vendredi 16 décembre 2011

Montpellier créatif : vêtements, photos et la nature au bureau

Ouverture d'un atelier et point de vente pour des créateurs montpelliérains

Marielle Lopez, Aline BrunelIls sont cinq, et ils ont une chose en commun : l'amour de la création, de tout ce qui est "original" - et de l'écologie et du commerce équitable.

Tout a commencé lorsque Marielle Lopez a trouvé un local dans la rue de Pila Saint Gély au cœur de Montpellier. Elle avait envie de le louer, toutefois, elle hésitait. Ouvrir une boutique est un risque - et les Montpelliérains allaient-ils apprécier ce qu'elle avait à leur proposer ? - Mais surtout, elle ne voulait pas être seule. Elle voulait travailler avec d'autres gens qui partagent son enthousiasme et son envie de "faire" quelque chose, d'utiliser leur talents et d'entamer de nouvelles voies... bref, créer un atelier et un espace de vente pour d'autres créateurs et créatrices.

C'est ainsi qu'elle avait l'idée de "tester". En collaboration avec ses collègues créatrices et créateurs, elle a ouvert la boutique qui, peut-être, sera la sienne un jour - même un jour très proche - pour un week-end afin de montrer leurs créations et de faire la fête.

Véronique RibeuroOu, peut-être, tout a-t-il déjà commencé beaucoup plus tôt, le jour où, lors d'un voyage en Mexique, Marielle Lopez a eu un "coup de cœur", comme elle dit, pour les vêtements de Carla Fernández. La couturière "recycle" des rebozos, ces grandes écharpes des indigènes dans lesquelles, par exemple, elles portent des bébés, pour en faire des tuniques originales.

Mais ce n'était pas seulement ses vêtements qui plaisaient à Marielle Lopez, mais aussi sa manière de travailler. Carla Fernández avait vite compris, quel talent, quel savoir-faire et quelle potentielle de travail efficace elle trouvait chez les Indiens de Mexique. Toutefois, au lieu de les exploiter et les faire travailler pour "trois fois rien" comme beaucoup d'autres chefs d'entreprise, elle a décidé de les rémunérer correctement. Ainsi, peu importe la couleur de peau ou l'origine des employés, tout le monde reçoit un salaire juste.

"On peut dire que Carla Fernández a monté une sorte de 'commerce équitable'", raconte Marielle Lopez. Les femmes coupent les vêtements, elle font les broderies et, toujours suivant les idées de Carla Fernández, elles créent ce qu'on pourrait appeler une "nouvelle ligne".

Julien PignolVéronique Ribeiro et son entreprise "Dur à cuir" misent elles aussi sur le recyclage. La créatrice se sert des chutes de cuir, des chambres à air, elle coupe, nettoie, cire... et en fait des merveilles. Une chambre à air de vélo, par exemple, peut se transformer en une ceinture élégante et de bonne qualité. De petites trousses qui, pour une fois, se distinguent de celles qu'on trouve dans chaque boutique "classique", sont faites de pneu de camion. Lorsqu'elle travaille avec des chutes de cuir, elle "utilise tout au maximum", rien n'est jeté.

Tout comme Marielle Lopez, elle a trouvé son idée au cours d'un voyage. Pour elle, c'était l'Afrique : c'est là où elle a récupéré ses premières chutes de cuir et en a fabriqué des boucles d'oreille. Plus tard, revenue en France, elle a passé son CAP de maroquinerie pour ajouter le savoir-faire à son talent et sa richesse d'idées.

Aline Brunel utilise elle aussi toutes les matières qui se laissent transformer, parfois recycler et , surtout, mélanger. Pour elle, ce n'était pas un voyage qui lui a donné son idée, mais un job... dans une usine de chaussures. Ici, elle a vu combien de cuir ne sert à rien - on n'en utilise qu'une partie et le reste est jeté.

La future propriétaire de l'entreprise "Luma'aro" a donc commencé à récupérer les chutes de cuir et de les recycler. Mais, comme sa collègue créatrice Véronique Ribeuro, elle non plus n'a pas seulement misé sur le talent et les idées : déjà avant de travailler dans l'usine de chaussures, elle a acquis un savoir-faire de couturière à une école de couture.

Ce qu'elle aime le plus, pourtant, ce sont les couleurs. Et les mélanges : le "mariage" entre le cuir et les différents tissus, dans toutes les couleurs, agréable à porter et beau à voir.

Simon Julien n'est pas créateur de vêtements, mais créateur de "vues". Il est photographe, et sa spécialité est la vie. Ce jour dans la boutique de Marielle Lopez, il expose pour la première fois - des photos panoramiques qui représentent une sélection des meilleures photos, comme il explique, prises au cours des dernières années.

D'abord, Simon Julien a du mal a décrire son travail - ses photos s'expriment par elles-mêmes. Mais ensuite, il parle de sa recherche de l'immersion dans une scène, un endroit, un temps donné. Il fixe sur l'image des scènes, des gens, des choses qu'il ne connaît pas mais qu'il a envie de découvrir. Il travaille beaucoup sur la cuisine, la gastronomie et les scènes de restaurant. "Je veux que le spectateur entre dans l'image", explique-t-il.

Julien Pignol, paysagiste depuis quinze ans, est le cinquième des créateurs et créatrices réunis chez Marielle Lopez. Ce qu'il crée, c'est "l'ambiance verte". Il s'est spécialisé aux végétaux en entreprise - porter la nature dans les bureaux. Il a créé une sorte de "mur végétal mobile" qui peut être monté partout, dans un minimum de temps. "Il est autoportant, on n'a donc pas besoin de le fixer au mur." Il utilise surtout des plantes tropicales qui ne sont pas seulement belles, mais aussi dépolluantes et agissent comme un filtre contre la pollution de l'air.

La qualité de son travail et son impact sur l'environnement sont importants pour Julien Pignol. Car il n'est pas seulement paysagiste, il est aussi père de famille, et il n'a pas envie "de polluer la terre pour nos enfants"...
Photos et texte : copyright Doris Kneller


dimanche 4 décembre 2011

Jumelage Pérols : le Marché de l'Avent

Spécialités culinaires, Jumelage et marchés de Noël


Le Marché de l'Avent à PérolsÇa y est, la saison des marchés de Noël est revenue. Pas une ville dans l'Hérault qui ne consacre pas au moins une journée, voire un week-end, à un marché de Noël, pour ne pas parler de la grande fête des Hivernales à Montpellier.

Toutefois, l'enthousiasme des gens à Montpellier et ailleurs dans le département s'éteint un peu plus d'année en année. "Il n'y a plus rien à découvrir sur les marchés de Noël", critique une dame d'une quarantaine d'années. "On a l'impression de voir toujours les mêmes marchands, sur les marchés de Noël comme sur les marchés d'été." Et une autre dame ajoute : "On a l'impression que ce ne sont plus que des revendeurs. Qu'est devenu l'ancienne idée d'un vrai Marché de Noël, avec ses artisans et artistes et des produits qu'on ne trouvait nulle part ailleurs ?

Ce fut à peu près la même réflexion qui, il y a onze ans, a amené Ina Holzhauer, traductrice à Pérols, à créer un marché de Noël "différent". "J'avais envie de présenter de bons produits allemands aux Péroliens et à nos visiteurs de Montpellier."

Noël à PérolsÀ cette époque, Ina Holzhauer était secrétaire adjointe - plus tard, elle est devenue secrétaire - de l'association "Pérols Jumelages" qui gère et anime des relations amicales avec Flörsheim am Main, une petite ville en Allemagne, pas loin de Francfort. L'idée de renforcer encore cette amitié entre les deux communes et, pour aller plus loin, entre les Français et les Allemands en général, n'était donc pas absurde. "Pour s'entendre, il faut d'abord se connaître", réfléchit Ina Holzhauer. "Et une bonne partie de la connaissance et de la reconnaissance passe par la connaissance des produits d'un pays - et surtout par les bonnes spécialités culinaires..."

Pourquoi pas organiser alors un Marché de Noël un peu "différent" des autres ? - C'est-à-dire qu'en cette première année 2000, ce qui est devenu le Marché de Noël de Pérols ne consistait que dans un seul stand. "On n'avait pas les moyens de faire beaucoup de publicité", se souvient Ina Holzhauer. Ainsi, elle a dessiné une affiche que présentait un père Noël avec un point d'interrogation sur la tête. Ensuite, elle l'a photocopiée et collée dans les vitrines des commerces à Pérols...

... et c'était suffisant pour, spontanément, attirer une centaine de visiteurs enthousiastes de découvrir les produits allemands. "La demande était si grande qu'à midi, on n'avait pratiquement plus rien à vendre."

Pérols Jumelage et le Marché de l'AventL'idée d'un Marché de Noël un peu original était bonne, mais les circonstances l'étaient aussi : "Les Péroliens avaient envie de découvrir les produits de leur ville jumelle, et côté Flörsheim am Main, les gens sont très ouverts à tout genre d'idée nouvelle." Ils étaient immédiatement d'accord d'envoyer des représentants de leur ville avec leurs meilleurs produits - comme ce pâtissier de Flörsheim am Main qui a promptement réagi lorsque Ina Holzhauer lui a soumis son idée : "Je t'aide, bien sûr, je vais te faire de bons gâteaux..."

Entre-temps, le Marché de Noël de Pérols est devenu un "Marché de l'Avent", et il n'y est plus question de se restreindre à un seul stand. "Il y a un Marché de Noël à Flörsheim qui commence le week-end du premier avent", explique Ina Holzhauer. "Les gens de Flörsheim ne peuvent donc venir qu'avant cette date." De cette manière, le Marché de l'Avent à Pérols est devenu une sorte de "précurseur" - il couvre le dernier week-end de novembre ce qui fait de lui un des premiers marchés de Noël.

Déjà en 2001, deuxième année d'existence du marché qui, à l'époque, était encore un "Marché de Noël", trois associations péroliennes se sont jointes à "Pérols Jumelages" pour présenter des produits artisanaux et artistiques. La troisième année, le marché comptait déjà six stands, et lorsque la municipalité commençait sérieusement à s'intéresser à cette création d'Ina Holzhauer et de ses amis de "Pérols Jumelages", elle mettait à sa disposition la salle Yves Abric - la salle la plus grande de Pérols - et le nombre des stands a littéralement "explosé".

Cette année-ci, quelque trente stands ont rempli la salle. "Un peu moins que l'année dernière", constate Ina Holzhauer un peu déçue. Le "cœur" du Marché de l'Avent est toujours le stand de "Pérols Jumelages" et celui des amis de Flörsheim, Bruno Lehmann et Brigitte et Udo Pins qui ont pris l'habitude de revoir "leur Pérols" chaque fin de novembre.

Cependant, pas tout le monde est content. Ayant découvert cette source de produits allemands - la bière, la charcuterie, les sucreries de Noël,... - les amateurs viennent de loin, le samedi matin, et achètent tout ce qui leur plaît. Quelques-uns ont même pris l'habitude de passer des commandes d'une année à l'autre. "De cette manière, il ne reste plus rien pour ceux qui ne viennent que le dimanche", dit Ina Holzhauer, désolée de voir la déception des gens. Bruno Lehmann, de son côté, a promis de réfléchir à ce problème. "Je verrai ce que je peux faire", dit-il dans son français qui, à force de rejoindre Pérols régulièrement, s'améliore de plus en plus...
Photos et texte : copyright Doris Kneller

dimanche 20 novembre 2011

ZAT à Montpellier : inauguration de l'hôtel de ville

Le Monstre du Loch Lez, l'hôtel de ville à Montpellier et la Zone Artistique Temporaire aux bords du Lez

Hôtel de Ville à MontpellierC'est fois-ci, les Montpelliérains et leurs amis avaient droit à assister à une ZAT - Zone Artistique Temporaire - encore plus spéciale que ses deux prédécesseurs : elle ne consistait pas seulement dans de diverses performances artistiques comme toujours très originales, mais aussi dans l'inauguration du nouveau hôtel de ville. Et le comble : le jour de l'apparition du Monstre du Loch Lez, prédit par Nostradamus, l'illustre étudiant à la faculté de Montpellier, était venu.

Selon la prédiction, le Monstre du Loch Lez - dont personne ne sait si ses intentions envers les Montpelliérains sont pacifiques ou méchantes - aurait dû faire son apparition au moment qui réunissait onze fois le chiffre 1 : le 11 novembre 2011, à 11 heures, 11 minutes et 1 seconde.

Les Montpelliérains étaient au rendez-vous, le spectacle aussi. Le Monstre, par contre, hésite toujours... "Serait-il trop timide pour confronter la prédiction et les habitants de Montpellier ?", commente une dame interrogée par l'équipe de Montpellier Presse Online. "J'ai assisté à la plupart des spectacles", ajoute-t-elle avec humour, "Il y en avait qui étaient monstrueux. Mais je ne sais pas s'ils ont plu au Monstre de Loch Lez."


Zone Artistique Temporaire : Zat à MontpellierCe qui, par contre, a plu aux Montpelliérains était la cellule d'enquête instaurée par la mairie de Montpellier et l'intervention de divers spécialistes de monstruosité. Ainsi, Olaf Nitche, monstrologue de Düsseldorf en Allemagne, perché sur une île de livres, a expliqué au public ce qui distingue les monstres des êtres "normaux". Les différences, selon lui, ne sont pas énormes - il y a juste la question de la taille. Il faudrait s'imaginer l'effet d'une mouche haute de trente mètres... et déjà, on saurait ce qu'on ressent face à un monstre. Bref, un monstre est un être d'un aspect dont nous n'avons pas l'habitude...

Il y avait même un témoin qui a vu le monstre - ou presque. En effet, ce n'était pas Mehdi Demmoua, un étudiant de Saint-Clément-de-Rivière, qui a rencontré le Monstre du Loch Lez, mais son père. Saïd Demmoua, le père de Mehdi, a disparu en 1991 pour réapparaître 111 jours plus tard - et il a vu le Monstre. Personne ne l'a cru, sauf son fils... qui a saisi l'occasion de la ZAT pour raconter l'histoire de son père et, surtout, solliciter le Monstre de se montrer pour que les gens croient enfin le récit de celui qui a vu le Monstre de Montpellier.

L'équipe de Montpellier Presse Online a souhaité savoir ce qui était le plus important pour les Montpelliérains : cette troisième édition de la Zone Artistique Temporaire, l'apparition - ou non-apparition - du Monstre du Loch Lez ou l'inauguration de la nouvelle mairie.

"J'adore les ZATs", confie une dame d'une cinquantaine d'années à Montpellier Presse Online. "J'ai profité de toutes les ZATs, jusqu'à maintenant, j'y suis allé tous les jours. Et j'ai l'intention d'aller voir aussi les ZATs des dix ans prochains."

Une dame d'une trentaine d'années préfère le Monstre de Loch Lez. "Le monstre, bien sûr", assure-t-elle, "c'est lui qui m'intéresse. Il faut connaître les habitants de notre ville, même du souterrain, même s'ils ne se montrent pas tous les jours."

Un Monsieur un peu plus âgé qu'elle n'aime pas ce genre d'humour. "Tout ce spectacle pour attirer le regard des Montpelliérains sur la nouvelle mairie. Elle a déjà coûté une fortune au contribuable, est-ce vraiment nécessaire de faire toute cette mise en scène pour l'inauguration ?"

Montpellier : le monstre de loch lezUne étudiante récemment arrivée de la région parisienne est impressionnée. "J'imagine que, pour les Montpelliérains, c'est l'inauguration de l'hôtel de ville qui est le plus important. Je ne suis pas experte dans la matière, mais je crois qu'il est unique dans son genre, écologique est tout."

"Elle vous plaît ?" - L'étudiante sourit. "Franchement, non."

Que le goût est une chose qui se discute est aussi l'avis d'un Monsieur d'une soixantaine d'années. "Je sais qu'à Montpellier, on n'a pas le droit de le dire. Mais personnellement, la nouvelle mairie ne me plaît pas. On se sent perdu dans la halle d'entrée, elle semble froide. On se sent mal accueilli. Elle a l'air sombre, presque sinistre."

Une dame d'une trentaine d'années ne mâche pas ses mots : "Que les Montpelliérains ont-ils fait pour mériter une mairie aussi moche ?" et un jeune homme, plus prudent dans le choix de ses mots, déclare : "Le concept du bâtiment est très méritoire et servira d'exemple pour d'autres villes. Montpellier sera encore cité comme ville écologique. Mais l'aspect ne satisfera pas tout le monde."

Toutefois, il y a certains points où toutes les personnes interrogées était d'accord : "À Montpellier, il se passe toujours quelque chose. On ne s'y ennuie jamais." Et : "On ne peut pas dire qu'on vit dans une ville inconnue. Tout le monde a déjà entendu parlé de Montpellier. C'est sans doute une ville de superlatives." Et finalement : "La troisième ZAT était fabuleuse. Si, maintenant, la nouvelle mairie est aussi fabuleuse, on verra..."
Photos et texte : copyright Doris Kneller

lundi 7 novembre 2011

Montpellier et le bruit : travaux, bars nocturnes, voisins et télés...

Le bruit en ville - Montpellier, les jours et les nuits où le bruit ne s'arrête jamais

Montpellier, place de la ComédieUn mardi à Montpellier, trois heures le matin, quartier entre la gare SNCF, l'ancienne gare routière et la Comédie. Un groupe de jeunes traîne dans les rues. Quelques filles éclatent de rire - d'un rire fort et sonore - et des garçons poussent des hurlements de loups, d'autres aboient ou crient, tout simplement, comme si la vie leur faisait mal. À première vue, ils ont l'air ivres, mais quand on les observent de près, on remarque qu'ils n'ont rien bu ou très peu.

Un Monsieur d'une cinquantaine d'années passe, d'abord à un pas assez rapide - comme quelqu'un qui rentre tard à la maison et est pressé de gagner son lit -, puis il s'arrête et confronte les jeunes. "J'habite là-bas", explique-t-il d'une voix douce, sans colère, "et très souvent des gens comme vous me réveillent au milieu de la nuit. Pourquoi vous faites ça ? Vous ne pouvez pas respecter le sommeil des gens ? Il y en a qui travaille demain, ils ont besoin de dormir."

Le son calme de sa voix a d'abord étonné les jeunes et ils se sont arrêtés pour l'écouter. Mais à la fin de son petit discours, plusieurs filles et garçons éclatent de nouveau de rire. Un garçons recommence à crier, sans paroles, juste pour faire sonner sa voix - c'est évidemment le mot "travailler demain" qui a déclenché sa réaction.

Un autre, par contre, a visiblement envie de communiquer. "Ouais", dit-il d'un ton dédaigneux, "qu'ils dorment, les braves gens. Qu'ils aillent travailler tant qu'il y a encore du travail. Et qu'ils soient heureux. Pour nous, il n'y a plus de travail et plus de demain. Grâce à tous ces braves gens qui dorment sur leurs deux oreilles. Merci, les vieux, d'avoir préparé le monde des jeunes."

Son camarade a un discours moins engagé : "Qu'ils aillent se faire foutre, tes 'braves gens'." Et un autre commence à crier : "Réveillez-vous, on fait la fête..."

Les bus au centre-ville de Montpellier"Ses jeunes", termine le Monsieur le récit qu'il adressé à l'équipe de "Montpellier Presse Online", "ne sont pas méchants. Ils ne veulent pas nuire aux gens, mais ils sont énormément frustrés. Ils ne savent pas quoi faire de leur vie, et ils n'ont aucun espoir. Ils ont l'impression que personne ne les respecte - et ils ont appris à respecter personne, de leur côté."

Il est vrai qu'à Montpellier, on parle beaucoup du bruit des travaux et du trafic - qui, selon les statistiques, générerait 80 pour cent du bruit dérangeant la vie quotidienne. Mais les Montpelliérains du centre ville ont d'autres soucis sonores. "À Montpellier", rapporte une dame dans la quarantaine, "vous n'êtes jamais tranquille. Jusqu'à une heure, vous avez le bruit des bars. Quand ils ferment, ça ne veut pas dire que les gens rentrent - ils continuent leur nuit dans les rues. Et vous avez intérêt à rien leur dire, sinon, ils gueulent encore plus fort. Au petit matin, c'est les poubelles qui prennent le relais et, peu après, les livreurs. Finalement, les magasins ouvrent, les travaux reprennent, et tout commence de nouveau."

"La faute est à qui ?" s'interroge un Monsieur d'une soixantaine d'années. "À personne", répond-il lui-même à sa question. "La municipalité a tout essayé pour que les nuits en ville deviennent un peu plus calme. Ils ont restreint les heures d'ouverture et les surfaces des terrasses des bars et cafés. Ils ont interdit que les clients des bars fassent du bruit à l'extérieur. Mais tout cela ne sert à rien."

Les trams à Montpellier"Nous ne pouvons pas être derrière chaque client", confirme le patron d'un bar dans lÉcusson. "Ce n'est pas nous qui avons fait les lois contre les fumeurs. Les gens veulent fumer, alors ils sortent. En général, ils sortent à plusieurs et continuent leur conversation dehors. C'est normal qu'ils ne pensent pas toujours à baisser la voix, n'est-ce pas ? Quand ils quittent le bar", ajoute-t-il, "ils font ce qu'ils veulent, de toute manière. S'ils ne rentrent pas tout de suite, ce n'est pas sous notre responsabilité."

Quoi faire ? "Apprendre aux jeunes ce que veut dire 'respect'", propose une dame d'une cinquantaine d'années. - Juste aux jeunes ? - "Je n'ai pas besoin de me faire du souci pour le bruit de la ville", soupire une étudiante qui habite dans le quartier de Gambetta. "J'ai à la maison tout ce qu'il me faut... La famille en dessous de moi hurle tous les matins - les enfants, la mère, tout le monde - et pendant la journée et le soir c'est la musique ou la télé. Le soir, j'ai la télé en stéréo, du couple au-dessus de moi et d'en dessous. J'ai déjà essayé de leur demander de baisser le son. Ceux d'en haut s'excusent et m'assurent qu'ils feront attention. Mais ils ne changent rien. Et ceux d'en bas m'insultent dès que je leur dis quelque chose. Pour pouvoir étudier tranquillement, il faut que j'aille à la bibliothèque. Et le soir, si je ne veux pas être arrosée par les télés, je dois sortir. Pas question de travailler le soir, je dois attendre jusqu'à ce que tout le monde soit couché."

Le mot "respect" tombe aussi relativement aux travaux. "Quelque part là-haut", le Monsieur d'une trentaine d'années fait un geste vers le ciel, "ils ont juré de nous rendre sourds. D'abord, il est question des travaux du tram. Ensuite, ils ouvrent des rues, l'une après l'autre, sans le moindre rapport avec les trams. Ils travaillent la nuit, comme ils proclament, pour moins nous déranger. Et quand on n'entend pas les machines, on entend les ouvriers qui s'appellent, d'un bout de la rue à l'autre..."

"Avec tout le bruit dans Montpellier, qui pense encore aux voitures ? Comparées aux trams, aux trains, aux travaux, aux bars et aux jeunes dans les rues, on ne les entend presque plus", commente le Monsieur dans la cinquantaine qui a relaté l'histoire du groupe nocturne des jeunes au centre ville. Et il ajoute d'une voix sarcastique : "Allez, je vous laisse, parlons moins pour faire moins de bruit..."
Photos et texte : copyright Doris Kneller


mercredi 26 octobre 2011

Montpellier : grande journée d'action

Les Montpelliérains contre les gaz de schiste, le nucléaire, l'austérité... et le massacre des Algériens en 1961 à Paris

Grande journée mondiale d'action"Si vous voulez connaître la différence entre la France et les autres pays... les gens se laissent faire, partout", explique un jeune homme qui, avec beaucoup d'autres, est sorti sur la Comédie le 15 octobre. "On s'incline devant l'autorité, on fait se qu'elle attend de nous. Mais à un certain degré, on en a assez. Et là, au contraire d'autres peuples en Europe, on va dans la rue. On se laisse plus faire."

Le samedi 15 octobre, beaucoup de Montpelliérains ont montré que, pour eux, le moment du "plus se laisser faire" est venu. Sous l'intitulé de "grande journée nationale d'action", tous les groupes qui avaient quelque chose à dire sont sortis dans les rues de Montpellier. La devise commune à tous était la révolte paisible. "On n'améliore pas une société par la violence", a commenté une dame d'une trentaine d'années qui se considère comme "indignée". Mais aussi l'information...

Informer, c'est effectivement un des objectifs principaux de ceux qui se battent contre l'exploitation des gaz de schiste en Languedoc-Roussillon par les compagnies pétrolières. Il est vrai, font-ils savoir, que trois permis ont été annulés après l'interdiction récente de la fracturation hydraulique, mais il y en a toujours 61 qui restent en vigueur. "Ce n'est pas le moment de crier victoire", déclare un des militantes contre les gaz de schiste, "et bientôt, il sera trop tard pour lutter contre la menace qui plane au-dessus de l'eau de la région."

Toutefois, protester contre l'exploitation des gaz de schiste ne veut pas dire qu'on oublie les menaces du nucléaire - les groupes anti-nucléaire faisaient aussi partie de la grande journée d'action. "Il y a quelques semaines", rappelle une jeune dame, "un four dans une centrale nucléaire pas plus de 300 kilomètres de Montpellier a explosé. Et déjà, personne n'en parle plus. Je comprends la presse - elle est obligée d'écrire ce que veut la politique et l'économie. Mais les gens... n'ont-ils pas peur pour leur vie ? Ne comprennent-ils pas ou ne veulent-ils pas comprendre le danger ? Faut-il qu'on attende cinq ou dix ans et voir, à quel point le cancer dans la région aura augmenté, pour que les gens se réveillent ?

"Non au nucléaire", "non aux gaz de schiste", mais aussi "non à l'austérité". "Le gouvernement parle du principe de supprimer les dépenses superflues", remarque un des révoltés. "Ça serait une bonne idée - si le gouvernement donnait à "superflu" le même sens que le peuple. Plus d'austérité, pour l'état, ça veut dire réduire les services publics, augmenter le nombre d'élèves dans les classes, baisser les ressources dans les hôpitaux, augmenter les taxes des gens qui déjà maintenant ne gagnent pas assez." - "Une amie à moi", ajoute une jeune dame, "est un cas qui ne devrait pas exister. Elle travaille, 35 heures par semaine, c'est-à-dire plein temps. Mais elle gagne si peu qu'elle dépend de la CAF pour compléter son mois. Et c'est absolument légal. Imaginez, quelqu'un qui a un travail en plein temps ne peut pas vivre de son salaire..."

Jeunesse communisteL'austérité était aussi le sujet d'un sketch présenté dans les rues de Montpellier par un groupe de la jeunesse communiste. Avec beaucoup d'humour - et de cynisme - les jeunes hommes et femmes faisaient l'éloge de l'ingéniosité de "certains" de s'enrichir et des banques dont les dettes sont transférées au peuple : "Ils font tout pour sauver les banques", commente un des acteurs, "et ils savent, comment faire."

Les indignés de Montpellier ont bien montré que leur mouvement existe toujours et qu'il grandit. L'après-midi, ils ont proposé un "atelier d'indignation créative" sur la place de la Comédie, où tout le monde avait l'occasion d'exprimer son indignation dans une forme artistique - ensemble, on a réalisé des dessins, des peintures, des poèmes et des textes en prose. Plus tard, un assemble général a eu lieu. "Les gens ont besoin d'exprimer leur indignation", dit un des indignés. "Mais c'est pas tout. Ce n'est que le début. Petit à petit, on va comprendre qu'une société meilleure est possible. On la construira tous ensemble, nous, les gens, qui vivent à l'intérieur de cette société."

Les indignés de MontpellierContre les gaz de schiste, anti-nucléaire, austérité et appauvrissement,... tous les sujets de la "grande journée nationale d'action" aboutissaient dans un seul qui dominait toutes les pensées : le racisme en général et, notamment, le "racisme d'état". "Paris, le 17 octobre 1961 - il y en a peut-être qui l'ont oublié", admet un homme dans la quarantaine, "ou c'est ce que les médias souhaitent de nous faire croire. Mais non. Ceux qui croient à la justice et l'égalité n'ont pas oublié." Le 17 octobre 1961, c'est le jour où la France a été secouée. Que 30.000 Algériens manifestent calmement à Paris contre les couvre-feux auxquels la loi les avait condamnés n'a étonné personne. Que 12.000 manifestants ont été arrêtés est grave. Que, après la manifestation, on a parlé de trois morts est encore plus grave. Mais que, comme il s'est avéré plus tard, des centaines d'Algériens ont été tués dans les rues de Paris, ceci est l'horreur pure.

"La 'loi', à cette époque-là, c'était Maurice Papon", explique un homme d'une cinquantaine d'années. "En 1997, on l'a condamné pour ses crimes de guerre. Mais en 1961, il était encore préfet de police. En 1942, il a fait partie de ceux qui tuaient les juifs au Vélodrome d'Hiver, en 1961, on lui a toujours laissé la possibilité de tuer."
Photos et texte : copyright Doris Kneller


lundi 17 octobre 2011

Chantiers à Montpellier : trams et dédoublement de l'autoroute A9

Micro-trottoir sur les nouvelles lignes de tram à Montpellier et le dédoublement de l'autoroute A9

Les trams à MontpellierÀ Montpellier, beaucoup des choses vont changer. Surtout au niveau de la circulation...

Bien que, en ce moment, les Montpelliérains souffrent encore des travaux pour les lignes 3 et 4 du tram, on leur promet un avenir beaucoup plus rose en ce qui concerne la circulation dans la ville. Déjà, au printemps 2012, ils seront enfin "dédommagés" des problèmes de trafic qu'ils ont dû subir pendant plusieurs années  les lignes 3 et 4, les deux en même temps, seront inaugurées. Ensuite, le trafic à l'intérieur de la ville sera soulagé par le dédoublement de l'autoroute A9 autour de Montpellier. Bref : fini les embouteillages...

...espèrent ceux qui peuvent encore y croire. Une dame d'une trentaine d'années qui, le lundi matin, traverse la place de la Comédie n'en fait pas partie. "Je ne crois plus aux promesses", déclare-t-elle à l'équipe de Montpellier Presse Online. "Monsieur Frêche voulait construire un tram après l'autre, dans un rythme de quatre ans. Je ne veux pas dire que la construction de la ligne 3 n'aurait pas mis le bordel dans les rues, mais ç'aurait été moins grave que les deux lignes en même temps. Mais Monsieur Frêche n'est plus là, donc on n'écoute plus ce qu'il a dit." Et elle ajoute : "Maintenant, ils disent que tout rentrerait dans l'ordre au printemps 2012. J'y crois pas. Ils vont avoir d'autres idées pour nous rendre la vie dure."

La dame est bien informée - mieux, de toute manière, qu'une autre Montpelliéraine un peu plus âgée que la première qui, par contre, n'a pas perdu confiance. "Je ne sais pas quand tous ces travaux seront terminés", dit-elle, "mais je pense pas que ça dure encore longtemps. Après, on aura un joli tram de plus, et tout le monde sera content. Il ne faut pas râler tout le temps."

Bus, trams et chantiers à MontpellierLes Montpelliérains sont-ils râleurs ? "Je trouve qu'ils ont le droit de râler", décide un Monsieur d'une soixantaine d'années qui, comme il explique, visite souvent Montpellier "en touriste" pour voir ses petits-enfants. "Je connais Montpellier depuis plus de vingt ans, et j'ai toujours aimé la ville. Mais ce qu'ils en ont fait maintenant est exaspérant. Je ne retrouve plus la ville calme que j'ai aimée. Partout des chantiers, partout de vacarme. Autant vivre à Paris."

Une dame d'à peu près le même âge se fâche surtout sur la situation à laquelle les piétons sont livrés. "On dirait qu'on n'a plus le droit d'aller à pied à Montpellier. Les soi-disant zones piétonnes sont pleines de voiture et de vélos. Il y a plusieurs grandes rues qu'on n'arrive plus à traverser sans se mettre en danger, parce qu'ils ont enlevé les feux. On est livré à la gentillesse des conducteurs. Et des conducteurs des bus - même là où il y a encore des feux. L'autre jour, à la rue de la République, j'étais obligée d'attendre trois phases de rouge avant que je puisse traverser. Parce que chaque fois, un bus s'est arrêté juste devant moi, et je n'avais pas la place de passer entre les travaux et le bus. Il fallait que j'attende le feu vert pour les bus - et les voitures passent et le feu rouge arrive de nouveau, et déjà, il y a un autre bus devant moi. J'ai fait signe aux conducteurs des bus de me laisser passer - mais non, ils n'ont pas besoin d'aider les piétons."

Une autre dame qui a expérimenté des problèmes comparables constate : "Quand on ne circule ni en voiture ni en tram ou bus, on a l'impression de ne pas exister dans la tête de ceux qui planifient le nouveau Montpellier. Ont-ils oublié que les piétons existent ?"

L'information du dédoublement de l'autoroute A9 n'a pas encore atteint beaucoup de monde. "Non, je ne savais pas", reconnaît un Monsieur d'une quarantaine d'années. "Autrement dit, les bouchons éternels de Montpellier vont aussi affecter l'autoroute." Et il ajoute : "Les politiciens ne peuvent-ils pas nous laisser vivre tranquillement ? Ce sont eux qui gagnent l'argent et nous qui souffrent de leurs mauvaises idées."

Un autre Monsieur, à peu près du même âge, n'est pas informé non plus. Il réfléchit avant de répondre, puis : "Quand l'autoroute sera dédoublée, le trafic roulera probablement mieux. Ça sera donc une bonne idée. Mais d'ici là il y aura des travaux. Et je vous dis, on en a assez des travaux à Montpellier. Personnellement, je préférerais qu'on laisse l'autoroute telle quelle et qu'on finisse avec tous ces travaux."

Une dame dans la cinquantaine est mieux informée. "Oui, je sais", réagit-elle, "et je trouve ça bien. Montpellier est une ville moderne qui a besoin d'un réseau de routes modernes. Dans quelques ans, on sera fiers de tout ce qu'on aura fait pour nous."
Photos et texte : copyright Doris Kneller


dimanche 9 octobre 2011

Hélène Mandroux et les nouveaux Montpelliérains

Conseil municipal, tram, la Paillade et George Frêche : la ville accueille 3000 nouveaux habitants

Hélène Mandroux, maire de MontpellierDe nouveau, la mairie de Montpellier a pu accueillir environ 3000 "nouveaux Montpelliérains" : des gens arrivés à Montpellier au cours des derniers douze mois, avec de nouvelles idées et de nouveaux espoirs. La réception, présidée par le maire de Montpellier Hélène Mandroux, avait pour objectif de donner aux "nouveaux" l'impression d'être les bienvenus. Mais ils ont aussi pris connaissance des réalisations urbaines de la ville et, bien sûr, de son esprit de biodiversité.

Hélène Mandroux insistait à présenter elle-même la plupart des conseillers municipaux - tant que, quelques exceptions à part, ils ne faisaient pas partie de l'opposition -, de mentionner l'origine de ceux qui ne sont pas nés en France et de parler de leurs commissions et délégations.

Le conseil municipal de MontpellierAu cours de son discours, le maire de Montpellier a également évoqué la question souvent posée, pour quelle raison elle change assez souvent les responsables des commissions. Pour se faire comprendre, elle a comparé le travail des conseillers municipaux à sa propre carrière de médecin : anesthésiste-réanimateur à la clinique du Parc à Castelnau-le-Lez, elle était souvent appelée aux urgences - ce qui, comme elle a expliqué aux nouveaux Montpelliérains, était de plus en plus difficile à gérer vu qu'elle avait "quatre hommes à la maison". Elle a donc changé de carrière et est devenue médecin généraliste à la Paillade de Montpellier.

Cette expérience l'a fait comprendre que les généralistes sont souvent plus proches de la réalité que les spécialistes. C'est pourquoi elle préfère avoir une équipe composée de "généralistes", de personnes qui ne sont pas spécialisées dans une seule matière mais qui connaissent toutes les activités gérées par un conseil municipal - être responsable du sport n'empêche personne d'être plus tard à la culture...

En mentionnant la Paillade, Hélène Mandroux s'est référée à François Delmas qui, dans les années 60, a créé le quartier pour faire face à l'arrivée massive des "pieds noirs" et à George Frêche qui, jugeant le nom de la Paillade trop chargé de mauvaise réputation, l'a rebaptisée le quartier de la Mosson.

Ce n'était évidemment pas la seule occasion où le maire de Montpellier a parlé de George Frêche, son prédécesseur avec les propos beaucoup discutés, qui a été adoré ou détesté, mais qui, de toute manière, a incendié les esprits à Montpellier, à la région et largement en-dehors de ses frontières. Pendant la présentation des conseillers municipaux, Hélène Mandroux se souvenait souvent de l'époque à laquelle elle faisait équipe avec George Frêche.

Un autre sujet "très important" pour le maire de Montpellier a été le tram. Elle a avoué d'avoir mal à supporter les travaux sur la ligne 3, mais comme les Montpelliérains profiteraient finalement des aménagements, elle garderait la patience - et elle remerciait tous les Montpelliérains qui, comme elle, souffriraient sans perdre l'espoir...

Montpellier et les nouveaux MontpelliérainsLe buffet servi avec une heure de retard a été pris en assaut par les nouveaux Montpelliérains entre-temps affamés. "Maintenant, j'ai vécu le pire de Montpellier", rigole une étudiante arrivée il y a deux semaines, "se bagarrer au buffet pour avoir quelque chose à manger, pire n'est plus possible..."

Toutefois, elle est contente d'être venue à Montpellier. Ses cours lui plaisent, et : "Au début, j'ai eu peur de me sentir seule. Je ne connaissais personne ici, et j'avais peur que ma famille me manque." Heureusement, la peur était vaine. "J'ai me suis déjà fait plein d'amis."

Un couple âgé évoque surtout la qualité des soins médicaux à Montpellier. "On habitait pas loin de Montpellier. Mais c'était la campagne. Et quand vous tombez malade à la campagne, c'est l'horreur. À Montpellier, on a tout ce qu'il nous faut - les médecins, les infirmières, les pharmacies, les cliniques..."

Deux dames de quelques 70 ans étaient du même avis. "Je suis toute seule dans la vie", raconte l'une, "j'ai besoin de la proximité des médecins." Et son amie ajoute : "En plus, je connais déjà un peu Montpellier, car j'ai de la famille ici."

Un Monsieur d'à peu près le même âge n'a pas de famille à Montpellier, mais il y a passé des vacances dont il aime se souvenir. "Quand ma femme est morte", raconte-t-il, "j'avais besoin de changer." Et il conclut : "J'ai choisi Montpellier, parce que je l'aimais bien, et ma femme aussi."

Une dame d'une trentaine d'années qui, après quelques expériences professionnelles, a décidé de reprendre des études est venue à Montpellier parce que c'était ici que son dossier a été accepté. "Je suis arrivé en août", confie-t-elle à l'équipe de Montpellier Presse Online, "et je ne sais encore rien de Montpellier. Je crois qu'il est assez difficile de trouver des amis ici. Mais je continue à chercher."

Un étudiant fraîchement arrivé du Cameroun est amoureux des espaces verts à Montpellier et des efforts que la ville consacre à la biodiversité. "Chez nous, c'est le contraire. On détruit tous les espaces verts dans les villes pour faire place aux immeubles." Il restera deux ans en France pour finir ses études, mais ensuite, "je retournerai immédiatement au Cameroun. J'ai hâte d'y retourner. Pas que je n'aime pas être ici, j'aime beaucoup la vie montpelliéraine. Mais je veux que mes compatriotes puissent profiter de ce que j'aurai appris. Je m'investirai dans la création d'espaces verts dans nos villes."

En attendant, sa famille lui manque. "J'aimerais bien rentrer pour les vacances de Noël, mais je n'ai pas les moyens. Je dois attendre l'été prochain." Toutefois, il se console : "Ce qui est bien : j'aurai l'occasion de vivre un vrai Noël européen. Je pense que ça sera merveilleux."
Photos et texte : copyright Doris Kneller


samedi 1 octobre 2011

Hélène Mandroux et les Barracudas de Montpellier

Les dernières nouvelles de Montpellier

Hélène Mandroux, maire de Montpellier, a de quoi être fière : les Barracudas se sont qualifiés pour la coupe d'Europe 2012 en baseball et, en même temps, ils entrent dans la finale du championnat de France.

Jean-Michel Mayeur, manager des Barracudas, sourit quand il dit que c'est le chiffre 11 qui leur porte chance - on est en 2011, et le club s'est qualifié pour son 11ème finale. On dirait qu'à Montpellier, le 11 ne joue pas seulement un rôle dans la vie du Monstre du Loch Lez...

Le suspens ne sera pas long : les deux premiers matchs de cette finale seront déjà disputés ce week-end et, en plus, ici, à Montpellier, au baseball park du domaine de Veyrassi. Ce samedi, Montpelier recevra les Huskies de Rouen. Hélène Mandroux a déclaré qu'elle assistera elle-même à un de ces matchs pour soutenir les Barracudas, et elle invite les Montpelliérains à l'imiter - l'entrée au domaine sera libre. Jean-Michel Mayeur ne peut évidemment pas promettre la victoire, mais il promet à sa ville une grande fête.
Photos et texte : copyright Doris Kneller


jeudi 29 septembre 2011

Montpellier, le ZAT et le Monstre du Loch Lez

Zone Artistique Temporaire et inauguration du nouvel Hôtel de Ville : le Monstre du Loch Lez hante les Montpelliérains

Zone Artistique Temporaire à MontpellierNostradamus, étudiant à la faculté de médecine de Montpellier, l'avait prévu - le 11 novembre 2011 à 11 heures 11 et 1 seconde, le Monstre du Loch Lez se réveillerait de son sommeil qui aurait duré plusieurs siècles. Toutefois, on ne sait pas si le monstre souffre d'insomnie ou s'il a juste eu un cauchemar : mais il semble qu'on l'aurait déjà aperçu en septembre... enfin, peut-être pas lui-même, mais ses traces sur les bords du Lez, près du nouvel Hôtel de Ville.

La mairie de Montpellier, toujours occupée et préoccupée du bien des Montpelliérains, a vite réagi. La nouvelle sur l'apparition d'un monstre marin - ou plutôt fluvial - en plein Montpellier avait à peine percée, elle a déjà créé une cellule de crise - avec un monstrologue, un mythologue et un psychanalyste urbain - et, qui plus est, organisé une conférence de presse qui, évidemment a eu lieu à 11 heures 11.

En ce moment, la situation est peut-être sérieuse, mais loin d'être désespérée. Bien que personne ne connaisse les vraies intentions de ce monstre des profondeurs du Lez, il y a forte chance qu'il soit paisible et ne se nourrisse pas des Montpelliérains. Toutefois, retournera-t-il à son lit ? Ou cherchera-t-il la compagnie des étudiants de Montpellier ? Ferait-il la fête sur la place Jean Jaurès ou participera-t-il aux cours ? Assistera-t-il aux conseils municipaux ou en demandera-t-il la présidence ? Suspens...

Pour le moment, une cellule d'enquête a été mise en place par la mairie qui renforce la cellule de crise. Et les Montpelliérains ne seront pas seuls avec leurs angoisses - cette semaine-ci, certainement à 11 heures 11, deux représentants de l'ANPU, de l'Agence Nationale de Psychanalyse Urbaine, arriveront dans la ville depuis peu tenue en haleine par le monstre.

Le Monstre du Loch Lez à MontpellierMais cela n'est pas tout. À cette époque, où seule la solidarité entre les Montpelliérains peut donner de l'espoir, la mairie de Montpellier demande de l'aide à tous les habitants de la ville - appel auquel se joint, cela va de soi, l'équipe de Montpellier Presse Online : si vous apercevez la moindre trace, si vous avez des connaissances en matière du comportement des monstres fluviaux comme celui du Loch Lez, faites le savoir. Prenez des photos, réalisez des vidéos, dessinez, composez des haïkus, des bandes dessinées, des mangas ou, tout simplement, témoignez...

Pour servir au mieux sa ville, l'équipe de Montpellier Presse Online a entamé une première enquête auprès des gens qui s'aventurent entre le Polygone et la place Jean Jaurès. Toutefois, pas tous les Montpelliérains ne sont au courant de la situation. À la question si elle avait vu des traces du monstre de Montpellier, une dame dans la trentaine a répondu : "Oui, bien sûr, pas plus tard qu'hier soir. Je suis mariée avec lui."

D'autres personnes, refusant la menace de l'inconnu, ont rigolé. Ils sont allés jusqu'à ne pas croire aux traces aperçues et confirmées, tout de même, par les autorités municipales. D'autres, par contre, sont informés et prennent au sérieux l'appel au secours de la mairie de Montpellier. "Personne ne connaît les profondeurs de la vie", constate un Monsieur dans la cinquantaine, "et encore moins celles du Lez." Une dame d'une quarantaine d'années, mise au courant de la situation par Montpellier Presse Online, a promis d'être vigilante. "Le petit copain de ma fille a une caméra vidéo. Je lui dirai de la tenir prête pour filmer les traces du monstre." Une bande d'étudiants, par contre, est sans pitié. "Nous nous ferons un devoir de chasser le Monstre du Loch Lez et de l'éliminer. Nous sauverons notre ville."

Le ZAT à MontpellierCe qui, probablement, plaît moins au Monsieur dans la trentaine, un biologiste d'Oxford en Angleterre qui restera à Montpellier pendant une année pour étudier la faune de la Méditerranée. "Aucun scientifique", répond-il spontanément à la question de l'équipe de Montpellier Presse Online, "ne peut se vanter de connaître toutes les espèces. Chaque année, des espèces disparaissent de la terre, mais d'autres sont découverts. Pour la science et notre respect de l'humanité, de la nature et de Dieu, nous devons donner une chance à tout être vivant."

Les Montpelliérains, cela va de soi, seront tenus au courant de l'enquête des cellules mises en place par la mairie de Montpellier et des résultats apportés par les habitants de la ville. La mairie promet de les publier le vendredi 11 novembre, lors de la nouvelle édition de la ZAT - Zone Artistique Temporaire - dans le quartier Port Marianne, au moment de l'inauguration du nouveau Hôtel de Ville.
Photos et texte : copyright Doris Kneller


jeudi 22 septembre 2011

Jumelage entre Montpellier et Heidelberg : les fêtes du 50e anniversaire

Les dernières nouvelles de Montpellier

Il y a 50 ans exactement que la ville de Montpellier et celle de Heidelberg ont signé le premier acte de jumelage jamais conclu entre la France et l'Allemagne. Déjà à l'époque, Montpellier, aujourd'hui ville de réputation internationale, était un pionnier de la paix et de l'amitié entre les peuples.

À Montpellier, la Maison de Heidelberg - haut lieu montpelliérain de la culture allemande - fête l'événement avec sa 9e semaine allemande qui commence aujourd'hui avec le vernissage d'une exposition des affiches de Klaus Staeck, l'artiste d'art politique le plus discuté dans l'Allemagne des années 70. Les habitants de Heidelberg, par contre, ne célèbrent pas seulement le 50e anniversaire de jumelage avec Montpellier, mais aussi le 25e anniversaire de la Maison de Montpellier, le pendant de la Maison de Heidelberg en Allemagne.

Invitée d'honneur de la fête en Allemagne sera le maire de Montpellier, Hélène Mandroux. Cet après-midi, elle assistera à l'inauguration des célébrations mise en musique par la Fanfare montpelliéraine "La nouvelle Collection". Demain, la fête continuera avec une déambulation dans les rues de Heidelberg, toujours accompagnée par la Fanfare de Montpellier.

Mais en Allemagne, pas seulement les adultes feront la fête, mais aussi les enfants. Plus spécialement 40 enfants nés en 2001, au moment du 40e anniversaire du jumelage. Ces enfants célébreront leurs dix ans en présence de Hélène Mandroux et auront des cadeaux qui viennent de Montpellier.
Photos et texte : copyright Doris Kneller


dimanche 18 septembre 2011

Montpellier : la rentrée des indignés

Le retour des indignés sur la Comédie à Montpellier - ateliers de dessin et de musique

Les indignés de MontpellierIl y en a qui étaient soulagés lorsque, fin juillet, le cercle des indignés qui, tous les soirs, se rassemblaient sur la Comédie est devenu de plus en plus petit - jusqu'à, finalement, il n'y avait plus personne. Fin de la "révolte", déclaraient certains. Mais les indignés ne perdaient pas courage : "Attendez la rentrée. Nous serons là, avec de nouvelles idées, plus forts et plus unis que jamais."

Forts et unis - un pléonasme dans la philosophie des indignés. Car être unis signifie être forts. L'équipe de Montpellier Presse Online voulait savoir, avec et contre qui les indignés veulent être unis. "Contre personne", réponds un jeune homme, "et avec tout le monde. Avec tout ceux qui ont envie de trouver un autre mode de vie. Un mode de vie plus humain."

Le but de ce mouvement qui, en printemps, a commencé en Espagne pour, ensuite, s'étendre sur pratiquement tous les pays européens n'est pas la révolution. Au moins pas la révolution dans le sens "classique". "On veut du travail et on veut vivre dans le respect des autres. Ça ne vaut pas la peine de vivre dans une société où quelques-uns ont tout le pouvoir et l'utilisent pour rendre difficile la vie des autres", explique une jeune dame. Et une autre ajoute : "On ne demande pas de richesses. Au contraire. On demande qu'on nous accepte pour ce que nous sommes. Pas pour notre 'grand nom' ou nos héritages. On peut être 'quelqu'un' sans être fille ou fils de riche..."

Septembre est arrivé, est avec lui, les indignés sont de retour sur la Comédie de Montpellier - comme promis avec de nouvelles idées et plus décidés que jamais de vivre une vie dominée par la justice et l'égalité. Le "mot clé" de la rentrée est le partage. "L'idée est simple", explique une des indignées. "Je sais faire des choses et les autres savent faire d'autres. Chacun a des connaissances et des talents. Moi je montre aux autres ce que je sais faire, et les autres m'apprennent ce qu'ils ont appris."

Atelier de musique des indignés de MontpellierEt, définitivement, les indignés de Montpellier "savent faire des choses". Presque tout le monde parle plusieurs langues, il y a des musiciens, des dessinateurs, des artisans... "Nous organisons des ateliers en pleine rue, accessibles à tout le monde. Sur l'Esplanade, sur la Comédie..." L'atelier de dessin, par exemple, est déjà un premier succès. "On s'est installés sur la Comédie et a invité les passants à venir dessiner avec nous. Beaucoup de gens se sont arrêtés. Ils ont aimé dessiner avec nous. Ça leur a donné le sentiment de faire quelque chose 'ensemble'. Il y a trop de gens, ici à Montpellier, qui se sentent seuls."

Pendant les réunions, chacun peut exprimer son "indignation". On n'hésite pas de montrer si on approuve ou désapprouve - mais tout le monde a le droit de parole. Et la solitude est une des indignations qui ont été nommées plusieurs fois. "La nouvelle société que nous aimerions construire doit baser sur le partage. De cette manière, personne n'a plus besoin d'être seul."

Montpellier : les indignés et leur atelier de dessinCe partage, toutefois, n'est pas bien vu par tout le monde. "Plusieurs fois, pendant un de nos ateliers, la police est venue pour nous demander ce qu'on fait. Ils étaient persuadés qu'on serait là pour vendre quelque chose", raconte un des indignés. "Ils peuvent pas comprendre", ajoute-t-il, "qu'on peut partager sans penser à l'argent."

Le terme "argent" n'est pas tabou pendant les réunions des indignés. "On a besoin de l'argent comme tout le monde. On doit payer le loyer, acheter à manger... " Ce qui ne veut pas dire qu'ils iraient jusqu'à approuver le fameux pacte euro+ - au contraire : "Il s'agit d'un nouveau 'pacte de l'euro'", explique un des indignés, "qui est censé sauver les banques, c'est-à-dire éviter les conséquences de la crise sur la finance. Ce pacte implique la zone euro, mais aussi les pays européens qui n'ont pas adopté l'euro." - "Ce pacte a pour but" - un autre indigné prend le relais - "de faire payer la dette des banques par le peuple, les salariés. Le mécanisme : on transforme les dettes des banques, des dettes privées, alors, en dettes publiques." - "La crise a été déclenchée par les banques et la finance", commente une jeune dame. "Qu'elles en portent les conséquences. Ce n'est pas notre crise mais la leur."

Pour exprimer leur opinion, les indignés de Montpellier ont entamé une première action symbolique : le "lessivage" d'une banque. Initialement, l'idée était d'entrer dans une banque, entre midi et 14 heures - pour que les indignés qui travaillent puissent participer -, équipé de seaux et de serpillières, pour lessiver le sol... "et pour parler avec des gens, bien sûr. Lessiver les banques, ça veut dire enlever la crasse... morale." Mais finalement, on a décidé de se contenter de lessiver le trottoir devant les banques. "On veut pas les faire croire qu'on aurait des intentions criminelles. On ne veut pas faire peur - on veut juste réveiller les gens."

Bien que ces actions ne plaisent pas à tout le monde, personne ne peut les empêcher. "Pendant qu'on était devant la banque, des employés de la banque et la police sont venus nous demander ce qu'on faisait. Mais après avoir reçu nos explications, ils nous ont laissés faire..."

Ce qui n'était pas le cas le jeudi soir, lors d'un atelier de musique - un atelier de partage - sur la Comédie. Tout avait bien commencé : vers 19 heures, un guitariste et un percussionniste avec un "tam-tam" ont invité les passants de jouer avec eux. Et une demi-heure plus tard, un groupe presque international s'était rassemblé autour des indignés : une jeune musicienne des États-Unis montrait son talent de percussionniste, un professeur français se mettait à re-accorder la guitare, des jeunes Espagnoles, un peu timide, se mettaient à chanter...

...jusqu'à ce que, un peu après 21 heures, l'atelier a trouvé une fin abrupte. Une voiture de la police municipale s'est précipitée sur la Comédie pour s'arrêter à côté du groupe des indignés - après avoir failli renverser une femme qui se trouvait dans leur chemin et n'a été sauvée que par la réaction d'un homme à côté d'elle. C'était, comme expliquaient les policiers, le bruit qui dérangeait. "Le bruit ?", a demandé une dame dans l'auditoire autour des indignés. "Il y a toujours du bruit sur la Comédie. Des groupes de musiques, des jeunes qui crient, là-bas, un homme avec une radio très forte..."

"Voilà, plus de partage de musique", commente un des indignés un peu amer, devant les restes silencieux d'un atelier de musique sur une Comédie bruyante. Et on se retire - sans musique - sur l'Esplanade.
Photos et texte : copyright Doris Kneller


samedi 17 septembre 2011

Le Monstre du Loch Lez tracé à Montpellier

Les dernières nouvelles de Montpellier

Jusqu'à maintenant, le "Monstre du Loch Lez" n'était qu'une blague des pécheurs - comme, par exemple, celle de ce patron d'un salon de coiffure à Castelnau-le-Lez qui, en 2009, a pêché un silure long de 1,80 mètres qui pesait 35 kg. À l'époque, la presse locale se faisait un plaisir de nommer sa prise le "Monstre du Loch Lez".

Soudain, toutefois, ce "personnage" obscur de légende sympa se fait remarquer d'une manière plus sérieuse - pour la première fois, il apparaît dans un communiqué de presse de la mairie de Montpellier. C'est qu'on aurait trouvé les traces d'un "animal aquatique inconnu", et : "Il pourrait s'agir du Monstre du Loch Lez." Pour le moment, on s'est contenté de créer une cellule de crise. Quand le monstre se présentera-t-il aux Montpelliérains ? À suivre...
Photos et texte : copyright Doris Kneller


lundi 12 septembre 2011

Accident après les Estivales de Montpellier

Le drame des Estivales 2011 : le vin est-il nécessaire pour faire la fête ?

Accident après les Estivales à MontpellierVendredi soir à Montpellier, la dernière édition des Estivales de la saison a attiré moins de monde que les soirées en août - sans doute, les touristes sont partis. Les Montpelliérains sont entre eux, on profite du dernier week-end avant la reprise définitive et, bien sûr, du beau temps.

L'humeur est à la fête. On déguste les spécialités de la région et, surtout, les vins, on écoute la musique, on danse et on bavarde. Or, parfois, une note sérieuse se glisse dans les conversations. C'est comme s'il y avait une ombre qui couvre une partie de la gaieté des Montpelliérains... On parle de l'accident mortel du 12 août, après une nuit des Estivales sur l'Esplanade à Montpellier.

Les faits sont tristes, mais clairs. Une étudiante de 21 ans a dépassé toutes les limites de la "dégustation" - elle a pris le volant avec 2,4 g d'alcool par litre de sang, foncé dans les rues de Montpellier peuplées de piétons qui, eux aussi, rentraient après la fête, grillé un feu rouge et, finalement, blessé deux hommes et tué un autre. Lui aussi était étudiant. Il avait 26 ans et lui aussi avait fait la fête.

Faire la fête à MontpellierUn accident tragique qui, malheureusement, n'a rien de "spécial" - il n'y a pas un week-end où des conducteurs ivrognes ne mettent pas en danger la vie des autres. Toutefois, les Montpelliérains se sentent concernés. "C'est à notre fête, à nos Estivales", dit une jeune femme, "que la fille a tant bu. Nous sommes pas responsables de son comportement, bien sûr", ajoute-t-elle, "mais, quand même, on se sent un peu...", elle hésite, "oui, responsable."

Un homme qui boit d'une bouteille d'eau - au contraire de ces copains qui ont tous un verre de dégustation de vin dans la main - est du même avis : "Là où on boit, il y a toujours des gens irresponsables. C'est comme ça. Il faut prévoir, on ne peut pas les laisser faire."

"Il faut prévoir", c'est aussi l'avis d'autres Montpelliérains interrogés par l'équipe de Montpellier Presse Online. Mais comment ? Faudrait-il renoncer à la dégustation ? Ou arrêter les Estivales ? "Non", dit catégoriquement une dame dans la trentaine. "On ne peut pas punir tous les Montpelliérains parce qu'il y en a qui déconnent." - "Et n'oublions pas l'aspect économique", remarque une autre. "Les Estivales sont devenues essentielles pour la survie des vignerons de la région."

Sans doute, les Estivales sont là pour faire la fête. Et pour consommer. Mais consommer plus faire la fête, cela donne des gens qui boivent. Et qui, plus tard, doivent retourner chez eux. Certes, il y a des trams qui roulent jusqu'à tard dans la nuit, jusqu'à une heure où les Estivales ont fermé leurs portes depuis longtemps. Ceux, par contre, qui dépendent des bus ont déjà plus de problèmes : "Montpellier n'a toujours que deux lignes de bus nocturnes", remarque une jeune femme. "Pourquoi ils ne mettent pas quelques bus à la disposition des Estivales ?"

Fête internationale à MontpellierMais les bus ne sont pas les seuls qui manquent. "La jeune fille venait de Nîmes", remarque un homme dans la quarantaine. "J'ai des amis à Nîmes qui viennent de temps en temps à Montpellier. Ils sont toujours obligés de prendre la voiture, parce que le dernier train part vers 21 heures. Les Estivales attirent du monde de partout - soit qu'on les limite aux gens qui habitent Montpellier, soit qu'on donne aux autres un moyen de rentrer sans utiliser la voiture. Faut se décider..."

Un homme un peu plus âgé ne voit pas le problème. "Si on est en voiture, on ne boit pas, un point c'est tout", déclare-t-il. Mais venir aux Estivales sans "déguster" ? "Ce n'est pas évident", approuve-t-il. "Mais je ne vois pas de solution."

La municipalité de Montpellier ne voit pas de solution non plus. Après l'accident, elle a réfléchi à finir la saison des Estivales, mais, finalement, elle a voté contre cette idée. La seule réponse qu'elle a su trouver, c'est l'interdiction de vendre des bouteilles de vin après 22.30 heures. Ceux qui veulent boire doivent alors s'approvisionner au début de la soirée. Elle a aussi eu l'idée d'offrir des chèques parking à ceux qui laissent leurs voitures au centre et rentrent... autrement. - "Justement", répond un Monsieur dans la trentaine lorsque l'équipe de Montpellier Presse Online lui demande son avis. "Comment peuvent-ils faire pour rentrer 'autrement' ?"

Certes, il y a des solutions, mais elles sont difficiles à mettre en place. Une dame a l'idée qu'on devrait créer une association qui, après les Estivales, raccompagne les fêtards. "En voiture privée, à un prix raisonnable." - "Non, ce n'est pas possible", intervient un Monsieur assis à la même table. "Cette association ferait concurrence aux entreprises des taxis, et c'est interdit." - "Mais les taxis", intervient la dame de nouveau, "sont beaucoup trop chers pour les gens."

Un Monsieur dans la cinquantaine propose que tout le monde devrait laisser ses clés de voiture à un stand spécialement dédié à cette tâche. "Tu imagines un peu la queue à la fin des Estivales ?" réagit une dame. Et : "Ceux qui veulent boire et conduire ne se sépareraient jamais de leurs clés."

"Il n'y a qu'une seule solution", décide un Monsieur dans la trentaine. "Ceux qui ont besoin de conduire, ne peuvent pas boire." - Une dame d'à peu près le même âge sourit : "Il y a beaucoup de gens ici en voiture... les parkings du centre sont pleins. Si tous ces gens ne buvait pas - est-ce que ça plairait aux vignerons ?"

Un vigneron donne la réponse. "Il va de soi que nous sommes ici pour vendre du vin. Mais l'argent n'est pas tout. Pourquoi les gens ne se groupent pas dans une seule voiture au lieu d'arriver chacun de son côté ?" Il soupire. "Oui, je sais de quel accident vous parlez. C'est affreux. D'ici l'année prochaine, la mairie doit sérieusement réfléchir. Et les gens aussi."
Photos et texte : copyright Doris Kneller


samedi 10 septembre 2011

Près de Montpellier : Foire aux associations à Clapiers

Sport et culture - les activités associatives à Clapiers

La Capoeira à ClapiersSans doute, ça bouge à Clapiers - un fait qui est garanti par les nombreuses associations locales qui se sont présentées lors de l'édition 2011 de la foire aux associations. Pour les visiteurs du village, déjà la découverte du site de la foire était enchantant : la manifestation s'est déroulée dans le parc municipal, dans l'ombre de chênes centenaires. Pour ceux qui ne venaient pas la première fois, la foire permettait, certes, de s'informer sur les activités culturelles et sportives de la ville, mais aussi de passer un dimanche après-midi agréable, de retrouver des amis et de discuter les exploits de l'été.

Autrement dit, à Clapiers, la nouvelle saison a commencé. Pour les Clapiérois ou les Montpelliérains qui connaissent bien la petite ville située à quelque quinze minutes au nord de Montpellier, le nombre et la diversité des associations qui proposaient leurs activités n'ont peut-être pas été étonnants. "Je viens souvent à Clapiers", explique une dame qui, il y a des années, a habité dans cette ville, avant de déménager à Montpellier. "J'aime cette petite commune. Il y a toujours quelque chose qui se passe. Si j'avais pas eu besoin d'être à Montpellier pour mon travail, j'aurais pas bougé d'ici."

Clapiers, foire aux associationsL'équipe de Montpellier Presse Online voulait savoir qui venait à la foire des associations de Clapiers, et avec quelles attentes. La plupart des gens interrogés étaient évidemment des Clapiérois qui étaient venus pour fêter le début d'une nouvelle saison d'activités locales. Mais il y avait aussi des habitants des villes et villages autour de Clapiers : "Je viens ici", explique par exemple une dame de Castelnau-le-Lez, "parce que l'ambiance est plus sympa ici. Et il y a des associations que j'aime bien." Sa découverte préférée : une association de Jazz. "Je ne suis pas tout à fait d'accord avec le goût du président. Son amour exclusif pour les classiques ne me convient pas. J'aimerais qu'il soit un peu plus ouvert au jazz plus moderne." Mais cela ne l'empêche pas d'être contente que l'association existe. "Ça fait plaisir de discuter Jazz avec quelqu'un qui s'y connaît."

Un jeune couple hollandais était venu pour découvrir le monde d'une petite ville. "Pour le moment, on est en vacances", a confié l'homme à Montpellier Presse Online. "Mais on veut s'installer dans la région. Pas à Montpellier, plutôt dans une petite ville. Une ville où se passent des choses, où les gens communiquent."

La communication ne pose pas de problème à Clapiers. Il suffit d'avoir "une envie quelconque", comme l'exprime une Clapiéroise d'une cinquantaine d'années, "et vous trouvez pleins de gens qui partagent cette envie avec vous." Par exemple l'envie d'échanger des astuces avec des photographes. Ou de jardiner. Ou de faire des sports aussi divers que le foot, le Karaté, le Zen Shiatsuou, le Ki Do ou le Capoeira. On peut même danser le "Country", avec chapeau et costume de cowboy ou cowgirl. "Chez nous, on s'amuse", explique une dame en veste et chapeau de cowgirl, encore un peu hors haleine après une démonstration de danse. Et elle le dit d'une manière qu'on comprend qu'il vaut mieux s'abstenir, si on n'a pas vraiment envie de s'amuser...

Association musicale à ClapiersCeux qui veulent consacrer leur temps à d'autres peuvent s'engager pour l'Atelier Petites Mains au Crès, un atelier de loisirs créatifs pour les enfants, ou devenir un des bénévoles de Clapiers qui aident les jeunes à trouver le goût de la lecture. On peut apprendre l'occitan ou participer à un concours de cuisine, et les hommes ont même le droit de chanter dans un choral occitan. "Pour le moment, il n'y a que les hommes qui chantent chez nous", constate un membre de l'association Cocut avec un sourire un rien moqueur, "mais si les femmes veulent absolument chanter elles aussi, on va réfléchir..."

Ceux qui s'intéressent à la musique plus sérieuse ont certainement récupéré le programme 2011-2012 de l'école de musique de Clapiers. Utile aussi pour la détente : le stage de la gestion du stress et des émotions de "Ter' Happy"... "Mon offre préférée ? répète une dame dans la trentaine la question de l'équipe de Montpellier Presse Online. "Je ne peux pas vous dire. Ou, plutôt, je ne peux pas toutes les nommer, il y en a trop. Y a tant de choses intéressantes."

Une autre dame, un peu plus âgée que la précédente, raconte qu'elle habite Montpellier, mais qu'elle participe souvent à des manifestations culturelles à Clapiers. "C'est ma copine d'ici qui m'a fait découvert cet endroit. Il y a des manifestations à Montpellier, bien sûr, mais il y a une différence. Comment vous expliquer ? À Montpellier, vous y allez, et si vous ne connaissez personne, vous restez seule dans votre coin. Ici, tout le monde parle avec tout le monde. Tout est plus 'personnel'." - "Peut-être c'est pareil dans toutes les petites communes", ajoute son amie. - Un Monsieur qui a entendu la conversation n'est pas d'accord. "Je ne crois pas", dit-il, "mais chez nous, c'est comme ça."
Photos et texte : copyright Doris Kneller


dimanche 4 septembre 2011

Trams et bus : Montpellier se révolte

Rue Durand, rue Levat, rue Pagezy et rue de la République : la révolte du quartier de la gare

Rue Pagezy à MontpellierDébut septembre, 9.30 heures, au centre de Montpellier. Trois piétons s'arrêtent au coin de la rue Pagezy et de la rue de la République. Ils se regardent, ils hochent la tête. Normalement, ils ne se seraient même pas remarqués, mais la situation les unit. "C'est toujours pareil", dit l'un et "On en a assez", remarque l'autre.

Ce qui les dérange, c'est les trois bus qui, venant de la rue Pagezy, tournent dans la rue de la République, les roues sur la voie, les "queues" des bus au-dessus du trottoir, de la manière que les trois piétons sont obligés de se plaquer contre le mur pour ne pas se faire écraser. "Si on est piéton à Montpellier", conclut un des trois lorsqu'ils peuvent enfin bouger, "on ne compte pas."

Toutefois, la colère ne monte pas seulement chez les piétons, mais chez la plupart des habitants du quartier de la gare. Ils se sentent abandonnés avec leurs problèmes, leur cadre de vie devient de plus en plus désagréable. "On se moque de nous", disent les uns, ou : "Les habitants de Montpellier n'ont rien à dire. C'est la mairie qui décide, pas pour les Montpelliérains, mais contre eux."

Ce qui exaspère les habitants du centre de Montpellier, ce n'est pas forcément les travaux pour la ligne 3 du tram - mais les résultats. Ils ont accepté que, pendant quelques années, ils seraient gênés par le bruit et les problèmes de circulation. "On nous a prévenus des perturbations passagères", se rappelle un des révoltés de la rue Durand. "Mais personne ne nous a dit que ces perturbations seront permanentes."

Rue de la République à MontpellierEntre-temps, la révolte des habitants de la rue Durand s'est étendue aux deux rues parallèles, la rue Levat et la rue de la République. Sur les portes et vitrines de la rue de la République, un tract appelle au rassemblement. "... groupons-nous", peut-on y lire, "constituons un comité de quartier et opposons-nous pour que la rue de la République ne devienne pas la Rue de tous les bus que personne ne veut."

En effet, avec les travaux sur la ligne 3 du tram, les bus autour de la gare sont devenus un véritable tracas. D'abord, les décideurs de la TaM les ont fait passer par la rue Durand : avec le résultat qu'aucun enfant ne pouvait plus s'y aventurer, que les commerçants commençaient sérieusement à souffrir du manque de clientèle - personne n'avait plus envie d'y passer -, on avait peur des accidents, le bruit était insupportable, et l'air était pollué au point d'être irrespirable. Les habitants se sont donc révoltés... avec un certain succès.

Ce succès, pourtant, a amené les bus à la rue parallèle, la rue Levat - qui, immédiatement, s'est révoltée elle aussi. Pour que les bus ne soient pas envoyé d'une petite rue à l'autre, l'association de la rue Durand a fait des propositions : lier les bus avec d'autres stations de tram - "la gare aura ses trois lignes de tram, c'est suffisant" - et les faire passer par les grands axes autour du quartier de la gare.

Les autorités, toutefois, font la sourde oreille. "Ils n'ont pas envie de nous respecter", se plaint une dame qui vit dans la rue Levat, "et de respecter le caractère des vieilles petites rues. Ils auraient facilement pu mettre les bus ailleurs. Mais au lieu de ça, ils font souffrir les habitants de toutes les trois rues. Il n'y a plus de qualité de vie.

Il est vrai qu'en résultat de la révolte, il y a moins de bus qui fréquentent la rue Durand - la rue Levat et la rue de la République se partagent les autres. "Mais la révolte nous a coûté cher", constate un habitant de la rue Durand. "On a un peu moins de bus, mais ceux qui restent font assez de bruit et polluent l'air dans nos appartements. Et notre 'punition' : ils nous ont volé tous les parkings."

Quelle ville ne rêverait pas d'un centre sans voitures ? Toutefois, Montpellier n'y est pas encore. Pour le moment, c'est juste les habitants du quartier de la gare qui ne savent plus où garer les leurs. Ainsi, la rue Durand a reçu un joli trottoir très large - "pour faire taire les voix qui disent que les piétons ne peuvent plus y passer" - et un couloir étroit pour les bus et les voitures. Voilà tout. Si un habitant de la rue a besoin de s'arrêter près de sa maison pour, par exemple, décharger ses bagages des vacances, il provoque immédiatement un embouteillage et la colère des conducteurs des bus. "La rue Durand est condamnée à mourir", explique une habitante, "car personne ne peut plus emménager. Les camions de déménagement n'ont plus de place." - Le déménagement, pourtant, n'est plus possible non plus.

La situation de la rue Pagezy n'est pas différente : un trottoir assez large, un petit couloir de bus - et plus aucun parking. La rue de la République est partagée entre le tram, un petit couloir de bus - et, pareil, plus aucun parking. "Ils veulent qu'on prenne des abonnements dans les parkings officiels, mais pour la plupart des gens, ils sont trop chers." Pire : "Pour avoir un abonnement dans le parking Laissac, vous devez attendre qu'une place se libère. On vous met sur une liste d'attente, voilà tout."

Aujourd'hui, quand on passe par la rue Durand, on ne voit qu'un grand chantier. On y tombe sur un arrêt de la ville de Montpellier, signé par Madame le Maire Hélène Mandroux, qui interdit toute circulation et, bien sur, aussi le stationnement dans la rue entre le 30 juin et le 30 septembre. La société Eurovia, chargée des travaux, toutefois, n'est pas d'accord avec l'arrêt de la mairie. Sur leur communication, on peut lire que l'interdiction de circulation concerne la période entre le 8 août et le 31 octobre.

"Vous voyez", est le commentaire d'un habitant, "ils se moquent de nous. Ils ne font même pas l'effort de se mettre d'accord. Mais, de toute manière, peu importe si les travaux se terminent le 30 septembre ou le 31 octobre, ça ne vaut pas la peine de nous raconter que le stationnement est interdit d'ici là : tout le monde peut voir qu'il n'aura plus de place pour garer les voitures, après les travaux." Il rigole amèrement. "Peut-être, ils n'auront plus besoin d'interdire le stationnement après le 31 octobre - parce qu'il n'y aura plus de places pour stationner."

Du côté de la rue de la République, on constate que même le bruit des travaux ne sera pas terminé de sitôt. "Savez-vous qu'il vient d'être voté que la ligne de bus n° 7 doit redescendre sur les rails du Tram en direction de la gare", peut on lire dans l'appel de ses habitants, "et que des travaux vont être repris ?"

Le parc dans la rue de la République, MontpellierRien n'est définitif, alors, et rien n'est terminé. En attendant, le bruit, la pollution et la peur des accidents continuent à hanter les habitants du quartier de la gare. "Et même nos chiens n'ont plus de place", ajoute une dame en indiquant la fermeture du petit parc de la rue de la République qui, officieusement, était devenu le "terrain des chiens". Le parc existe toujours, mais ses arbres se cachent derrière un mur. Et là où, auparavant, se trouvait l'entrée, on peut lire maintenant que "Nos équipes aménagent votre cadre de vie"...
Photos et texte : copyright Doris Kneller


dimanche 7 août 2011

Groupe Nicollin à Montpellier : des Montpelliéraines se plaignent

Micro-trottoir sur la réputation des services publics à Montpellier


Groupe Nicollin à MontpellierJuillet 2009, mardi, vers 11 heures, dans un quartier calme de Montpellier. Le soleil brille, il fait chaud - une journée de rêve pour ceux qui vont à la mer. Mais pas tout le monde a des vacances. L'équipe d'un camion de nettoyage, de toute manière, ne fait pas partie des vacanciers...

Une jeune femme qui, juste en ce moment, s'approche du camion n'est pas en vacances non plus. Elle hésite quand elle voit le tuyau qui, dans la main d'un des ouvriers, crache une fontaine d'eau. Mais l'homme la rassure avec un sourire et un geste de sa main libre, la femme a confiance, elle avance... pour, quelques secondes plus tard, être trempée.

"Ma coiffure était ruinée", se rappelle la jeune femme, "et ma robe collait à mon corps." Et les hommes ? "Ils étaient morts de rire. L'un a sifflé - probablement parce que ma robe était pratiquement transparente, mouillée comme elle était - et l'autre a crié : 'Dites merci pour la douche', ou quelque chose dans ce style." Une raison pour se fâcher ? Il faisait chaud... "J''étais en chemin pour un rendez-vous d'embauche. Merci les hommes... Je ne pouvais que retourner chez moi."

Poubelles à MontpellierRidiculisée par, comme elle dit, "des sexistes", en colère à cause d'une occasion de poste perdue, la dame a rédigé une plainte et l'a envoyée à la mairie. "J'étais nouvelle à Montpellier, je ne savais pas à qui m'adresser. Mais je me suis dit que la mairie la ferait passer."

Résultat ? Jusqu'à ce jour, c'est-à-dire plus de deux ans plus tard, pas de réponse.

Changement de scène : Rond-point des Près d'Arènes, avant le début des travaux de la ligne 3 du tram. Il est environ 10 heures, au milieu de la semaine, les rues sont assez calmes. Une dame d'une quarantaine d'années quitte la zone commerciale avec sa voiture et s'apprête à s'engager dans le rond-point. Tout à coup, un camion du Groupe Nicollin la double sur la voie gauche et lui prend la vue sur le trafic du rond-point. "Je me suis dit que c'est pas grave. Je n'aurais qu'à attendre qu'il parte et la voie sera libre pour moi."

Malheureusement, il ne part pas. Au lieu de cela, son conducteur lui fait des gestes qu'elle interprète comme obscènes. "J'ai fait semblant de ne pas voir les gestes, et j'ai avancé un peu pour voir, si je pouvais prendre le rond-point." Mais le camion avance lui aussi et, de nouveau, la vue sur le rond-point était barrée. Ce manœuvre s'est répété encore deux fois jusqu'à ce que, finalement : "Je lui ai fait signe de partir, de me laisser tranquille. Mais il a rigolé. J'ai paniqué et, sans voir s'il y avait une voiture ou non, j'ai accéléré."

"J'ai eu de la chance de ne pas provoquer un accident", continue-t-elle son récit. "Mais j'étais furieuse." Elle aussi a rédigé une plainte qu'elle a envoyée à la mairie. Sans réponse.

Interrogées par l'équipe de Montpellier Presse Online sur la question qui est responsable du nettoyage des rues dans notre ville, 12 personnes sur 16 ont répondu : "La mairie." Une dame, toutefois, connaît les camions du Groupe Nicollin. "L'autre jour, j'étais dans un bouchon - comme toujours - dans la rue du Grand Saint-Jean. Et au moment où ça bouge enfin, qui me prend la priorité ? Une benne à ordures."

Service public à MontpellierDes cas isolés ? Bien sûr. "Je suis sûre que la plupart des équipes de nettoyage sont des hommes polis et gentils", admet la dame à la robe mouillée. "Et si je n'avais pas eu ce rendez-vous, j'aurais oublié l'histoire depuis longtemps. Mais ce qui me fâche encore aujourd'hui, c'est que ma plainte a été ignorée. Pourquoi, dans un tel cas, ils ne font pas de recherches internes pour éliminer des éléments comme ça ? Je suis certainement pas la seule qu'ils ont importunée. Mais avoir aucune réponse, ça fait mal. C'est comme si la mairie était d'accord avec eux. Ou, au moins, qu'elle ne s'intéresserait pas aux problèmes des gens qui vivent ici."

La dame à qui une benne d'ordures a pris la priorité parle de respect : "Je ne sais pas si c'est dû à l'énervement - tout le monde est énervé, en ce moment, avec les bouchons éternels et le soleil qui tape sur les toits des voitures pendant qu'on est bloqués - mais, de toute manière, les gens manquent de plus en plus de respect." - Sur le site Internet du Groupe Nicollin, on parle également de respect. Sur la page sur la "culture de l'entreprise", on peut lire qu'une de ses "valeurs fortes" serait la "responsabilisation des dirigeants et des employés, fondement du respect, de la confiance et de l’esprit d’équipe".

"Ce que je pense du Groupe Nicollin ?" répond une dame d'une trentaine d'années à la question de Montpellier Presse Online. "Je sais pas." Elle hésite et observe comme, justement, un camion des services publics télécoms s'engage assez vite sur la Comédie, et un jeune homme fait un saut par peur d'un accident. "Le foot, surtout, n'est-ce pas ?" continue-t-elle. "Loulou Nicollin, le président du club de foot..."
Photos et texte : copyright Doris Kneller