trop cool", propose un jeune homme, et il ajoute, avec un peu de langueur dans la voix, comme s'il se rappelait les "bons vieux temps" : "Comme autrefois. Il y a vingt ans, les marchés de Noël étaient géniaux..."
Photos et texte : copyright Doris Kneller

samedi 25 décembre 2010

Père Noël à Montpellier : retraites, analphabétisme, conditions de travail...

...et si le père Noël se révoltait ? - L'intersyndicale de Noël pousse à la révolte

Père Noël à MontpellierIls ont tous des bonnets rouges, et ils ont l'air de vrais pères Noël. Mais il y a une chose qui les distingue du vieux bonhomme plein de bonté : ils ne sont pas d'accord. Ils refusent de continuer à prendre leur mal avec philosophie, à pardonner tout et à tous. Bref, les pères Noël de Montpellier, pas si gentils "que ça", se révoltent.

Leur nouveau leitmotiv : "Trop de boulot" et "faites moins de marmots !" - Des pères Noël qui souhaitent moins d'enfants ? N'aurait-on pas dit que c'est, justement, le père Noël qui aime tous les enfants et ne peux pas en avoir assez ?

Montpellier : Père Noël en révolteMais non. La bonté fabuleuse du père Noël traditionnel n'est plus à l'affiche. Trop est trop : "On a les boules." Si on regarde de près les conditions de travail de ce vieux messager de paix et porteur des sacs innombrables de cadeau, on commence à comprendre : "Cadences infernales, conditions de travail dégradées, températures de plus en plus basses." Et pire : les cheminées sont de plus en plus pourries, mais la natalité est en hausse, alors encore plus de cheminées pourries à traverser. Puis, avec toute la bonne volonté de pères Noël plus ou moins sages, ils ne supportent plus ce qu'il appellent les "enfants analphabètes" : "Marre de l'analphabétisme !" Y a-t-il un remède ? - Probablement non, mais, au moins, "Correction des lettres d'enfant !"...

Tout le monde parle des retraites ? Les pères Noël de Montpellier n'en font pas exception. Selon eux, la "retraite à 167 ans" n'est plus supportable. Le père Noël moderne exige la "retraite à 150 ans sans décote", car : "Nous ne cotiserons pas 107 ans !" Voilà....

À propos messager de paix - cette paix elle aussi fait partie des revendications des pères Noël montpelliérains. Ils se plaignent des "agressions quotidiennes pour un iPad ou iPhone". Et, si on en parle déjà : la "concurrence d'Halloween et d'Internet"... cela non plus ne doit pas durer.

Père Noël à Montpellier : les retraitesQuoi encore ? Au lieu de réduire les effectifs du père Noël - eh oui, lui aussi est concerné par la crise - il revendique le "contrôle global de la natalité" ce qui, selon les représentants montpelliérains de la profession, serait beaucoup plus logique. Et, finalement, "une véritable couverture sociale", la "pleine reconnaissance du métier et de sa pénibilité" et, pourquoi pas ? "Noël mieux reparti dans l'année", car "nous aussi avons une famille à retrouver !"

Une blague de fin d'année de la "Ligue Nationale des Père Noël", manigancée par "canal Historique" à l'appel de "l'Intersyndicale de Noël" ? - Certes. Mais, peut-être, pas si rigolote que ça...

"La 'colère unitaire' des pères Noël, c'est bien beau," dit un passant d'une cinquantaine d'années. "Nous sommes tous d'accord de rire de leurs revendications, d'accord. Mais quand on les considère plus sérieusement, le rire devient jaune."

Une dame d'une trentaine d'années ne rit pas non plus. "Les pères Noël expriment le mal qui nous tracasse tous. En ce moment, on nage dans le soi-disant bonheur, on dit qu'il est Noël et que tout le monde doit être heureux. Imaginez-vous, combien de gens ne sont pas du tout heureux ces jours-ci, et là, je ne parle pas que de Noël ?

Une autre dame, plus jeune, rit quand elle aperçoit la manifestation des pères Noël en colère, mais ensuite, elle devient sérieuse. "Le problème des retraites et des conditions de travail, on ne devrait pas l'oublier, même pas au moment où tout le monde ne pense qu'aux cadeaux."

"Y a pas de Noël, cette année-ci", déclare une dame dans la quarantaine. "Pas pour tout le monde. Et je crois pas que les pères Noël auront à se plaindre de trop de travail. Plutôt de trop de chômage", ajoute-t-elle d'un ton amer. "À une époque où les gens ne peuvent plus se payer des cadeaux, on n'a plus besoin de père Noël."

Un Monsieur dans la cinquantaine observe pour un moment les manifestants. Puis, il chuchote quelques mots à l'oreille d'un des pères Noël. L'homme à bonnet rouge sourit et ajoute une nouvelle revendication à sa "liste de colère" : "Nous revendiquons les sapins sans épines !"

Une dame elle aussi dans la cinquantaine acquiesce d'un signe de tête : "Eh oui, un travail sans épines, ce serait un beau cadeau de Noël."
Photos et texte : copyright Doris Kneller

mardi 14 décembre 2010

Piéton dans les rues de Montpellier

Tram, travaux et lumières éteintes : Marcher à Montpellier

Montpellier, le tram et les piétons19 heures, une petite rue entre la Comédie et la gare. Deux jeunes hommes bousculent légèrement une dame dans la soixantaine qui cherche son chemin en tâtant. Elle insulte les deux hommes qui ne se soucient pas d'elle. Ensuite, elle murmure avec un ton fâché : "Ils croient qu'ils peuvent tout nous faire. Et le pire, ils ont raison..."

"Ils", dans ce cas, ce ne sont pas les deux jeunes hommes, mais la mairie de Montpellier. La dame n'est pas la seule à avoir des problèmes à avancer : il fait absolument noir dans la rue. De temps en temps, les phares d'une voitures glissent furtivement sur le trottoir. Quelques secondes plus tard, il est de nouveau plongé dans l'obscurité.

"Ça dure maintenant plus d'une semaine - il n'y a plus de lumière dans la rue. Ou, parfois, la lumière revient pour une heure ou deux et après, plus rien", explique une dame un peu plus jeune que la première. "Si, encore, le trottoir serait dans un état correct. Mais non, il est plein de trous. Ma voisine n'ose plus quitter la maison à partir de 17 heures. Elle a peur de se casser la jambe ou un bras... Elle a raison, c'est très dangereux."

Pourquoi certaines rues de Montpellier sont-elles - entièrement ou pour quelques heures - privées de lumière ? Personne ne semble le savoir. "Je ne sais pas", dit aussi un homme dans la trentaine. "J'imagine que c'est en relation avec les travaux du tram. Mais je ne comprends pas très bien, pourquoi ça ne concerne que quelques rues et pas les autres."

Tour de la Babote à MontpellierL'équipe des Gens de Montpellier voulait en savoir plus. Elle a donc appelé le service de presse de la ville de Montpellier - qui lui aussi n'était pas au courant. Toutefois, on a promis de se renseigner et de demander à "l'adjoint responsable" de rappeler la Revue online... Ce rappel n'a jamais eu lieu. La raison de l'obscurité dans les rues de Montpellier reste - obscure.

Toutefois, être piéton à Montpellier ne pose pas seulement problème la nuit. Pendant la journée, la vie "à pied" est souvent aussi dangereuse.

10 heures au coin du Boulevard Victor Hugo et la rue de la République. Des piétons arrivent de la gare, par la rue de la République. Ils veulent traverser le Boulevard Victor Hugo pour entrer dans la cour de la Babote. "Avant", dit une dame, "il y avait un feu ici." Ce feu existe toujours - mais, depuis que les travaux du tram ont commencé, il ne fonctionne plus.

Les piétons observent donc patiemment le trafic venant du côté de la place Alexandre Laissac. Après un moment, les voitures s'arrêtent. Les piétons veulent traverser la rue, mais déjà, d'autres voitures arrivent : c'est fois-ci, ce sont celles du côté Boulevard du Jeu de Paume. Quelques-uns traversent en courant, s'exposant au danger... heureusement, les conducteurs freinent. Un Monsieur lève la main, bravant le trafic.

parking à MontpellierUne dame avec une poussette est désespérée : "Si j'étais seule, ça poserait moins de problème. Mais avec lui", elle caresse son bébé du regard, "je ne peux pas courir le risque. Cette rue est devenue trop dangereuse. Mais qu'est-ce que je peux faire ? Il faut que je traverse." Une dame plus âgée se mêle de la conversation. "Si vous voulez traverser en sécurité, il faut que vous monter jusqu'à la Comédie, ou presque." Un Monsieur dans la quarantaine donne également son commentaire : "L'excuse des travaux sert pour tout. Je ne vois vraiment pas de raison de nous priver du feu rouge, ici. Ce carrefour est vraiment trop dangereux. Ou, si on ne peut pas activer le feu, à cause des travaux, on pourrait y placer un flic."

La dame avec la poussette éclate dans un rire amère. "Les flics ? Ils sont trop occupés à mettre des PV aux voitures qui sont mal garées. Aider les piétons n'est pas leur travail." - Finalement, le Monsieur se place au milieu de la rue et arrête les voitures pour permettre aux femmes de gagner en sécurité l'entrée de la Babote. Heureusement, l'entraide existe à Montpellier...

Mais les travaux... - les Montpelliérains sont-ils vraiment contents de recevoir la ligne 3 du tram ? "Oui," soupire une dame dans la trentaine, "je suis contente qu'on va disposer d'une troisième ligne. Mais d'ici là, la vie ne va pas être facile. En 'temps normal', on trouve à peine un parking en ville - et maintenant, ils ont supprimé plein de ces parkings qui, avant, n'étaient déjà pas suffisants. On est alors obligés de prendre le tram ou le bus. Mais les bus sont devenus une calamité. On dit que leur retard permanent serait dû aux travaux - je pense que le Tam se moque de nous. Il y a des bus qui viennent des parties de la ville qui ne sont pas concernées par les travaux - leur retard n'a donc forcément rien à voir avec la ligne 3... Le Tam nous raconte n'importe quoi."

Une autre dame d'à peu près le même âge se plaint des conditions des piétons dans les rues autour de la gare. "On ne passe plus", raconte-t-elle. "Le trottoir est plein de gens qui attendent les bus, et ils ne bougent pas pour laisser passer les autres. Il faut donc marcher dans la rue. Mais c'est très dangereux à cause des bus qui circulent partout, maintenant. Entre les travaux, les gens qui attendent les bus et les bus eux-mêmes - il y a tout simplement plus de place pour les piétons. Un vrai piège."

Montpellier, la ville avec la plus grande place piétonne de France, est-elle devenue un "piège" pour ceux qui vont à pied ? Un Monsieur dans la cinquantaine rigole. "Piéton à Montpellier ? Vous devriez pas être amoureux. Les trottoirs sont trop étroit pour y passer à deux."

"Peut-être pas un piège", répond un autre Monsieur d'à peu près le même âge, "mais être piéton à Montpellier n'est plus facile. Parfois, je pense qu'avec tous les soucis autour du nouveau tram, les responsables ont tout simplement oublié que nous, les piétons, on existe..."
Photos et texte : copyright Doris Kneller

lundi 6 décembre 2010

Coventis au Corum de Montpellier

Montpellier : Coventis, village de Scop, développement économique et économie sociale

Montpellier, Coventis : village de ScopC’est dans une ambiance conviviale et décontractée que la troisième édition de la convention de l’économie sociale et solidaire Coventis a ouvert ses portes au Corum de Montpellier. Mieux structurée que les éditions précédentes, qui avaient pourtant accueillies 1500 visiteurs l’an dernier, Coventis bénéficie cette année du soutien de l’Europe et propose comme nouveauté un village des Scop. 122 exposants au total se se sont réunis durant deux jours pour promouvoir un modèle de développement économique à visage humain, mais pas seulement...

Rentré in extremis de Paris dans la matinée, le Préfet de Région Monsieur Claude Baland, était venu inaugurer la convention. À peine arrivé, ce dernier a disparu dans la foule pour saluer les exposants et les visiteurs, laissant seuls quelques instants ses invités : Monsieur Robert Navarro, Vice Président du Conseil Régional du Languedoc Roussillon accompagné de Madame Marie Meunier, déléguée à l’économie sociale et solidaire, Monsieur Guy Barbotteau, président de la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire et Monsieur Jean Louis Cabrespines, président du Conseil National du CRES l’attendaient pour procéder à la coupure du ruban. Après un bref passage dans les stands pour rejoindre le podium, les partenaires Coventis ont pris la parole dans un brouhaha généralisé pour évoquer les enjeux et les engagements que comportent ces deux journées.

Inauguration de Coventis à MontpellierLe représentant de la Région et de la Chambre Régionale a rappelé que ces rencontres devaient permettre aux acteurs de l’économie sociale et solidaire de se rencontrer et de débattre autour de tables rondes - mais aussi et surtout de faire des affaires et de favoriser le développement inter-filière.

Le préfet, Monsieur Claude Baland, a souligné l’importance significative de ce type d’économie dans l’économie du Languedoc Roussillon justifiant à elle seule sa présence et son soutien dans la gestion des modes d’organisation. L’économie sociale et solidaire représente en effet à elle seule onze pour cent des entreprises de la région, soit treize pour cent des salariés du Languedoc-Roussillon.

La création d’emploi est une question cruciale dans la région, est bien que le nouveau président du Conseil régional Christian Bourquin soit venu réaffirmer sa volonté de poursuivre l’engagement de son prédécesseur Georges Frêche, Claude Baland a rappelé les tristes records de chômage enregistrés dans la région, supérieur à la moyenne nationale.

Pendant les deux jours de Coventis, à l’image des étudiants de l’économie sociale et solidaire venus trouver un stage ou échanger quelques idées, les visiteurs déambulaient d’un stand à l’autre, curieux de découvrir les spécificités d’un mode d’organisation économique et social présent dans de nombreux secteurs d’activités tels que le domaine bancaire, mutualiste, agricole, touristique et même dans l’habitat.

La convention - 'Coventis' à MontpellierLes échanges sont nombreux avec des exposants plus soucieux que jamais de montrer qu’il est possible de faire des affaires tout en respectant et en contribuant activement au développement de la vie locale en France mais aussi à l’étranger. Tel est le cas de Paul Llonguet, devenu membre actif d’une ONG de développement au Pérou qui aide les enfants en situation difficile et organise des séjours touristiques solidaires. Après quelques années dans le secteur bancaire, une expérience personnelle l’amène à faire de l’humanitaire durant quelques mois au Pérou. Séduit par ces nouvelles missions, Paul Llonguet développe depuis des séjours touristiques dans lesquels le voyageur se retrouve immergé dans les villages, logés parmi les enfants dans les structures construites par l'ONG. Il peut participer à la vie des villages aux côtés des enfants, visiter les perles du Pérou et découvrir pleinement la culture des villageois. 'ONG aide les villages à organiser leur accueil touristique. Une partie des fonds récoltés participent au développement des villages d’enfants.

Une autre association de tourisme solidaire organise des séjours touristiques dans plusieurs pays d’Amérique Latine offrant aux touristes la possibilité de découvrir et d’observer la vie locale mais sans participation cette fois. Le voyageur décide au grès de ses envies et de son emploi du temps des activités qu’il va réaliser. Les villages qui ont souhaité recevoir les voyageurs s’occupent en toute autonomie du bon accueil de ses hôtes. Dans ce système, six pour cent du prix des séjours sera reversé aux villages d’accueil pour favoriser leur développement.

Pour Paul Llonguet comme pour cette autre association, l’objectif de leur venue à la convention est de se faire connaître et reconnaître mais aussi de conclure des partenariats, pour bénéficier de soutiens financiers et pour pouvoir commercialiser leurs séjours auprès des comités d’entreprises des exposants présents au salon.

À l’échelle locale, on retrouve Pauline Lemaître qui anime depuis un peu plus d’un an le collectif "Régal d’Oc" qui met en relation les producteurs agricoles du parc du Haut Languedoc avec des acheteurs de la restauration collective comme les établissements scolaires ou les maisons de retraite et assure la promotion des produits locaux de qualité. Pour Pauline, la convention est avant tout une invitation de l’incubateur de projets, sans qui le projet n’aurait sans doute pas vu le jour, tellement le montage a été complexe. Elle attend de la convention de faire parler de l’association et d’informer les acteurs locaux et les visiteurs de leur fonctionnement.
Photos et texte : copyright SudDesign & Valérie Chosson