Un peu plus de convivialité et de l'artisanat ? - Ambiance à Montpellier aux fêtes de Noël

Et ce n'est pas seulement le vin et le chocolat chauds qu'on trouve à ce stand qui interrompt agréablement la monotonie d'un marché de Noël aux boutiques blanches, vides, fermées. Ceux qui ont le temps et l'envie y trouvent aussi un peu de culture. Ils apprennent, par exemple, la différence entre le chocolat chaud et le chocolat viennois, ils comprennent, pour quelle raison le chocolat viennois a été rebaptisé liégeois - c'était à la première guerre mondiale où on aimait toujours bien le chocolat viennois mais n'osait pas prononcer un nom évoquant l'Allemagne -, et un enfant réalise d'une manière douce et gentille que jeter son chewing-gum par terre n'est peut-être pas la meilleure solution...
Personne ne sait ce que font les autres commerçants ce jour de Noël. Et personne n'ose les critiquer : "Eux aussi ont des familles." Mais la déception se fait bien sentir. "Un marché de Noël fermé le Noël", blague un jeune homme, et un autre ajoute : "C'est parce que le père Noël est syndiqué."

Effectivement, pendant les semaines avant Noël, les Hivernales voyaient presque toujours des masses de visiteurs. Mais visiteurs en masse, cela correspond-il à faire de bonnes affaires ? - "La plupart des gens passaient juste pour aller de l'Opéra vers le Polygone ou du Corum à la Comédie", se plaint un commerçant. "S'ils ont un peu de temps, ils s'arrêtent parfois, mais pas pour acheter. Juste par curiosité." Et un autre : "Les gens n'ont plus de sous."
Côté consommateur, on entend des voix différentes. "Je ne regarde même plus les stands", raconte une dame dans la cinquantaine. "Je les connais tous. Ce sont les mêmes qui viennent tous les ans, en hiver pour les Hivernales et en été pour les Estivales. Et entre les deux, on les voit sur les marchés." Une autre dame, un peu plus jeune, critique surtout la nature de la marchandise : "Ces choses-là, je peux les acheter n'importe où. Je ne sais pas si l'artisanat existe encore sur les autres marchés de Noël, mais aux Hivernales de Montpellier, je ne trouve que des revendeurs." Un Monsieur dans la soixantaine est d'accord. "J'ai bien aimé les marchés où on pouvait discuter avec les artistes et artisans. À cette époque, les marchés avaient encore le flair de 'l'unique'. Ce qu'on y voyait, on ne le voyait nulle part ailleurs."

Que faire, alors ? Si les gens n'aiment plus les Hivernales, la ville de Montpellier devrait-elle les supprimer ? "Mais non", s'écrie spontanément une dame d'une trentaine d'années. "Noël sans marché de Noël, c'est comme... c'est comme Pâques sans œufs." Et une dame plus jeune ajoute : "Comment entrer dans une ambiance de Noël s'il n'y a pas d'Hivernales ?"
"Non, surtout pas supprimer le marché de Noël", déclare aussi un homme dans la cinquantaine. "Mais peut-être améliorer deux trois choses. Il faudrait, par exemple, laisser une sorte de couloir sur la place de la Comédie pour que les gens puissent passer. La place de la Comédie est un lieu de passage, on ne peut pas demander à tout le monde de plonger dans la foule et dans la préparation de Noël uniquement parce qu'il traverse la place."
Une dame d'à peu près le même âge aime bien l'idée d'un "couloir". "Je passe par la Comédie chaque jour, deux fois même, pour aller travailler. Et le fait d'être obligée de passer toujours à côté des stands et de contourner des gens qui s'arrêtent au milieu du chemin pour regarder m'a tellement fatigué que je n'ai même plus envie de profiter du marché."
Puis, on a envie de voir des artisans. "Un marché de Noël avec plein d'artisans, ça serait trop cool", propose un jeune homme, et il ajoute, avec un peu de langueur dans la voix, comme s'il se rappelait les "bons vieux temps" : "Comme autrefois. Il y a vingt ans, les marchés de Noël étaient géniaux..."
Photos et texte : copyright Doris Kneller
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