mardi 15 février 2011

La 4ème semaine de Cinéma Suisse

Le cinéma suisse à Montpellier : films alémaniques, romands, italiens

Semaine de Cinéma SuisseEst-ce vrai que le Montpelliérain "moyen" ne sait pas grand-chose de ce voisin de la France dont les habitants parlent de différentes langues, fondant de différentes cultures en une seule histoire ?

Lorsque l'équipe de la Revue online des Gens de Montpellier a posé la question aux gens qui se promenaient sur la Place de la Comédie et l'Esplanade, plusieurs ont spontanément déclaré  "La Suisse ? C'est le bon chocolat." D'autres ont parlé de la montagne, de la neige ou de faire du ski. Encore d'autres ont parlé de la monnaie de la Suisse, le franc suisse, lequel, en général, ils considèrent comme une monnaie forte. Et une dame dans la soixantaine pensait à la différence linguistique : "En Suisse, ils disent nonante au lieu de quatre-vingt-dix..."

Toutefois, un Monsieur d'une trentaine d'années a eu une autre notion de la Suisse : "En Suisse, vous avez de très bons films." Et une dame d'environ 25 ans : "Le festival de cinéma suisse." Elle parle, effectivement, de la 4ème semaine de Cinéma Suisse.

Le cinéma suisse à MontpellierDepuis plusieurs années déjà, la semaine de Cinéma Suisse est devenue un rendez-vous fixe pour les cinéphiles de Montpellier. Les films ont des sujets divers, mais il y a un point qu'ils ont tous en commun : ce sont des films bien choisis, dont les réalisateurs ont quelque chose à dire, qui évoquent le sentiment humain, qui sont, comme l'exprime une spectatrice fidèle, "entièrement humains". Ils parlent de la vieillesse, comme "Die Herbstzeitlosen" de Bettina Oberli et "Giulias Verschwinden" de Christoph Schaub, ou de la jeunesse, comme "Jeune homme", également de Christoph Schaub. Ils montrent la mentalité de la Suisse, ses paysages et sa vie quotidienne. Et, comme l'affirme un Monsieur dans la soixantaine : "Tous les films ont un bon niveau."

Ce qui est remarquable pour un cinéphile qui a l'habitude des films français - ou espagnols ou anglais ou allemands ou italiens... - c'est le multilinguisme. Car il n'y a presque aucun film où tous les acteurs parlent la même langue. Il est vrai que les ouvriers immigrés de l'Italie apprennent le français lorsqu'ils travaillent dans les environs de Genève et que les jeunes Suisses alémaniques étudient le français quand ils deviennent "au pair" chez leurs voisins, mais pour un Suisse romand, il est absolument normal d'entendre l'italien et l'allemand. Même si tout le monde n'est pas parfaitement multilingue, pour un Suisse, les "autres langues" font partie du quotidien.

Tout comme les habitants de la Suisse, aussi la plupart des films présentés à la 4ème semaine de Cinéma Suisse à Montpellier sont multilingues. Mais les spécificités linguistiques vont encore plus loin. Une dame allemande, cinéphile et fidèle à la Semaine du Cinéma Suisse à Montpellier depuis des années, exprime ses observations concernant la langue allemande : "Ce qui m'étonne", explique-t-elle, "c'est que les gens dans les films d'idiome alémanique ne parlent pas la même langue que les gens dans la rue, par exemple à Zurich." Quand elle rencontre des personnes suisses dans la rue qui se parlent entre elles, elle ne comprend pas un mot. "Si, par contre, ils parlent avec moi, ils utilisent une sorte 'd'alémanique soutenu' qu'ils apprennent à l'école, mais qu'ils ne parlent qu'avec les Allemands. Et cette langue 'soutenue' est aussi celle qu'on entend dans les films. Pourquoi", ajoute-t-elle, "les producteurs suisses alémaniques ne produisent-ils pas de films avec la langue qu'on parle dans la rue ?

Peu importe si les acteurs parlent alémanique, français ou italien, les films de la 4ème semaine de Cinéma Suisse à Montpellier parlent tous de la Suisse et de ses habitants. "Azzuro" de Denis Rabaglia donne un aperçu de la situation des ouvriers italiens en Suisse, "Un petit coin de paradis..." de Jacqueline Veuve reflète la vie à la campagne, et avec "Die Standesbeamtin" de Micha Lewinsky, le spectateur rentre dans la mentalité d'une petite ville en Suisse : "Ce qui m'a frappé dans ce film ?" commente une jeune dame. "Que le rôle principal a pu garer son vélo partout sans la moindre mesure de sécurité." Elle soupire. "Si ici, c'était possible..."

Bref, tous les films forment un miroir de la vie en Suisse...

...tous, sauf un. Car cette année-ci, l'association "C'est-Rare-Film", responsable de l'organisation de la semaine de Cinéma Suisse, a choisi un film qui ne joue pas en Suisse, mais au Sud de la France, à Rivesaltes. "Journal de Rivesaltes" raconte l'histoire d'un camp d'hébergement qui regroupe des juifs, des Tziganes et des réfugiés espagnols. - "Je trouve que ce film ne cadre pas entièrement avec l'esprit des autres films de ce festival", s'étonne un Monsieur d'une trentaine d'années. "Je sais qu'il a été réalisé par un metteur en scène suisse, suivant un livre d'un auteur suisse, mais son sujet n'a rien à voir avec la Suisse. De toute manière", continue-t-il, "je dirais que ce film était le plus frappant et le plus touchant de ce festival. Je dirais : excellent film..."

Aux cinéphiles montpelliérains, il reste encore une séance avant que la 4ème semaine de Cinéma Suisse est terminée : "Cœur animal" de Sévernie Cornamusaz, le mercredi 16 février au Cinéma Utopia.

Troisième semaine de cinéma suisse à Montpellier
Photos et texte : copyright Doris Kneller

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