Trompe-l'œil et papiers peints panoramiques : l'artiste peintre qui décore les murs et les maisons

Car lorsque André Leclerc regarde un paysage, un groupe de maisons ou tout autre motif, il enregistre chaque détail, comme si ses yeux fonctionnaient comme un appareil photo. En fait, il ne travaille jamais d'après photo - il veut voir la réalité avant qu'il la peigne. Ensuite, il fixe sur la toile tout ce qu'il a vu, et il arrive qu'un spectateur découvre un détail sur le tableau qu'il n'a pas remarqué lorsqu'il contemplait le modèle réel. Mais si, plus tard, il cherche ce détail dans la réalité, il peut être sûr de le trouver.

Toutefois, André Leclerc ne peint pas seulement sur toile. Ses œuvres se trouvent aussi sur des murs à l'intérieur et à l'extérieur des maisons. Et c'est cela qui le distingue de la plupart des artistes peintres non seulement à Montpellier : il est maître des trompe-l'œil.
Déjà, pour réussir un trompe-l'œil, il ne faut pas seulement avoir la vue du détail, mais aussi de l'ensemble. Pendant son travail, le peintre, petit devant le mur qu'il décore, ne voit jamais qu'une partie infime de son œuvre. Même quand il peint les grandes structures, il n'en aperçoit que le détail sur lequel il se penche en ce moment.
Ainsi, quand André Leclerc peint un de ses trompe-l'œil, il se sert de "deux" pairs d'yeux : ses yeux "physiques", avec qui il regarde travailler ses mains, et son esprit qui, comme un "deuxième" pair d'yeux, garde en vue l'image de l'ensemble.
Il est clair que, pour un amateur, cette technique paraît énormément difficile. Mais pour l'artiste peintre de Montpellier, elle est si "normale" qu'il a du mal à comprendre que pas tout le monde peut peindre des trompe-l'œil. Toutefois, pour ceux qui connaissent un peu André Leclerc, cette attitude n'est pas étonnante. Malgré son talent, le Montpelliérain est un homme très simple. "On dirait qu'il n'est même pas conscient de son grand talent", a commenté une dame qui, lors d'un vernissage, a fait sa connaissance. "Lorsqu'on lui dit qu'on admire son œuvre, il sourit, et on sent qu'il est content. Mais on a l'impression qu'il n'est pas prêt à nous croire."

Mais l'artiste peintre de Montpellier a encore une autre "spécialité" : les papiers peints panoramiques. Il n'aime pas trop les papiers peints industriels - car, pour lui, un papier peint doit être "peint". Ainsi, il a eu un jour l'idée de faire revivre les techniques traditionnelles du 18e siècle. D'abord, toutefois, il a dû se procurer les moyens pratiques pour entamer son œuvre. Il utilise donc un support qui est spécialement conçu pour la peinture à l'eau qu'il traite selon des processus développés par lui-même. Ensuite, il réalise le papier peint panoramique - parfois des scènes inspirées par les anciennes décorations murales des maisons nobles ou, souvent, des imitations des fresques. Le papier peint panoramique devient donc une sorte de trompe-l'œil suggérant des fresques.
Peindre, pour André Leclerc, c'est la vie. Il ne peut pas s'imaginer de passer ses jours sans sa peinture. Lorsqu'il ne réalise pas un trompe-l'œil ou un papier peint panoramique pour un de ses clients à Montpellier ou ailleurs, il consacre son temps à ses tableaux. Parfois, il copie aussi les anciennes maîtres de la peinture. L'artiste peintre est conscient que beaucoup de ses collègues pensent que copier les œuvres des autres contredirait à leur honneur. Or, André Leclerc n'est pas de cet avis. Selon lui, la création personnelle d'un peintre est souvent entravée par un manque de technique. La liberté de la peinture, quelque soit le style, ne pourrait se développer qu'au moment où un artiste maîtriserait les techniques. "Et pour apprendre la technique", dit-il, "il n'y a pas de meilleur professeur que les grands peintres qui ont 'écrit' l'histoire de la peinture."
Photos et texte : copyright Doris Kneller
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