dimanche 7 août 2011

Groupe Nicollin à Montpellier : des Montpelliéraines se plaignent

Micro-trottoir sur la réputation des services publics à Montpellier


Groupe Nicollin à MontpellierJuillet 2009, mardi, vers 11 heures, dans un quartier calme de Montpellier. Le soleil brille, il fait chaud - une journée de rêve pour ceux qui vont à la mer. Mais pas tout le monde a des vacances. L'équipe d'un camion de nettoyage, de toute manière, ne fait pas partie des vacanciers...

Une jeune femme qui, juste en ce moment, s'approche du camion n'est pas en vacances non plus. Elle hésite quand elle voit le tuyau qui, dans la main d'un des ouvriers, crache une fontaine d'eau. Mais l'homme la rassure avec un sourire et un geste de sa main libre, la femme a confiance, elle avance... pour, quelques secondes plus tard, être trempée.

"Ma coiffure était ruinée", se rappelle la jeune femme, "et ma robe collait à mon corps." Et les hommes ? "Ils étaient morts de rire. L'un a sifflé - probablement parce que ma robe était pratiquement transparente, mouillée comme elle était - et l'autre a crié : 'Dites merci pour la douche', ou quelque chose dans ce style." Une raison pour se fâcher ? Il faisait chaud... "J''étais en chemin pour un rendez-vous d'embauche. Merci les hommes... Je ne pouvais que retourner chez moi."

Poubelles à MontpellierRidiculisée par, comme elle dit, "des sexistes", en colère à cause d'une occasion de poste perdue, la dame a rédigé une plainte et l'a envoyée à la mairie. "J'étais nouvelle à Montpellier, je ne savais pas à qui m'adresser. Mais je me suis dit que la mairie la ferait passer."

Résultat ? Jusqu'à ce jour, c'est-à-dire plus de deux ans plus tard, pas de réponse.

Changement de scène : Rond-point des Près d'Arènes, avant le début des travaux de la ligne 3 du tram. Il est environ 10 heures, au milieu de la semaine, les rues sont assez calmes. Une dame d'une quarantaine d'années quitte la zone commerciale avec sa voiture et s'apprête à s'engager dans le rond-point. Tout à coup, un camion du Groupe Nicollin la double sur la voie gauche et lui prend la vue sur le trafic du rond-point. "Je me suis dit que c'est pas grave. Je n'aurais qu'à attendre qu'il parte et la voie sera libre pour moi."

Malheureusement, il ne part pas. Au lieu de cela, son conducteur lui fait des gestes qu'elle interprète comme obscènes. "J'ai fait semblant de ne pas voir les gestes, et j'ai avancé un peu pour voir, si je pouvais prendre le rond-point." Mais le camion avance lui aussi et, de nouveau, la vue sur le rond-point était barrée. Ce manœuvre s'est répété encore deux fois jusqu'à ce que, finalement : "Je lui ai fait signe de partir, de me laisser tranquille. Mais il a rigolé. J'ai paniqué et, sans voir s'il y avait une voiture ou non, j'ai accéléré."

"J'ai eu de la chance de ne pas provoquer un accident", continue-t-elle son récit. "Mais j'étais furieuse." Elle aussi a rédigé une plainte qu'elle a envoyée à la mairie. Sans réponse.

Interrogées par l'équipe de Montpellier Presse Online sur la question qui est responsable du nettoyage des rues dans notre ville, 12 personnes sur 16 ont répondu : "La mairie." Une dame, toutefois, connaît les camions du Groupe Nicollin. "L'autre jour, j'étais dans un bouchon - comme toujours - dans la rue du Grand Saint-Jean. Et au moment où ça bouge enfin, qui me prend la priorité ? Une benne à ordures."

Service public à MontpellierDes cas isolés ? Bien sûr. "Je suis sûre que la plupart des équipes de nettoyage sont des hommes polis et gentils", admet la dame à la robe mouillée. "Et si je n'avais pas eu ce rendez-vous, j'aurais oublié l'histoire depuis longtemps. Mais ce qui me fâche encore aujourd'hui, c'est que ma plainte a été ignorée. Pourquoi, dans un tel cas, ils ne font pas de recherches internes pour éliminer des éléments comme ça ? Je suis certainement pas la seule qu'ils ont importunée. Mais avoir aucune réponse, ça fait mal. C'est comme si la mairie était d'accord avec eux. Ou, au moins, qu'elle ne s'intéresserait pas aux problèmes des gens qui vivent ici."

La dame à qui une benne d'ordures a pris la priorité parle de respect : "Je ne sais pas si c'est dû à l'énervement - tout le monde est énervé, en ce moment, avec les bouchons éternels et le soleil qui tape sur les toits des voitures pendant qu'on est bloqués - mais, de toute manière, les gens manquent de plus en plus de respect." - Sur le site Internet du Groupe Nicollin, on parle également de respect. Sur la page sur la "culture de l'entreprise", on peut lire qu'une de ses "valeurs fortes" serait la "responsabilisation des dirigeants et des employés, fondement du respect, de la confiance et de l’esprit d’équipe".

"Ce que je pense du Groupe Nicollin ?" répond une dame d'une trentaine d'années à la question de Montpellier Presse Online. "Je sais pas." Elle hésite et observe comme, justement, un camion des services publics télécoms s'engage assez vite sur la Comédie, et un jeune homme fait un saut par peur d'un accident. "Le foot, surtout, n'est-ce pas ?" continue-t-elle. "Loulou Nicollin, le président du club de foot..."
Photos et texte : copyright Doris Kneller


vendredi 5 août 2011

Les Estivales à Montpellier - une force économique

Les Estivales de Montpellier, le vin de la région et la musique du monde : Montpellier en fête

Les Estivales à Montpellier"J'aime Béziers", dit le Monsieur d'environ quarante ans qui habite la ville depuis son enfance. "C'est une ville où on peut travailler et avoir des amis. Mais", ajoute-t-il, "pour faire la fête, elle n'est pas idéale - à part la Féria, il n'y a strictement rien. C'est pourquoi, pour faire la fête, on va à Montpellier."

Montpellier, ville de la fête où les nuits sont dominées par le rire et par la musique. Où on danse et chante sur la Comédie qui ne semble jamais dormir. Et où, les vendredis, les Estivales remplissent l'Esplanade Charles de Gaulle de musique, de spécialités culinaires, de vin et d'une foule de Montpelliérains et d'amis de Montpellier qui sont venus pour faire la fête.

À première vue, tout est mis en place pour rendre les gens heureux. Mais la fête à Montpellier ne cible pas seulement le bonheur des Montpelliérains et des visiteurs. Elle sert aussi à soutenir l'économie locale. Car faire la fête, cela rime avec argent... aussi à Montpellier.

En principe, personne n'est obligé de dépenser un cent. Un peut se promener dans la foule joyeuse, regarder les stands, s'asseoir à une table, boire son propre vin et manger son "pique-nique". La musique est gratuite pour tout le monde, et danser ne coûte que la sueur qui coule avec l'effort plaisant à une soirée d'été montpelliéraine ...

Malgré cela, aux Estivales, les affaires marchent. Il y a 50 stands qui fournissent la nourriture de tout genre. Certains étaient déjà présents en 2008, à la première édition des Estivales à Montpellier. Et ils ont l'intention de venir aussi en 2012. "Ç vaut la peine d'être ici", sourit un Monsieur qui vend des gâteaux. "Les gens reconnaissent la bonne qualité."

Bien sûr, ses gâteaux sont bons - ce qui n'est pas étonnant, vu que la ville soumet les produits des Estivales à une contrôle de qualité... et de prix. On a le droit de gagner de l'argent, mais personne ne peut exagérer. Mieux encore est la situation aux stands des 35 vignerons qui sont présents à Montpellier les vendredis d'été. Chaque semaine, ils vendent 11.130 verres à quatre euros par unité - même partagée par 35, la somme n'est pas à négliger : 1272 euros, en moyenne, par vigneron, dans une seule soirée. Personne n'est étonné, alors, qu'aux heures des Estivales, il y ait tant de foule autour des stands des vins que les bouteilles sont à peine visibles....

Faire la fête à MontpellierMais les Montpelliérains et leurs visiteurs ne consomment pas seulement les verres : en moyenne, 7000 bouteilles de vin sont vidées au cours d'une soirée d'Estivales. Cela signifie-t-il qu'à Montpellier, quand on fait la fête, on boit beaucoup ? - Les chiffres se relativisent quand on les compare avec le nombre de visiteurs : 30.000 fêtards peuplent l'Esplanade les vendredis soirs... et les chiffres records du mois d'août ne sont même pas encore atteints. 30.000 personnes qui se partagent 7000 bouteilles, cela fait moins de deux verres par personne.

Ce n'est donc pas le vin qui attire les Montpelliérains aux Estivales - au moins pas en quantité : "On peut déguster de différents vins, des vins que, normalement, on ne découvre pas", commente une Montpelliéraine d'une trentaine années qui, comme elle dit, vient "presque chaque semaine". "C'est pourquoi j'aime venir ici." Un Monsieur d'une quarantaine d'années est du même avis. "On habite à Vendargues, je dois donc conduire ce soir. Mais c'est pas grave, on n'a pas besoin de boire des masses. Ce qui fait plaisir, c'est déguster les différents vins de la région."

Le vin est-il l'attraction principale des Estivales ? - "La musique", répond une jeune dame à la question de l'équipe de Montpellier Presse Online, et ses trois copines lui donnent raison. "La convivialité", constate un homme d'une trentaine d'années. "Ici, on peut parler avec tout le monde sans que personne se fâche. Ça devrait être pareil dans la vie de tous les jours."

Musique aux Estivales de Montpellier"J'aime les Estivales", déclare une touriste anglaise d'à peu près le même âge. "Dans le Sud de la France, on sait faire la fête. Les gens ont tous des mines heureuses. Tout le monde sourit. La musique est bonne. Et", elle lance un petit rire, "le vin aussi."

Les "anciens" ont des critiques quand même. "J'ai préféré les tables des autres années", dit une Montpelliéraine d'une cinquantaine d'années. "Cette fois-ci, on n'a que de petites tables. Les grandes tables des autres années étaient plus conviviales. Elles incitaient les gens à faire connaissance." Le nombre des stands non alimentaires suscite aussi l'étonnement et des critiques : "Avant, il y avait plus de stands. J'aimais bien faire le tour entre les bijoux, les vêtements et tous les autres produits artisanaux. Mais cette année-ci, il n'y a presque rien. J'imagine qu'ils n'ont pas vraiment vendu grand-chose."

"J'aime la diversité de ce qu'on peut acheter aux Estivales", explique aussi une autre dame, un peu plus jeune que la précédente. "Les petites choses à manger de toutes les régions et de tous les pays, les vins pour tous les goûts... Mais pour le reste, l'offre n'est pas très diversifiée. C'est toujours les mêmes stands qui viennent, au Marché de Noël, aux Estivales. La première fois, c'est intéressant, mais puis, plus rien de nouveau."

La musique, par contre, reste nouvelle. "Des groupes formidables", s'extasie un Monsieur d'une cinquantaine d'années. "C'est la première année que je suis ici, mais ça me plaît énormément. Je ne sais pas qui choisit les groupes, mais la personne a bon goût. Elle sait ce qu'il faut pour faire la fête. Et quant au vin", un petit clignement d'œil, "à la fin de la saison, je pourrai faire une fête chez moi avec les verres des Estivales 2011."
Photos et texte : copyright Doris Kneller