Tram, travaux et lumières éteintes : Marcher à Montpellier

"Ils", dans ce cas, ce ne sont pas les deux jeunes hommes, mais la mairie de Montpellier. La dame n'est pas la seule à avoir des problèmes à avancer : il fait absolument noir dans la rue. De temps en temps, les phares d'une voitures glissent furtivement sur le trottoir. Quelques secondes plus tard, il est de nouveau plongé dans l'obscurité.
"Ça dure maintenant plus d'une semaine - il n'y a plus de lumière dans la rue. Ou, parfois, la lumière revient pour une heure ou deux et après, plus rien", explique une dame un peu plus jeune que la première. "Si, encore, le trottoir serait dans un état correct. Mais non, il est plein de trous. Ma voisine n'ose plus quitter la maison à partir de 17 heures. Elle a peur de se casser la jambe ou un bras... Elle a raison, c'est très dangereux."
Pourquoi certaines rues de Montpellier sont-elles - entièrement ou pour quelques heures - privées de lumière ? Personne ne semble le savoir. "Je ne sais pas", dit aussi un homme dans la trentaine. "J'imagine que c'est en relation avec les travaux du tram. Mais je ne comprends pas très bien, pourquoi ça ne concerne que quelques rues et pas les autres."

Toutefois, être piéton à Montpellier ne pose pas seulement problème la nuit. Pendant la journée, la vie "à pied" est souvent aussi dangereuse.
10 heures au coin du Boulevard Victor Hugo et la rue de la République. Des piétons arrivent de la gare, par la rue de la République. Ils veulent traverser le Boulevard Victor Hugo pour entrer dans la cour de la Babote. "Avant", dit une dame, "il y avait un feu ici." Ce feu existe toujours - mais, depuis que les travaux du tram ont commencé, il ne fonctionne plus.
Les piétons observent donc patiemment le trafic venant du côté de la place Alexandre Laissac. Après un moment, les voitures s'arrêtent. Les piétons veulent traverser la rue, mais déjà, d'autres voitures arrivent : c'est fois-ci, ce sont celles du côté Boulevard du Jeu de Paume. Quelques-uns traversent en courant, s'exposant au danger... heureusement, les conducteurs freinent. Un Monsieur lève la main, bravant le trafic.

La dame avec la poussette éclate dans un rire amère. "Les flics ? Ils sont trop occupés à mettre des PV aux voitures qui sont mal garées. Aider les piétons n'est pas leur travail." - Finalement, le Monsieur se place au milieu de la rue et arrête les voitures pour permettre aux femmes de gagner en sécurité l'entrée de la Babote. Heureusement, l'entraide existe à Montpellier...
Mais les travaux... - les Montpelliérains sont-ils vraiment contents de recevoir la ligne 3 du tram ? "Oui," soupire une dame dans la trentaine, "je suis contente qu'on va disposer d'une troisième ligne. Mais d'ici là, la vie ne va pas être facile. En 'temps normal', on trouve à peine un parking en ville - et maintenant, ils ont supprimé plein de ces parkings qui, avant, n'étaient déjà pas suffisants. On est alors obligés de prendre le tram ou le bus. Mais les bus sont devenus une calamité. On dit que leur retard permanent serait dû aux travaux - je pense que le Tam se moque de nous. Il y a des bus qui viennent des parties de la ville qui ne sont pas concernées par les travaux - leur retard n'a donc forcément rien à voir avec la ligne 3... Le Tam nous raconte n'importe quoi."
Une autre dame d'à peu près le même âge se plaint des conditions des piétons dans les rues autour de la gare. "On ne passe plus", raconte-t-elle. "Le trottoir est plein de gens qui attendent les bus, et ils ne bougent pas pour laisser passer les autres. Il faut donc marcher dans la rue. Mais c'est très dangereux à cause des bus qui circulent partout, maintenant. Entre les travaux, les gens qui attendent les bus et les bus eux-mêmes - il y a tout simplement plus de place pour les piétons. Un vrai piège."
Montpellier, la ville avec la plus grande place piétonne de France, est-elle devenue un "piège" pour ceux qui vont à pied ? Un Monsieur dans la cinquantaine rigole. "Piéton à Montpellier ? Vous devriez pas être amoureux. Les trottoirs sont trop étroit pour y passer à deux."
"Peut-être pas un piège", répond un autre Monsieur d'à peu près le même âge, "mais être piéton à Montpellier n'est plus facile. Parfois, je pense qu'avec tous les soucis autour du nouveau tram, les responsables ont tout simplement oublié que nous, les piétons, on existe..."
Photos et texte : copyright Doris Kneller
des rues dans le noir
RépondreSupprimerdes paves sous la plage
des cauchemards de reves
nuit noir
espoir sans fin
la lumiere est en nous pour nous