dimanche 15 février 2015

Montpellier : agressivité dans les trams - la colère monte

Encore, ce n'est que l'agressivité entre les usagers : Montpelliérains contre Montpelliérains...

Jeudi matin vers 9 heures. Le tram de la ligne 2 s’arrête à la station Rondelet. Une dame dans la soixantaine se tient devant la porte, prête à sortir. L’observateur - un membre de l’équipe de Montpellier Presse Online qui, par hasard, se trouve dans le même tram - se rend compte qu’elle est pressée : plusieurs fois, elle consulte la montre, elle est visiblement nerveuse, son doigt est prêt à appuyer sur le bouton qui ouvre la porte… personne n’est étonné de sa nervosité, vu que le tram a plus de 10 minutes de retard.

Lorsque la porte s’ouvre enfin, la dame ne peut pas sortir : un homme grand et large venu de l’extérieur bloque la porte - un contrôleur. Il demande son billet à la dame qui le cherche dans son sac, avec un soupire, encore plus nerveuse qu’auparavant. Après le contrôle, elle veut enfin sortir… mais de nouveau, le contrôleur l’en empêche. Au lieu de reculer un pas pour la laisser passer, il la bouscule brutalement, la force de reculer, de pousser de son côté les gens debout derrière elle. Ensuite, protégés derrière le dos large du contrôleur, un groupe de jeunes entre dans le tram, bousculant de nouveau la dame qui, entre-temps, n’est pas seulement poussée par le contrôleur et les jeunes, mais aussi par les gens derrière elle qui, eux aussi, veulent sortir…

L’agressivité règne. Personne n’est courtois, personne n’aurait l’idée d’aider l’autre. Tout le monde est nerveux, dégouté par la longue attente du tram, par le nombre des personnes qui l’occupent : « Actuellement, il y a un monde fou dans les trams », se plaint un Monsieur dans la quarantaine. « Mais c’est logique. Il y a si peu de rames qui marchent que, forcément, les gens s’accumulent aux stations. Chaque rame porte la quantité d’au moins deux rames normales. »

Pire : personne ne sait quand il arrivera à sa destination. Un autre jour de la même semaine, l’après-midi. Une dame dans la trentaine arrive à une station également de la ligne 2. Son regard scrute le panneau d’annonce : 12 minutes d’attente - à une heure où, normalement, il devrait y avoir un tram toutes les cinq à sept minutes. « Et ce n’est pas tout », l’aborde une autre dame d’à peu près le même âge qui a observé la réaction de la première : un soupire, un mouvement d’agressivité, le coup d’œil nerveux sur la montre. « Cette indication de 12 minutes n’a pas changé depuis que je suis ici, depuis au moins cinq minutes. »

« Les minutes de la TaM n’ont rien à voir avec nos minutes à nous. » Un Monsieur dans la cinquantaine s’est mêlé de la conversation. « Ce sont des souverains. Ils font ce qu’ils veulent. S’ils n’ont pas envie de nous envoyer un tram, ils ne le font pas. Nous, on doit payer. Et se taire. »

« Et comme par hasard, » réagit une dame du même âge, « tous ces retards arrivent au moment du grand froid. Quand l’attente est la plus pénible… »

« C’est pourquoi ils emploient tant de contrôleurs », commente une autre dame, un peu plus jeune que le Monsieur. « Les gens sont en colère et n’ont pas envie de payer. Si les gens ne paient pas, c’est la fraude. Si le tram ne circule pas, même si on a payé, c’est normal. »

« Les contrôleurs coûtent plus chers que les soi-disant fraudeurs », soutient un autre Monsieur dans la quarantaine. « Tout ça grâce au nouveau maire. On a fait une bêtise, on l’a élu. Maintenant, nous avons le résultat. Il prétend tout faire pour nous - mais tout ce qu’il fait, c’est nous faire payer, sans aucun service correct. »

Une question qu’on entend souvent ces jours-ci : « Mais pourquoi, tout à coup, les trams ont-ils tant de retard ? Ce n’était jamais le cas. » Et la réponse n’a rien pour apaiser la colère : « Je ne sais pas. Problèmes techniques ? Grèves ? » La question reste dans le suspense.

Encore, la colère des gens s’exprime en agressivité contre les autres usagers - on se bouscule, on refuse de laisser à l’autre la place pour voyager tranquillement. Mais des premières voix commencent à se lever qui ciblent ceux qui, aux yeux des Montpelliérains, sont coupables de leurs problèmes : « On devrait déclarer une grève général des usagers des trams », suggère un Monsieur dans la trentaine. « Pendant une journée - ou une semaine - tout le monde refuse de payer. Pour se faire rembourser tous les retards et les attends dans le froid qu'on a soufferts. »

Et un autre Monsieur, un peu plus âgé que le précédent, proclame : « Un de ces jours, tous les usagers du tram vont s’organiser. On créera un grand réseau de covoiturage. Ainsi, les trams peuvent avoir tout le retard qu’ils veulent, on n’en aura plus besoin. Personne ne s’en servira plus. »  
Photos et texte : copyright Doris Kneller

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