Montpellier, l'Hérault, les arbres et les forêts
Pour la troisième fois, Montpellier participe activement à la « Journée
internationale des forêts » proclamée par l’ONU. De diverses
manifestations ont été programmées, étalées entre le 21 mars - la journée
officielle - et le 28 mars 2015. Certainement une « démonstration de la
bonne volonté du côté de la municipalité », comme l’exprime un Monsieur
dans la trentaine - mais qui, selon la critique de plusieurs Montpelliérains, n’aurait
« rien à voir avec l’écologie et l’amour des arbres et de la nature. »
L’équipe de Montpellier Presse
Online a voulu savoir, si les Montpelliérains sont au
courant de la nouvelle institution d’une « Journée internationale des
forêts » et ce qu’ils en pensent. Une des premières réponses qu’elle a
reçue - et, en même temps, une des plus fréquentes - cible les « journées
internationales » en général : « Journée de la femme, journée de
l’artisanat, journée de l’enfant, journée de l’arbre… et quoi encore ? »,
se fâche par exemple une dame dans la quarantaine. « Ils nous bombardent
avec des ‘journée de…’, mais ça ne donne pas de sens. »
Une dame dans la cinquantaine est encore plus amère : « Ils ont
inventé la journée de la femme pour avoir une raison de ne pas penser aux
droits des femmes qu’une seule fois par année. Pareil pour la journée mondiale
de la paix ou celle de la terre. Maintenant, ils cherchent un alibi pour ne
plus penser aux arbres, 364 jours par an. » Et un Monsieur d’à peu près
le même âge ironise : « Saviez-vous qu’il y a déjà une ‘Journée
mondiale sans Facebook’ ? Oui, oui, je ne blague pas, c’est le 28 février… »
Il y a peu de Montpelliérains qui sont prêts à prendre au sérieux les Journées
nationales, internationales ou mondiales. « Le 27 mars, on a fêté la ‘Journée
nationale du Sommeil’. J’imagine que beaucoup de gens l’ont prolongé jusqu’au
29 - ça expliquerait le nombre des Français qui n’ont pas voté », rigole un
Monsieur dans la trentaine en faisant allusion au taux élevé des abstention pendant les élections départementales 2015, tandis qu’une dame d’à peu près le même âge rappelle :
« N’oubliez surtout pas que, demain, le premier avril, on a la journée de
la blague. » Une dame dans la quarantaine, par contre, montre un humour
particulier : « Oui, bien sûr, mon chien participe toujours à la
journée des forêts. Il s’arrête à chaque arbre. »
Mais blague de bon ou mauvais goût, il y a aussi beaucoup de
Montpelliérains qui trouvent que l’arbre est essentiel pour la vie. « Ici,
en ville, » dit par exemple une dame « née à Montpellier » il y
a une soixantaine d’années, « on oublie facilement l’impact de la nature
sur notre vie et notre santé. On pense qu’on peut tout régler avec les
machines. Mais quand on tombe malade, on se rend vite compte que l’environnement
joue un rôle existentiel. »
Une étudiante de quelque 25 ans est assez bien informée. « Oui, j’ai
entendu parler de la journée de la forêt ou de l’arbre, je ne me rappelle plus
bien du titre. Je crois que les médiathèques de Montpellier ont fait une
exposition sur le sujet. Et quelques villages organisent des activités pour les
enfants. »
Une autre Montpelliéraine, plus âgée de quelques 10 ans et mère de deux
enfants n’est pas contente des activités qu’on a proposées à sa fille : « Avec
l’école, ils sont allés dans la nature pour jouer. Ils ont ramassé des feuilles
et des brins d’herbe pour les coller dans leurs cahiers. Ensuite, ils avaient
le droit de jouer, et ils ont mangé dehors. Pour moi, ce n’est pas une manière
d’expliquer la forêt aux enfants. Ils n’ont rien appris sur les arbres et leur
signification pour l’écologie. »
« Oui, je suis au courant », répond aussi une dame dans la
cinquantaine. « J’ai étudié la liste entière des manifestations qui ont
été organisées à Montpellier et aux environs. Mais je n’appelle pas cela une
Journée de la Forêt ou, de toute manière, pas dans mon sens. Parce que pour
moi, la forêt est un endroit de paix et de santé mentale et physique. Mais les
organisateurs des manifestations pensent à son exploitation, l’utilité du bois
pour ce qu’ils appellent la ‘civilisation’ et la façon la moins chère de
détruire les quelques forêts qui nous restent. »
La plupart des Montpelliérains interrogés n’était cependant pas au courant de
l’existence d’une Journée internationale de la Forêt. « La presse est
pleine d’histoires sur les catastrophes et de politique. Mais on est beaucoup
moins informé sur les événements culturels ou, dans ce cas, écologiques »,
se plainte un Monsieur dans la cinquantaine. Et une dame un peu plus jeune que
lui va dans le même sens : « Qui s’intéresse à une journée de la
forêt au milieu des élections ? »
Toutefois, en général, les habitants de Montpellier sont pour le maintien
de la journée, bien que certains pensent qu’il faudrait plus en parler pour que
les gens sachent qu’elle existe. « Nos enfants ne savent plus rien de la
nature », commente une dame dans la quarantaine. « Il est temps que
nous recommençons à leur montrer sa beauté. Chaque enfant devrait avoir le
droit de grandir sous de vrais arbres, je veux dire des arbres dans leur milieu
naturel. Ou, pour ceux qui sont obligés de grandir en ville, y passer le plus
de week-ends et de vacances possibles. »
« J’ai visité l’exposition à la médiathèque Federico
Garcia Lorca, et je sais qu’il y a des clubs photo qui ont également travaillé
sur ce sujet », se rappelle une dame dans la trentaine. « Mais,
franchement, je préfère me promener dans la nature que visiter des expos sur la
nature. » Un Monsieur d’à peu près le même âge est d’accord avec elle :
« Les arbres ne se contemplent pas sur des photos. Pour les connaître, il
faut les toucher, sentir leur écorce, se délasser dans leur ombre. Observer les
animaux qui y habitent. » Et une dame dans la cinquantaine : « J’ai
vu un groupe d’enfants dans la médiathèque. Les photos des arbres ne les ont
pas fascinés du tout. J’avais envie de les prendre par leurs mains et partir avec eux
- dans une véritable forêt. »
Photos et texte : copyright Doris Kneller