Les Montpelliérains contre les gaz de schiste, le nucléaire, l'austérité... et le massacre des Algériens en 1961 à Paris

Le samedi 15 octobre, beaucoup de Montpelliérains ont montré que, pour eux, le moment du "plus se laisser faire" est venu. Sous l'intitulé de "grande journée nationale d'action", tous les groupes qui avaient quelque chose à dire sont sortis dans les rues de Montpellier. La devise commune à tous était la révolte paisible. "On n'améliore pas une société par la violence", a commenté une dame d'une trentaine d'années qui se considère comme "indignée". Mais aussi l'information...
Informer, c'est effectivement un des objectifs principaux de ceux qui se battent contre l'exploitation des gaz de schiste en Languedoc-Roussillon par les compagnies pétrolières. Il est vrai, font-ils savoir, que trois permis ont été annulés après l'interdiction récente de la fracturation hydraulique, mais il y en a toujours 61 qui restent en vigueur. "Ce n'est pas le moment de crier victoire", déclare un des militantes contre les gaz de schiste, "et bientôt, il sera trop tard pour lutter contre la menace qui plane au-dessus de l'eau de la région."
Toutefois, protester contre l'exploitation des gaz de schiste ne veut pas dire qu'on oublie les menaces du nucléaire - les groupes anti-nucléaire faisaient aussi partie de la grande journée d'action. "Il y a quelques semaines", rappelle une jeune dame, "un four dans une centrale nucléaire pas plus de 300 kilomètres de Montpellier a explosé. Et déjà, personne n'en parle plus. Je comprends la presse - elle est obligée d'écrire ce que veut la politique et l'économie. Mais les gens... n'ont-ils pas peur pour leur vie ? Ne comprennent-ils pas ou ne veulent-ils pas comprendre le danger ? Faut-il qu'on attende cinq ou dix ans et voir, à quel point le cancer dans la région aura augmenté, pour que les gens se réveillent ?
"Non au nucléaire", "non aux gaz de schiste", mais aussi "non à l'austérité". "Le gouvernement parle du principe de supprimer les dépenses superflues", remarque un des révoltés. "Ça serait une bonne idée - si le gouvernement donnait à "superflu" le même sens que le peuple. Plus d'austérité, pour l'état, ça veut dire réduire les services publics, augmenter le nombre d'élèves dans les classes, baisser les ressources dans les hôpitaux, augmenter les taxes des gens qui déjà maintenant ne gagnent pas assez." - "Une amie à moi", ajoute une jeune dame, "est un cas qui ne devrait pas exister. Elle travaille, 35 heures par semaine, c'est-à-dire plein temps. Mais elle gagne si peu qu'elle dépend de la CAF pour compléter son mois. Et c'est absolument légal. Imaginez, quelqu'un qui a un travail en plein temps ne peut pas vivre de son salaire..."

Les indignés de Montpellier ont bien montré que leur mouvement existe toujours et qu'il grandit. L'après-midi, ils ont proposé un "atelier d'indignation créative" sur la place de la Comédie, où tout le monde avait l'occasion d'exprimer son indignation dans une forme artistique - ensemble, on a réalisé des dessins, des peintures, des poèmes et des textes en prose. Plus tard, un assemble général a eu lieu. "Les gens ont besoin d'exprimer leur indignation", dit un des indignés. "Mais c'est pas tout. Ce n'est que le début. Petit à petit, on va comprendre qu'une société meilleure est possible. On la construira tous ensemble, nous, les gens, qui vivent à l'intérieur de cette société."

"La 'loi', à cette époque-là, c'était Maurice Papon", explique un homme d'une cinquantaine d'années. "En 1997, on l'a condamné pour ses crimes de guerre. Mais en 1961, il était encore préfet de police. En 1942, il a fait partie de ceux qui tuaient les juifs au Vélodrome d'Hiver, en 1961, on lui a toujours laissé la possibilité de tuer."
Photos et texte : copyright Doris Kneller