Pedro Soler et Bruno Doucey : Oratorio pour Federico Garcia Lorca

Le logo de la Maison de la poésie n'aurait pas pu être mieux choisi : une petite maison bien sympa avec une cheminée dont sort une grande fleur de tournesol. Juste au moment où le poète la regarde, une feuille s'envole... pour se transformer en plume. Qui n'aurait pas envie d'écouter un récital dans cette petite maison protégée par les symboles du soleil et du poète...
...un récital, par exemple, comme celui qui marquait l'ouverture du 13e Printemps des Poètes 2011 ? Encore une fois, les Montpelliérains avaient l'occasion d'écouter la musique créée par Pedro Soler, jouée par lui-même, et la voix du poète Bruno Doucey. La soirée n'était pas un "hommage" à Federico Garcia Lorca, mais Bruno Doucey lisait, entre autres poèmes, un "Oratorio" pour celui qu'on appelle l' "poète de l'amour obscur".

D'abord, on n'entend que la voix de Bruno Doucey, une voix douce à certains moments, rêveuse ou dure, exigeante à d'autres. Lorsqu'il récite des poèmes de son oeuvre "Outremer, trois océans en poésie - un tour du monde en 80 poètes à travers les contrées d’Outremer", les spectateurs se sentent dépaysés, emportés par des mots...

Rares sont les Montpelliérains si silencieux comme ceux qui ont assisté à ce premier spectacle du 13e Printemps des Poètes. Au début, il y en avait encore quelques-uns qui ont applaudi entre les morceaux. Plus tard, pourtant, personne ne bouge, personne ne souffle mot. C'est comme si la salle entière flotte dans un univers de mots et de musique. La voix de la guitare monte et descend, les mots du poète s'approchent, s'éloignent de nouveau, voyageant dans les mers du sud, dans le tempérament de l'Espagne.
Lorsque les deux voix se sont tues, il y avait un moment de silence total - comme si les spectateurs avaient besoin d'émerger des contrées lointaines. Quelques secondes plus tard, toutefois, l'enthousiasme s'est déchaîné - sans doute, la première soirée du 13e Printemps de Poètes a été un succès...
"J'ai senti la mer et la chaleur de l'Espagne", s'extasie une dame d'une cinquantaine d'années. Et : "Je n'ai pas vu le temps passer", commente un Monsieur d'à peu près le même âge. Une autre dame, dans la trentaine, raconte : "Ce n'est pas la première fois que j'assiste à un concert de Pedro Soler. J'adore sa musique de Flamenco. J'ai entendu qu'il vit dans un petit village près de la mer et qu'il fait du vin, comme un véritable vigneron." Et elle ajoute : "Un homme si simple et, en même temps, un si grand artiste."
Une jeune dame est surtout impressionnée par Bruno Doucey : "On a l'impression qu'il est entièrement plongé dans les poèmes qu'il lit. Si je ne savait pas qu'il lit, je dirais qu'il invente les mots au moment où il les prononce." Et un jeune homme ajoute : "Une voix impressionnante."

Et une dame dans la quarantaine : "Ce qui m'a manqué, c'est le soleil dans le récit. Pedro Soler et Bruno Doucey n'ont pas réussi à évoquer l'ambiance autour de Federico Garcia Lorca, l'ambiance de l'Espagne de Sud." Mais la dame qui l'accompagne n'est pas de son avis : "En ce qui me concerne, je sentais très fortement cette ambiance. Le printemps de l'Espagne et celui des poètes à Montpellier..."
Photos et texte : copyright Doris Kneller
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