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dimanche 11 mars 2018

11ème Journées de Cinéma Suisse

Christine Bolliger et l'émotion du film contemporain 

Les Journées de Cinéma Suisse arrivent, les Journées de Cinéma Suisse se terminent. Comme chaque année. Et, comme chaque année, beaucoup trop rapidement. Comme toujours, elles sont préparées et présentées par Christine Bolliger, avec savoir-faire, sensibilité - sensibilité culturelle, surtout, car qui pourrait mieux faire la liaison entre deux cultures qui, géographiquement, se sont si proches et, dans l’esprit, si loin ? - et beaucoup d’amour. Et c’est cet amour que ressent le spectateur lorsqu’il regarde le choix de films qui lui est présenté.

Est-ce facile de choisir des films censés représenter un pays ? - Certainement pas. Et il faut une connaissance profonde des habitants de ce pays et de leur production de cinéma pour y arriver… et surtout, s’il s’agit d’un pays aussi divers que la Suisse.

Pour citer Christine Bollinger qui, comme personne d’autre, a compris cette diversité : « On me demande souvent si le cinéma suisse a une particularité, et j'aime répondre que le cinéma suisse s'est toujours distingué par son engagement pour des groupes défavorisés, la dénonication de certains dérèglements judiciaires, politiques ou économiques. »

Cette année-ci, il est question de la diversité des langues, de l’ouverture vers l’extérieur, mais aussi de ce qui souvent reste caché : le handicap. Toutefois, comme dans chaque pays, l’amour ne perd pas sa place privilégiée. Mais quel amour ? Et on parle du sport extrême, de l’art, de la montagne et… de la mort. La mort comme un poème, un conte de fée. Le plus beau, cependant, offert par ces 11ème Journées de Cinéma Suisse, c’est la jeunesse. Le festival n’oublie pas de donner la parole aux jeunes cinéastes, à la nouvelle génération, la production actuelle : celle qui nous concerne, ce fameux jour d’aujourd’hui !

Et parlons d’aujourd’hui, un dimanche où le ciel semble un peu tristounet - juste le temps pour aller au cinéma. Le producteur Roy Oppenheim sera un des invités qui nous parlera du présent du cinéma suisse. Jean-Paul Cardinal, réalisateur du film « Sweet Girls » sera là lui aussi pour confronter les questions et commentaires du public face à son œuvre satirique où la jeunesse prouve aux « vieux » qu’elle existe et qu’elle éprouve le droit d’exister... Un film si suisse et, en même temps, si international, à ne pas rater : aujourd’hui à 19 h au Centre Rabelais.

Mais le comble de ces Journées de Cinéma Suisse et, parallèlement, le comble pour tout amateur de film et l’œuvre de Dominik Locher, Goliath, montrée demain, à la fin du festival. Elle est sortie en 2017 et a déjà reçu pleins de prix, dont celui du meilleur film de fiction au Black Nights Film Festival de Talinn ou celui du Festival à Sao Paulo. Il nous parle de cette « maladie » qui atteint tout ceux qui se laissent submerger par l’image de « l’homme » et de « la femme » véhiculée par la publicité quotidienne : autrement dit - une maladie dont nous sommes toutes et tous atteints.

« Goliath » est donc un film qui concerne. Il choque, il fait pleurer, il soulage. Il parle de « nous ». En même temps, toutefois, il parle de notre voisin qu’on croit ne pas pouvoir comprendre - parce que, justement, il touche ce qui est le plus profond en nous. Notre peur de nous-mêmes, de nos sentiments, de la réalité, de la vérité. Le voisin qu’on ne comprend pas parce qu’il nous ressemble tant…

Quel est le côté « suisse » de ce film dont les personnages pourraient vivre partout, ici, ailleurs, mur à mur avec nous - qui pourraient être nous-mêmes ? La réponse est simple : Justement, comme souligne Christine Bollinger, la disponibilité du film suisse de parler de ce qui touche, qui heurt qui risque de faire mal. De nous-mêmes.

Ce film « Goliath » de Dominik Locher qui clore les 11ème Journées de Cinéma Suisse est, tout simplement, un chef d’œuvre. A voir demain, lundi, à 19.30 heures, au Cinéma Gaumont Comédie.

copyright Doris Kneller

jeudi 16 février 2017

10ème Journées de Cinéma Suisse

Christine Bolliger : Un week-end de films à Montpellier


« Savez-vous qui est Jean-Luc Godard ? » Le couple d’une cinquantaine d’années se regarde comme si on lui jouait un tour. « Vous êtes la caméra invisible ou quoi ? » le monsieur essaie-t-il de blaguer. Et la dame : « Avez-vous déjà vu un cinéma de l’intérieur pour poser une question aussi bête ? »

Bien sûr qu’ils connaissent Jean-Luc Godard, comme chacun qui aime le cinéma. Mais quand on leur demande sa nationalité, les gens de Montpellier sont déjà beaucoup moins sûrs d’eux.

« Français », déclare le monsieur, persuadé. Sa femme, par contre, hésite. « Je ne crois pas. Québec ? »

Les idées vont de français, passent par belge, canadien, vont jusqu’à américain… Juste une vingtaine pour cent des personnes interrogées par Les Gens de Montpellier savent qu’il était d’origine suisse.

Malgré tout, le cinéma suisse souffre de la même méconnaissance que son fils le plus réputé : peu de gens sont informés de son existence : de ses formes, ses contenus, ses sujets.

Malgré tout, parce qu’il y a des grands noms comme Alain Tanner ou Claude Goretta, icônes de la fin du dernier siècle. Malgré tout, parce que le cinéma suisse a reçu de nombreux prix à Berlin ou Vénice, et parce qu’il est bien connu parmi les distributeurs des Oscars et Césars. Malgré tout, parce que, avec ses trois langues principales, il fait partie des cinémas les plus riches et diversifiés du monde.

Et malgré tout, à Montpellier, parce que, depuis dix ans, Christine Bolliger et son équipe présentent, chaque février, les « Journées de Cinéma Suisse ». Et une chose est sûre : après avoir assisté à un de ces longs week-ends, aucun cinéphile n’oublie plus la richesse, diversité et, en même temps, ce style clair et honnête du cinéma made chez nos voisins.

Toutefois, on pourrait presque dire que Christine Bolliger et les autres responsables du choix des films « trichent » un petit peu. Car le Cinéma Suisse est certainement de grande qualité. Mais y a-t-il au monde un cinéma qui ne consiste que de films excellents ? Quel pays ne dispose pas de quelques films « ratés » ?

Christine Bolliger et les « Journées de Cinéma Suisse » nous donnent l’impression que, dans la patrie des films choisis, tous les films sont fantastiques : les long-métrages profonds et/ou amusants, les documentaires bien recherchés, tous bien filmés, les dialogués de qualité…

Autrement dit, le choix des films présentés aux « Journées de Cinéma Suisse » à Montpellier ont toujours été fait par de vrais cinéphiles qui savent ce qui est important. « Dans toutes ces années, je n’ai jamais vu un film qui ne m’aurait pas plu », rapporte une Montpelliéraine dans la quarantaine, fidèle au festival depuis six ans. « Entre-temps », continue-t-elle, je ne regarde même plus le programme. J’y vais aveuglement, me laisse surprendre. Et je ne l’ai jamais regretté. »

Cette année, où, ce week-end, ce dérouleront les 10ème Journées du Cinéma Suisse, la dame ne sera pas non plus déçue par la programmation. Entre « La Vanité de Lionel Baier », un film tragi-comique sur des personnes qui se rencontrent par leur envie de mettre fin à leurs jours, le « Grand Été » de 2015, en Suisse presque déjà un classique, « L’amère patrie » réalisé par un collectif de jeunes auteurs qui prouvent que, même dans le cinéma, on peut encore rénover sans négliger les anciennes valeurs, la séance des courts-métrages devenue partie classique du Festival et le dernier documentaire de Stéphane Goël traitant la question éternelle de la vie après la mort - on n’a qu’à choisir. Et le choix, ceci est certain, n’est pas facile.

En quoi cette 10ème édition se distingue-t-elle des autres années de festival à Montpellier ? - L’équipe, sans doute, est maintenant plus sûre d’elle. Ses membres savent que, bien qu’il y ait encore des gens prétendant ne pas avoir entendu parler d’un cinéma suisse, ils ont attribué, au cours des années, à le faire connaître et apprécier par le grand public montpelliérain. La programmation, en trois langues, mais toujours sous-titrée français, a la même qualité que les autres années… comment améliorer ce qui est déjà au top ? Les invités, acteurs et réalisateurs, qui assistent aux films pour, ensuite, affronter le public, sont nombreux et intéressants, comme chaque année…

Bref, pour ceux qui aiment le film, ce long week-end sera de nouveau un régal. Pour le bonheur des plus amoureux du cinéma, il durera jusqu’à lundi soir. Rendez-vous à la Salle Rabelais à partir de vendredi soir.
Photos et texte : copyright Doris Kneller

jeudi 26 février 2015

Christine Bolliger-Erard, Montpellier et le cinéma suisse

Les 8èmes Journées de Cinéma Suisse et Christine Bolliger-Erard, "l'âme" du festival

Qui connaît le cinéma suisse ou, mieux, qui connaît les Journées de Cinéma Suisse à Montpellier ? L’équipe de Montpellier Presse Online a posé la question aux Montpelliérains - et a été étonnée d’entendre certaines réponses.

« Le cinéma suisse », répond par exemple une dame dans la quarantaine qui avoue de « bien aimer des films », mais de ne pas être « cinéphile », « je ne savais même pas qu’il y a un cinéma proprement suisse. » Elle réfléchit. « Il y a certainement un cinéma français, italien, allemand, les langues de la Suisse. Et je pense qu’il y a des personnes en Suisse qui tournent des films. Mais peut-on parler d’un cinéma suisse ? »


« Oui, j’ai déjà vu des films suisses », répond un homme d’une vingtaine d’années. « Bien sûr, chaque pays européen a sa culture cinéma. Mais », avoue-t-il, « je ne connais pas spécialement le cinéma suisse. » - A-t-il déjà entendu parler des Journées de Cinéma Suisse à Montpellier ? - « Non, malheureusement pas. Mais ça pourrait m’intéresser. Pourriez-vous m’en dire un peu plus ? »

Une dame d’une dizaine d’années plus jeune que la première, par contre, s’y connaît mieux. « Le cinéma suisse ? Oui, je connais, enfin », ajoute-t-elle modestement, « un peu. » Ensuite, elle lance quelques noms : « Lazar Wechsler, un des ‘pères’ du cinéma suisse. Ce qui est intéressant : Wechsler n’était pas suisse, mais autrichien. Mais il a vécu et travaillé en Suisse. Ou Richard Schweizer qui a commencé comme critique et fini par écrire des scénarios. Il a même eu un Oscar. Le cinéma suisse a toutes ses chances, car il est très subventionné par l'état - au contraire du cinéma français », ajoute-t-elle avec une grimace.

Il est évident que la dame est aussi au courant des Journées de Cinéma Suisse à Montpellier. « Je suis absolument cinéphile », déclare-t-elle avec un sourire, « je n’aime pas seulement le cinéma suisse, mais toute sorte de films. Mais ce festival est fantastique, j’y assiste chaque année, depuis huit ans. Et j’essaie de ne pas rater un seul film. »

Depuis huit ans - le nombre d’années que le festival existe. Ainsi, les 8èmes Journées de Cinéma Suisse à Montpellier ont juste eu lieu, comme toujours avec une programmation qui témoigne de la qualité du cinéma chez nos voisins - ou du goût et des connaissances en la matière de ceux qui organisent le festival.

Derrière ce petit bijou parmi les festivals à Montpellier se cache une association, la « C’est-rare-film », un club de cinéphiles qui ne regardent pas seulement les films, mais qui font aussi en sort de faire activement connaître tout ce qui est excellent et peu connu. Pendant toute l’année, ils organisent des ateliers de découverte pour aider les amateurs de mieux comprendre le « langage du cinéma ». Ils présentent des films généralement du genre art et essai qui, à première vue, sont parfois durs à comprendre pour le grand public, mais qui, après l’atelier, deviennent des perles rares aux yeux des stagiaires. Parallèlement, ils travaillent aussi avec des jeunes et des enfants pour les aider à distinguer entre un film de manipulation et un film de qualité.

Mais « l’âme » du festival est Christine Bolliger-Erard, historienne du cinéma, une femme petite, svelte, jolie qui, en temps normal, se distingue par sa gentillesse et sa discrétion. Quand, par contre, il est question d’organiser les Journées de Cinéma Suisse à Montpellier, de choisir les films, de s’occuper de l’organisation, de la recherche des salles, des négociations avec les studios et, surtout, de la présentation des films et des interviews avec les invités - des metteurs en scène, producteurs, acteurs, scénaristes ou auteurs - la petite femme devient grande. Non seulement qu’elle prouve à chaque moment ses connaissances en la matière, mais aussi son enthousiasme. Elle aime les films qu’elle choisit, et cet amour doublé de son savoir-faire en tout ce qui concerne le cinéma expliquent la qualité du festival.

Un jour, Christine Bolliger-Erard, comme elle raconte, a décidé d’écrire un grand scénario d’un grand film. En attendant, elle a fait ses expériences grâce à une multitude de métiers différents - comme pratiquement tous ceux qui sont connus dans le monde du film, un métier qui, avant tout, réclame la connaissance de la vie - parmi lesquels on trouve le travail pour un institut de sondages d’opinion, traductrice, formatrice dans le domaine du cinéma et de l’audiovisuel, responsable du service aux réfugiés, épouse et mère de deux enfants. Depuis qu’elle est arrivée à Montpellier il y a onze ans, elle fait partie de l’équipe du Festival Chrétien du Cinéma, est membre de plusieurs jurys de festivals de film, anime des ateliers et, bien sûr, écrit des scénarios. 
Photos et texte : copyright Doris Kneller