Aimer Montpellier ou non : connaissez-vous la différence entre Montpellier et une ville du Nord ?
"Je
ne pourrais jamais vivre dans une autre ville", s'extasie la dame dans la
cinquantaine. Puis, elle raconte le cours de sa vie. Née près de Lyon, elle a déménagé
à Paris pour son premier emploi, plus tard elle s'y est mariée et a eu des
enfants. "Paris est devenu ma patrie..." ... jusqu'à ce que le
divorce ait tout changé. "Je voulais vivre autre chose et me suis approchée
d'une nièce vivant à Montpellier." D'abord, c'était par hasard qu'elle a
choisi Montpellier. "Puis, je suis tombé amoureuse de la ville."
L'étudiante
n’est pas d'accord avec la dame. "Je déteste Montpellier." Originaire
de la Bretagne, cela fait six mois qu'elle a commencé ses études à Montpellier.
"Je suis obligée de terminer l'année. Mais après l'été, je ne reviendrai
pas."
Quelles
sont les raisons qui font adorer ou détester la vie à Montpellier ? - L'équipe
de Montpellier Presse Online s’est adressé une cinquantaine de Montpelliérains
pour connaître leurs relations affectives avec la ville. Fait intéressant : parmi
les interrogées il n'y en avait que deux qui étaient "neutres",
c'est-à-dire qu'ils "aimaient bien" Montpellier, sans faire preuve d’émotions.
Mais tous les autres étaient plutôt dans l’extrême : ils "adoraient"
ou ils "détestaient" la ville.
"Pourquoi
je n'aime pas Montpellier ?" répète par exemple une dame dans la trentaine
la question de Montpellier Presse Online. "Parce que les gens sont trop
superficiels. Tout le monde veut être votre ami, mais si vous avez besoin de
quelqu'un, il n'y a plus personne."
Un
Monsieur dans la soixantaine qui a passé "presque toute ma vie" à Montpellier
a une réponse à ce reproche : "Ce n'est pas la première fois que je
l'entends", explique-t-il. "Il reflète une des différences
principales entre la vie dans le Sud et le Nord. Ici à Montpellier, la vie se déroule
dehors, sur les terrasses des cafés ou des maisons. C'est donc facile de
s'inviter sans qu'on soit obligé d'introduire l'autre dans sa sphère intime. On
invite plus facilement, même les gens qu'on connaît à peine. Dans le Nord, par
contre", continue-t-il, "il fait froid la plupart du temps. Si on
invite, on invite chez soi, à l'intérieur de la maison. On hésite alors avant
d'inviter quelqu'un qu'on connaît à peine - au contraire d'ici. Beaucoup des
gens du Nord confondent ça avec être superficiel. Mais en vérité, ça témoigne
d'un esprit très ouvert."
Une
dame un peu plus jeune qui, elle aussi, aime beaucoup Montpellier a une
explication plus simple : "Les gens ici ne sont pas superficiels, mais
curieux. Ils aiment faire connaissance. Mais ce n'est pas toujours la grande
amitié, tout de suite."
"Ce
que je n'aime pas à Montpellier", critique une dame dans la quarantaine,
"c'est que les gens font n'importe quoi dans la rue. Par exemple, quand
les jeunes se bagarrent. Personne n’intervient, ils peuvent faire ce qu'ils
veulent. - À Paris", ajoute-t-elle après une courte réflexion, "les gens
ne s'occupent pas non plus des jeunes qui se bagarrent. Mais là, ils ont peur.
Ici, ils n'ont pas peur, ça ne les intéresse pas, tout simplement. Ils
s'arrêtent, regardent, rigolent, mais ils ne font rien. C’est la différence."
"Montpellier
est une ville très bruyante", se plaint un Monsieur d’une cinquantaine d’années.
"Les gens au Nord sont plus calmes. Ici, les enfants braillent toute la
journée dans la rue ou dans les cours des résidences, on ne peut même pas
ouvrir une fenêtre. La nuit, c'est la fête. Les gens boivent de l'alcool, et
après c'est les cris et la musique forte jusqu'au petit matin. Aucun respect
pour ceux qui doivent travailler."
Une
dame dans la quarantaine parle du même phénomène, mais elle le considère d'un
angle différent. "Dans le nord de la France, les gens se cachent dans leurs
appartements, les fenêtres fermées. Chacun pour soi. Ici, la vie se passe dans
les rues. Les voisins vivent l'un avec l'autre. On entend l'autre, on participe
à sa vie, on n'est pas seul."
La
solitude est un sujet dont parlent beaucoup de Montpelliérains. "Si vous
vous sentez seul", raconte par exemple une dame dans la soixantaine,
"vous allez dans un café et vous parler avec les gens des tables voisines.
Avec un peu de chance, vous vous faites même des copines. À Paris, ça serait
impensable."
"À
Montpellier, il y a toujours quelque chose à faire", dit une dame dans la
trentaine. Un vernissage, un concert, une discussion, une conférence et des
centaines d'associations. Et il ne faut même pas être riche : beaucoup de
manifestations sont gratuites. Ceux qui s'embêtent ici", ajoute-t-elle,
"le font exprès."
Photos et texte : copyright Doris Kneller