jeudi 29 septembre 2011

Montpellier, le ZAT et le Monstre du Loch Lez

Zone Artistique Temporaire et inauguration du nouvel Hôtel de Ville : le Monstre du Loch Lez hante les Montpelliérains

Zone Artistique Temporaire à MontpellierNostradamus, étudiant à la faculté de médecine de Montpellier, l'avait prévu - le 11 novembre 2011 à 11 heures 11 et 1 seconde, le Monstre du Loch Lez se réveillerait de son sommeil qui aurait duré plusieurs siècles. Toutefois, on ne sait pas si le monstre souffre d'insomnie ou s'il a juste eu un cauchemar : mais il semble qu'on l'aurait déjà aperçu en septembre... enfin, peut-être pas lui-même, mais ses traces sur les bords du Lez, près du nouvel Hôtel de Ville.

La mairie de Montpellier, toujours occupée et préoccupée du bien des Montpelliérains, a vite réagi. La nouvelle sur l'apparition d'un monstre marin - ou plutôt fluvial - en plein Montpellier avait à peine percée, elle a déjà créé une cellule de crise - avec un monstrologue, un mythologue et un psychanalyste urbain - et, qui plus est, organisé une conférence de presse qui, évidemment a eu lieu à 11 heures 11.

En ce moment, la situation est peut-être sérieuse, mais loin d'être désespérée. Bien que personne ne connaisse les vraies intentions de ce monstre des profondeurs du Lez, il y a forte chance qu'il soit paisible et ne se nourrisse pas des Montpelliérains. Toutefois, retournera-t-il à son lit ? Ou cherchera-t-il la compagnie des étudiants de Montpellier ? Ferait-il la fête sur la place Jean Jaurès ou participera-t-il aux cours ? Assistera-t-il aux conseils municipaux ou en demandera-t-il la présidence ? Suspens...

Pour le moment, une cellule d'enquête a été mise en place par la mairie qui renforce la cellule de crise. Et les Montpelliérains ne seront pas seuls avec leurs angoisses - cette semaine-ci, certainement à 11 heures 11, deux représentants de l'ANPU, de l'Agence Nationale de Psychanalyse Urbaine, arriveront dans la ville depuis peu tenue en haleine par le monstre.

Le Monstre du Loch Lez à MontpellierMais cela n'est pas tout. À cette époque, où seule la solidarité entre les Montpelliérains peut donner de l'espoir, la mairie de Montpellier demande de l'aide à tous les habitants de la ville - appel auquel se joint, cela va de soi, l'équipe de Montpellier Presse Online : si vous apercevez la moindre trace, si vous avez des connaissances en matière du comportement des monstres fluviaux comme celui du Loch Lez, faites le savoir. Prenez des photos, réalisez des vidéos, dessinez, composez des haïkus, des bandes dessinées, des mangas ou, tout simplement, témoignez...

Pour servir au mieux sa ville, l'équipe de Montpellier Presse Online a entamé une première enquête auprès des gens qui s'aventurent entre le Polygone et la place Jean Jaurès. Toutefois, pas tous les Montpelliérains ne sont au courant de la situation. À la question si elle avait vu des traces du monstre de Montpellier, une dame dans la trentaine a répondu : "Oui, bien sûr, pas plus tard qu'hier soir. Je suis mariée avec lui."

D'autres personnes, refusant la menace de l'inconnu, ont rigolé. Ils sont allés jusqu'à ne pas croire aux traces aperçues et confirmées, tout de même, par les autorités municipales. D'autres, par contre, sont informés et prennent au sérieux l'appel au secours de la mairie de Montpellier. "Personne ne connaît les profondeurs de la vie", constate un Monsieur dans la cinquantaine, "et encore moins celles du Lez." Une dame d'une quarantaine d'années, mise au courant de la situation par Montpellier Presse Online, a promis d'être vigilante. "Le petit copain de ma fille a une caméra vidéo. Je lui dirai de la tenir prête pour filmer les traces du monstre." Une bande d'étudiants, par contre, est sans pitié. "Nous nous ferons un devoir de chasser le Monstre du Loch Lez et de l'éliminer. Nous sauverons notre ville."

Le ZAT à MontpellierCe qui, probablement, plaît moins au Monsieur dans la trentaine, un biologiste d'Oxford en Angleterre qui restera à Montpellier pendant une année pour étudier la faune de la Méditerranée. "Aucun scientifique", répond-il spontanément à la question de l'équipe de Montpellier Presse Online, "ne peut se vanter de connaître toutes les espèces. Chaque année, des espèces disparaissent de la terre, mais d'autres sont découverts. Pour la science et notre respect de l'humanité, de la nature et de Dieu, nous devons donner une chance à tout être vivant."

Les Montpelliérains, cela va de soi, seront tenus au courant de l'enquête des cellules mises en place par la mairie de Montpellier et des résultats apportés par les habitants de la ville. La mairie promet de les publier le vendredi 11 novembre, lors de la nouvelle édition de la ZAT - Zone Artistique Temporaire - dans le quartier Port Marianne, au moment de l'inauguration du nouveau Hôtel de Ville.
Photos et texte : copyright Doris Kneller


jeudi 22 septembre 2011

Jumelage entre Montpellier et Heidelberg : les fêtes du 50e anniversaire

Les dernières nouvelles de Montpellier

Il y a 50 ans exactement que la ville de Montpellier et celle de Heidelberg ont signé le premier acte de jumelage jamais conclu entre la France et l'Allemagne. Déjà à l'époque, Montpellier, aujourd'hui ville de réputation internationale, était un pionnier de la paix et de l'amitié entre les peuples.

À Montpellier, la Maison de Heidelberg - haut lieu montpelliérain de la culture allemande - fête l'événement avec sa 9e semaine allemande qui commence aujourd'hui avec le vernissage d'une exposition des affiches de Klaus Staeck, l'artiste d'art politique le plus discuté dans l'Allemagne des années 70. Les habitants de Heidelberg, par contre, ne célèbrent pas seulement le 50e anniversaire de jumelage avec Montpellier, mais aussi le 25e anniversaire de la Maison de Montpellier, le pendant de la Maison de Heidelberg en Allemagne.

Invitée d'honneur de la fête en Allemagne sera le maire de Montpellier, Hélène Mandroux. Cet après-midi, elle assistera à l'inauguration des célébrations mise en musique par la Fanfare montpelliéraine "La nouvelle Collection". Demain, la fête continuera avec une déambulation dans les rues de Heidelberg, toujours accompagnée par la Fanfare de Montpellier.

Mais en Allemagne, pas seulement les adultes feront la fête, mais aussi les enfants. Plus spécialement 40 enfants nés en 2001, au moment du 40e anniversaire du jumelage. Ces enfants célébreront leurs dix ans en présence de Hélène Mandroux et auront des cadeaux qui viennent de Montpellier.
Photos et texte : copyright Doris Kneller


dimanche 18 septembre 2011

Montpellier : la rentrée des indignés

Le retour des indignés sur la Comédie à Montpellier - ateliers de dessin et de musique

Les indignés de MontpellierIl y en a qui étaient soulagés lorsque, fin juillet, le cercle des indignés qui, tous les soirs, se rassemblaient sur la Comédie est devenu de plus en plus petit - jusqu'à, finalement, il n'y avait plus personne. Fin de la "révolte", déclaraient certains. Mais les indignés ne perdaient pas courage : "Attendez la rentrée. Nous serons là, avec de nouvelles idées, plus forts et plus unis que jamais."

Forts et unis - un pléonasme dans la philosophie des indignés. Car être unis signifie être forts. L'équipe de Montpellier Presse Online voulait savoir, avec et contre qui les indignés veulent être unis. "Contre personne", réponds un jeune homme, "et avec tout le monde. Avec tout ceux qui ont envie de trouver un autre mode de vie. Un mode de vie plus humain."

Le but de ce mouvement qui, en printemps, a commencé en Espagne pour, ensuite, s'étendre sur pratiquement tous les pays européens n'est pas la révolution. Au moins pas la révolution dans le sens "classique". "On veut du travail et on veut vivre dans le respect des autres. Ça ne vaut pas la peine de vivre dans une société où quelques-uns ont tout le pouvoir et l'utilisent pour rendre difficile la vie des autres", explique une jeune dame. Et une autre ajoute : "On ne demande pas de richesses. Au contraire. On demande qu'on nous accepte pour ce que nous sommes. Pas pour notre 'grand nom' ou nos héritages. On peut être 'quelqu'un' sans être fille ou fils de riche..."

Septembre est arrivé, est avec lui, les indignés sont de retour sur la Comédie de Montpellier - comme promis avec de nouvelles idées et plus décidés que jamais de vivre une vie dominée par la justice et l'égalité. Le "mot clé" de la rentrée est le partage. "L'idée est simple", explique une des indignées. "Je sais faire des choses et les autres savent faire d'autres. Chacun a des connaissances et des talents. Moi je montre aux autres ce que je sais faire, et les autres m'apprennent ce qu'ils ont appris."

Atelier de musique des indignés de MontpellierEt, définitivement, les indignés de Montpellier "savent faire des choses". Presque tout le monde parle plusieurs langues, il y a des musiciens, des dessinateurs, des artisans... "Nous organisons des ateliers en pleine rue, accessibles à tout le monde. Sur l'Esplanade, sur la Comédie..." L'atelier de dessin, par exemple, est déjà un premier succès. "On s'est installés sur la Comédie et a invité les passants à venir dessiner avec nous. Beaucoup de gens se sont arrêtés. Ils ont aimé dessiner avec nous. Ça leur a donné le sentiment de faire quelque chose 'ensemble'. Il y a trop de gens, ici à Montpellier, qui se sentent seuls."

Pendant les réunions, chacun peut exprimer son "indignation". On n'hésite pas de montrer si on approuve ou désapprouve - mais tout le monde a le droit de parole. Et la solitude est une des indignations qui ont été nommées plusieurs fois. "La nouvelle société que nous aimerions construire doit baser sur le partage. De cette manière, personne n'a plus besoin d'être seul."

Montpellier : les indignés et leur atelier de dessinCe partage, toutefois, n'est pas bien vu par tout le monde. "Plusieurs fois, pendant un de nos ateliers, la police est venue pour nous demander ce qu'on fait. Ils étaient persuadés qu'on serait là pour vendre quelque chose", raconte un des indignés. "Ils peuvent pas comprendre", ajoute-t-il, "qu'on peut partager sans penser à l'argent."

Le terme "argent" n'est pas tabou pendant les réunions des indignés. "On a besoin de l'argent comme tout le monde. On doit payer le loyer, acheter à manger... " Ce qui ne veut pas dire qu'ils iraient jusqu'à approuver le fameux pacte euro+ - au contraire : "Il s'agit d'un nouveau 'pacte de l'euro'", explique un des indignés, "qui est censé sauver les banques, c'est-à-dire éviter les conséquences de la crise sur la finance. Ce pacte implique la zone euro, mais aussi les pays européens qui n'ont pas adopté l'euro." - "Ce pacte a pour but" - un autre indigné prend le relais - "de faire payer la dette des banques par le peuple, les salariés. Le mécanisme : on transforme les dettes des banques, des dettes privées, alors, en dettes publiques." - "La crise a été déclenchée par les banques et la finance", commente une jeune dame. "Qu'elles en portent les conséquences. Ce n'est pas notre crise mais la leur."

Pour exprimer leur opinion, les indignés de Montpellier ont entamé une première action symbolique : le "lessivage" d'une banque. Initialement, l'idée était d'entrer dans une banque, entre midi et 14 heures - pour que les indignés qui travaillent puissent participer -, équipé de seaux et de serpillières, pour lessiver le sol... "et pour parler avec des gens, bien sûr. Lessiver les banques, ça veut dire enlever la crasse... morale." Mais finalement, on a décidé de se contenter de lessiver le trottoir devant les banques. "On veut pas les faire croire qu'on aurait des intentions criminelles. On ne veut pas faire peur - on veut juste réveiller les gens."

Bien que ces actions ne plaisent pas à tout le monde, personne ne peut les empêcher. "Pendant qu'on était devant la banque, des employés de la banque et la police sont venus nous demander ce qu'on faisait. Mais après avoir reçu nos explications, ils nous ont laissés faire..."

Ce qui n'était pas le cas le jeudi soir, lors d'un atelier de musique - un atelier de partage - sur la Comédie. Tout avait bien commencé : vers 19 heures, un guitariste et un percussionniste avec un "tam-tam" ont invité les passants de jouer avec eux. Et une demi-heure plus tard, un groupe presque international s'était rassemblé autour des indignés : une jeune musicienne des États-Unis montrait son talent de percussionniste, un professeur français se mettait à re-accorder la guitare, des jeunes Espagnoles, un peu timide, se mettaient à chanter...

...jusqu'à ce que, un peu après 21 heures, l'atelier a trouvé une fin abrupte. Une voiture de la police municipale s'est précipitée sur la Comédie pour s'arrêter à côté du groupe des indignés - après avoir failli renverser une femme qui se trouvait dans leur chemin et n'a été sauvée que par la réaction d'un homme à côté d'elle. C'était, comme expliquaient les policiers, le bruit qui dérangeait. "Le bruit ?", a demandé une dame dans l'auditoire autour des indignés. "Il y a toujours du bruit sur la Comédie. Des groupes de musiques, des jeunes qui crient, là-bas, un homme avec une radio très forte..."

"Voilà, plus de partage de musique", commente un des indignés un peu amer, devant les restes silencieux d'un atelier de musique sur une Comédie bruyante. Et on se retire - sans musique - sur l'Esplanade.
Photos et texte : copyright Doris Kneller


samedi 17 septembre 2011

Le Monstre du Loch Lez tracé à Montpellier

Les dernières nouvelles de Montpellier

Jusqu'à maintenant, le "Monstre du Loch Lez" n'était qu'une blague des pécheurs - comme, par exemple, celle de ce patron d'un salon de coiffure à Castelnau-le-Lez qui, en 2009, a pêché un silure long de 1,80 mètres qui pesait 35 kg. À l'époque, la presse locale se faisait un plaisir de nommer sa prise le "Monstre du Loch Lez".

Soudain, toutefois, ce "personnage" obscur de légende sympa se fait remarquer d'une manière plus sérieuse - pour la première fois, il apparaît dans un communiqué de presse de la mairie de Montpellier. C'est qu'on aurait trouvé les traces d'un "animal aquatique inconnu", et : "Il pourrait s'agir du Monstre du Loch Lez." Pour le moment, on s'est contenté de créer une cellule de crise. Quand le monstre se présentera-t-il aux Montpelliérains ? À suivre...
Photos et texte : copyright Doris Kneller


lundi 12 septembre 2011

Accident après les Estivales de Montpellier

Le drame des Estivales 2011 : le vin est-il nécessaire pour faire la fête ?

Accident après les Estivales à MontpellierVendredi soir à Montpellier, la dernière édition des Estivales de la saison a attiré moins de monde que les soirées en août - sans doute, les touristes sont partis. Les Montpelliérains sont entre eux, on profite du dernier week-end avant la reprise définitive et, bien sûr, du beau temps.

L'humeur est à la fête. On déguste les spécialités de la région et, surtout, les vins, on écoute la musique, on danse et on bavarde. Or, parfois, une note sérieuse se glisse dans les conversations. C'est comme s'il y avait une ombre qui couvre une partie de la gaieté des Montpelliérains... On parle de l'accident mortel du 12 août, après une nuit des Estivales sur l'Esplanade à Montpellier.

Les faits sont tristes, mais clairs. Une étudiante de 21 ans a dépassé toutes les limites de la "dégustation" - elle a pris le volant avec 2,4 g d'alcool par litre de sang, foncé dans les rues de Montpellier peuplées de piétons qui, eux aussi, rentraient après la fête, grillé un feu rouge et, finalement, blessé deux hommes et tué un autre. Lui aussi était étudiant. Il avait 26 ans et lui aussi avait fait la fête.

Faire la fête à MontpellierUn accident tragique qui, malheureusement, n'a rien de "spécial" - il n'y a pas un week-end où des conducteurs ivrognes ne mettent pas en danger la vie des autres. Toutefois, les Montpelliérains se sentent concernés. "C'est à notre fête, à nos Estivales", dit une jeune femme, "que la fille a tant bu. Nous sommes pas responsables de son comportement, bien sûr", ajoute-t-elle, "mais, quand même, on se sent un peu...", elle hésite, "oui, responsable."

Un homme qui boit d'une bouteille d'eau - au contraire de ces copains qui ont tous un verre de dégustation de vin dans la main - est du même avis : "Là où on boit, il y a toujours des gens irresponsables. C'est comme ça. Il faut prévoir, on ne peut pas les laisser faire."

"Il faut prévoir", c'est aussi l'avis d'autres Montpelliérains interrogés par l'équipe de Montpellier Presse Online. Mais comment ? Faudrait-il renoncer à la dégustation ? Ou arrêter les Estivales ? "Non", dit catégoriquement une dame dans la trentaine. "On ne peut pas punir tous les Montpelliérains parce qu'il y en a qui déconnent." - "Et n'oublions pas l'aspect économique", remarque une autre. "Les Estivales sont devenues essentielles pour la survie des vignerons de la région."

Sans doute, les Estivales sont là pour faire la fête. Et pour consommer. Mais consommer plus faire la fête, cela donne des gens qui boivent. Et qui, plus tard, doivent retourner chez eux. Certes, il y a des trams qui roulent jusqu'à tard dans la nuit, jusqu'à une heure où les Estivales ont fermé leurs portes depuis longtemps. Ceux, par contre, qui dépendent des bus ont déjà plus de problèmes : "Montpellier n'a toujours que deux lignes de bus nocturnes", remarque une jeune femme. "Pourquoi ils ne mettent pas quelques bus à la disposition des Estivales ?"

Fête internationale à MontpellierMais les bus ne sont pas les seuls qui manquent. "La jeune fille venait de Nîmes", remarque un homme dans la quarantaine. "J'ai des amis à Nîmes qui viennent de temps en temps à Montpellier. Ils sont toujours obligés de prendre la voiture, parce que le dernier train part vers 21 heures. Les Estivales attirent du monde de partout - soit qu'on les limite aux gens qui habitent Montpellier, soit qu'on donne aux autres un moyen de rentrer sans utiliser la voiture. Faut se décider..."

Un homme un peu plus âgé ne voit pas le problème. "Si on est en voiture, on ne boit pas, un point c'est tout", déclare-t-il. Mais venir aux Estivales sans "déguster" ? "Ce n'est pas évident", approuve-t-il. "Mais je ne vois pas de solution."

La municipalité de Montpellier ne voit pas de solution non plus. Après l'accident, elle a réfléchi à finir la saison des Estivales, mais, finalement, elle a voté contre cette idée. La seule réponse qu'elle a su trouver, c'est l'interdiction de vendre des bouteilles de vin après 22.30 heures. Ceux qui veulent boire doivent alors s'approvisionner au début de la soirée. Elle a aussi eu l'idée d'offrir des chèques parking à ceux qui laissent leurs voitures au centre et rentrent... autrement. - "Justement", répond un Monsieur dans la trentaine lorsque l'équipe de Montpellier Presse Online lui demande son avis. "Comment peuvent-ils faire pour rentrer 'autrement' ?"

Certes, il y a des solutions, mais elles sont difficiles à mettre en place. Une dame a l'idée qu'on devrait créer une association qui, après les Estivales, raccompagne les fêtards. "En voiture privée, à un prix raisonnable." - "Non, ce n'est pas possible", intervient un Monsieur assis à la même table. "Cette association ferait concurrence aux entreprises des taxis, et c'est interdit." - "Mais les taxis", intervient la dame de nouveau, "sont beaucoup trop chers pour les gens."

Un Monsieur dans la cinquantaine propose que tout le monde devrait laisser ses clés de voiture à un stand spécialement dédié à cette tâche. "Tu imagines un peu la queue à la fin des Estivales ?" réagit une dame. Et : "Ceux qui veulent boire et conduire ne se sépareraient jamais de leurs clés."

"Il n'y a qu'une seule solution", décide un Monsieur dans la trentaine. "Ceux qui ont besoin de conduire, ne peuvent pas boire." - Une dame d'à peu près le même âge sourit : "Il y a beaucoup de gens ici en voiture... les parkings du centre sont pleins. Si tous ces gens ne buvait pas - est-ce que ça plairait aux vignerons ?"

Un vigneron donne la réponse. "Il va de soi que nous sommes ici pour vendre du vin. Mais l'argent n'est pas tout. Pourquoi les gens ne se groupent pas dans une seule voiture au lieu d'arriver chacun de son côté ?" Il soupire. "Oui, je sais de quel accident vous parlez. C'est affreux. D'ici l'année prochaine, la mairie doit sérieusement réfléchir. Et les gens aussi."
Photos et texte : copyright Doris Kneller


samedi 10 septembre 2011

Près de Montpellier : Foire aux associations à Clapiers

Sport et culture - les activités associatives à Clapiers

La Capoeira à ClapiersSans doute, ça bouge à Clapiers - un fait qui est garanti par les nombreuses associations locales qui se sont présentées lors de l'édition 2011 de la foire aux associations. Pour les visiteurs du village, déjà la découverte du site de la foire était enchantant : la manifestation s'est déroulée dans le parc municipal, dans l'ombre de chênes centenaires. Pour ceux qui ne venaient pas la première fois, la foire permettait, certes, de s'informer sur les activités culturelles et sportives de la ville, mais aussi de passer un dimanche après-midi agréable, de retrouver des amis et de discuter les exploits de l'été.

Autrement dit, à Clapiers, la nouvelle saison a commencé. Pour les Clapiérois ou les Montpelliérains qui connaissent bien la petite ville située à quelque quinze minutes au nord de Montpellier, le nombre et la diversité des associations qui proposaient leurs activités n'ont peut-être pas été étonnants. "Je viens souvent à Clapiers", explique une dame qui, il y a des années, a habité dans cette ville, avant de déménager à Montpellier. "J'aime cette petite commune. Il y a toujours quelque chose qui se passe. Si j'avais pas eu besoin d'être à Montpellier pour mon travail, j'aurais pas bougé d'ici."

Clapiers, foire aux associationsL'équipe de Montpellier Presse Online voulait savoir qui venait à la foire des associations de Clapiers, et avec quelles attentes. La plupart des gens interrogés étaient évidemment des Clapiérois qui étaient venus pour fêter le début d'une nouvelle saison d'activités locales. Mais il y avait aussi des habitants des villes et villages autour de Clapiers : "Je viens ici", explique par exemple une dame de Castelnau-le-Lez, "parce que l'ambiance est plus sympa ici. Et il y a des associations que j'aime bien." Sa découverte préférée : une association de Jazz. "Je ne suis pas tout à fait d'accord avec le goût du président. Son amour exclusif pour les classiques ne me convient pas. J'aimerais qu'il soit un peu plus ouvert au jazz plus moderne." Mais cela ne l'empêche pas d'être contente que l'association existe. "Ça fait plaisir de discuter Jazz avec quelqu'un qui s'y connaît."

Un jeune couple hollandais était venu pour découvrir le monde d'une petite ville. "Pour le moment, on est en vacances", a confié l'homme à Montpellier Presse Online. "Mais on veut s'installer dans la région. Pas à Montpellier, plutôt dans une petite ville. Une ville où se passent des choses, où les gens communiquent."

La communication ne pose pas de problème à Clapiers. Il suffit d'avoir "une envie quelconque", comme l'exprime une Clapiéroise d'une cinquantaine d'années, "et vous trouvez pleins de gens qui partagent cette envie avec vous." Par exemple l'envie d'échanger des astuces avec des photographes. Ou de jardiner. Ou de faire des sports aussi divers que le foot, le Karaté, le Zen Shiatsuou, le Ki Do ou le Capoeira. On peut même danser le "Country", avec chapeau et costume de cowboy ou cowgirl. "Chez nous, on s'amuse", explique une dame en veste et chapeau de cowgirl, encore un peu hors haleine après une démonstration de danse. Et elle le dit d'une manière qu'on comprend qu'il vaut mieux s'abstenir, si on n'a pas vraiment envie de s'amuser...

Association musicale à ClapiersCeux qui veulent consacrer leur temps à d'autres peuvent s'engager pour l'Atelier Petites Mains au Crès, un atelier de loisirs créatifs pour les enfants, ou devenir un des bénévoles de Clapiers qui aident les jeunes à trouver le goût de la lecture. On peut apprendre l'occitan ou participer à un concours de cuisine, et les hommes ont même le droit de chanter dans un choral occitan. "Pour le moment, il n'y a que les hommes qui chantent chez nous", constate un membre de l'association Cocut avec un sourire un rien moqueur, "mais si les femmes veulent absolument chanter elles aussi, on va réfléchir..."

Ceux qui s'intéressent à la musique plus sérieuse ont certainement récupéré le programme 2011-2012 de l'école de musique de Clapiers. Utile aussi pour la détente : le stage de la gestion du stress et des émotions de "Ter' Happy"... "Mon offre préférée ? répète une dame dans la trentaine la question de l'équipe de Montpellier Presse Online. "Je ne peux pas vous dire. Ou, plutôt, je ne peux pas toutes les nommer, il y en a trop. Y a tant de choses intéressantes."

Une autre dame, un peu plus âgée que la précédente, raconte qu'elle habite Montpellier, mais qu'elle participe souvent à des manifestations culturelles à Clapiers. "C'est ma copine d'ici qui m'a fait découvert cet endroit. Il y a des manifestations à Montpellier, bien sûr, mais il y a une différence. Comment vous expliquer ? À Montpellier, vous y allez, et si vous ne connaissez personne, vous restez seule dans votre coin. Ici, tout le monde parle avec tout le monde. Tout est plus 'personnel'." - "Peut-être c'est pareil dans toutes les petites communes", ajoute son amie. - Un Monsieur qui a entendu la conversation n'est pas d'accord. "Je ne crois pas", dit-il, "mais chez nous, c'est comme ça."
Photos et texte : copyright Doris Kneller


dimanche 4 septembre 2011

Trams et bus : Montpellier se révolte

Rue Durand, rue Levat, rue Pagezy et rue de la République : la révolte du quartier de la gare

Rue Pagezy à MontpellierDébut septembre, 9.30 heures, au centre de Montpellier. Trois piétons s'arrêtent au coin de la rue Pagezy et de la rue de la République. Ils se regardent, ils hochent la tête. Normalement, ils ne se seraient même pas remarqués, mais la situation les unit. "C'est toujours pareil", dit l'un et "On en a assez", remarque l'autre.

Ce qui les dérange, c'est les trois bus qui, venant de la rue Pagezy, tournent dans la rue de la République, les roues sur la voie, les "queues" des bus au-dessus du trottoir, de la manière que les trois piétons sont obligés de se plaquer contre le mur pour ne pas se faire écraser. "Si on est piéton à Montpellier", conclut un des trois lorsqu'ils peuvent enfin bouger, "on ne compte pas."

Toutefois, la colère ne monte pas seulement chez les piétons, mais chez la plupart des habitants du quartier de la gare. Ils se sentent abandonnés avec leurs problèmes, leur cadre de vie devient de plus en plus désagréable. "On se moque de nous", disent les uns, ou : "Les habitants de Montpellier n'ont rien à dire. C'est la mairie qui décide, pas pour les Montpelliérains, mais contre eux."

Ce qui exaspère les habitants du centre de Montpellier, ce n'est pas forcément les travaux pour la ligne 3 du tram - mais les résultats. Ils ont accepté que, pendant quelques années, ils seraient gênés par le bruit et les problèmes de circulation. "On nous a prévenus des perturbations passagères", se rappelle un des révoltés de la rue Durand. "Mais personne ne nous a dit que ces perturbations seront permanentes."

Rue de la République à MontpellierEntre-temps, la révolte des habitants de la rue Durand s'est étendue aux deux rues parallèles, la rue Levat et la rue de la République. Sur les portes et vitrines de la rue de la République, un tract appelle au rassemblement. "... groupons-nous", peut-on y lire, "constituons un comité de quartier et opposons-nous pour que la rue de la République ne devienne pas la Rue de tous les bus que personne ne veut."

En effet, avec les travaux sur la ligne 3 du tram, les bus autour de la gare sont devenus un véritable tracas. D'abord, les décideurs de la TaM les ont fait passer par la rue Durand : avec le résultat qu'aucun enfant ne pouvait plus s'y aventurer, que les commerçants commençaient sérieusement à souffrir du manque de clientèle - personne n'avait plus envie d'y passer -, on avait peur des accidents, le bruit était insupportable, et l'air était pollué au point d'être irrespirable. Les habitants se sont donc révoltés... avec un certain succès.

Ce succès, pourtant, a amené les bus à la rue parallèle, la rue Levat - qui, immédiatement, s'est révoltée elle aussi. Pour que les bus ne soient pas envoyé d'une petite rue à l'autre, l'association de la rue Durand a fait des propositions : lier les bus avec d'autres stations de tram - "la gare aura ses trois lignes de tram, c'est suffisant" - et les faire passer par les grands axes autour du quartier de la gare.

Les autorités, toutefois, font la sourde oreille. "Ils n'ont pas envie de nous respecter", se plaint une dame qui vit dans la rue Levat, "et de respecter le caractère des vieilles petites rues. Ils auraient facilement pu mettre les bus ailleurs. Mais au lieu de ça, ils font souffrir les habitants de toutes les trois rues. Il n'y a plus de qualité de vie.

Il est vrai qu'en résultat de la révolte, il y a moins de bus qui fréquentent la rue Durand - la rue Levat et la rue de la République se partagent les autres. "Mais la révolte nous a coûté cher", constate un habitant de la rue Durand. "On a un peu moins de bus, mais ceux qui restent font assez de bruit et polluent l'air dans nos appartements. Et notre 'punition' : ils nous ont volé tous les parkings."

Quelle ville ne rêverait pas d'un centre sans voitures ? Toutefois, Montpellier n'y est pas encore. Pour le moment, c'est juste les habitants du quartier de la gare qui ne savent plus où garer les leurs. Ainsi, la rue Durand a reçu un joli trottoir très large - "pour faire taire les voix qui disent que les piétons ne peuvent plus y passer" - et un couloir étroit pour les bus et les voitures. Voilà tout. Si un habitant de la rue a besoin de s'arrêter près de sa maison pour, par exemple, décharger ses bagages des vacances, il provoque immédiatement un embouteillage et la colère des conducteurs des bus. "La rue Durand est condamnée à mourir", explique une habitante, "car personne ne peut plus emménager. Les camions de déménagement n'ont plus de place." - Le déménagement, pourtant, n'est plus possible non plus.

La situation de la rue Pagezy n'est pas différente : un trottoir assez large, un petit couloir de bus - et plus aucun parking. La rue de la République est partagée entre le tram, un petit couloir de bus - et, pareil, plus aucun parking. "Ils veulent qu'on prenne des abonnements dans les parkings officiels, mais pour la plupart des gens, ils sont trop chers." Pire : "Pour avoir un abonnement dans le parking Laissac, vous devez attendre qu'une place se libère. On vous met sur une liste d'attente, voilà tout."

Aujourd'hui, quand on passe par la rue Durand, on ne voit qu'un grand chantier. On y tombe sur un arrêt de la ville de Montpellier, signé par Madame le Maire Hélène Mandroux, qui interdit toute circulation et, bien sur, aussi le stationnement dans la rue entre le 30 juin et le 30 septembre. La société Eurovia, chargée des travaux, toutefois, n'est pas d'accord avec l'arrêt de la mairie. Sur leur communication, on peut lire que l'interdiction de circulation concerne la période entre le 8 août et le 31 octobre.

"Vous voyez", est le commentaire d'un habitant, "ils se moquent de nous. Ils ne font même pas l'effort de se mettre d'accord. Mais, de toute manière, peu importe si les travaux se terminent le 30 septembre ou le 31 octobre, ça ne vaut pas la peine de nous raconter que le stationnement est interdit d'ici là : tout le monde peut voir qu'il n'aura plus de place pour garer les voitures, après les travaux." Il rigole amèrement. "Peut-être, ils n'auront plus besoin d'interdire le stationnement après le 31 octobre - parce qu'il n'y aura plus de places pour stationner."

Du côté de la rue de la République, on constate que même le bruit des travaux ne sera pas terminé de sitôt. "Savez-vous qu'il vient d'être voté que la ligne de bus n° 7 doit redescendre sur les rails du Tram en direction de la gare", peut on lire dans l'appel de ses habitants, "et que des travaux vont être repris ?"

Le parc dans la rue de la République, MontpellierRien n'est définitif, alors, et rien n'est terminé. En attendant, le bruit, la pollution et la peur des accidents continuent à hanter les habitants du quartier de la gare. "Et même nos chiens n'ont plus de place", ajoute une dame en indiquant la fermeture du petit parc de la rue de la République qui, officieusement, était devenu le "terrain des chiens". Le parc existe toujours, mais ses arbres se cachent derrière un mur. Et là où, auparavant, se trouvait l'entrée, on peut lire maintenant que "Nos équipes aménagent votre cadre de vie"...
Photos et texte : copyright Doris Kneller