vendredi 29 janvier 2010

Frêche, Montpellier, Arruda et le tram au Brésil

Marc Letourneur, directeur de TaM à Montpellier, aidera à la construction du tram à Brasilia

Le tram à MontpellierMontpellier a un nouveau projet de tram. À partir de l'année 1014, les visiteurs montpelliérains de Brasilia, la capitale du Brésil, se sentiront chez eux lorsqu'ils prendront le tram : le nouveau tramway de Brasilia sera signé Montpellier.

Toutefois, il n'y a rien d'étonnant dans cette collaboration. Déjà avec sa ligne 2, Montpellier commença à devenir une référence en matière de transport urbain. Avec sa ligne 3, enfin, Montpellier ne disposera pas seulement du réseau de tram le plus long en France, mais la réputation de ses experts sera définitivement assurée. Ainsi, un contrat fut signé entre George Frêche, dans sa fonction de président de l'Agglo et José Roberto Arruda, le gouverneur du district de Brasilia, une fonction, alors, qui correspond plus ou moins à celle de George Frêche - avec la différence que Monsieur Arruda n'a pas à discuter ses idées avec un maire : dans la ville de Brasilia toutes les décisions sont prises par le gouverneur - il n'y a pas de mairie. Deux présidents qui veulent le bien pour leurs districts. Deux présidents qui se comprennent.

Tramway Montpellier ligne 2Ils se comprirent surtout en matière de tramway. Lorsque, en 2007, une délégation brésilienne visita Montpellier, elle aima tout ce qu'elle vit. Mais avant tout, elle aima le tram. Et tout se passait si bien que, finalement, les Brésiliens ne restaient pas les seuls à voyager : en décembre 2009, ce fut aux représentants de l'Agglo de rendre la visite et de découvrir la ville de Brasilia. Et ce qui en sortit, ce n'est pas seulement un renforcement de l'amitié entre deux villes séparées par des milliers de kilomètres, mais une collaboration très concrète.

Il est clair que Brasilia, une ville de presque 2,5 millions d'habitants, dispose déjà d'un système de transport urbain, notamment d'un métro. Mais l'idée que le gouverneur a en tête vise beaucoup plus : un système qui combine les transports publics avec les transports particuliers, qui fait en sorte que les habitants de sa ville prennent le vélo et laissent la voiture sur des parkings à l'extérieur. Bref, le système qui, depuis l'année 2000, a tant de succès à Montpellier.

Tramway Montpellier bientôt au BrésilCe qui, sans doute, aida à conclure l'affaire, ce fut la déclaration de l'année de la France au Brésil en 2009. Mais ce ne fut pas la première expérience de renforcer les liens entre les deux pays : déjà en 2005, une telle année fut célébrée, et son succès incita les pays à recommencer. Son objectif : montrer aux Brésiliens les multiples talents des Français, leur esprit d'innovation et leur savoir-faire en tout ce qui concerne la création en général et la technique en particulier. La France avait aussi l'idée de guider les yeux du Brésil sur les collectivités territoriales.

Et cette idée fut comblée : Brasilia découvrit Montpellier et son tramway. Et comme, en même temps, on célébra l'année de la France au Brésil, la France était prête à aider : l'Agence Française de Développement ne décida pas seulement de financer la moitié de la première tranche du nouveau tram (134 millions d'euros), mais aussi les 350 000 euros qui coûteront au Brésil les conseils d'une équipe spécialisée qui aidera à planifier et à construire les premiers huit kilomètres du nouveau réseau utilisable par 120 000 à 200 000 passagers par jour. Et cette équipe vient de Montpellier.

Bientôt, six experts montpelliérains commenceront alors à faire l'aller-retour entre Montpellier et Brésil. Parmi eux, l'homme connu par peu des gens qui utilisent le tram : Marc Letourneur, l'homme sans lequel le tramway ne serait pas ce qu'il est. Officiellement, il est directeur de TaM. En pratique, il est le spécialiste le plus expérimenté du tram en France. C'était lui qui dirigea déjà la construction de la ligne 2, qui est responsable de la ligne 3 et qui, avant de venir à Montpellier, créa déjà des lignes de tram à Grenoble et à Strasbourg.

Et la collaboration entre Montpellier et Brasilia ne restera peut-être pas la seule : déjà des délégations de Madrid et de Valence, de Jérusalem et de Melbourne, d'Édimbourg et de plusieurs villes néerlandaises visitèrent le réseau montpelliérain du tram...

Micros-trottoirs sur le tram à Montpellier :
Micro-trottoir sur les grèves des trams et bus
Micro-trottoir : Montpellier et son réseau TaM
Photos et texte : copyright Doris Kneller

jeudi 28 janvier 2010

Pagézy, Bülher et le Square Planchon à Montpellier

Les jardins de Montpellier : un maire nommé Pagézy et le Square Planchon

Square Planchon, gare de MontpellierFaut-il encore souligner qu'à Montpellier, on s'adresse toujours aux meilleurs lorsqu'il est question d'aménager une partie de la ville ? Dans le cas du Square Planchon, la commande fut donnée à un des meilleurs paysagistes parisiens de son époque.

On est en 1857. Depuis cinq an, la politique à Montpellier suit une nouvelle voie : Jules Pagézy, ce Montpelliérain protégé par Napoléon III fut élu maire. Pour le moment, il n'y a pas encore question d'aménager le square qui, plus tard, devrait hériter du nom de Jules Émile Planchon. D'abord, il faut acquérir le terrain.

La municipalité décide donc d'acheter le terrain autour de la gare, entre la rue de la République et la rue Maguelone - enfin, la voie qui, l'année suivante, devrait devenir la rue Maguelone. Car, en ce moment, elle ne fut pas encore construite. Ce terrain fut évidemment très important pour ce maire qui avait décidé d'introduire à Montpellier l'esprit parisien de Haussmann et de changer la face de la ville. C'est donc à Jules Pagézy que nous ne devons pas seulement la rue Maguelone, mais aussi la rue Foch, la rue Saint-Guilhem et la rue de la Loge. Il acheva l'aqueduc de Saint-Clément et le réservoir d'eau au Peyrou. Il fit aussi construire les halles Castellane, et il s'attaqua même au cœur profond de la ville, à l'Écusson, pour "l'aérer" un peu.

Square Planchon, MontpellierToutefois, aux yeux des Montpelliérains, sa création du Square Planchon devrait être son acte le plus impressionnant : car la rue qu'on lui à dédiée, la rue Pagézy, longe les fameux square.

Lorsque les terres devant la gare étaient en possession de la marie, il fallait donc trouver un paysagiste. Jules Pagézy et son équipe choisirent Eugène Bülher qui, avec son frère, devraient laisser quelques traces bien fréquentées derrière lui : qui ne connaîtrait pas le Bois de Boulogne à Paris ? Ou le Parc de la Tête d'Or à Lyon ? Ou le Plateau des Poètes à Béziers ?

Curieusement, les biographies d'Eugène Bülher ne parlent que très rarement de ce Square Planchon à Montpellier. Mais il est sûr que les frères paysagistes y investirent autant d'amour et de savoir faire que dans leur aménagement du Bois de Boulogne. Déjà, les arbres de se square en sont les premiers témoins : les Bülher y plantaient des platanes, des marronniers, des érables et même un cèdre du Liban. Et pour combler leur œuvre, ils y ajoutèrent un Ginkgo Biloba, cet arbre de longue vie qui fut également intégré dans le jardin du Champ de Mars et qui, à l'époque, fut la marque de toutes les villes qui avaient eu leur part dans le comptoir des Indes…

Ce qui, à l'époque, attira le plus de gens, c'était son plan d'eau et ses cygnes et canards. Nous pouvons bien imaginer les voyageurs qui arrivèrent à la gare de Montpellier pour, avant de pénétrer dans la ville, se reposer sur une banque au Square Planchon, observant le jeu des oiseaux. Ou les employés des bureaux ou du grand magasin - aujourd'hui disparu - de la rue de Maguelone qui, le midi, y cassèrent la croûte, se délassèrent au soleil , rêvèrent et se racontèrent des histoires avec leurs collègues...

Montpellier, gareLes employés qui cassent la croûte et les voyageurs qui se reposent au Square Planchon sont toujours là. Le plan d'eau et, avec lui, les oiseaux, par contre, furent victime de guerre, car, comme si souvent au cours de l'histoire montpelliéraine, la résistance et la défense furent plus importantes que les témoins d'un patrimoine ancien. Ainsi, lorsque les besoins de la deuxième guerre mondiale exigèrent un abri militaire, on pensa au Square Planchon, et on le dédia au stockage de sacs de sable. Qui dit sable dit absence d'eau - le plan d'eau fut donc tout simplement vidé.

Pour qu'un square entouré du trafic du 19e siècle soit bien délimité, on avait aussi besoin d'une clôture. Il va de soi qu'il ne fut pas question d'une clôture "quelconque" - Pagézy, le maire de Montpellier, exigea le meilleur pour tout. On demanda donc à Léon Servel, un serrurier connu, de fabriquer une clôture de fer forgé qui mesura plus de 280 mètres. Toutefois, elle aussi a disparu. Mais cette fois-ci, ce n'était pas les contraintes d'une guerre mais celles de l'économie : la clôture fut démontée en 1975. Toutefois, pour qu'elle ne disparaisse pas complètement, on en posa une partie au parc Rimbaud au bord du Lez, et un deuxième morceau forme part de l'entrée du zoo du Lunaret.

Et pour la petite histoire : peu de choses se perdent complètement à Montpellier. Pour que les frais du Square Planchon pèsent moins lourds sur le budget du conseil municipal, Eugène Bülher fit quelques économies en réutilisant d'anciens matériaux : quelques-uns des pierres qui furent utilisées pour la construction du Square parvenaient de la poissonnerie qui dut céder aux halles Castellane.

Ce qui ne céda pas, par contre, c'est le grand rocher au milieu du Square Planchon. Et la réputation de Jules-Émile Planchon ne céda pas non plus, ce sauveur de notre vin à qui le Square fut dédié. Mais le rocher et Monsieur Planchon, ce sont des histoires à part…

Autres articles sur les jardins de Montpellier :
Montpellier et son Jardin des Plantes : de Young à Valéry
Montpellier et ses parcs : le Jardin du Champ de Mars
&Eacoute;douard André et l'Esplanade de Montpellier
Photos et texte : copyright Doris Kneller

mardi 26 janvier 2010

Comédie, Canourgue, Jean Jaurès, Odysseum : Montpellier et ses cafés

Micro-trottoir : les places où les Montpelliérains aiment se détendre

Antigone et le Lez à Montpellier"Une bonne question", sourit la dame dans la trentaine qui attend le tram à la place de la Comédie. Elle porte un manteau d'hiver qui a l'air très chaud, mais le soleil chauffe si bien qu'elle l'a laissé ouvert. "Sur quelle place se trouvent les terrasses café les plus sympathiques... - Vous savez, je ne prends pas beaucoup de cafés à Montpellier, en hiver. En été, parfois, avec des amis." Elle regarde autour d'elle. "Finalement, j'aime bien la Comédie. Les terrasses ici sont toutes très agréables, et il fait plaisir de voir les gens passer."

"Une fois," continue-t-elle, se prenant au jeu, "j'ai pris un verre avec une copine. On a observé les gens et, puis, on a commencé à rêver. Si on était telle personne, qu'est-ce qu'on ferait. Ou le Monsieur qui a l'air si pressé, où est-ce qu'il va… Oui, finalement, la place de la Comédie me fait rêver."

"J'aime pas la Comédie", déclare par contre un jeune homme. "Trop touristique." Avec ses copains, il aime bien prendre un verre sur la place Jean Jaurès. "Y a pas tant de touristes, on est entre nous." - La place Jean Jaurès est-il toujours l'endroit favori des étudiants comme déjà à l'époque où il y avaient encore les changeurs devant l'église de Notre-Dame-des-Tables ? - Le jeune homme hausse les épaules. "Je sais pas. Mais avec les collègues, on aime bien y aller."

Place du Nombre d'Or, Montpellier"Le Marché aux Fleurs", répond spontanément une dame dans la quarantaine. "C'est une place très ensoleillée. Je m'y installe souvent avec des amies pour passer un après-midi au soleil, surtout en hiver", elle sourit, "des jours comme aujourd'hui. En plus, on y trouve un bon chocolat chaud."

On constate rapidement que les réponses varient avec l'âge des gens. La place Jean Jaurès reste évidemment ce qui elle était depuis des siècles : un point de rencontre des jeunes, souvent des étudiants. Le Marché aux Fleurs, surtout les après-midi, semble attirer une clientèle légèrement plus âgée. La Comédie, par contre, attire plutôt ceux qui sortent le soir, surtout en été : "Je n'aime pas les terrasses chauffées," explique un homme dans la cinquantaine son refus de fréquenter les cafés de la Comédie pendant l'hiver. "On parle toujours de l'écologie, mais ces chauffages ne sont pas écologique du tout. Et, chauffage ou pas, on se gèle. Ces chauffages sont là pour les fumeurs qui ne peuvent pas se retenir pendant un moment. En été, pourquoi pas ?, il y a toujours du monde sur la Comédie, même les dimanches soirs. En été, j'aime bien prendre une bière sur la Comédie, après le restaurant ou le cinéma."

Mais place de la Comédie, place Jean Jaurès, Marché aux Fleurs, pour établir le palmarès, il faut se promener plus loin. Il y a, par exemple, les cafés entre le Lez et l'Esplanade de l'Europe. "J'habite à l'Antigone", raconte une femme, également dans la cinquantaine. "Pourquoi je me déplacerais jusqu'au centre si ici, on a tout ce qu'il faut ?" Elle aime bien faire la cuisine pour les amis. "Et après, on va souvent prendre le café dehors, avec vue sur le Lez."

Odysseum, MontpellierUne autre place bien appréciée de l'Antigone est la Place du Nombre d'Or. "Ici, les serveuses sont aimables, même en été où, en ville, tout le monde est de mauvaise humeur. Et, grâce à la fontaine, l'air reste agréablement frais", commente une dame d'environ quarante ans. Il est possible que ce soit effectivement la fontaine qui attire le plus de monde : "J'aime bien observer le jeu de la fontaine", explique un Monsieur âgé, "ça me détend." Et une dame dans la soixantaine : "En été, il y a toujours des enfants qui jouent autour de la statue de Poséidon. Ses enfants me rappellent mes propres petits-enfants, et je me sens moins seule."

"La plus belle place à Montpellier ?" demande une jeune femme. "Mais là, aucune hésitation : place de la Canourgue. - Pourquoi ? Il y a des cafés agréables, un public jeune, un très beau cadre." Elle réfléchit, pour, ensuite, ajouter : "Quand j'ai des invités, je leur montre toujours cette place. J'aime bien être fière de Montpellier."

Mais il y a aussi des cafés à l'extérieur du centre. "Vous allez pas me croire", dit une jeune fille d'environ 16 ans. "Tout le monde dit que l'Odysseum serait moche. Mais je ne suis pas de cet avis, je l'aime bien. Et il y a de jolis cafés, aussi. L'autre jour, j'y suis allée avec mon copain, et ça nous a bien plu."


Photos et texte : copyright Doris Kneller

lundi 25 janvier 2010

Thomas Jefferson, Montpellier, le jardin des plantes et le vin du Languedoc

Thomas Jefferson et le jardin des plantes à Montpellier : l'amateur de la liberté et du
vin du Languedoc

Thomas Jefferson à MontpellierOn écrit le 4 juillet 1776. Les yeux du monde sont dirigés vers une direction qui les éloigne de Montpellier : on regarde l'Amérique. Ce jour-là, qui devrait entrer dans l'histoire comme une date symbole de la liberté, un document est officiellement reconnu - la déclaration d'indépendance des États-Unis. Trois hommes ont rédigé ce document : John Adams, Benjamin Franklin et Thomas Jefferson.

L'un des trois, Thomas Jefferson, n'a que 33 ans. À cette époque, il entame ses premiers pas en tant qu'avocat et politicien : un mois après la signature de la déclaration d'indépendance, il est élu à la chambre des délégués de Virginie. Encore, il n'est que ce que, aujourd'hui, on appellerait un élu local. Mais plus tard, il serait le troisième président des États-Unis.

Une position certainement importante. On peut dire que, à plusieurs niveaux, Thomas Jefferson changea la face du monde. Il se battait pour la liberté, l'égalité et contre l'esclavage. Ses succès firent de lui un des hommes les plus importants de son époque. Or, ce que fit de lui un homme important pour Montpellier, c'était son amour du vin.

Lorsque, en 1785, Jefferson devint ambassadeur en France, il s'était déjà fait un nom pour son engagement dans la révolution américaine. En Amérique, il avait appris à se battre. À Paris, il découvrit un style de vie qui lui plut. Il commença à fréquenter les salons littéraires, on le vit au théâtre, et il acheta des livres français. Officiellement, sa mission consista à établir des liens commerciaux entre l'Europe - et notamment la France - et les États-Unis. Ses supérieurs exigèrent aussi qu'il améliore un peu l'image des Américains aux yeux des Français, et il est évident qu'il remplit ses tâches avec brio. Mais avant tout, son regard se fixa sur le vin français.

Thomas Jefferson au jardin des plantes à MontpellierQuatre ans plus tard, sa mission comme ambassadeur terminée, Thomas Jefferson décida qu'il ne rentrerait pas tout de suite aux États-Unis. Avant de partir, il voulait découvrir la France "profonde" et, surtout, ses vins. Et c'est au cours de ce voyage qu'il atterrira à Montpellier

En homme cultivé et curieux de la culture française, Thomas Jefferson avait envie de faire la connaissance des artistes et des scientifiques les plus connus en France. Ainsi, arrivé à Montpellier, il accepta certainement sans hésiter l'invitation du directeur du jardin des plantes. En 1787, l'année où son grand voyage en France amena Jefferson dans la ville près de la Méditerranée, les problèmes que le jardin des plantes avait connu sous son créateur, Pierre Richer de Belleval étaient oubliés depuis longtemps. Des grands noms succédèrent à Belleval, et des scientifiques comme Pierre Magnol avaient vécu, accompli leurs œuvres et étaient partis. Jean François Imbert qui avait dirigé le jardin pendant 26 ans était juste décédé. Ainsi, Thomas Jefferson fut accueilli par le nouvel intendant, Paul Joseph Barthez.

Lorsque Paul Joseph Barthez entra en fonction au jardin des plantes, son nom de scientifique était déjà bien établi. Né à Montpellier, il avait étudié la médecine, fut déclaré médecin traitant du Roi de France, membre de l'Académie royale des sciences et, en 1801, il devrait devenir le médecin de Napoléon Bonaparte.

Le jour où Paul Joseph Barthez et Thomas Jefferson lièrent connaissance, le Montpelliérain avait déjà 51 an et plein d'expériences scientifiques, et il était juste devenu intendant de son jardin des plantes bien aimé. La petite histoire dit que ce fut lui qui aurait conseillé le futur président des États-Unis sur les vins du Languedoc. Il paraît que Thomas Jefferson aurait proclamé que tout le monde, même les pauvres, devraient pouvoir boire du bon vin. Il aurait dit que moins cher le vin et plus grand sa qualité, moins les gens auraient tendance à s'enivrer. Et le bon vin, au contraire des alcools "ordinaires", affinerait l'esprit. Pour Jefferson, le vin aurait fait, tout simplement, partie des choses essentielles de la vie.

La petite histoire dit aussi que, ce soir mémorable du 11 mai que Thomas Jefferson passa avec Paul Joseph Barthez, ils auraient dégusté un vin de Saint-Georges-d'Orques, pas loin de Montpellier. Et ce serait ici que le futur président des États-Unis seraient tombé amoureux de ce vin.

Thomas Jefferson, Montpellier et le vinLorsque, plus tard, Thomas Jefferson était président, il avait des tâches importantes à remplir. Toutefois, on raconte que, au milieu des négociations de haute importance politique, il aurait interrompu la discussion pour parler de son sujet préféré : la baisse des impôts sur l'importation des vins bon marché de l'Europe et, surtout, de la France et, notamment, de Saint-Georges-d'Orques.

Le reste est histoire. Celui qui veut mesurer le succès du vin de Saint-Georges-d'Orques aux États-Unis n'a qu'à goûter aux "Cuvées Jefferson" - car les meilleurs vins du coin portent toujours son nom. Et, comme si cela n'était pas assez, on trouve à Saint-Georges-d'Orques une Maison des Anciens "Thomas Jefferson".

C'est dans cette maison où, demain, on fêtera encore une fois le bicentenaire de la révolution et, en même temps, les 230 ans du commerce du vin avec les Américains. Dans une action au nom des "Ponts du Cœur", quarante villes et villages français, dont Saint-Georges-d'Orques, inaugureront des plaques commémoratives à l'honneur du président amateur du vin. 230 ans après la visite de ce grand défendeur de la liberté qui amenait l'esprit du vin du Languedoc aux États-Unis, le vin de Saint-Gorges-d'Orques et la cuvée Jefferson seront de nouveau à l'honneur.
Photos et texte : copyright Doris Kneller

dimanche 24 janvier 2010

Montpellier : de la tour de Babote à l'Agora des savoirs

Science à Montpellier : Picard, Tandon et l'astronomie

La tour de Babote à MontpellierMontpellier, 20.10 heures, un mercredi d'hiver. La salle Rabelais est comble. À l'entrée, des gens se fâchent, d'autres s'en vont, déçus. Au rez-de-chaussée du bâtiment, un grand écran fut installé pour ceux qui, au moins, ne veulent pas être exclus entièrement.

Un mercredi tout à fait ordinaire, rien d'excitant, rien d'inquiétant. Ce n'est pas un grand acteur qui rend visite à Montpellier, ni un politicien. Ce n'est pas la guerre non plus. C'est l'heure, tout simplement, de l'Agora des savoirs, de cette série de conférences qui, depuis octobre, est régulièrement organisée par la mairie de Montpellier et la librairie Sauramps, et qui, entre-temps, devint une véritable institution.

Sans doute, le nombre de Montpelliérains qui, régulièrement, se précipitent sur les conférences de l'Agora des savoirs, le zèle avec lequel ils arrivent une heure avant le début pour, patiemment, défendre leurs sites, tous les mercredis, cela prouve l'intérêt que les gens de Montpellier portent à la science. Mais personne n'est étonné. Car cet intérêt n'est pas nouveau.

Ce fut en 1740 que l'Académie des sciences de Montpellier décrocha une subvention pour que, enfin, un observatoire soit installé en ville. Toutefois, les six cents livres accordés n'était pas une somme immense, même si elle devrait se renouveler régulièrement, pendant quelques ans : il fallait donc trouver un moyen de dépenser le moins de sous possible.

Et comme si souvent, les Montpelliérains surent se débrouiller. Mais ne nous précipitons pas - reculons un peu dans l'histoire. Le 12e siècle, comme nous le savons, était loin d'être calme à Montpellier. La ville et sa situation près de la Méditerranée furent convoitées, et la guerre y régnait souvent. Ce fut à ce moment que les pères de Montpellier prirent une décision qui, au cours des siècles, se devraient avérer utile - et qui, en ce qui concerne la tour de Babote, resta utile jusqu'à nos jours : il firent entourer la ville d'un mur dont les différentes parties furent liées par 25 tours.

Observatoire Babote, MontpellierPresque toutes ces tours furent victime des agissements qui ébranlèrent Montpellier au cours des siècles : juste deux sur 25 restèrent debout - la tour des Pins et, justement, la tour de Babote.

Retournons alors au 18e siècle. Elle était là, cette tour, à moitié en ruine, et personne ne s'en servit. Et ce fut, justement, une tour dont les astronomes avaient besoin. Il est vrai qu'elle ne mesurait que quelque quinze mètres de hauteur. Mais la subvention fut suffisante pour y ajouter un étage et rapidement, on en fit une véritable tour d'observation. Ainsi, en 1745, l'Académie des sciences put se mettre au travail. Douze ans plus tard, elle fut rejointe par la Société royale des sciences, et le monde scientifique, comme si souvent, se tourna vers Montpellier.

Mais à qui Montpellier doit-il cet intérêt coûteux pour l'astronomie ? Ne devrait-on pas dire que, dans ce 18e siècle agité, les gens auraient eu autre chose à faire que regarder le ciel ?

Conservatoire Babote à MontpellierTout commença en 1674 avec un passage de Mercure devant le soleil qui, finalement, n'eut pas lieu. En fait, c'était un scientifique et membre de l'église, l'abbé Picard, qui avait calculé ce passage. N'oublions pas que, pendant des siècles, l'église livrait au monde les plus grands scientifiques et, notamment, les plus grands astronomes - Jean Chappe d'Auteroche, Théophile Moreux, Georges Lemaître…

Jean-Felix Picard consacra sa vie à son désir de mesurer le rayon de la terre. L'histoire nous raconte qu'il était le premier à y parvenir… à juste quelques 20 kilomètres de près. Ce fut donc un grand homme - pas le premier et pas le dernier - qui se sentit attiré par Montpellier.

En 1674, alors, l'abbé vint à Montpellier pour observer un phénomène du ciel nocturne qu'il avait calculé et sur lequel, pour une fois, il se trompa. Mais il sut se faire des amis, et deux ans plus tard, le 11 juin 1676, il n'était plus le seul à Montpellier à rester debout dans les rues, observant une éclipse de soleil, et les Montpelliérains découvrirent leur goût pour l'astronomie. Lorsque, six ans plus tard, le département de l'astronomie fêta son entrée à la faculté de Montpellier, la réputation de cette science n'était plus à faire.

Observatoire astronomique de MontpellierCe fut aussi l'abbé Picard qui aida les Montpelliérains à se situer dans l'espace. Il était le premier à établir les coordonnées de la ville. Presque un siècle plus tard, Barthélemy Tandon, un des directeurs de l'observatoire, parvient à établir des données un peu plus précises que celles trouvées par Picard, mais la correction ne fut pas immense. Quant à Tandon - oui, ce fut un autre cas de "grand homme" de Montpellier. Il s'installa au voisinage direct de la tour de la Babote et il surveilla sa lunette, comme en témoignèrent ses contemporains, presque 24 heures sur 24. En 1760, il fit parler de Montpellier par sa découverte de la fameuse comète. Et un an plus tard, le 5 juin 1761, il accomplit ce que l'abbé Picard avait entamé : de Montpellier, du haut de la Tour de Babote, il réussit à observer le passage de Vénus devant le soleil.

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Pierre Magnol au Jardin des Plantes à Montpellier
Linné à Montpellier : Boissier de Sauvages et le Jardin des Plantes
Photos et texte : copyright Doris Kneller

vendredi 22 janvier 2010

Montpellier et les Montpelliérains : micro-trottoir
sur TaM

Tous les samedis : grève des trams et des bus
à Montpellier

Le tram au Lez à MontpellierLes Montpelliérains qui, ces jours-ci, ouvrent le site de la TaM, peuvent lire les mots : "Perturbations attendues sur le réseau TaM - l’organisation syndicale CFTC de TaM a déposé un préavis de grève samedi 23 janvier 2010."

Or, il n'est pas rare d'y trouver un tel préavis. Depuis longtemps, cette phrase se renouvelle chaque semaine : chaque samedi, les conducteurs des bus et des trams de Montpellier sont en grève.

"S'ils font la grève, ils ont une raison. À mon avis, ils manquent vraiment des sous", déclare une jeune femme sur la place de la Comédie. Mais : "Personne ne sait vraiment pour quelle raison ils font grève. Ils devraient mieux informer le public. De cette façon, les gens pourraient décider s'ils veulent les soutenir ou pas", ajoute un homme dans la trentaine.

Une dame dans la cinquantaine est du même avis : "Je souffre personnellement du fait de mon habitation éloignée du centre. Mais la France est un pays de liberté jusqu'à aujourd'hui, et le droit de grève fait partie de ces libertés. Je suis donc pour… Mais ce qui m'ennuie, dans le cas des grèves de TaM du samedi, c'est qu'ils n'ont pas assez donné les raisons de ces grèves. Il pourrait y avoir des affiches sur les arrêts de bus et trams pour donner les raisons de ces grèves répétées. Ce qui énerve les gens, ce n'est pas tellement la grève elle-même, mais le manque de transparence des revendications."

Montpellier, tour de la Babotte"On ne connaît même pas la raison de leur grève", renforce une dame d'à peu près le même âge. "J'imagine que c'est pour les sous ou à cause de l'agressivité dont ils sont victime. Il est clair qu'il faut faire quelque chose contre l'agressivité des gens." Et, du même avis, la première dame ajoute : "Si les grèves sont dues au manque de sécurité des chauffeurs de plus en plus agressés ou stressés, je suis avec eux, si c'est pour des problèmes de salaire, je suis aussi avec eux, si elles sont justifiées. Il semblerait que ce soit un peu des deux, en gros : dégradations des conditions de travail."

Un Monsieur dans la quarantaine qui attend le tram au Corum semble bien informé : "De toute manière la grève, si c'est des smicards qui la faisaient, ça serait normal." Et il se fâche un peu :"Le problème c'est que ceux qui font grève sont en général ceux qui gagnent plus de 1500 euros par mois. Si je me rappelle bien, les conducteurs de tram ont un salaire avoisinant les 1400 euros mensuel. Et un autre exemple : le TER à Paris. Les chauffeurs du TER touchent… 2400 euros par mois. Alors, il ne faut pas exagérer. On peu faire un peu de grève, de temps en temps, d'accord, mas pas tout le temps."

Toutefois, la grève touche-t-elle tous les Montpelliérains ? "Le tramway, je ne le prends pas très souvent. Les courtes distances, je les fais à pied. Donc je ne me sens pas concernée.", explique une dame dans la cinquantaine. Et elle n'est pas la seule qui, n'ayant pas besoin des trams, ne réfléchit pas aux soucis de transport de ses concitoyens. "Ça m'est égal", répond une jeune femme, "Je prends pas le tram le samedi." Ou une autre jeune femme : "Ils font la grève ? Je ne savais même pas." Et, interrogée sur ce qu'elle en pense : "Vous savez, ça ne me regarde pas." Ou, un homme dans la trentaine : "Pourquoi ça m'intéresserait ? Je prends jamais le tram." Mais il ajoute : "Ça doit être très embêtant pour ceux qui n'habitent pas le cœur de Montpellier."

Le tram à Montpellier : OdysseumBeaucoup de Montpelliérains sont d'accord avec la réflexion de la dame dans la cinquantaine : "Je comprends qu'ils ont des revendications." Toutefois, elle doute que la forme de cette grève soit idéale : "Mais est-ce la meilleure solution ?", poursuit-elle, "je ne suis pas sûre."

Une autre dame, dans la trentaine, a des réflexions similaires : "Ce qui m'embête, dans cette histoire, c'est que les grèves nuisent toujours à ceux qui n'y sont pour rien."

Mais une grève qui n'est nuisible à personne, serait-elle utile ? "Si une grève doit avoir d'impacte", explique une jeune dame qui, juste, distribue des tractes sur la Comédie parlant de la grève des enseignants, "il faut qu'elle gène des gens. Si elle ne gène personne, elle n'a pas de sens."

"Si les grèves ne gênaient personne, elles n'auraient aucune raison d'être", approuve une dame un peu plus âgée. Et : "Vaut mieux qu'ils fassent grève le samedi quand les gens ne travaillent pas", ou, une dame dans la quarantaine : "Je trouve que l'idée du samedi est bonne : on ne peut pas leur reprocher d'empêcher les élèves d'aller à l'école et les travailleurs au travail." Elle comprend bien les problèmes des grévistes : "Connaissant le coût d'une journée de grève quand on est gréviste, je les soutiens. Car cela commence à durer et cela ne doit pas être facile à tenir."

Mais tout le monde n'est pas d'accord : "Dans la mesure qu'ils ne touchent pas un mauvais salaire, c'est quand même gonflé. On est en crise et il y a des gens qui n'ont rien", critique une dame d'environ vingt ans. Et une dame dans la quarantaine : "Pour ma part, je n'aime pas le vampirisme, sous quelque forme que ce soit...... Tout excès ou prise d'otage ne me paraît jamais approprié."

Une autre dame d'environ 35 ans est contre les grèves. Elle pense aux gens qui sont concernés, mais aussi aux conditions de travail : "Je n'aime pas les grèves, je ne les soutient donc pas. Moi je regarde les engagements que TaM a prononcés à l'égard des usagers. Ce sont eux qui paient le prix de l'insatisfaction des salariés que TaM a recrutés. Cette boîte doit trouver des solutions pour tenir ses engagements, d'abord, puis pour répondre aux attentes de ses salariés."

Et une autre dame, un peu plus âgée, aimerait aller peu loin : "En ce qui me concerne, j'ai souvent été gréviste, avec succès des fois, mais j'ai souvent remarqué que parfois les retombées positives se faisaient longtemps après. Je ne peux pas me permettre de juger les grèves du TaM. Je n'ai pas de tram dans mon quartier, je suis donc obligée de prendre ma voiture, hélas."

Elle aussi déclare de ne pas connaître les raisons de la grève actuelle des tramways et des bus. Cependant : "Il y a des problèmes partout. Pour ma part, je serais volontiers favorable à faire grève illimitée, mais seulement si tout le monde s'y associait et dans tous les domaines. Car quand on voit ce qui se passe dans la haute finance qui fait des profits et se donne des salaires plus qu'indécents alors que des gens sont licenciés avec aucune perspective d'emploi, cela me révolte. Je suis pour des grèves et des manifestations contre toutes ces injustices, contre le nucléaire, ..."
Photos et texte : copyright Doris Kneller

mercredi 20 janvier 2010

De la Comédie au Corum, du Peyrou au jardin des plantes : Montpellier à pied

Ruelles et rues piétonnes : marcher à Montpellier

Antigone, MontpellierPrendre la voiture pour se déplacer à l'intérieur de Montpellier n'est sans doute pas une bonne idée - comme dans toutes les grandes villes du monde. Mieux vaut laisser la voiture et prendre le tram ou le bus. Mais il y a une troisième manière pour traverser la ville : à pied. Montpellier est-ce une ville accueillante pour les piétons ?

La dame dans la quarantaine qui, juste, traverse la place de la Comédie, se sont concernée : "Je vais toujours à pied. J'habite à l'Antigone, près de la Place du Nombre d'Or, je suis alors proche du Polygone et du centre ville. Je n'aime pas prendre la voiture, et c'est rare que je prenne le tram. Et", elle rit, "marcher est bien pour la santé, n'est-ce pas ?"

Une autre dame, à peu près du même âge, est d'accord. "Le centre de Montpellier est idéal pour les piétons. De grandes rues piétonnes, des boutiques qui invitent à flâner, des avenues larges. Après, il y a les petites ruelles des quartiers Saint Roch et Sainte Anne où il fait plaisir de se promener. On y est en sécurité des voitures, enfin, il n'y a que très peu, c'est très agréable."

Vélos à MontpellierUn Monsieur âgé qui se repose sur une des banques sur l'Esplanade Charles de Gaulle, par contre, n'est pas si content. "Je suis handicapé, vous voyez ?" Il lève sa béquille. "Et, comme toujours, la mairie n'a pas pensé aux handicapés. Quand il pleut ou après la pluie, je ne peux jamais sortir au centre ville : le revêtement du sol, sur la place de la Comédie et ailleurs, devient glissant avec la moindre humidité. Ce n'est pas pratique pour les 'gens normaux' et impossible pour des gens comme moi." Et, avec une voie un peu aigrie, il ajoute : "Ils pensent au fric et ils veulent que ça soit 'joli' pour les touristes. Personne ne pense aux handicapés."

"Traverser Montpellier à pied ?" répète une dame d'une cinquantaine d'années, accompagnée par un petit chien. "Pendant la journée, à la limite, oui. Tant qu'on reste sur les grandes axes, comme la Comédie ou la rue de la Loge. Mais le soir ou quand vous quittez ces grandes rues, c'est trop dangereux. Il y a des SDF partout, avec leurs grands chiens, des jeunes qui se battent et qui importunent les gens. Parfois", poursuit-elle, "on voit la police. Mais on ne la voit jamais dans des rues comme la rue de Verdun, où les jeunes se battent. Ou dans les petites rues autour de la gare. Ils restent tranquillement dans leur voiture sur la Comédie."

Général Castries, Montpellier"Rues piétonnes ? Vous rêvez", se plainte une dame à peu près du même âge. "Officiellement, oui. Mais c'est là où vous vous faites écraser le plus facilement." Elle raconte une expérience qu'elle aurait eue il y a quelques jours. "Je me promenais dans la Grand'Rue Jean Moulin. Et, tout à coup, quelqu'un, un homme en face de moi, me fait signe de m'écarter. Je regarde derrière moi - et je fais un saut désespéré. Une voiture de livraison, vous savez une de ces voitures électriques ou je sais pas quoi qu'on n'entend pas, était à cinq centimètres derrière moi. Il m'aurait touchée une seconde plus tard. Je me suis fâchée, et le conducteur est sorti. Et vous savez ce qu'il a dit ? Qu'il aurait le droit de circuler dans les rues piétonnes. Ce serait la mairie qui lui aurait donné la permission. Je lui ai demandé s'il avait aussi la permission d'écraser les gens, mais là, il a rigolé. Ensuite, il est parti. "

Une jeune fille se plaint également. "C'est très beau, toutes ces rues piétonnes", explique-t-elle. "Mais on n'y est pas tranquille. Sur la comédie, par exemple, il faut faire attention aux voitures de nettoyage qui font n'importe quoi. J'ai une copine qui a été touchée par une telle voiture il y a presque un an : et jusqu'à aujourd'hui, elle ne toujours pas capable de marcher."

Un Monsieur d'une soixantaine d'années se joint aux plaintes : "Sans les vélos, les rues piétonnes seraient parfait", proclame-t-il. "Mais quelle idée d'installer un point vélo en plein rue piétonne, devant les halles de la rue de la Loge. Les jeunes qui y louent des vélos embêtent tout le monde dans la rue de la Loge et sur la Comédie. Ils n'ont même pas assez de respect pour pousser leur vélo jusqu'à la fin de la rue piétonne. Ils préfèrent importuner les gens."

Quartier des Arceaux, Montpellier"Je viens de Paris", dit une autre dame, "et je découvre. Traverser Montpellier à pied ? Mais c'est formidable. Il y a tant de jolies choses à voir..."

"Traverser Montpellier à pied", répète un Monsieur dans la trentaine. "ça dépend où. Ici, près du Polygone, il n'y a pas de problème. Mais connaissez-vous la Rue du Maréchal de Castries ? C'est une toute petite rue près des Arceaux. Le trottoir y est si étroit qu'une personne passe à peine. Deux personnes, impossible. S'il y a deux personnes qui se croisent, une doit descendre dans la rue. Et c'est très dangereux, parce que, à cause des travaux sur le Cours Gambetta, il y a beaucoup de trafic. En plus, ils utilisent le trottoir pour y poser leurs poubelles. Les poubelles, à Montpellier, ne bloquent jamais les voitures, mais les piétons."

Le boulevard Sarrail est un autre endroit où les piétons se sentent molestés. "Il y a un chantier qui bloque le trottoir depuis des siècles", exagère un Monsieur dans la quarantaine. "Il veulent que les piétons passent en face - mais en face, on ne peut pas passer. Il y a la voie pour les voitures et puis, les terrasses des cafés. On pense à tout le monde, mais pas aux piétons."

Avenue Serrail, MontpellierRue de Maréchal de Castries, boulevard Sarrail - y a-t-il d'autres endroits à Montpellier "contre" les piétons ? "N'oubliez pas que Montpellier est une ville très ancienne", dit une femme qui, comme elle explique, à "étudié avec plaisir" l'histoire de Montpellier. "Avec un centre moyenâgeux et tout. Un jour, les voitures sont arrivées. Qu'est-ce qu'on aurait pu faire ? Casser lÉcusson pour faire place à des avenues larges ? - Non, celui qui veut vivre dans une ville ancienne doit accepter que, parfois, il n'y a pas beaucoup de place : ni pour les voitures, ni pour les piétons. Mais en contrepartie, tout reste à une échelle humaine."
Photos et texte : copyright Doris Kneller

mardi 19 janvier 2010

Hélène Mandroux et les Montpelliérains :
Solidarité pour Haïti

Une soirée de solidarité à la Maison des relations internationales : Montpellier aide les Haïtiens

Hélène Mandroux, maire de Montpellier"La solidarité", dit Hélène Mandroux, maire de Montpellier, "est très importante. On oublie trop souvent qu'il y a des hommes et des femmes qui, simplement, veulent vivre et qui veulent simplement avoir un toit."

La solidarité qui, hier soir, amena une centaine de Montpelliérains à la Maison des Relations Internationales près du Corum ciblait les gens qui souffrent en Haïti et ceux qui, en sécurité à Montpellier, pleurent des morts sur l'île dans les Antilles. Ils sont tous venus : le maire et des représentants de son équipe, les membres des associations montpelliéraines et haïtiennes, ceux qui ont vécu à Haïti, qui y ont des amis - et, surtout, ceux qui veulent aider.

"Pourquoi je suis ici ce soir ? Par solidarité avec la population haïtienne qui se trouve en détresse. Ma présence ici est une façon d'exprimer, à mon petit niveau, que je pense à eux", commente une dame dans la trentaine.

"Je suis venu pour voir si je peux aider", déclare un jeune homme, lui-même originaire de la Guyane, membre d'une association qui crée des liaisons entre la France et son pays. Et une dame qui a des amis dont des amis vivent à Haïti et qui n'arrivent toujours pas à les contacter : "Je ne connais pas Haïti, mais je veux faire quelque chose."

Mairie de Montpellier : Jacques TouchonDaniel Duchemin, l'ancien président de la Cour d'Assises à Montpellier travailla cinq ans à Port-au-Prince, la capitale de Haïti, où il a toujours des amis, dont il ne sait pas s'ils sont vivants ou morts. "Je suis ici, ce soir, pour exprimer mon soutien moral, essentiellement pour ceux qui sont restés là-bas."

Jacques Touchon

"Ce soir", annonça Hélène Mandroux au début de cette manifestation de solidarité, je ne suis pas venue pour parler, mais pour écouter. Nous sommes ici pour exprimer notre solidarité avec Haïti et les Haïtiens, et j'écouterai ceux qui ont quelque chose à dire."

Et il y en avait qui, effectivement, avaient des choses à dire. Par exemple Jacques Touchon, adjoint au maire à Montpellier, qui annonça que, lors de la prochaine réunion du conseil municipal, la ville voterait une aide de 50.000 euros pour Haïti. "En plus, on mettra des urnes partout dans les locaux municipaux comme on l'a déjà fait lors du Tsunami." Ainsi, ceux qui veulent aider, auront aussi l'occasion de le faire.

Percussionniste à Montpellier : Tony SavannahTony Savannah, un des musiciens - il est percussionniste - de Haïti qui vivent à Montpellier avait envie de remercier les Montpelliérains pour leur solidarité spontanée. "Haïti est un pays qui offre au monde plein d'intellectuels, de grands scientifiques, de grands médecins…" Mais maintenant, continua-t-il, l'île aurait besoin d'être aidée. "Dans ces jours pénibles, il faudrait que beaucoup de gens participent à la solidarité pour rendre à Haïti ce que les Haïtiens ont déjà donné au monde."

Le président de l'association des "Amis des Enfants d'Haïti" lança un appel aux artistes montpelliérains de mettre leur talent à la disposition de son peuple. Il tint à souligner la situation pénible dans son pays - "On est meurtris par ce qui s'est passé à Haïti", dit-il. "C'est un pays qui souffre. Aujourd'hui, les Haïtiens pleurent." - tandis qu'un membre de son association, Nadia Cherki, apporta un témoignage sur son séjour à Haïti et sur les Haïtiens. "Là-bas," expliqua-t-elle, "il règne la hospitalité, la générosité et la chaleur humaine." Ses hôtes étaient pauvres, mais ils l'accueillirent "comme si j'étais leur fille".

Les Haïtiens, poursuivit-elle, seraient des gens qui n'auraient rien, mais qui donneraient tout. Ce ne serait comparable qu'avec la fameuse multiplication du pain dans la bible. "Ces gens ont la créativité en eux pour faire tout avec rien." Et elle cite un exemple : "À la campagne, ils n'ont souvent pas d'électricité. Mais ils se débrouillent pour faire fonctionner Internet."

Enfants de Haïti"Ce pays m'a pris au tripes", déclara un homme qui avait passé dix ans à Haïti. "Et je veux y retourner. C'est un peu ma deuxième famille." Toutefois, il serait parfois difficile de comprendre les Haïtiens. Surtout les Français vivraient une sorte de choque culturel. "On nous dit que la langue officielle serait le français, mais en vérité, 80 pour cent des gens communiquent en créole."

Le président de l'association des "Amis des Enfants d'Haïti"

À Haïti, il y aurait deux éléments qui distinguent les gens. D'abord l'école. Les riches enverraient leurs enfants dans une école française, les autres fréquenteraient des écoles locales. Et puis l'argent : un riche paierait en dollars, tandis qu'un pauvre dépend de la monnaie locale. "À Haïti, on est très riche ou très pauvre. J'ai vu des gens qui vivaient avec cinq euros par an."

Mais il y avait aussi des exemples concrets d'aide. La marraine de deux enfants haïtiens, par exemple, plaida pour que tous ceux qui le peuvent prennent en charge un enfant de l'ancienne île de Saint-Domingo. "Un peu d'aide donne aux enfants la possibilité d'aller à l'école. Et cela ne coûte que 25 euros par mois." - Commentaire du maire Hélène Mandroux : "C'est ce que beaucoup de gens dépensent pour les cigarettes…"

Arnould Leclercq, propriétaire d'une petite entreprise à Montpellier qui organise des spectacles karaoké et président de l'association "Le petit Écureuil" qui s'intéresse aux conditions de la hospitalisation des enfants, par contre, ne voulait pas lancer d'appel. Il préfera proposer ses propres services : "Je suis prêt à organiser une soirée Karaoké - ou même plusieurs - et de mettre à disposition mon matériel pour aider les Haïtiens." Et il transmit également le message d'une amie qui ne pouvait pas être présente ce soir, mais qui est prête à soutenir la cause par ses talents de cuisinière : "Elle propose de faire une Paëlla pour 200 ou même 300 personnes."

La solidarité et la bonne volonté montrées ce soir donnent espoir - espoir pour un peuple qui, en ce moment, en a besoin plus que jamais. Toutefois, l'espoir ne le quitta jamais, l'espoir et l'énergie de, comme le formula un membre de l'association des "Amis des Enfants d'Haïti", "se débrouiller". Et cette énergie s'exprime aussi dans le message envoyé par le maire de Port-au-Prince : il aurait beaucoup de confiance dans les gens qui, partout au monde, aident son peuple à reconstruire son pays. Mais il y aurait une priorité - "Il faut faire fonctionner de nouveau les écoles pour nos enfants."

Une dame dont la belle-sœur vit à Haïti rapporta un message de sa famille : "On est vivant, mais c'est terrible." Et : "On a à boire et à manger et le soir, les gens descendent dans la rue et chantent." Beaucoup de Haïtiens sont morts. Mais ceux qui ont survécu savent ce qui signifie la vie...
Photos et texte : copyright Doris Kneller

lundi 18 janvier 2010

Hélène Mandroux, maire de Montpellier :
micro-trottoir

Politique à Montpellier : Qui est Hélène Mandroux ?

Hélène Mandroux, maire de MontpellierL'Odysseum, un après-midi ensoleillé au milieu de la semaine. Ceux qui se promènent parmi les boutiques, se prennent le temps. Ils flânent, ils regardent les vitrines, ils profitent du soleil. D'où viennent-ils ? Habitent-ils tous à Montpellier ?

"Oui, j'habite au centre", répond une dame d'une quarantaine d'années qui, comme elle dit, est venue "pour faire les soldes. Mais je n'ai rien trouvé." Elle a le temps pour une petite "causette".

"Si je sais qui est Hélène Mandroux ? Bien sûr, c'est le maire de Montpellier." Elle explique de bien aimer son maire. "Elle fait plein de bonnes choses. Et elle est plus sympa que George Frêche." - Quelles sont ces "bonnes choses" ? - La dame réfléchit. "Voyons. Le tram, n'est-ce pas ? Bientôt, on aura une nouvelle ligne." - Aimeriez-vous voir Madame Mandroux en tête de l'Agglo ? - "Pourquoi pas ? Mais surtout, elle devrait rester maire. Elle est un bon maire."

Montpellier et sa mairie : Hélène Mandroux"Le maire de Montpellier ?", répète un jeune homme. "C'est une femme, non ? Je sais pas, son nom m'est échappé." - "Mandroux", s'en mêle sa copine. "Je la trouve sympa." - Qu'est-ce que vous savez d'elle ? - "Je crois qu'elle est médecin. Je la trouve très ouverte. Elle soutient les gais, enfin, elle n'a rien contre leur mariage. J'ai un ami qui est gai, et il la trouve bien."

"Mandroux, Hélène ?" Le Monsieur âgé fait une grimace dédaigneuse. "Qu'est-ce que vous pouvez attendre d'une femme en politique. Elle suit le premier qui lui sourit." Il s'énerve un peu. "Vous savez quelque chose ? Je vais vous dire la vérité. Je l'aimais bien, au début, la Mandroux. Il était temps que quelqu'un s'oppose à Frêche. Mais depuis qu'elle a soutenu la Royal, c'est fini pour moi. Les femmes entre elles, ça se soutient sans réfléchir."

"Hélène Mandroux, bien sûr. C'est normal qu'on connaît son maire." La dame, la vingtaine avancée, sourit. "Suffit de lire la presse. Avant, elle était médecin. Avec beaucoup de succès, si je me rappelle bien. N'a-t-elle pas créé une association des femmes médecins ou quelque chose comme ça ? - Mais depuis qu'elle fait la politique, elle ne devrait plus exercer. Elle était déjà adjointe au maire sous Frêche, elle s'est occupée de la santé ou des finances, je ne sais plus exactement."

C'est de nouveau un Monsieur, d'une quarantaine d'années, qui prend position contre Hélène Mandroux. "Sans George Frêche, elle ne serait jamais devenue maire. Il l'a soutenue, et s'il n'avait pas démissionné, il serait toujours maire, et il le resterait. Au lieu de lui remercier, elle s'oppose à lui. Si elle avait quelque chose à dire, Montpellier aurait déjà fait faillite." - Pourquoi ? - "Elle veut tout en même temps. La nouvelle mairie, plusieurs lignes de tram, de nouveaux quartiers, Port Marianne, ..." - Tout cela sont des projets initiés par Hélène Mandroux ? - "Non, par Frêche. Mais Mandroux en profite..."

Hélène Mandroux, Montpellier"C'est formidable que notre maire est une femme. Cela montre l'ouverture d'esprit des Montpelliérains." De nouveau un homme, une cinquantaine d'années, vêtu d'un costume bleu foncé. "Et tout ce qu'elle fait aide la cause des femmes. Elle était brillante comme médecin, elle n'a pas hésité de travailler à la Paillade. Elle était aussi présidente de l'association des femmes médecines. Maintenant elle est présidente de l'Association des maires - ou peut-être vice-présidente ? - D'où je sais tout cela ?" Il sourit. "On se tient au courant, n'est-ce pas, on doit savoir ce qui se passe dans sa ville..."

"Mandroux ? Bien sûr que je sais qui est Mandroux. La maire de Montpellier." - "La" maire ? - La jeune femme hoche la tête. "Oui, je dis la maire. C'est une femme, n'est-ce pas ? Pourquoi je dirais 'le' maire si je parle d'une femme ? Ce ne serait pas logique. On est dirigés par les hommes qui se permettent de former la langue comme ça leur convient. Ils n'ont rien à faire avec des réflexions logiques. - Savez-vous seulement, combien de villes françaises ont des femmes maires ? Six ! Vous imaginez ? Six femmes élues maire."

"Non, je sais pas", dit une dame dans la trentaine. "Je ne m'intéresse pas à la politique." - Habitez-vous à Montpellier ? - "Oui." - Et connaissez-vous le maire de Montpellier ? - "Non, ça m'intéresse pas. Frêche, je crois..."

"Je l'aime bien", explique un homme également d'une trentaine d'années. "Elle pense à la planète. Quand elle planifie un projet, elle n'oublie pas l'aspect écologique." - "Si je connais un tel projet ? Voyons. C'est elle qui a initié le marché au miel. Et elle est pour le bio." - Que pense-t-il de la nouvelle mairie de Montpellier ? - "Oui, la mairie fait partie des projets écologiques." - Et les lumières de la Comédie ? Il hausse les épaules. - "Je ne sais pas. Elles ont quoi, les lumières de la Comédie ?"

"Si je suis contente de ce que fait notre maire ? Bien sûr. Je trouve que c'est une femme très raisonnable." Ceci est la voie d'une fille d'environ seize ans. "Son nom ? Je sais plus, non. Son prénom est Hélène. Ma mère l'appelle toujours Hélène. Elle dit qu'elle est bien pour Montpellier. Elle dit que les femmes connaissent mieux la vie et savent de quoi les gens ont besoin..."

La flamme de la paix à Montpellier
Montpellier Marché aux Fleurs : un concert pour Montpellier
Photos et texte : copyright Doris Kneller

dimanche 17 janvier 2010

Jean Nouvel, George Frêche, Hélène Mandroux et la nouvelle mairie à Montpellier

Belle, écologique, surprenante : la nouvelle mairie au bord du Lez

La nouvelle mairie de MontpellierCertains organes de presse proclament que ce fut George Frêche qui importa à Montpellier l'habitude de confier les constructions de nouveaux bâtiments à des architectes de renommée internationale. Mais cette "nouvelle mode" ne fut pas créée avec Roberto Bofill et l'Antigone. Les premiers dans une longue liste d'architectes célèbres qui travaillaient à Montpellier furent Bernard de Manse et Bertrand Nogayrol, des architectes pontificaux, à qui Urbain V fit appel pour construire la cathédrale de Montpellier.

Aujourd'hui, c'est un autre de ces hommes célèbres dont une nouvelle œuvre fera bientôt partie du paysage montpelliérain : Jean Nouvel, l'architecte qui construit la nouvelle mairie de Montpellier. - Initialement, cet homme que certains appellent génie n'avait pas envie d'embrasser la carrière d'un architecte. Sa passion était la peinture, et c'était d'elle qu'il voulait vivre. Mais ses parents l'obligèrent à étudier l'architecture à Bordeaux et, plus tard, de participer au concours de l'École nationale supérieure des Beaux-Arts à Paris. Et, bien sûr, il emporta le premier prix.

Montpellier, chantier de la mairieSa carrière commença avec la construction d'une école maternelle et plus tard, ce fut des villas et un collège. Et juste quatre ans après avoir passé son diplôme d'architecte, sa conception nouvelle du Centre médico-chirurgical du Val-Notre-Dame à Bezons incita l'intérêt du monde professionnel.

Mais ce ne fut pas seulement le monde professionnel mais également François Mitterrand qui se tourna vers lui. Il confia à Jean Nouvel la construction de l'Institut du monde arabe à Paris dont la façade à moucharabiehs, une sorte de ventilation naturelle empruntée à l'architecture traditionnelle arabe, le rendit définitivement célèbre. Sa réputation fut établie. Bientôt, sa voie devrait le mener à Madrid, Barcelone, Tokyo et Minneapolis et dans sa région bien aimée, la Dordogne.

Toutefois, pas tout le monde apprécia cet homme qui, dès le début, sut ce qu'il voulait. Il n'hésita pas à se heurter aux traditions de sa profession : il rompit avec l'ordre des architectes, créa un syndicat d'architecture et fut aux premières lignes des manifestations contre la destruction des usines Renault. Il se fit des ennemis, et plusieurs de ses projets furent abandonnés ou, carrément, refusés.

Montpellier : la mairie au LezCes échecs, cependant, n'arrivèrent pas à nuire son ascension au ciel de l'architecture. Génial d'un côté, têtu de l'autre, il créa une nouvelle mode qui, bientôt, changea le visage de beaucoup de villes, dont Montpellier. Avec son utilisation du métal et du verre, il savait capter le soleil. La transparence, le reflet et le jeu de l'ombre et de la lumière devinrent ses alliés. Chaque bâtiment qu'il crée reflète encore plus son siècle, le nouveau, le moderne. Ces créations sont individuelles, différentes, il ne veut pas de "style", il revendique l'expérience. Le nom de Jean Nouvel devint synonyme d'imagination, de "nouvelles idées". Ses édifices sont comme des tableaux - Jean Nouvel est architecte, mais il reste peintre.

Reconnu par les rois et les présidents du monde, honoré par Nicolas Sarkozy à qui il présenta déjà la maquette de la nouvelle Philharmonie de Paris au Parc de la Villette, Jean Nouvel répond finalement à l'appel de George Frêche et de Montpellier. Ce n'est pas la première fois qu'il œuvre pour la ville au bord de la Méditerranée et tout le monde le devine : la nouvelle mairie ne sera pas un simple bâtiment, mais un de ces tableaux composés par un des plus grands architectes du siècle.

Certes, une telle merveille a son prix. 107 millions d'euros est le chiffre qui, au début de la construction, fut avancé. Mais le prix des matières augmenta en cours de route et, en ce moment, les Montpelliérains ne peuvent que spéculer sur le coût réel de leur nouvelle mairie. Toutefois, selon le maire Hélène Mandroux, le chantier créa aussi presque 2000 emplois pour les entreprises impliquées dans la construction.

Le Lez à Montpellier, proche de la mairieDe toute façon, la mairie sera belle. Déjà son site assure une des vues les plus jolies sur Montpellier - de la mairie, on verra le Lez, et le parc de quatre hectares qui l'entourera sera un des plus riches de l'Europe. Mais la nouvelle mairie ne sera pas seulement le but des Montpelliérains qui voudront se délaisser dans un espace vert digne des grands architectes et paysagistes, comme Roberto Bofill et Édouard André, elle sera aussi - écologique.

Déjà, la matière qui enveloppe l'édifice garantira l'économie de l'énergie, et les façades, en panneaux d'aluminium, aideront à faire face au climat méditerranéen. Mais cela n'est pas tout : entre dix et vingt pour cent de l'énergie nécessaire sera fournie par des capteurs photovoltaïques. À l'intérieur de la mairie, il fera frais en été et agréablement chaud en hiver, grâce à des toitures coulissantes dont la protection contre le soleil base sur des matériaux naturels. La lumière du soleil jouera un rôle central : il fera clair à l'intérieur de la nouvelle mairie, mais jamais trop. Jean Nouvel aura vaincu la chaleur, le froid, l'obscurité et l'éblouissement. Le jour où son œuvre sera inaugurée, Montpellier sera encore une fois un modèle de la construction écologique.

Quand se jour arrivera-t-il ? Actuellement, on parle de fin 2011. La mairie sera donc prête pour l'inauguration de la ligne 3 du tram de Montpellier, qui, elle aussi, sera conçue par un des plus grands noms du monde...
Photos et texte : copyright Doris Kneller

samedi 16 janvier 2010

Montpellier et son Esplanade : Édouard André et les espaces verts

L'Esplanade Charles de Gaulle à Montpellier et le Jardin du Champ de Mars

Esplanade, MontpellierSi il y a quelque chose qui marqua toujours l'histoire de Montpellier, c'est le manque d'eau. Ce problème permanent incita la construction de l'aqueduc et, avec lui, du Peyrou et, finalement, c'est lui qui a fait à Montpellier le cadeau de ses 100 fontaines. N'oublions pas que, au moins à l'origine, ces fontaines avaient une fonction très concrète - livrer aux habitants de Montpellier une quantité suffisante d'eau. Mais elles ajoutèrent sans doute aussi à la beauté de Montpellier.

Les trois fontaines de l'Esplanade Charles de Gaulle ne font pas exception à cette règle. Initialement, elles n'étaient rien qu'une source d'eau de plus pour les Montpelliérains. Plus tard, toutefois, au XVIIIe siècle, elles se transformèrent en ornement bordant une des voies royales de Montpellier, une source de fraîcheur qui rafraîchit l'air pour le roi et sa cour, agréable à l'œil. En 1988, ces fontaines furent reconstruites pour arborer de nouveau leur beauté d'origine.

Charles de Gaulle, Esplanade, MontpellierLes voies royales - que la ville de Montpellier aurait-elle été sans ses voies royales ? D'abord, il y avait la dynastie des Guilhem, les seigneurs de Montpellier, plus tard, Louis XIII, Louis XIV… et chacun de ses souverains avait besoin de ses palais, de ses "lieux sacrés" - et de ses voies royales. Une des voies royales les plus connues est cette avenue qui, aujourd'hui, porte le nom de rue Foch, construite à la gloire de Louis XIV, avec l'Arc de Triomphe également construit à sa gloire et le Peyrou avec sa statue, également construite à sa gloire…

Une autre voie royale menait à l'endroit où, en 1990, Claude Vasconi construisit le Corum, juste au lieu où un autre grand architecte, Édouard André, inventa l'Esplanade Charles de Gaulle.

Mais l'Esplanade de Montpellier, l'ancienne voie royale, ne vit pas toujours le luxe et le bonheur. Pas loin de notre Corum se tenait la Citadelle, lieu de bataille et de guerre. Des fils de Montpellier, condamnés par le souverain en cours, moururent sur l'Esplanade comme, parmi d'autres, Claude Brousson, avocat et partisan de la cause calviniste, pendu en 1698 près de ces fontaines conçues au plaisir des rois, ou Jean Vesson, prédicateur protestant, en 1723…

L'Esplanade Charles de Gaulle n'était jamais une simple "avenue". Édouard André, ce paysagiste et botaniste qui créa des jardins partout en Europe, n'avait pas l'intention de tracer juste une zone piétonne censée couvrir les 500 mètres entre la place de la Comédie et l'endroit tant aimé par les rois et autres souverains qui offre une vue imprenable sur Montpellier et, plus tard, fut élu pour héberger le Corum. Déjà au milieu du XIXe siècle, on y avait planté les quatre rangées de platanes. Édouard André y ajouta des essences exotiques, des pelouses fleuries et ces "petites fantaisies" qui étaient sa spécialité, et qui le visiteur ne découvre qu'au fur et à mesure de sa promenade.

Montpellier et son EsplanadeÉdouard André fut l'homme qui changea la conception des jardins en France et en Europe. Né en 1840, il commença sa carrière à l'âge de vingt ans comme jardinier à Paris. En 1900, lorsqu'il créa alors l'Esplanade Charles de Gaulle à Montpellier, son œuvre était déjà bien avancée et ses théories des espaces verts en ville étaient célèbres et appréciées. Ces théories furent publiées la première fois en 1867 - Édouard André avait donc 27 ans - dans un article qu'il rédigea avec George Sand, un des premiers écrivains féministes en France et révolutionnaire à son temps.

Son idée basait principalement sur un manque d'espace. Il était facile de créer des jardins magnifiques à des endroits où les jardiniers disposaient des dizaines d'hectares pour réaliser leurs idées. Mais là où les gens avaient besoin d'un peu de vert - surtout, alors, à l'intérieur des villes - il n'y avait pas assez de place pour laisser libre voie à des idées charmantes, agréables à l'œil du citadin affamé de beauté. Et ce fut juste ces espaces restreints qui animaient l'imagination d'Édouard André.

Ces premiers succès étaient la conception du parc des Buttes-Chaumont et du parc Sefton de Liverpool, où il participa au concours lancé par la ville - et gagna. Il fit aussi une première apparition à Montpellier où il créa le Champ de Mars juste à l'endroit où, plus tard, il devra dessiner le Jardin du Champ de Mars.

En 1871, presque trente ans avant de concevoir l'Esplanade de Montpellier, Édouard André acquit une petite propriété au cœur du village de La Croix-en-Touraine, dans l'Indre et Loire. Comme tous les terrains des maisons de village, son jardin n'était pas très grand. D'un côté, il était limité par la maison qui donnait directement sur la rue principale, de l'autre côté il y avait un cours d'eau. Au contraire de ses collègues paysagistes, Édouard André était donc obligé de se contenter d'à peine deux hectares.

Edouard André et l'EsplanadeEt ce fut ici, sur cette petite propriété dans un village provincial, où le botaniste passionné réalisa ses idées. Il ne pouvait pas jouer sur des perspectives ouvertes à de jolis paysages, il ne pouvait pas créer des allées, des massifs ou des platebandes dont la beauté dépend de leur étendus généreux. Ainsi, il inventa de petites surprises que le visiteur pouvait découvrir petit à petit au cours de sa promenade, composées de plantes délicates dont l'épanouissement n'avait pas besoin de beaucoup de place. Il créa des endroits intimes, où le visiteur se sent bien sans éprouver la nostalgie des grands espaces, il joua avec la lumière, l'ombre et le soleil - bref, il créa une harmonie dans le menu, une harmonie intérieure, qui se suffisait à elle-même.

Plus tard, ce jardin fut acheté par la ville et, en 2006, il fut intégré dans la liste du conservatoire national des Monuments Historiques.

Lorsque, en 1900, Édouard André créa l'Esplanade de Montpellier, son nom était déjà réputé à une échelle internationale. Son fils, René-Édouard, qui adhérait aux idées de son père et devrait poursuivre sa carrière, travaillait déjà avec lui et, ensemble, ils firent de cette ancienne voie royale au cœur de Montpellier ce qu'elle est aujourd'hui : un lieu de détente et de plaisir, une place centrale dans la vie des Montpelliérains.
Photos et texte : copyright Doris Kneller

jeudi 14 janvier 2010

Ces architectes qui construisirent Montpellier

Marius Ramus, Édouard André, Roberto Bofill, Claude Vasconi... et les Montpelliérains

L'Esplanade à MontpellierIl est vrai qu'il n'y a pas de bâtiment public à Montpellier qui aurait été construit par un architecte inconnu. Cela commença déjà en 1367, au moment de l'inauguration de l'église qui, plus tard, devrait devenir la cathédrale Saint-Pierre. Le pape Urbain V qui offrit l'église généreusement à sa ville d'université bien aimée exigea qu'elle soit construite par les meilleurs architectes : il choisit Bernard de Manse et Bertrand Nogayrol, des architectes pontificaux.

Nous savons pas si, à l'époque de Louis XIV, ce fut l'intendant du roi ou les pères de Montpellier qui décidèrent de l'architecte qui devrait construire l'Arc de Triomphe dédié à leur roi. Mais nous savons que, finalement, ce n'était pas un architecte réputé, mais trois architectes réputés qui se mirent à l'œuvre. Le premier fut Français d'Orbay. Il dessina les plans de l'Arc de Triomphe, mais, finalement, il n'avait pas le temps de s'occuper de sa réalisation - il était trop sollicité par le roi qui avait besoin de lui à Versailles. Ce fut donc Augustin-Charles d'Aviler qui réalisa les plans de son collègue. Finalement, un autre artiste - le premier dans la série qui était né à Montpellier - Philippe Bertrand, sculpta les médaillons aux deux côtés de l'Arc de Triomphe.

Cathédrale Saint-Pierre, MontpellierIl va de soi que la fameuse statue de Louis XIV du jardin de Peyrou ne fut pas non plus confiée à un inconnu. Bien que, entre-temps, cette statue de six mètres de hauteur fut remplacée par une autre qui ne mesure que la moitié, le nom de Jules Hardouin-Mansart n'est pas oublié. Il avait deux talents à la fois : il savait dessiner des statues et, en même temps, il était un architecte si réputé qu'il reçut le titre du premier architecte du roi.

Quelques siècles plus tard, en 1853, ce fut Marius Ramus qui avait l'honneur de travailler pour Montpellier - ou les consuls de Montpellier qui avaient l'honneur de voir Marius Ramus œuvrer pour leur ville. On dirait que cet architecte n'avait pas vraiment besoin de la commande de Montpellier - il était le protégé des personnages comme le pape Pie IX ou le comte de Forbin et fut royalement rémunéré pour ses sculptures religieuses. Mais il était d'accord de sculpter le magnifique fronton en haut relief du nouveau Palais de Justice à Montpellier.

Lorsque, en 1900, les Montpelliérains avaient envie d'une promenade comparable aux ramblas en Espagne, il n'était pas non plus question de donner la commande à un architecte "quelconque". Édouard André, né à Nîmes mais, selon la petite histoire, Montpelliérain dans son cœur, était un botaniste sollicité et, en plus, architecte paysagiste. Il faisait partie du mouvement Haussmann, et sa théorie des jardins changea la conception des espaces verts en France et ailleurs. Nous trouvons les traces de son œuvre partout en Europe, dont à Luxembourg et à Paris. Au moment où il accepta alors de s'occuper de la promenade qui devrait devenir l'Esplanade Charles de Gaulle, les Montpelliérains savaient que Montpellier aurait un véritable œuvre d'art de plus.

Montpellier, AntigoneDans les années 80 du dernier siècle, le maire de Montpellier, George Frêche, n'hésita pas à poursuivre la tradition entamée par Urban V et engagea un des meilleurs architectes pour son projet de l'Antigone. Bofill, toutefois, n'était pas seulement un des meilleurs architectes de son époque, il était aussi celui dont on parlait partout. Avec son "Taller de arquitectura" à Barcelone, son fameux Atelier d'architecture révolutionnaire, il ne rencontra peut-être pas l'approbation de tout le monde - en fait, dans l'univers des architectes, ses idées plutôt spectaculaires avaient la réputation d'aspirer au grandiose - mais son nom était connu.

Et l'année 1982 arrive et avec lui, un édifice qui devrait changer la vie culturelle à Montpellier : le Corum. Le choix de son architecte n'était pas difficile : pour le maire de Montpellier, il était clair que juste un "grand prix national d'architecture" fut assez bien pour sa ville. Claude Vasconi savait ce qu'il faisait : il n'était pas un "simple architecte", mais une "institution". Lorsqu'il commanda, on obéit. Il était connu pour sa "grande gueule", il disait ce qu'il avait envie de dire.

Le Corum à Montpellier fut la dernière œuvre de Claude Vasconi. Il avait encore le temps d'assister à son inauguration, le 10 novembre 1990. Un mois plus tard, le 8 décembre, il était mort.
Photos et texte : copyright Doris Kneller

mercredi 13 janvier 2010

Montpellier et les Montpelliérains - y a-t-il une identité montpelliéraine ?

Micro-trottoir : Montpellier et le caractère montpelliérain

Montpellier, PeyrouBien que tout le monde parle de l'identité nationale, personne, jusqu'à maintenant, ne peut dire si, tout simplement, un tel sentiment… ? mode de vie… ? trait de caractère… ? philosophie… ? - bref, si une telle "identité" existe.

Cependant, qui dit identité nationale dit aussi identité régionale et - identité montpelliéraine. Aux yeux des habitants de Montpellier, y a-t-il une identité montpelliéraine ?

"Un Montpelliérain prend le travail moins dur qu'un Français du Nord", rigole une jeune dame. Mais ensuite, elle devient sérieuse. "Non, c'est vrai. À Montpellier, on apprend rapidement que le travail, ce n'est pas le plus important dans la vie."

Une autre dame, un peu plus âgée, ne lui contredit pas. Mais : "Si on veut vivre à Montpellier, il faut accepter qu'il n'y a pas beaucoup de travail. Et les logements sont beaucoup plus chers que, par exemple, à Sète ou à Agde."

Montpellier, AntigoneÊtre Montpelliérain, cela rime-t-il avec "peu de travail" et "logement cher" ? - "L'identité montpelliéraine ?" demande un Monsieur âgé qui, comme il l'explique, a passé presque toutes sa vie à Montpellier. "Un Montpelliérain", reprend-t-il, "veut vivre dehors, il aime la bonne chère et, surtout, il refuse de se prendre la tête." - Et le travail ? - "Le Montpelliérain travaille, oui, tant qu'il n'y a pas de contrainte."

"Le Montpelliérain", explique un jeune homme, "est composé de différents éléments. Il est très ouvert. C'est une personne qui aime le soleil, la mer, qui veut vivre dans une belle ville avec beaucoup de possibilités de sortir et des facilités de transport, le tram, le bus…" Une autre dame, la trentaine, est d'accord avec lui. "Je ne pourrais pas vivre ailleurs", assure-t-elle. "Ici, on a tout ce qu'il faut." - Et l'identité montpelliéraine ? - "Cela n'existe pas. Il y a Montpellier, mais pas de Montpelliérain typique."

Une jeune dame anglaise qui vit à Montpellier depuis presque un an réfléchit d'abord sur le sens de la question. "D'abord, il faut décider ce qui est un Montpelliérain. Déjà, quelqu'un qui est né à Montpellier. Mais la personne qui vit à Montpellier sans y être née, fait-elle partie des Montpelliérains ? - Je dirais que oui. On devient Montpelliérain au moment où on décide de s'installer à Montpellier, d'y rester pour un temps illimité. En ce moment, on subit un changement de mentalité - on devient Montpelliérain."

Et en quoi cette mentalité montpelliéraine consiste-t-elle ? - "La mentalité des gens à Montpellier change avec les saisons." Elle sourit. "En été, tout le monde est content, on se sent en vacances - même si on travaille - on prend le soleil, on va à la plage… On fait la fête tout l'été, tant qu'on peut, et même si on n'a pas le temps de faire la fête, on est de bonne humeur." - Et en hiver ? - "En hiver, même s'il ne fait pas froid, tout le monde se plaint du froid. En hiver, les gens à Montpellier râlent beaucoup."

Le Lez à MontpellierUn Monsieur âgé qui vient de prendre son café sur la place Jean Jaurès confirme les paroles de la jeune Anglaise : il râle. "Les Montpelliérains ? Ce sont tous des fous. Ils ne sont pas ouverts du tout. Ils ne savent pas ce que signifie l'amitié. Aujourd'hui, je prends un verre avec un Montpelliérain, on bavarde, on passe un bon moment - et demain, il fait comme si il ne me connaissait pas. Et les gens qui viennent d'ailleurs et restent à Montpellier, ils sont pareils. Une fois installés en ville, ils s'intègrent et deviennent comme les autres. Tous les mêmes."

Un homme d'une quarantaine d'années définit d'abord ce qu'il entend par Montpelliérain. "Les habitants de Montpellier se devisent en deux groupes : les étudiants et les résidents. Les étudiants vivent parmi des étrangers, des gens qui viennent d'autres régions en France et d'autres pays. Ils sont ouverts, ils ont moins de préjugés et ils mènent une vie cosmopolite dans une ville cosmopolite."

"Les autres", continue-t-il, "qui sont nés à Montpellier et qui y ont toujours vécu - ceux qui se souviennent de la ville à l'époque où elle s'est arrêtée à l'avenue d'Assas - sont différents. Ils apprécient moins l'esprit cosmopolite de la ville actuelle, mais ils aiment bien profiter du tram et de l'Odysseum. Personnellement, je connais mieux les Montpelliérains actifs, ceux qui se sentent bien dans une ville qui s'étend de plus en plus."

"Une identité montpelliéraine n'existe pas", décide une dame d'une cinquantaine d'années. "Il n'y a rien de montpelliérain dans cette ville. On n'a même pas de spécialités culinaires comme en Province ou à Sète. Et l'accent des gens qui sont nés à Montpellier est très léger. On reconnaît tout de suite quelqu'un de Marseille ou de Narbonne, par son accent, mais pas les Montpelliérains."

"Identité régionale, identité montpelliéraine, tout cela est des bêtises", se fâche une autre dame de la même tranche d'âge. "Ce sont des fantaisies de la droite. On veut nous coller des étiquettes, pour qu'on s'entende encore moins. C'est pour semer la zizanie, la guerre. Il y a des cons partout et des gens sympas, à Montpellier et ailleurs."

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Photos et texte : copyright Doris Kneller