mercredi 26 octobre 2011

Montpellier : grande journée d'action

Les Montpelliérains contre les gaz de schiste, le nucléaire, l'austérité... et le massacre des Algériens en 1961 à Paris

Grande journée mondiale d'action"Si vous voulez connaître la différence entre la France et les autres pays... les gens se laissent faire, partout", explique un jeune homme qui, avec beaucoup d'autres, est sorti sur la Comédie le 15 octobre. "On s'incline devant l'autorité, on fait se qu'elle attend de nous. Mais à un certain degré, on en a assez. Et là, au contraire d'autres peuples en Europe, on va dans la rue. On se laisse plus faire."

Le samedi 15 octobre, beaucoup de Montpelliérains ont montré que, pour eux, le moment du "plus se laisser faire" est venu. Sous l'intitulé de "grande journée nationale d'action", tous les groupes qui avaient quelque chose à dire sont sortis dans les rues de Montpellier. La devise commune à tous était la révolte paisible. "On n'améliore pas une société par la violence", a commenté une dame d'une trentaine d'années qui se considère comme "indignée". Mais aussi l'information...

Informer, c'est effectivement un des objectifs principaux de ceux qui se battent contre l'exploitation des gaz de schiste en Languedoc-Roussillon par les compagnies pétrolières. Il est vrai, font-ils savoir, que trois permis ont été annulés après l'interdiction récente de la fracturation hydraulique, mais il y en a toujours 61 qui restent en vigueur. "Ce n'est pas le moment de crier victoire", déclare un des militantes contre les gaz de schiste, "et bientôt, il sera trop tard pour lutter contre la menace qui plane au-dessus de l'eau de la région."

Toutefois, protester contre l'exploitation des gaz de schiste ne veut pas dire qu'on oublie les menaces du nucléaire - les groupes anti-nucléaire faisaient aussi partie de la grande journée d'action. "Il y a quelques semaines", rappelle une jeune dame, "un four dans une centrale nucléaire pas plus de 300 kilomètres de Montpellier a explosé. Et déjà, personne n'en parle plus. Je comprends la presse - elle est obligée d'écrire ce que veut la politique et l'économie. Mais les gens... n'ont-ils pas peur pour leur vie ? Ne comprennent-ils pas ou ne veulent-ils pas comprendre le danger ? Faut-il qu'on attende cinq ou dix ans et voir, à quel point le cancer dans la région aura augmenté, pour que les gens se réveillent ?

"Non au nucléaire", "non aux gaz de schiste", mais aussi "non à l'austérité". "Le gouvernement parle du principe de supprimer les dépenses superflues", remarque un des révoltés. "Ça serait une bonne idée - si le gouvernement donnait à "superflu" le même sens que le peuple. Plus d'austérité, pour l'état, ça veut dire réduire les services publics, augmenter le nombre d'élèves dans les classes, baisser les ressources dans les hôpitaux, augmenter les taxes des gens qui déjà maintenant ne gagnent pas assez." - "Une amie à moi", ajoute une jeune dame, "est un cas qui ne devrait pas exister. Elle travaille, 35 heures par semaine, c'est-à-dire plein temps. Mais elle gagne si peu qu'elle dépend de la CAF pour compléter son mois. Et c'est absolument légal. Imaginez, quelqu'un qui a un travail en plein temps ne peut pas vivre de son salaire..."

Jeunesse communisteL'austérité était aussi le sujet d'un sketch présenté dans les rues de Montpellier par un groupe de la jeunesse communiste. Avec beaucoup d'humour - et de cynisme - les jeunes hommes et femmes faisaient l'éloge de l'ingéniosité de "certains" de s'enrichir et des banques dont les dettes sont transférées au peuple : "Ils font tout pour sauver les banques", commente un des acteurs, "et ils savent, comment faire."

Les indignés de Montpellier ont bien montré que leur mouvement existe toujours et qu'il grandit. L'après-midi, ils ont proposé un "atelier d'indignation créative" sur la place de la Comédie, où tout le monde avait l'occasion d'exprimer son indignation dans une forme artistique - ensemble, on a réalisé des dessins, des peintures, des poèmes et des textes en prose. Plus tard, un assemble général a eu lieu. "Les gens ont besoin d'exprimer leur indignation", dit un des indignés. "Mais c'est pas tout. Ce n'est que le début. Petit à petit, on va comprendre qu'une société meilleure est possible. On la construira tous ensemble, nous, les gens, qui vivent à l'intérieur de cette société."

Les indignés de MontpellierContre les gaz de schiste, anti-nucléaire, austérité et appauvrissement,... tous les sujets de la "grande journée nationale d'action" aboutissaient dans un seul qui dominait toutes les pensées : le racisme en général et, notamment, le "racisme d'état". "Paris, le 17 octobre 1961 - il y en a peut-être qui l'ont oublié", admet un homme dans la quarantaine, "ou c'est ce que les médias souhaitent de nous faire croire. Mais non. Ceux qui croient à la justice et l'égalité n'ont pas oublié." Le 17 octobre 1961, c'est le jour où la France a été secouée. Que 30.000 Algériens manifestent calmement à Paris contre les couvre-feux auxquels la loi les avait condamnés n'a étonné personne. Que 12.000 manifestants ont été arrêtés est grave. Que, après la manifestation, on a parlé de trois morts est encore plus grave. Mais que, comme il s'est avéré plus tard, des centaines d'Algériens ont été tués dans les rues de Paris, ceci est l'horreur pure.

"La 'loi', à cette époque-là, c'était Maurice Papon", explique un homme d'une cinquantaine d'années. "En 1997, on l'a condamné pour ses crimes de guerre. Mais en 1961, il était encore préfet de police. En 1942, il a fait partie de ceux qui tuaient les juifs au Vélodrome d'Hiver, en 1961, on lui a toujours laissé la possibilité de tuer."
Photos et texte : copyright Doris Kneller


lundi 17 octobre 2011

Chantiers à Montpellier : trams et dédoublement de l'autoroute A9

Micro-trottoir sur les nouvelles lignes de tram à Montpellier et le dédoublement de l'autoroute A9

Les trams à MontpellierÀ Montpellier, beaucoup des choses vont changer. Surtout au niveau de la circulation...

Bien que, en ce moment, les Montpelliérains souffrent encore des travaux pour les lignes 3 et 4 du tram, on leur promet un avenir beaucoup plus rose en ce qui concerne la circulation dans la ville. Déjà, au printemps 2012, ils seront enfin "dédommagés" des problèmes de trafic qu'ils ont dû subir pendant plusieurs années  les lignes 3 et 4, les deux en même temps, seront inaugurées. Ensuite, le trafic à l'intérieur de la ville sera soulagé par le dédoublement de l'autoroute A9 autour de Montpellier. Bref : fini les embouteillages...

...espèrent ceux qui peuvent encore y croire. Une dame d'une trentaine d'années qui, le lundi matin, traverse la place de la Comédie n'en fait pas partie. "Je ne crois plus aux promesses", déclare-t-elle à l'équipe de Montpellier Presse Online. "Monsieur Frêche voulait construire un tram après l'autre, dans un rythme de quatre ans. Je ne veux pas dire que la construction de la ligne 3 n'aurait pas mis le bordel dans les rues, mais ç'aurait été moins grave que les deux lignes en même temps. Mais Monsieur Frêche n'est plus là, donc on n'écoute plus ce qu'il a dit." Et elle ajoute : "Maintenant, ils disent que tout rentrerait dans l'ordre au printemps 2012. J'y crois pas. Ils vont avoir d'autres idées pour nous rendre la vie dure."

La dame est bien informée - mieux, de toute manière, qu'une autre Montpelliéraine un peu plus âgée que la première qui, par contre, n'a pas perdu confiance. "Je ne sais pas quand tous ces travaux seront terminés", dit-elle, "mais je pense pas que ça dure encore longtemps. Après, on aura un joli tram de plus, et tout le monde sera content. Il ne faut pas râler tout le temps."

Bus, trams et chantiers à MontpellierLes Montpelliérains sont-ils râleurs ? "Je trouve qu'ils ont le droit de râler", décide un Monsieur d'une soixantaine d'années qui, comme il explique, visite souvent Montpellier "en touriste" pour voir ses petits-enfants. "Je connais Montpellier depuis plus de vingt ans, et j'ai toujours aimé la ville. Mais ce qu'ils en ont fait maintenant est exaspérant. Je ne retrouve plus la ville calme que j'ai aimée. Partout des chantiers, partout de vacarme. Autant vivre à Paris."

Une dame d'à peu près le même âge se fâche surtout sur la situation à laquelle les piétons sont livrés. "On dirait qu'on n'a plus le droit d'aller à pied à Montpellier. Les soi-disant zones piétonnes sont pleines de voiture et de vélos. Il y a plusieurs grandes rues qu'on n'arrive plus à traverser sans se mettre en danger, parce qu'ils ont enlevé les feux. On est livré à la gentillesse des conducteurs. Et des conducteurs des bus - même là où il y a encore des feux. L'autre jour, à la rue de la République, j'étais obligée d'attendre trois phases de rouge avant que je puisse traverser. Parce que chaque fois, un bus s'est arrêté juste devant moi, et je n'avais pas la place de passer entre les travaux et le bus. Il fallait que j'attende le feu vert pour les bus - et les voitures passent et le feu rouge arrive de nouveau, et déjà, il y a un autre bus devant moi. J'ai fait signe aux conducteurs des bus de me laisser passer - mais non, ils n'ont pas besoin d'aider les piétons."

Une autre dame qui a expérimenté des problèmes comparables constate : "Quand on ne circule ni en voiture ni en tram ou bus, on a l'impression de ne pas exister dans la tête de ceux qui planifient le nouveau Montpellier. Ont-ils oublié que les piétons existent ?"

L'information du dédoublement de l'autoroute A9 n'a pas encore atteint beaucoup de monde. "Non, je ne savais pas", reconnaît un Monsieur d'une quarantaine d'années. "Autrement dit, les bouchons éternels de Montpellier vont aussi affecter l'autoroute." Et il ajoute : "Les politiciens ne peuvent-ils pas nous laisser vivre tranquillement ? Ce sont eux qui gagnent l'argent et nous qui souffrent de leurs mauvaises idées."

Un autre Monsieur, à peu près du même âge, n'est pas informé non plus. Il réfléchit avant de répondre, puis : "Quand l'autoroute sera dédoublée, le trafic roulera probablement mieux. Ça sera donc une bonne idée. Mais d'ici là il y aura des travaux. Et je vous dis, on en a assez des travaux à Montpellier. Personnellement, je préférerais qu'on laisse l'autoroute telle quelle et qu'on finisse avec tous ces travaux."

Une dame dans la cinquantaine est mieux informée. "Oui, je sais", réagit-elle, "et je trouve ça bien. Montpellier est une ville moderne qui a besoin d'un réseau de routes modernes. Dans quelques ans, on sera fiers de tout ce qu'on aura fait pour nous."
Photos et texte : copyright Doris Kneller


dimanche 9 octobre 2011

Hélène Mandroux et les nouveaux Montpelliérains

Conseil municipal, tram, la Paillade et George Frêche : la ville accueille 3000 nouveaux habitants

Hélène Mandroux, maire de MontpellierDe nouveau, la mairie de Montpellier a pu accueillir environ 3000 "nouveaux Montpelliérains" : des gens arrivés à Montpellier au cours des derniers douze mois, avec de nouvelles idées et de nouveaux espoirs. La réception, présidée par le maire de Montpellier Hélène Mandroux, avait pour objectif de donner aux "nouveaux" l'impression d'être les bienvenus. Mais ils ont aussi pris connaissance des réalisations urbaines de la ville et, bien sûr, de son esprit de biodiversité.

Hélène Mandroux insistait à présenter elle-même la plupart des conseillers municipaux - tant que, quelques exceptions à part, ils ne faisaient pas partie de l'opposition -, de mentionner l'origine de ceux qui ne sont pas nés en France et de parler de leurs commissions et délégations.

Le conseil municipal de MontpellierAu cours de son discours, le maire de Montpellier a également évoqué la question souvent posée, pour quelle raison elle change assez souvent les responsables des commissions. Pour se faire comprendre, elle a comparé le travail des conseillers municipaux à sa propre carrière de médecin : anesthésiste-réanimateur à la clinique du Parc à Castelnau-le-Lez, elle était souvent appelée aux urgences - ce qui, comme elle a expliqué aux nouveaux Montpelliérains, était de plus en plus difficile à gérer vu qu'elle avait "quatre hommes à la maison". Elle a donc changé de carrière et est devenue médecin généraliste à la Paillade de Montpellier.

Cette expérience l'a fait comprendre que les généralistes sont souvent plus proches de la réalité que les spécialistes. C'est pourquoi elle préfère avoir une équipe composée de "généralistes", de personnes qui ne sont pas spécialisées dans une seule matière mais qui connaissent toutes les activités gérées par un conseil municipal - être responsable du sport n'empêche personne d'être plus tard à la culture...

En mentionnant la Paillade, Hélène Mandroux s'est référée à François Delmas qui, dans les années 60, a créé le quartier pour faire face à l'arrivée massive des "pieds noirs" et à George Frêche qui, jugeant le nom de la Paillade trop chargé de mauvaise réputation, l'a rebaptisée le quartier de la Mosson.

Ce n'était évidemment pas la seule occasion où le maire de Montpellier a parlé de George Frêche, son prédécesseur avec les propos beaucoup discutés, qui a été adoré ou détesté, mais qui, de toute manière, a incendié les esprits à Montpellier, à la région et largement en-dehors de ses frontières. Pendant la présentation des conseillers municipaux, Hélène Mandroux se souvenait souvent de l'époque à laquelle elle faisait équipe avec George Frêche.

Un autre sujet "très important" pour le maire de Montpellier a été le tram. Elle a avoué d'avoir mal à supporter les travaux sur la ligne 3, mais comme les Montpelliérains profiteraient finalement des aménagements, elle garderait la patience - et elle remerciait tous les Montpelliérains qui, comme elle, souffriraient sans perdre l'espoir...

Montpellier et les nouveaux MontpelliérainsLe buffet servi avec une heure de retard a été pris en assaut par les nouveaux Montpelliérains entre-temps affamés. "Maintenant, j'ai vécu le pire de Montpellier", rigole une étudiante arrivée il y a deux semaines, "se bagarrer au buffet pour avoir quelque chose à manger, pire n'est plus possible..."

Toutefois, elle est contente d'être venue à Montpellier. Ses cours lui plaisent, et : "Au début, j'ai eu peur de me sentir seule. Je ne connaissais personne ici, et j'avais peur que ma famille me manque." Heureusement, la peur était vaine. "J'ai me suis déjà fait plein d'amis."

Un couple âgé évoque surtout la qualité des soins médicaux à Montpellier. "On habitait pas loin de Montpellier. Mais c'était la campagne. Et quand vous tombez malade à la campagne, c'est l'horreur. À Montpellier, on a tout ce qu'il nous faut - les médecins, les infirmières, les pharmacies, les cliniques..."

Deux dames de quelques 70 ans étaient du même avis. "Je suis toute seule dans la vie", raconte l'une, "j'ai besoin de la proximité des médecins." Et son amie ajoute : "En plus, je connais déjà un peu Montpellier, car j'ai de la famille ici."

Un Monsieur d'à peu près le même âge n'a pas de famille à Montpellier, mais il y a passé des vacances dont il aime se souvenir. "Quand ma femme est morte", raconte-t-il, "j'avais besoin de changer." Et il conclut : "J'ai choisi Montpellier, parce que je l'aimais bien, et ma femme aussi."

Une dame d'une trentaine d'années qui, après quelques expériences professionnelles, a décidé de reprendre des études est venue à Montpellier parce que c'était ici que son dossier a été accepté. "Je suis arrivé en août", confie-t-elle à l'équipe de Montpellier Presse Online, "et je ne sais encore rien de Montpellier. Je crois qu'il est assez difficile de trouver des amis ici. Mais je continue à chercher."

Un étudiant fraîchement arrivé du Cameroun est amoureux des espaces verts à Montpellier et des efforts que la ville consacre à la biodiversité. "Chez nous, c'est le contraire. On détruit tous les espaces verts dans les villes pour faire place aux immeubles." Il restera deux ans en France pour finir ses études, mais ensuite, "je retournerai immédiatement au Cameroun. J'ai hâte d'y retourner. Pas que je n'aime pas être ici, j'aime beaucoup la vie montpelliéraine. Mais je veux que mes compatriotes puissent profiter de ce que j'aurai appris. Je m'investirai dans la création d'espaces verts dans nos villes."

En attendant, sa famille lui manque. "J'aimerais bien rentrer pour les vacances de Noël, mais je n'ai pas les moyens. Je dois attendre l'été prochain." Toutefois, il se console : "Ce qui est bien : j'aurai l'occasion de vivre un vrai Noël européen. Je pense que ça sera merveilleux."
Photos et texte : copyright Doris Kneller


samedi 1 octobre 2011

Hélène Mandroux et les Barracudas de Montpellier

Les dernières nouvelles de Montpellier

Hélène Mandroux, maire de Montpellier, a de quoi être fière : les Barracudas se sont qualifiés pour la coupe d'Europe 2012 en baseball et, en même temps, ils entrent dans la finale du championnat de France.

Jean-Michel Mayeur, manager des Barracudas, sourit quand il dit que c'est le chiffre 11 qui leur porte chance - on est en 2011, et le club s'est qualifié pour son 11ème finale. On dirait qu'à Montpellier, le 11 ne joue pas seulement un rôle dans la vie du Monstre du Loch Lez...

Le suspens ne sera pas long : les deux premiers matchs de cette finale seront déjà disputés ce week-end et, en plus, ici, à Montpellier, au baseball park du domaine de Veyrassi. Ce samedi, Montpelier recevra les Huskies de Rouen. Hélène Mandroux a déclaré qu'elle assistera elle-même à un de ces matchs pour soutenir les Barracudas, et elle invite les Montpelliérains à l'imiter - l'entrée au domaine sera libre. Jean-Michel Mayeur ne peut évidemment pas promettre la victoire, mais il promet à sa ville une grande fête.
Photos et texte : copyright Doris Kneller