jeudi 30 septembre 2010

Montpellier et ses créatrices d'entreprise : Martine Viguier, le C.R.E.F. et les réseaux de l'entrepreneuriat féminin

La Caravane des Entrepreneurs à Montpellier

Créatrices d'entreprise à Montpellier

Mettre des experts à la disposition des "jeunes entrepreneurs", c'est-à-dire des créateurs et créatrices des entreprises récemment conçues, fut l'idée de la dernière version du la "Caravane des Entrepreneurs". Pendant toute une journée, la "Caravane" resta à Montpellier pour renseigner les propriétaires de petites entreprises - ou ceux et celles qui souhaitent le devenir - sur leur possibilités et démarches.

Ainsi, des sujets comme le développement de l'entreprise sur la base des réseaux Internet ou comment financer un projet était à la une. Pour les créatrices, la conférence intitulée "Mesdames, réussissez votre entreprise" formait le comble de la journée. Comme si souvent lorsqu'il est question de l'entrepreneuriat féminin dans le Languedoc, Martine Viguier était présente et, après la conférence, elle accueillit les créatrices ou futures créatrices d'entreprise en entretien particulier.

Femme chef entreprise à MontpellierComme toujours lorsque des femmes chefs d'entreprise - les "entrepreneures" ou "entrepreneuses" - de Montpellier se rencontrent, le thème numéro 1 était les réseaux. "Je ne peux pas imaginer travailler sans le soutien d'un réseau", explique une femme qui créa son entreprise il y a quelques mois. "On se sent moins seule. On se rend compte que les autres ont les mêmes problèmes et les mêmes préoccupations." Parler, discuter, échanger est donc une des "raisons d'être" des réseaux du genre C.R.E.F., du "Centre de Ressources pour développer l’Entrepreneuriat au Féminin". Mais ce n'est pas tout.

"En tant que créatrice d'entreprise - et je pense que c'est pareil pour les créateurs -", explique une autre jeune chef d'entreprise, "nous avons souvent besoin de conseils pratiques. Ces conseils peuvent concerner le fonctionnement quotidien de notre entreprise, la recherche d'un financement, les actes administratifs ou même la recherche de clients. En tant que débutantes on ne peut pas se payer les conseils d'un professionnel, par exemple d'un avocat. Mais nous avons le réseau et Martine Viguier" - de nouveau une référence à Martine Viguier - "qui nous conseille."

entrepreneuriat de MontpellierUne femme créatrice d'entreprise a-t-elle vraiment tant besoin de conseils ? Ne peut-elle pas compter sur les réseaux habituels comme, par exemple, la chambre de commerce ? - "Oui, nous pouvons nous adresser à la chambre de commerce", confirme une dame qui explique qu'elle est juste dans le processus de création d'entreprise - "ma deuxième entreprise" -, "mais ce ne veut pas dire que c'est là où nous recevons les conseils les plus valables. Souvent, les conseillers ne comprennent pas les problèmes d'une femme. Personnellement, je me suis rendu compte qu'ils ne savent pas ce qui signifie être chef d'entreprise, mère et épouse en même temps. Je suis même tombée sur un conseiller qui me disait qu'en tant que mère, je ferais mieux m'occuper de mon fils que créer une entreprise..."

Une autre femme lui donne raison. "J'ai vécu plus ou moins la même chose. À une des 'boutiques de conseil' payées par le Conseil Régional, on m'a dit qu'une femme ne devrait pas toucher à l'informatique. Et qu'on ne serait pas capables de gérer une famille et une entreprise en même temps. Le conseiller m'a dit que, comme j'ai choisi l'option de création de famille, je devrais 'assumer mon choix' au lieu de vouloir combler deux options incompatibles."

Un autre problème est le manque de soutien de la part de la famille. "Quand j'ai raconté à mon père que je veux créer une entreprise, il a éclaté de rire. Et ma mère m'a dit que je n'en serais pas capable. Bonjour le soutien", raconte une jeune Montpelliéraine. Puis, elle ajoute : "Mais je ne me laisse pas décourager. Je leur dit plus rien, voilà, je préfère parler de mon travail avec d'autres entrepreneuses. Là, je trouve des conseils et, surtout, la compréhension."
Photos et texte : copyright Doris Kneller

mercredi 29 septembre 2010

Montpellier ville créative : Françoise Mariotti, psychologue, et les Cafés du Genre

Les Cafés du Genre, une autre manière de voir la société : conférence sur Angela Merkel

Psychologue Saint Gély du Fesc"Angela Merkel, une chancelière à Berlin" n'est qu'un sujet parmi beaucoup d'autres qui ont déjà été traités lors des soirées du "Café du Genre" organisées à Montpellier par Françoise Mariotti. Une soirée de plus consacrée à une politicienne ? - Non. Un sujet traité dans le petit cercle de la psychologue de Saint Gély du Fesc est présenté différemment.

Paule Jeanne Albertini, professeur d'allemand et invitée du Café du Genre de Françoise Mariotti, n'a pas parlé de la "chancelière", mais tout simplement de la femme Angela Merkel. Elle présente l'histoire d'une femme née dans la partie est de l'Allemagne qui, après la chute du mur, a tout fait pour réussir. La jeune Angela Merkel cherche le pouvoir - et elle le prend là où elle le trouve, à gauche, à droite, peu importe...

Ainsi, Paule Jeanne Albertini a entièrement réussi l'analyse de la femme qui veut le pouvoir à tout prix, mais qui, avant tout, est humaine. Qui peut être blessée, qui a besoin de soutien et d'autres humains qui lui donnent du courage. "Angela Merkel la politicienne", explique la conférencière, "est certainement intéressante. Mais ce qui m'a intéressé, ce soir, c'est la femme."

Françoise Mariotti, psychologue rogérienne à Saint-Gély-du-FescLes soirées montpelliéraines de Françoise Mariotti, psychologue humaniste, thérapeute suivant les idées de Carl Rogers et "citoyenne du monde", ne sont pas exclusivement consacrées aux idées féministes - bien que la psychologue souligne qu'elle s'est toujours battue pour les droits des femmes. Si elle a baptisé ses manifestations les "Cafés du Genre", elle pense à "genre" en pluriel...

Selon Françoise Mariotti, il y a effectivement plus de deux genres. D'abord, c'est une question de relations : les relations entre femmes et hommes, entre les femmes et entre les hommes. "On n'est pas des hommes et des femmes, mais des personnes. Nous n'avons pas à être enfermés dans notre sexe, notre âge, notre couleur,..." La psychologue n'aime pas catégoriser : "Catégoriser, c'est un manque de respect, envers nous-mêmes et envers les autres."

C'est de ces relations que traitent les Cafés du Genre. La femme et l'homme ont des positions, des "rôles", dans la société - des positions qui leur ont été imposées par la société, mais aussi des positions qu'ils ont choisies ou qui sont naturelles. Angela Merkel a choisi d'être politicienne - ce qui ne l'empêche pas d'être femme... femme avec tous les attributs innés, mais aussi femme implantée dans une société qui, comme en témoignent les Cafés du Genre à Montpellier, l'oblige à jouer un rôle imposé.
Photos et texte : copyright Doris Kneller

mardi 28 septembre 2010

Grève générale à Montpellier : la réforme du système des retraites

Montpellier manifeste - retraites, loi Besson, collectivités territoriales : la démocratie en jeu

Manifestation à Montpellier
"Oui, bien sûr", répond la dame d'une trentaine d'années à la question de l'équipe des "Gens de Montpellier", "oui, je suis allée à la manifestation contre la loi sur les retraites. L'ambiance était bien - mais je vous dis tout de suite, je ne trouve pas que c'était une 'véritable manif'." La dame n'est pas la seule à exprimer sa déception. "Il est vrai qu'il y avait beaucoup de monde", réagit un Monsieur d'à peu près le même âge. "Mais vous appelez ça 'grève générale' ? Il est bien de montrer au gouvernement que nous ne sommes pas d'accord - mais un simple défilé, même avec 80.000 personnes, qu'est-ce que ça change ?"

Le Monsieur tape un peu haut quand il parle de 80.000 personnes. Selon les chiffres officiels, la dernière manifestation à Montpellier contre la réforme du système des retraites a réuni entre 40.000 et 50.000 personnes dans les rues de Montpellier. Et pourtant, il y avait des "plaintes", comme celles de ce Montpelliérain qui parle plutôt d'un défilé que d'une manifestation. "Les trams et les bus roulaient, les boutiques étaient ouvertes. La Comédie fêtait tranquillement sa foire des artisans. Ce n'est pas ce que j'entends de 'grève générale'." Selon lui, ce sont surtout les trams qui dérangent. "Ils font la grève tout le temps, pour avoir plus d'argent dans leur poche. Mais s'il y a question d'une raison commune, les employés de la Tam ne sont pas présents. Faire rouler les trams un jour de grève, pour moi, cela rime à boycott."

Manifestation contre la loi sur les retraits, Montpellier"La grève générale doit continuer", déclare un Monsieur membre de la CGT. "C'est notre seule chance de lutter contre l'injustice des classes et aussi contre l'injustice entre les hommes et les femmes." Et son collègue, également portant les insignes de la CGT, ajoute : "Les Français renoncent trop rapidement à leurs mouvements. C'est pourquoi ils ne mènent jamais à rien. L'année dernière, on a manifesté en mai et juin, mais en juillet, on a tout lâché. Cette fois-ci, ça doit être différent. On doit continuer la lutte jusqu'à ce que Sarkozy comprenne que la France doit être un pays juste où l'égalité est plus qu'un mot."

La question de l'égalité fait aussi partie des soucis du maire de Montpellier, Hélène Mandroux. Dans un communiqué selon lequel elle aussi participe à la manifestation, elle fait remarquer aux Montpelliérains que "ce combat nécessaire pour préserver l’égalité de traitement des Français qui arrivent à la retraite, l’égalité aussi entre les hommes et les femmes plus durement touchée par le projet de loi, est noble."

Sarkozy : MontpellierMais la manifestation contre la réforme du système des retraites n'est pas la seule à laquelle Hélène Mandroux a participé cette semaine - elle marche aussi avec ceux qui sont contre le projet de réforme des collectivités territoriales. Elle déclare officiellement : "Je partage la très grande inquiétude de nombreux élus qui pensent que cette réforme est d’abord - mais pas seulement - un coup porté à la démocratie locale préjudiciable au développement de nos territoires." Et elle ajoute ce qu'elle tient pour les conséquences du projet : "...étranglement financier des collectivités, atteintes à la démocratie locale, recul de la parité, menaces pour l’ensemble des territoires mais aussi pour les services publics locaux et les associations citoyennes, culturelles et sportives…"

Le maire de Montpellier n'est pas la seule à craindre pour la démocratie. Une dame dans la quarantaine qui observe la manifestation contre la loi sur les retraites sans y participer se met en colère : "Regardez tous ces gens qui craignent pour leur petite retraite. Ils montrent, à quel point Sarkozy et ses conseillers sont adroits. Ils font en sorte que tout le monde ne pense qu'à son propre porte-monnaie et crie 'retraites'. En attendant, ils détruisent tranquillement la démocratie, sans que personne s'en occupe. Ils commencent avec la démocratie locale, le reste est pour plus tard. Ils nous laisseront quelque 3000 conseillers contre plus de 5000 qui, jusqu'à maintenant, siégeaient dans les conseils généraux et régionaux. Et ces conseillers seront placés dans un nouveau conseil où les départements n'ont plus rien à dire. Dans peu de temps, notre vie sera décidée à Paris, exclusivement, comme aux temps du Roi Soleil..."

CGT à MontpellierUne étudiante a peur pour les retraites de sa génération, mais elle pense plus loin : "La France doit se lever comme un seul homme", déclare-t-elle. Puis elle sourit : "Et comme une seule femme. Vraiment, ça ne sert à rien si on manifeste uniquement contre la nouvelle loi concernant les retraites. Il faut manifester contre toutes les injustices, pour les gens qui sont mal payés et pour ceux qui n'ont pas de travail. Nous", elle inclut dans un geste ses amis étudiants qui se tiennent autour d'elle, "on est condamnés par Sarkozy de payer pour les retraites des autres sans le moindre espoir de toucher une partie raisonnable de ce que nous donneront au cours de notre vie active. C'est important. Mais avec tout ça, il ne faut surtout pas oublier la loi Besson."

La loi Besson est aussi évoquée par un membre de la CGT. "Un dirait que la loi Besson aurait perdu son importance. Mais non. Mais si une manifestation doit avoir de succès, il faut formuler les objectifs clairement. Aujourd'hui, on marche pour les retraits. Une autre fois, on se bouge contre la loi Besson." - Et le projet de réforme des collectivités territoriales ? - "On doit s'opposer à tout ce qui nuit au peuple français. Mais une chose après l'autre. On commence avec les priorités."

Les priorités n'ont peut-être pas changé, mais le temps passe. Entre-temps, le projet sur la réforme territoriale est voté : en 2014, la France n'aurait plus de conseils généraux ni de conseils régionaux. La seule force régionale resterait dans les mains des nouveaux conseillers territoriaux. - "Ce que je pense de ce vote ?", demande une dame dans la trentaine. "Je ne suis pas sûre de comprendre les conséquences. Mais on a tant lutté pour que le pouvoir soit partagé entre Paris, les régions et les départements que je ne peux pas imaginer que le nouveau système est bien pour nous." Elle pousse un rire amer. Peut-être que c'est bien pour Monsieur Sarkozy."

Un membre d'Europe Écologie, par contre, hausse les épaules. "Peu importe les votes à Paris. Le combat continue. Jusqu'à ce que le gouvernement comprenne..."
Photos et texte : copyright Doris Kneller

mercredi 22 septembre 2010

O'tour de la bulle : la BD à Montpellier

Elsa Brants, Guillaume Lapeyre, Fabcaro, Reno Lemaire - Montpellier et le Village de la BD

O'tour de la bulle, MontpellierQu'est-ce qu'on pense lorsqu'on voit tous ces enfants rassemblés autour d'une table, jouant aux dessinateurs de bande dessinée ? - Qu'ils s'amusent, évidemment. Une dame d'une cinquantaine d'années, par contre, voit plus loin : "Qui sait", dit elle, songeuse, "dans quelques années, on rencontrera peut-être un dessinateur de BD connu qui, ce week-end-ci, aurait fait ses premiers pas vers le succès, ici à Montpellier, autour d'une table à l'Odysseum..."

La question, si un dessinateur connu sort de leur rangs n'a évidemment pas tracassé les enfants qui, au "Village de la BD" de l'Odysseum, s'amusaient à apprendre à dessiner comme un "véritable" auteur de BD, qui participaient aux jeux de piste ou qui se transformaient dans leur personnage préféré à l'atelier de maquillage. Mais la manifestation "O'tour de la bulle" à Montpellier n'a pas attiré que des enfants.

Déjà l'année dernière, lors de la deuxième édition de la manifestation "O'tour de la bulle", les organisateurs ont pu compter quelque 30.000 visiteurs. Cette année-ci, par contre, l'Odysseum a carrément "explosé" : pendant les deux jours de la manifestations, 60.000 visiteurs se sont promenés autour des tentes qui longeaient les allées du plus grand centre commercial de Montpellier.

"La BD est arrivé à Montpellier", proclame un jeune homme, exprimant la pensée de beaucoup de Montpelliérains. Et il ajoute : "Personnellement, j'ai apprécié la tente avec les auteurs politiques. Par exemple les BD consacrées à Sarkozy." Il rigole et indique le paquet qu'il porte sous le bras. "J'ai acheté 'Sarkozy et ses femmes' d'Aurel." Ensuite, il redevient sérieux. "Mais j'ai aussi découvert des BD historiques ou régionales, par exemple un volume sur la Corse."

Guillaume Lapeyre, BD à MontpellierLa découverte était à l'ordre du jour non seulement pour ce jeune fan de la bande dessinée. Impressionnant peut-être moins pour les Montpelliérains mais pour les amateurs de la BD venus d'ailleurs était le nombre des dessinateurs locaux qui, parmi une cinquantaine d'auteurs nationaux et internationaux, présentaient leurs oeuvres. Il y avait, par exemple, Elsa Brants qui se dit influencée par Gotlib et Rumko Takahashi et dont la première histoire compte plus de 900 pages. Ou Guillaume Lapeyre, partenaire de vie d'Elsa Brants, qui, avec ses "Explorers" a créé une histoire qu'il considère lui-même comme son "projet le plus fou". Guillaume Lapeyre est né à Sète, mais il a fait ses études à la faculté de droit à Montpellier, joignant le cercle des "grands hommes qui ont étudié à Montpellier".

Fabrice Caro, dit Fabcaro, était un autre Montpelliérain qui, les jours d'O'tour de la bulle, a rencontré ses fans à l'Odysseum. À travers ses BD, Fabcaro décrit sa vie à Montpellier et livre au monde de la bande dessinée une image chaleureuse de la ville près de la Méditerranée.

Mais Montpellier a aussi son "Mangaka", un dessinateur du Manga, de la bande dessinée du style japonais. Reno Lemaire aime la BD francobelge et certains auteurs du comic américain qui ont influencé son style. Son amour, toutefois, appartient au Manga. Avec "Dreamland", sa première série publiée par Pika, une des maisons d'édition les plus réputées parmi les amateurs du Manga, le Montpelliérain est entré dans les rangs internationaux des dessinateurs.

Montpellier, Village de la BD"O'tour de bulle prouve de nouveau ce que je dis tout le temps", sourit un Monsieur d'une quarantaine d'années, "la BD a été inventée pour les adultes." Face au nombre des "histoires en bulles" qui intéressent plus les adultes que les enfants, on pourrait lui donner raison. Mais une dame d'à peu près le même âge lui contredit : "Il n'y a que très peu de BD typiquement 'enfant' ou 'adulte'. La plupart des albums sont faits pour tout le monde. Pour tous ceux", ajoute-t-elle, "qui ont l'esprit ouvert et qui sont capables de rire."

Quoique, avec les albums historiques, politiques, scientifiques ou culturels, le rire ne soit pas toujours le premier facteur qui domine une BD... "Mais grosso modo", explique un autre amateur de l'Odysseum et de son "O'tour de la bulle", "le rire reste le sens profond de l'art des bandes dessinées. Parfois, le rire joyeux est remplacé par un rire amère, sarcastique. Mais on ne cesse pas de rire."

"J'aime le monde des bandes dessinées et des Mangas", déclare une dame dans la trentaine. "Vous pensez peut-être que c'est pas sérieux, à mon âge. Mais la vie quotidienne donne si peu d'occasion de rire. La BD, c'est des personnages mignons, c'est l'aventure, ça vous dépayse. Ce n'est pas interdit de rire un peu, même si on n'est plus enfant, n'est-ce pas ?" Et son ami ajoute : "Regardez un peu le programme des cinémas. Vous trouvez tout - l'action, la réflexion... mais pour trouver un film où vous pouvez rire, vous cherchez longtemps."

Selon l'équipe de l'Agglomération, organisatrice du "Village de la BD", le rire restera à Montpellier. La quatrième édition est déjà en planification."Chaque année", explique un membre de l'équipe "O'tour de la bulle", "nous réfléchissons de nouveau sur la disposition des tentes." Déjà par rapport à l'année dernière, les visiteurs avaient plus de tentes à découvrir et plus d'espace à parcourir. L'année prochaine, le village de la BD serait donc encore plus grand, peuplé d'encore plus de dessinateurs...
Photos et texte : copyright Doris Kneller

vendredi 17 septembre 2010

Hamburgers et sport à Montpellier et Castelnau-le-Lez

Montpellier et ses créateurs d'entreprise : l'équipe des hamburgers et du sport

vtt et hamburger à Montpellier et Castelnau-le-LezLeurs restaurants ne sont pas très grands, mais on s'y sent bien. Leur équipe est beaucoup moins nombreuse que celle des grandes marques d'hamburgers, mais elle est sympa, et elle travaille avec plaisir. Mais surtout, ils aiment le sport.

Ce que préfèrent Isabelle et Christophe Delorme et leurs trois enfants c'est surtout les sports un peu "extrêmes" - ou, comme disent les enfants, les sports des jeunes. Mais cet amour du sport ne les empêche pas de vendre des hamburgers. Contradiction ? - Sûrement pas. Car aimer le sport n'empêche personne de manger ce qu'on aime. Et manger ce qu'on aime n'empêche personne d'être sportif. Comme Isabelle et Christophe Delorme. Ou comme leurs trois enfants.

hamburger et sport à Montpellier et aux environsIsabelle et Christophe et leurs hamburgers de la marque Speed Burger sont différents. Différents de ce qu'on trouve dans les restaurants "classiques", mais différents aussi de ce qu'on a l'habitude de trouver dans des restaurants hamburgers "ordinaires". Déjà, il y a la livraison, rapide et personnalisée. Les hamburgers arrivent sur des scooters oranges, conduits par des livreurs qui sourient. Parce que sourire, c'est important pour Isabelle et Christophe Delorme - et pour toute leur équipe.

Puis, il y a les restaurants. Celui de Montpellier est tout petit, juste une table pour ceux qui ont envie de manger tout de suite. Les autres amateurs d'hamburgers peuvent commander - et manger chez eux, en ville, au bord du Lez... où cela leur plaît. L'autre restaurant, celui de Castelnau-le-Lez, n'est pas très grand non plus. Mais son ambiance est agréable et, sur la terrasse, on mange dans l'ombre d'une haie verte qui suggère la campagne...

Il est clair qu'Isabelle et Christophe Delorme pourraient faire partie de tous ces gens qui "galèrent" pour qu'on leur donne un travail. Mais, comme d'autres créateurs d'entreprise à Montpellier, ils préfèrent prendre leur destin en main. Ils travaillent dur, ils n'hésitent pas de remplacer leur équipe dans la cuisine, ils organisent et ils gèrent, et ils sont là dès qu'on a besoin d'eux. Mais ce qui leur tient le plus à cœur : que leurs hamburgers soient bons. Ils ont envie qu'à Montpellier, on puisse manger des hamburgers qui ont du goût.

Et, toujours, il y a le sport. Isabelle et Christophe Delorme sont contents que leurs enfants aiment le sport : car bien manger - par exemple des hamburgers qui ont du goût - ceci est une chose. Mais pour être en forme, il faut, sans doute, bouger...

Hamburger de Speed Burger à Montpellier et Castelnau-le-Lez
...bouger d'une manière qui fait plaisir. C'est pourquoi les deux créateurs des restaurants hamburger ont réalisé un site qui promeut les sports. Au lieu de parler juste des hamburgers grands et petits, des menus hamburger ou des hamburgers doubles, ils parlent des sports que tout le monde peut faire à Montpellier, Castelnau-le-Lez et dans les environs : ils présentent rollers et skateboards, VTT, windsurf, footbag et beach-volley, breakdance, randonnée et acrobatie - bref, tout ce qui fait plaisir à leurs enfants et leurs amis.

Ainsi, on apprend, par exemple, que la Breakdance a été inventée par un musicien qui avait envie de calmer les jeunes du quartier du Bronx. Car bouger, c'est une bonne médecine contre les malaises. Il proclamait qu'un jeune qui ressent un malaise ne peut pas réfléchir et trouver une solution. Mais quand un bouge, on se sent mieux - et on est prêt à attaquer les problèmes.

Ou le skateboard - les gens qui "font" le skateboard s'appellent skateurs, comme le savent les gens qui fréquentent le site des hamburgers à Montpellier. Ces skateurs ont de véritables uniformes, des t-shirts longs et des pantalons assez larges pour montrer les fesses et les caleçons. Quant au footbag, les championnats de France ont lieu à Montpellier. Et il y avait une époque où les amateurs des rollers portaient des chapeaux haut de forme et leur sport était à la mode dans les salons des nobles...
Photos et texte : copyright Doris Kneller

lundi 13 septembre 2010

Étudiant à l'université de Montpellier : rentrée à la fac

Début de l'année scolaire, début d'une nouvelle vie pour les étudiants de l'université de Montpellier

Etudier à MontpellierIls sont jeunes, l'aventure vient juste de commencer : les nouveaux étudiants arrivent à Montpellier. Encore, le moment n'est pas venu pour faire la fête ou se plonger dans les études - "On a l'impression que la vie étudiante ne consiste que des démarches administratives", soupire une jeune étudiante

Ce sont surtout les "queues" qui les dérangent. "J'ai attendu presque deux heures pour avoir ma carte abonnement du tram", se plaint un étudiant, et sa collègue ajoute : "Tous les ans la même galère. Ils pourraient s'organiser différemment. Je sais pas... vendre les premiers abonnements déjà en juin, par exemple, pour les anciens. Comme ça, ce ne serait que les nouveaux étudiants qui feraient la queue en septembre."

Faire ses études à l'université de Montpellier"Ça rendrait la vie plus facile non seulement aux étudiants, mais aussi aux employés de la Tam", fait remarquer un autre étudiant. "Tu as raison", poursuit-il à l'adresse de l'étudiante à côté de lui, "tout est une question d'organisation. Mais", il sourit, "l'organisation n'est pas le point fort des Montpelliérains."

Les "Montpelliérains" sont un sujet beaucoup discuté chez les étudiants, ces jours-ci. "Ils sont comment ?", demandent les récemment arrivés. "Géniaux", répondent les anciens ou "très conviviaux" ou "Montpellier est une ville très ouverte". Mais on entend aussi le contraire : "superficiels", "ils ne jugent que sur les apparences" ou "ils sont incapables d'une véritable amitié".

C'est aussi l'avis d'une étudiante qui, sans souci de discrétion, fait profiter une autre queue de sa conversation téléphonique : "Je retourne à Paris", explique-elle à son interlocuteur invisible devant les clients d'un bureau de poste plein de monde, "le plus rapidement possible. Je déteste Montpellier. Les gens ici ne soignent que les apparences." Lorsque, finalement, elle raccroche, une dame un peu plus âgée s'adresse à elle : "Êtes vous sûre de connaître bien les Montpelliérains ?" demande-t-elle d'une voix douce. "Je veux dire, obligée d'écouter votre conversation, je ne pouvais pas croire que vous tenez 'tous' les Montpelliérains pour des gens superficiels."

Si cette intervention était un essai d'améliorer l'image des Montpelliérains dans les yeux de l'étudiante, elle fut un échec. L'étudiante devient rouge de colère et crie, de nouveau au "profit" de tous les clients de la poste, que cela ne regarderait qu'elle et que la dame n'aurait pas eu le droit d'écouter sa conversation...

En attendant, les "queues" - et avec elles le stress et la tension - sont partout. "Je ne sais pas, comment je vais me débrouiller", angoisse une débutante d'université la veille de sa première journée de cours. Elle connaît à peine Montpellier, tout lui semble "étrange", elle a du mal à s'orienter. "Mon premier cours commence à dix heures, mon deuxième à 14 heures. Il faut que j'y aille, sinon je risque de rater des choses importantes de le début", s'inquiète-t-elle. "Mais en même temps, c'est-à-dire à 14 heures, je dois récupérer ma clé de chambre à la cité U et me procurer ma carte de transport, puis je dois m'occuper de mon assurance, de la CAF..."

Toutefois, la vie des débutants de l'université ne consiste pas seulement en stress. Dans la rue de la Loge, trois étudiantes discutent de l'offre culturelle de Montpellier. L'une parle des Estivales sur l'Esplanade Charles de Gaulle. Elle explique aux autres, apparemment des "nouvelles" qui ne connaissent pas encore la ville, qu'à Montpellier, "on peut faire la fête tous les jours. Les gens ici aiment rire. Et ils sont très ouverts, c'est très facile de trouver de la compagnie."

Les étudiants de MontpellierElles ne sont pas loin de la Place Jean Jaurès, lieu préféré des étudiants depuis que la faculté de médecine à Montpellier fut créée. "Je n'ai pas le temps", réagit une autre étudiante, également dans la rue de la Loge, aux question de l'équipe des Gens de Montpellier, et son sourire est radieux. "Il y a des copains qui m'attendent à la Place Jean Jaurès." - Est-ce sa première année à Montpellier ? - Son sourire devient encore plus radieux. "Oui." - Connaissait-elle déjà la ville ? - "Non, je découvre." - Et savait-elle que la Place Jean Jaurès est la place des étudiants depuis deux siècles ? - "Non, mais ça ne m'étonne pas..." Elle aime Montpellier et la nouvelle vie qui l'attend.

L'idée de la "nouvelle vie" tient une place importante dans l'esprit des étudiants débutants. "J'aime bien mes parents", déclare un étudiant qui, lui aussi, fait la queue dans les locaux de la Tam. "Mais il fait du bien de les savoir loin pour un bout de temps." Et : "C'est maintenant que la vie commence", sourit un autre étudiant. Son sourire paraît heureux, mais aussi un peu anxieux. "On verra", ajoute-t-il, "ce que Montpellier aura à nous proposer..."
Photos et texte : copyright Doris Kneller

lundi 6 septembre 2010

Cercle de Silence à Montpellier : contre le racisme

Manifestation à Montpellier contre le racisme et l'injustice : non à l'expulsion des "sans-papiers" et des Roms, oui à l'amitié

Manifestation à Montpellier contre l'expulsionIl y en a qui ne tournent même pas la tête : "Encore une manifestation", commente une jeune femme qui pense qu'il ne vaut pas la peine de lire les tracts qui sont distribués. "Encore quelqu'un qui veut plus d'argent." D'autres s'arrêtent et lisent les déclarations fixées sur les dos de quelques manifestants. Et d'autres signalent qu'ils sont d'accord, et ils restent un peu, en silence.

De quoi s'agit-il, ce mardi après-midi sur la place de la Comédie à Montpellier ? Pourquoi un groupe de Montpelliérains se rassemble autour d'une petite flamme dont la lumière brille, solitaire, sous le soleil de la Méditerranée ? - "Pour nous tous", explique un Monsieur, "pour nos voisins. Pour nos enfants et pour les enfants des autres. Pour ceux qu'on appelle les 'sans-papiers'."

C'est les membres du "Cercle de Silence" qui sont là et qui demandent aux autres Montpelliérains de se joindre à eux. Ils ne crient pas leur mécontentement, ils ne bloquent pas des trains ou des voitures. Ils sont juste là, silencieux, et leur présence déclare qu'en France, tout n'est pas comme il devrait être.

Monpellier, place de la ComédieDans leurs tracts, ils parlent de racisme et d'injustice. Des enfants qui sont arrêtés, des bébés qui, au lieu d'être dans les bras de leur mère, sont enfermés dans des centres de rétention. Quel est leur crime pour être punis si sévèrement ? - "D'être conçus", répond un des manifestants, un homme dans la trentaine, "par le faux père. De ne pas avoir la bonne nationalité."

"Le pire : quand ils expulsent les gens, il disent que c'est au nom du peuple", continue le manifestant. "Mais personne ne nous demande, si on leur donne le droit de se cacher derrière notre dos. Je fais partie du 'peuple', et je ne veux pas que des humains soient expulsés 'au nom des Français'." Et une dame un peu plus jeune ajoute : "Si les politiciens veulent expulser des gens, qu'ils le fassent sous leur propre responsabilité."

Il s'agit des gens qui ont cherché asile en France, légalement, suivant les règles approuvées par la Déclaration universelle des Droits de l'Homme si chère aux Français, et qui, maintenant, sont expulsés. "Ce ne sont pas des criminels", reprend la dame, "mais des gens qui, dans leur pays, ont souffert des injustices et des persécutions politiques. Ils ont eu confiance en nous. Ils sont venus avec leurs enfants qui sont allés à l'école. Qui, dans leur tête, sont devenus Français. Maintenant, on les oblige d'interrompre leurs études pour se retrouver dans un pays qui n'a jamais été le leur."

Montpellier contre l'expulsion"On veut nous suggérer que ces gens-là nous 'volent' les jobs et les places scolaires à nos enfants", critique un Monsieur d'une soixantaine d'années. "Mais je vous demande : la France va-t-elle vraiment si mal que nous sommes plus capables d'accueillir parmi nous quelques malheureux qui ont besoin d'un chez eux ? Il y a toujours des brebis galeuses, bien sûr, mais la plupart de ces gens ne veulent qu'un petit job, un petit appartement et une école pour leurs enfants. Ils n'ont même pas envie de vivre à nos frais. Et ils sont prêts à faire des jobs "simples" que nous, les Français, n'ont plus envie de prendre."

"Je ne sais pas si la France, avec la crise et tout, est capable de garder ces gens-là", explique une dame dans la quarantaine. "Nous avons plus assez de travail pour tout le monde, et on doit d'abord penser à nous-même avant qu'on pense aux autres. Mais, tout de même. Est-ce nécessaire de les traiter comme des bêtes ? Les familles sont séparées, les enfants ne trouvent plus leurs pères et mères. Les vieux et les malades sont jetés dans des cellules, personne ne s'occupe de leur santé. Ce comportement est-ce digne d'une grande nation comme la France ?"

Une autre dame, elle aussi dans la quarantaine, rejoint le petit cercle. "Aujourd'hui, on parle des sans-papiers. Mais on aurait aussi bien pu parler des Roms. Pourquoi, tout à coup, la France a besoin de les expulser ? Ils font partie du "décor" depuis toujours. Pourquoi cette haine ? Sommes-nous sur le chemin de devenir une nation qui chasse tout ce qui a du 'sang impur' ?" Elle hoche la tête. "On ne parle plus que de l'expulsion. Ne serait-ce pas mieux si on lierait la France au mot 'hospitalité' au lieu de devenir les champions de l'expulsion ?"

"N'oublions pas que même l'Union Européenne et l'ONU - et même le Vatican - ont déjà manifesté leur mécontentement", reprend la première des deux dames. "Si ça continue comme ça, nous avons intérêt de ne plus faire des vacances à l'étranger... les Français seront mal vus partout. Grâce à nos politiciens."

"Tout pourrait être si simple", approuve le Monsieur dans la soixantaine. "Si j'avais le pouvoir, je ferais une politique qui expulse tous les criminels, Français ou pas. Comme les Anglais l'ont fait à l'époque : ils ont placé leurs criminels en Australie, dans le jungle. Qu'ils se débrouillent ailleurs. Mais les gens de bonne volonté, ceux qui veulent travailler et vivre en paix, on les laisse ici. Nous à Montpellier, on a l'habitude d'accueillir des gens de partout dans le monde. Leur culture enrichit la nôtre. Pourquoi Messieurs les Politiciens veulent maintenant que nous haïssons les autres au lieu de profiter de leur expérience et de leur sagesse ?"
Photos et texte : copyright Doris Kneller