mercredi 9 mars 2011

Montpellier : 13e Printemps des Poètes - la Maison de la poésie

Pedro Soler et Bruno Doucey : Oratorio pour Federico Garcia Lorca

La Maison de la poésieSans doute, le printemps est arrivé à Montpellier. Et avec lui, comme chaque année, le Printemps des Poètes. La grande nouvelle : la Maison de la poésie a enfin trouve un "chez elle". Désormais, son "quartier général" est établi près de la place d'Europe, derrière la médiathèque Émile Zola. Mais elle "loge" aussi à la salle Saint-Ravy, déjà connue pour ses expositions souvent originales et toujours bien choisies comme pour ses récitals poétiques et musicaux. Et parfois, elle prend ses quartiers au Musée Fabre à Montpellier, au Musée Paul Valéry à Sète ou dans les Médiathèques.

Le logo de la Maison de la poésie n'aurait pas pu être mieux choisi : une petite maison bien sympa avec une cheminée dont sort une grande fleur de tournesol. Juste au moment où le poète la regarde, une feuille s'envole... pour se transformer en plume. Qui n'aurait pas envie d'écouter un récital dans cette petite maison protégée par les symboles du soleil et du poète...

...un récital, par exemple, comme celui qui marquait l'ouverture du 13e Printemps des Poètes 2011 ? Encore une fois, les Montpelliérains avaient l'occasion d'écouter la musique créée par Pedro Soler, jouée par lui-même, et la voix du poète Bruno Doucey. La soirée n'était pas un "hommage" à Federico Garcia Lorca, mais Bruno Doucey lisait, entre autres poèmes, un "Oratorio" pour celui qu'on appelle l' "poète de l'amour obscur".

Le 13e printemps des poètesPersonne n'était étonné que la salle Saint-Ravy était comble. Aucune chaise n'est restée libre - ce qui ne pouvait pas entamer la bonne humeur de ceux qui étaient obligés de rester debout ou de, carrément, s'asseoir par terre. "Si ça me dérange de rester debout ?" répète une jeune femme la question de l'équipe des Gens de Montpellier. "J'aurais préféré trouver une chaise." Elle sourit. "Mais si j'ai le choix entre rester debout pour écouter Pedro Soler ou m'en aller, je préfère définitivement rester debout."

D'abord, on n'entend que la voix de Bruno Doucey, une voix douce à certains moments, rêveuse ou dure, exigeante à d'autres. Lorsqu'il récite des poèmes de son oeuvre "Outremer, trois océans en poésie - un tour du monde en 80 poètes à travers les contrées d’Outremer", les spectateurs se sentent dépaysés, emportés par des mots...

Pedro Soler à MontpellierEnsuite, après un petit "check up" de la qualité acoustique de la salle Saint-Ravy - "Y a-t-il quelqu'un qui n'a pas pu entendre la voix ?" - la guitare de Pedro Soler se joint à la voix de Bruno Doucey. D'abord hésitant, comme si la musique avait besoin d'interroger, de comprendre, de séduire la voix du poète, puis de plus en plus fort, demandant, sollicitant l'oreille de l'auditeur, vainqueur parfois, reculant de nouveau, jusqu'à, finalement, la voix du poète et celle de la guitare ne font qu'une.

Rares sont les Montpelliérains si silencieux comme ceux qui ont assisté à ce premier spectacle du 13e Printemps des Poètes. Au début, il y en avait encore quelques-uns qui ont applaudi entre les morceaux. Plus tard, pourtant, personne ne bouge, personne ne souffle mot. C'est comme si la salle entière flotte dans un univers de mots et de musique. La voix de la guitare monte et descend, les mots du poète s'approchent, s'éloignent de nouveau, voyageant dans les mers du sud, dans le tempérament de l'Espagne.

Lorsque les deux voix se sont tues, il y avait un moment de silence total - comme si les spectateurs avaient besoin d'émerger des contrées lointaines. Quelques secondes plus tard, toutefois, l'enthousiasme s'est déchaîné - sans doute, la première soirée du 13e Printemps de Poètes a été un succès...

"J'ai senti la mer et la chaleur de l'Espagne", s'extasie une dame d'une cinquantaine d'années. Et : "Je n'ai pas vu le temps passer", commente un Monsieur d'à peu près le même âge. Une autre dame, dans la trentaine, raconte : "Ce n'est pas la première fois que j'assiste à un concert de Pedro Soler. J'adore sa musique de Flamenco. J'ai entendu qu'il vit dans un petit village près de la mer et qu'il fait du vin, comme un véritable vigneron." Et elle ajoute : "Un homme si simple et, en même temps, un si grand artiste."

Une jeune dame est surtout impressionnée par Bruno Doucey : "On a l'impression qu'il est entièrement plongé dans les poèmes qu'il lit. Si je ne savait pas qu'il lit, je dirais qu'il invente les mots au moment où il les prononce." Et un jeune homme ajoute : "Une voix impressionnante."

Bruno Doucey à MontpellierMais pas tout le monde n'est d'accord. Un Monsieur d'une soixantaine d'années n'est pas content de la liaison entre Federico Garcia Lorca et la soirée à Montpellier. "Pourquoi a-t-on toujours besoin des hommages ?" se plaint-il. "Pedro Soler est un guitariste de chez nous, et Bruno Doucey parle notre langue. Pourquoi ne rendent-ils pas hommage à la Méditerranée comme nous le connaissons ici, au Sud de la France ?"

Et une dame dans la quarantaine : "Ce qui m'a manqué, c'est le soleil dans le récit. Pedro Soler et Bruno Doucey n'ont pas réussi à évoquer l'ambiance autour de Federico Garcia Lorca, l'ambiance de l'Espagne de Sud." Mais la dame qui l'accompagne n'est pas de son avis : "En ce qui me concerne, je sentais très fortement cette ambiance. Le printemps de l'Espagne et celui des poètes à Montpellier..."
Photos et texte : copyright Doris Kneller

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