mardi 24 mai 2011

Prades-le-Lez : Un fruit pour la récré

Fruits et légumes aux écoles de Prades-le-Lez : nourriture saine pour les enfants pradéens

Nourriture équilibrée à Prades-le-LezLe paradis commence juste quelques mètres à l'extérieur du village. Et ce ne sont pas seulement les "prades" - les "prairies" en occitan - de Prades-le-Lez qui attirent l'œil du promeneur, mais aussi la forêt et le Lez qui, imperturbable, amène son eau aux paysages baignés par le soleil du Midi.

C'est ici qu'on comprend dans toute leur étendue les paroles de Jean-Marc Lussert, maire de Prades-le-Lez, lorsqu'il évoque l'époque pas si lointaine où les environs de la commune étaient considérés comme le verger de la région. Les plus âgés parmi les Pradéens se rappellent encore les histoires des bergers, de l'époque où leurs troupeaux entretenaient les garrigues et où le froment et, plus tard, le blé poussait le long du Lez.

Ainsi, les enfants de Prades-le-Lez n'étaient jamais privés de fruits. Les fruits et légumes faisaient partie de leur quotidien et même en temps de disette, les fruits poussaient toujours sur les arbres autour du village. Les enfants n'avaient qu'à les cueillir...

Prades-le-Lez : Un fruit pour la récréToutefois, les temps ont changé. Et tandis que les environs de Prades-le-Lez restent un paradis naturel, il n'y a plus beaucoup d'enfants à la recherche d'une pomme ou d'une pêche. Ils ont, tout simplement, perdu l'habitude de manger des fruits. Quelques enfants, comme souligne une enseignante pradéenne, ne savent même plus d'où viennent les fruits - ils ont tendance à les confondre avec un yaourt ou un bonbon de goût fruité.

Bref, pour retrouver une nourriture saine, naturelle et équilibrée, les enfants - et leurs parents - doivent réapprendre la consommation des fruits. Et quel endroit serait mieux placé pour entamer un tel apprentissage que l'école ? Ainsi, la Commission Européenne, les régions et les communes ont réuni leurs moyens pour faire naître le projet "Un fruit pour la récré" dont les premières expériences ont été lancées en 2008. Jusqu'à maintenant, l'opération concerne 160 établissements en Languedoc-Roussillon, donc environ 20.000 élèves.

Prades-le-Lez fait partie des premières communes qui non seulement ont participé au projet, mais qui ont aussi tout fait pour le soutenir. Ainsi, lors d'une conférence de presse en présence de la Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt et de la Préfecture, le maire et les enseignants de la commune ont pu révéler les premiers résultats de l'action menée dans leurs écoles.

L'idée du projet est tout simple. D'abord, il permet aux enfants de manger des fruits et des légumes plusieurs fois par semaine. En même temps, ils apprennent à être conscients de ce qu'ils mangent : leurs enseignants leur expliquent, pourquoi il est bien pour la santé de manger des fruits, d'où ils viennent et comment ils sont produits. Mais cela n'est pas tout : plus important que distribuer des pommes, pêches, tomates, courgettes, cerises ou fraises aux enfants est l'idée de les faire aimer la nourriture équilibrée ou, pour aller encore plus loin, de faire en sorte qu'elle fasse partie de leurs habitudes.

Conférence de presse à Prades-le-LezPourtant, si l'on dit "fruit", on ne parle pas de "fruits quelconques". Il n'est pas seulement question d'une nourriture équilibrée, mais aussi d'une agriculture adaptée aux idées de la vie saine. Ainsi, le projet s'inscrit dans le plan d'alimentation nationale qui met en valeur les produits de la saison et, tant que possible, ceux de proximité. "Tous les fruits sont acceptés. Toutefois, les enfants n'ont pas besoin de manger des fraises en décembre ou des cerises en octobre. Dans notre région, chaque saison porte assez de fruits et de légumes."

L'idée de la proximité est une raison de plus pour laquelle le projet "Un fruit pour la récré" cadre si bien avec l'infrastructure de la région et, notamment, avec celle de Prades-le-Lez. La mairie a l'intention de favoriser la réimplantation de l'agriculture aux bords du Lez. Les enfants n'auront donc pas seulement la possibilité de manger les fruits de la terre sur laquelle ils vivent, ils peuvent aussi visiter les plantations proches de l'école et observer le développement des fruits et des légumes.

"Le projet implique tout un travail pédagogique", souligne Jean-Marc Lussert. Et ce travail, les enseignants de Prades-le-Lez l'ont entamé avec succès. Ils montrent aux enfants comment on nettoie les fruits avant de les manger - "ça doit leur plaire, parce que les caisses se vident vite" - et on a même déjà préparé un plat de courgettes pour, ensuite, les manger ensemble. Les enfants apprennent aussi la différence entre la culture traditionnelle, industrielle et biologique, on les sensibilise aux valeurs du bio et, de nouveau, on parle de la proximité : le Languedoc-Roussillon est la région avec le taux le plus élevé de conversion à l'agriculture biologique.

La réaction des adolescents au projet "Un fruit pour le récré" n'est pas encore vraiment connue, vu qu'ils n'ont été inclus qu'au début de l'année scolaire. Sur le comportement des petits, par contre, les enseignants de Prades-le-Lez ont déjà pas mal d'informations à fournir à leurs collègues. On a découvert, par exemple, qu'ils adorent croquer les légumes crus. "Ils prendraient facilement l'habitude de manger une carotte ou un radis entre les repas au lieu de prendre un bonbon." On a aussi constaté qu'il est utile de distribuer des fruits un peu avant le repas de midi : "cela empêche ceux qui ont déjà un peu faim de grignoter des biscuits." L'impact sur les goûters n'est pas encore idéal, "mais ça commence. Il est important que les parents collaborent pour changer les habitudes des enfants." De toute manière, les partisans de l'opération n'attendent pas des miracles : le vrai impact de l'éducation à la nourriture équilibrée ne se montrera qu'à long terme.

Les habitudes vont changer, certes, mais il y a aussi la question de l'argent. Il est clair, comme remarque une enseignante, qu'on peut acheter trois paquets de biscuits pour juste un kilo de cerises. Mais grâce à la participation de l'Europe - qui finance 51 pour cent des frais - et des régions, les coûts sont réduits à vingt cents par enfant... "un prix qui bat largement celui des sucreries".

Et qu'en disent les enfants ? - Si l'on pose la question a ceux pour qui la distribution des fruits fait déjà partie du quotidien, on constate qu'ils attendent avec impatience le prochain repas naturel et, aussi, les nouvelles explications sur le monde de l'agriculture.
Photos et texte : copyright Doris Kneller

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