lundi 27 février 2012

Nouveaux trams à Montpellier : les Montpelliérains, les bus et les trams

L'inauguration des nouveaux trams à Montpellier

Encore plus d'un mois à attendre, mais tout le monde en parle comme si l'événement avait déjà eu lieu : l'inauguration du tram ligne 3 à Montpellier le 7 avril 2012. Il y en a qui se réjouissent comme, par exemple, cette jeune femme qui habite Pérols : "Je vais pouvoir prendre le tram jusqu'à Montpellier. Je pense que cette possibilité m'incitera à y aller plus souvent." - Plus de soucis d'embouteillage entre Pérols et Montpellier et, surtout, plus de "chasse au parking". - Toutefois : "Dommage qu'à Pérols, le tram ne va pas jusqu'à centre ville. Comme ça, je dois marcher assez longtemps pour l'attraper. Ou prendre la voiture et la laisser à la station...."

Le nouveau tram à MontpellierRien n'est parfait. Et il est clair que le trajet de la nouvelle ligne 3 laisse pleins de jaloux et de malcontents. Par exemple parmi ceux qui avaient pris l'habitude du bus 15. "C'était si facile : on le prenait à la gare et il nous déposait plus ou moins devant la maison", raconte un habitant de Figuerolles. "En plus, le 15 roulait jusqu'à tard la nuit." Or, à partir du 7 avril, Montpellier n'aura plus de bus 15. "On sera obligé de faire un trajet d'une dizaine de minutes à pied..."

"Le trajet du nouveau tram ? Ça ne m'intéresse pas", déclare par contre un Monsieur dans la cinquantaine qui habite Saint-Jean-de-Védas. "Pour moi, la catastrophe est déjà arrivée avec le tram 2 : à l'époque, ils ont supprimé le bus que prenait mon fils pour aller à l'école. On a dit que, soi-disant, il serait remplacé par le tram. Mais ils ont oublié que le tram ne part qu'au centre ville - et nous on habite à vingt minutes à pied du centre."

Montpellier et ses trams et busLe sentiment que partagent la plupart des Montpelliérains ? La confusion. "Rien n'est clair", déclare une dame dans la trentaine qui, depuis "toujours", a l'habitude de se servir des transports en commun. "Depuis des années, on a pris l'habitude que rien ne va plus avec les bus. Quand ils avaient du retard, c'était toujours la faute aux travaux - même dans les coins où il n'y avait jamais des travaux. Les stations changeaient tout le temps, et si, une semaine, un bus partait à tel endroit, la semaine après on pouvait pas être sûr de l'y retrouver. Mais tout le temps, on se disait que tout ira mieux une fois le tram terminé. Et maintenant..."

Et maintenant, la confusion est plus grande que jamais. La ligne 15 disparaîtra, la ligne 7 prendra une partie de l'ancien trajet de la ligne 15, la ligne 6 fusionna partiellement avec la ligne 16, le nouveau trajet des lignes 8 et 12 est encore inconnu, ... "Il y a juste une chose que j'ai compris", lance un jeune homme, "il n'y aura pas plus de bus qui roulent le soir. Là, rien ne change : si on n'habite pas dans le réseau des trams, on est 'prisonnier' chez soi, après vingt heures. Sauf si on peut se payer une voiture."

D'autres Montpelliérains craignent pour leur sécurité. "Depuis que les travaux ont commencé, j'ai peur de traverser la rue de la République. Et ça va être pire maintenant", se plaint une dame dans la soixantaine. Pendant des années, les feux rouges par exemple autour des halles de Laissac avait été éliminés - de la manière que les piétons étaient obligés de courir entre les voitures ou, par un geste courageux de la main, de les arrêter, toujours en espérant qu'il n'aurait pas un conducteur qui ne l'accepterait pas.

Les nouveaux trams à MontpellierLe problème des feux rouges est résolu - plus ou moins. Par contre : "Dans ce coin, on ne sait plus qui arrive de quel côté : les bus, les voitures. Bientôt, le nouveau tram va s'y joindre. Les piétons ne sauront plus où aller."

Toutefois, cela ne signifie pas que le nouveau tram ne présenterait pas des avantages. "Cela valait bien la peine de vivre un chaos pendant quelques années. Maintenant, on n'aura presque plus besoin de la voiture pour se déplacer à Montpellier. Le nouveau tram va presque partout", explique une dame dans la quarantaine et un jeune homme ajoute : "Les jeunes ne peuvent pas se payer des voitures. On a besoin du tram. Oui, c'est très bien, le nouveau tram, ça aide énormément."

Tout le monde parle de la ligne 3 - et très peu de Montpelliérains savent qu'en même temps, la ligne 4 sera inaugurée. "Non, je n'ai aucune idée du trajet d'une ligne 4", déclare une dame dans la trentaine. "J'avais pensé que la ligne 4 ne serait ouverte qu'en 2016."

Ceux, par contre, qui ont entendu parlé de la ligne 4 ne sont pas très enthousiastes. "Elle servira à quoi ?", s'interroge une autre dame, d'à peu près le même âge. "Elle dessert presque exclusivement des stations où il y a déjà un tram. Rien de nouveau." - "Si," s'en mêle un Monsieur un peu plus âgé. "Montpellier peut dire qu'on a quatre lignes ou lieu de trois."

Ensuite, il explique que la ligne 4 servirait à lier les stations du centre ville un peu différemment. "On peut dire qu'elle 'contourne' le centre de Montpellier - les Beaux-Arts, les Aubes, l'Antigone, le boutonnet, Albert Ier etc." De cette manière, on voyagera d'un point extrême du centre ville vers un autre en beaucoup moins de temps.

"Les Montpelliérains ne sont jamais contents", dit avec un grand sourire une femme dans la cinquantaine. "D'abord, ils veulent un tram, mais ils râlent pendant les travaux, et quand le tram est prêt, ils râlent toujours. Ils sont comme ça, les Montpelliérains. Mais ce n'est pas grave. Dans leur for intérieur, ils sont heureux..."
Photos et texte : copyright Doris Kneller