samedi 20 avril 2013

Chaises en fer forgé - une invention destinée aux pauvres

L'artisanat du Maroc à Montpellier : les meubles en métal et verre

C'était au 14ème siècle que le style de l'artisanat au Maroc a subi des influences qui, jusqu'à nos jours, ont laissé leur empreinte sur les produits du pays. Les immigrations des peuples du Nord n'apportaient pas seulement des nouveaux styles de vie et de nouvelles sciences, mais aussi l'art de travailler le métal.
 
Bientôt, l'art du fer forgé a commencé à faire partie du - nouveau - patrimoine maroc. Des artistes et des artisans se sont spécialisé à la fabrication des grilles, des portails, des fenêtres et des portes en fer forgé. Ces produits qui, jusqu'à nos jours, se trouvent dans les hôtels particuliers au Maroc et, après la conquête culturelle de l'Espagne, aussi en Andalousie, étaient plutôt destinés aux riches. Les artistes vivaient des princes et des dignitaires qui régnaient sur l'économie du pays.
 
À cette époque, l'idée de créer des meubles - des armoires, des tables ou des chaises en métal - n'était pas encore très répandue. On se servait plutôt des meubles en bois qui, de nos jours, sont considérés comme classiques. Toutefois, le bois était une matière rare et, par conséquent, chère au Maroc. Ainsi, disposer des meubles était considéré comme un luxe dont les pauvres ne pouvaient que rêver.
 
L'artiste qui, le premier, a eu l'idée d'utiliser le fer forgé pour construire des chaises et des tables est toujours resté anonyme. Toujours est-il que, peu après que l'artisanat en fer forgé a surgi en Maroc, on découvre les premiers meubles en métal - destinés aux pauvres.
 
Comme si souvent dans les pays orientaux, la nécessité économique a vaincu la mode. Aujourd'hui, l'art de fabriquer des meubles en fer forgé - souvent avec du métal brossé - associé au verre n'a plus rien de "pauvre". Il s'est développé au cours des siècles et, petit à petit, a conquis la Méditerranée et le Sud de la France. Entre-temps, Montpellier fait partie des villes ou la fabrication des tables et chaises en fer forgé est devenue un art reconnu.
Photos et texte : copyright Doris Kneller

vendredi 19 avril 2013

Tables en verre craquelé et métal brossé - un concept social

Alain Hajji et Eileen Gray : les meubles en verre et métal... deux époques, un concept

Si les meubles en verre et métal qu'on trouve aujourd'hui à Montpellier sont considérés comme absolument modernes symbolisant la rupture avec le traditionnel, on trouve le même concept - ou, au moins, la base du même concept - déjà au début du 20ème siècle, où il faisait partie des styles que l'histoire de l'art appelle les "classiques du design moderne."
 
Comparons, par exemple, la fameuse "Table à Cocktail" dessinée par Eileen Gray dans les années 20, avec une des tables en verre et métal d'Alain Hajji à Montpellier. La table d'Eileen Gray est réalisée en acier inoxydable chromé et son plateau est en verre de cristal. La création nommé "Table haute Jupiter" d'Alain Hajji suit la même idée - une table ronde avec plateau en verre et pieds en métal. Mais la table du Montpelliérain présente des attributs qui, plus que celle d'Eileen Gray, s'adaptent à notre époque : des pieds en fer forgé et métal brossé, et le plateau en verre craquelé. Et, petit clin d'œil au confort des utilisateurs - des reposes pieds également en métal brossé.
 
De nos jours, nous pouvons considérer le Montpelliérain Alain Hajji comme représentant d'une époque moderne où beaucoup des gens ont envie de renoncer aux matières classiques et de découvrir d'autres styles - un phénomène qui, toutefois, était déjà actuel à l'époque d'Eileen Gray. Il est remarquable que, bien qu'elle ait travaillé en France pendant la plus grande partie de sa vie, cette pionnière des meubles en verre et en métal soit originaire de l'Irlande - d'un pays qui ne connaissait pas la tradition des chaises ou tables en métal. Alain Hajji, par contre, un homme de la Méditerranée, est né dans cette tradition qui, déjà au 14ème siècle, a conquis une partie de la population des pays du Sud - d'abord les pauvres qui ne pouvaient pas se payer le bois, plus tard les riches qui, comme aujourd'hui, avaient envie de styles "alternatifs".
 
C'est en effet dans la région méditerranéenne qu'Eileen Gray a eu l'idée de fabriquer des meubles en verre et métal. Jusqu'à 1924 où une commande la mène dans le Sud de la France, elle se servaient plutôt du bois et misait sur la technique du bois laqué, dans le style de l'Art Déco. Bien que même les copies de ses œuvres en verre et métal soient vendues aujourd'hui à des prix bien élevés, elle était fascinée de l'idée des meubles en métal pour les pauvres qui était en vogue 600 ans avant son époque. C'est dans le même esprit que, un peu plus tard, elle a créé le concept de l'architecture sociale.
Photos et texte : copyright Doris Kneller

jeudi 18 avril 2013

Chaises en fer forgé et métal brossé : art et artistes à Montpellier

Tables et chaises en fer forgé et métal brossé à Montpellier - une tradition méditerranéenne

Que Montpellier est une ville où l'art trouve un "chez lui", ceci est connu. Mais il est toujours étonnant de découvrir que les artistes et artisans avec des idées nouvelles ont des prédécesseurs qui ont déjà influencé l'histoire et l'histoire de l'art.
 
Ainsi, l'art bien établi à Montpellier de créer des meubles dans des matières alternatives au bois classique - par exemple des chaises en fer forgé et métal brossé - est déjà apparu au XIVème siècle. À cette époque-là, c'était le Maroc qui brillait dans la technique de travailler le fer.
 
Si, en général, on parle du fer, on pense en vérité au "fer forgé". Il s'agit d'une forme de fer très pure qui a l'avantage d'être facile à travailler et se lie à d'autres métaux. Ces vertus sont dues à un taux très faible de carbone. La malléabilité qui caractérise le fer forgé a pour avantage qu'on peut lui donner plus ou moins toutes les formes voulues - en fabriquer des grilles, des portes, des fenêtres, des tables ou des chaises en fer forgé. Elle présente, par contre, le désavantage d'être inapte à la fabrication des lames ou des épées.
 
La technique du métal brossé a été développée encore plus tôt. Là aussi, on se sert des métaux très purs qui ont l'avantage de pouvoir être travaillé facilement. L'idée du métal brossé cible évidemment un style plus décoratif que le métal non travaillé, mais il a aussi pour avantage d'être plus protégé contre les influences de l'environnement.
 
Toutefois, au XIVème siècle, il était encore rare qu'on fabrique des meubles en fer forgé ou, plus généralement, en métal brossé. Cette technique était plutôt réservée aux grilles, portes ou fenêtres. C'étaient les pauvres qui utilisaient des chaises en fer forgé - ceux qui ne pouvaient pas se payer le bois, matière assez chère dans le Maroc de l'époque.
 
Quatre siècles plus tard, par contre, l'idée d'appliquer les techniques du fer forgé ou du métal brossé sur des meubles avait gagné l'Europe - et elle n'avait plus rien de "pauvre". Elle fascinait un public qui pouvait bien se payer le bois mais qui, justement, voulait échapper à tout ce qui était renommé et classique. Vers la fin du XIXème siècle, un mouvement de créateurs s'était formé, menés par des architectes à la mode tels que Jean Dunand ou Eileen Gray, qui s'opposait au gâchis du bois pour la fabrication des meubles et s'engageait pour la fabrication des tables et chaises en fer.
 
Bien qu'au XIXème siècle et au début du XXème siècle, les meubles en fer forgé et métal brossé étaient populaires chez ceux qui avaient les moyens de se payer des meubles à la mode et, en même temps, de s'opposer à tout ce qui était toujours considéré comme classique, le "véritable" mouvement des tables ou chaises en fer forgé et métal brossé était toujours restreint à la Méditerranée - au climat, où des meubles plutôt "froids" sont agréables. Ainsi, les artistes montpelliérains de nos jours, bien qu'ils renouvellent des techniques plus ou moins oubliées depuis cent ans, s'inscrivent dans une tradition qui a marqué l'histoire de l'art et des mœurs.
Photos et texte : copyright Doris Kneller

mardi 16 avril 2013

Des tables en triangle, métal brossé et verre craquelé...

Création à Montpellier : Alain Hajji, l'homme qui réinvente les meubles en verre craquelé et métal brossé... et les tables en triangle

Ce qui est importante pour Alain Hajji et son fils Mehdi, c'est la création. Et la communication. Créer et communiquer, c'est la vie pour ce Monsieur qu'on rencontre aujourd'hui aux foires et à sa boutique à côté de la place de la Comédie à Montpellier, toujours prêt à discuter avec les Montpelliérains qui regardent ses meubles en métal brossé et verre craquelé, à écouter les critiques et les opinions - bien que, s'il avait envie, il puisse se "payer le luxe" de passer son temps à son bureau, tranquille...
 
Lorsqu'on écoute l'histoire de la "petite entreprise" d'Alain Hajji, on ne peut que croire de nouveau à l'ancien rêve du "tout est possible" - un rêve qui, à cause ou, plutôt, grâce à la crise, est réalisé aussi par d'autres Montpelliérains. Mais il est sûr que, pour ce "tout est possible", il faut l'énergie de cet homme qui est toujours prêt à bondir sur une nouvelle idée, toujours en mouvement, toujours actif. Son fils, Mehdi, donne à première vue l'impression d'être un peu plus "posé", mais dès qu'on le connaît un peu mieux, on voit en lui la même énergie que dans son père - une énergie de création.
 
Au début, comme si souvent, il n'y avait qu'une idée. Alain Hajji avait envie de donner "autre chose" aux gens qui en avait marre de leurs meubles classiques. Renonçant au bois, il s'est lancé dans un concept de meubles en métal et verre... et il inventait les chaises et les tables en verre craquelé et métal brossé. Mais il est allé encore plus loin : il a laissé tombé les formes classiques - et tout à coup, rien n'était plus comme avant. Une fois libérées des formes classiques, les tables en triangle, par exemple, n'avaient plus rien d'étonnant.
 
Toutefois, il est clair que les idées et l'esprit de création ne suffisent pas pour monter une entreprise. Alain Hajji n'est pas seulement un artiste qui fait l'ébauche d'une nouvelle table en quelques minutes et qui n'a même pas besoin de réfléchir pour lui trouver un nom approprié et originel, il a aussi l'esprit d'un homme d'affaires. Il sait, comment faire produire ses tables en métal brossé et verre craquelé pour un prix modeste - sans pour autant renoncer à la qualité - et il sait, comment attirer les yeux des clients. Il n'a pas peur des médias, ni des gens qu'il accueille toujours avec un de ses sourires transmettant l'idée directrice de son "tout est possible".
Photos et texte : copyright Doris Kneller