Festival de l'architecture à Montpellier : les hôtels particuliers et leurs cours intérieures

Mais l'idée du Festival n'était pas seulement la possibilité de visiter des cours normalement "cachées" au public. Onze cabinets d'architectes ont organisé une "rencontre" entre l'architecture de Montpellier et l'art contemporain. Leur œuvre a rempli les cours, "vient interrompre la verticalité" comme à l'Hôtel d'Aures, produit "Ma cours dans ta cour" avec une "allégorie de la cour québécoise" à l'Hôtel de Bonnel, ou représente une "métaphore de la rencontre magique" à l'Hôtel Saint Pierre de Rozel.
Ce "Festival des Architectures Vives" aurait pu être considéré comme une "balade sensorielle" - en empruntant l'expression des architectes qui ont "garni" la cour de l'Hôtel de Cabacérès -, un mélange entre l'histoire montpelliéraine et le symbole artistique d'une ville devenue un point de rencontre internationale. La réaction du public était très diversifiée. Les uns ont adoré, les autres n'ont pas compris, "pourquoi la ville jette notre argent par la fenêtre pour des choses sans intérêt", et certains étaient de l'avis que " la ville aurait pu mettre des fontaines d'eau à la disposition des visiteurs"...

Mais les cylindres ne font pas seulement plaisir aux enfants. Chez un homme dans la trentaine, ils évoquent des sentiments philosophiques : "C'est comme un labyrinthe, on s'y perd, on s'y retrouve. Comme dans la vie..."
Les grands ballons de l'Hôtel Mirman perturbent plusieurs personnes qui ont pour seul commentaire le mot "bizarre". Mais un Monsieur dans la soixantaine se sent apte à expliquer le sens de l'installation : "Les formes des ballons jouent avec la forme des balcons. L'artiste", ajoute-t-il, "a très bien compris le style de la maison, et il a su lier le moderne et l'ancien."
Les tubes de cuivre suspendus dans la cour de l'Hôtel Baudon de Mauny, par contre, évoquent des commentaires moins philosophiques. L'installation s'appelle "Ondes de choc" et, en effet, une jeune dame est un peu choquée. Elle hoche la tête, debout devant l'œuvre et, finalement, elle dit : "Je ne sais pas si c'est de l'art. Mais, de toute manière, je plains les pauvres habitants de la maisons qui doivent subir ce bruit pendant trois jours."
Deux dames dans la soixantaine sont émerveillées d'avoir découvert le "Festival des Architectures Vives" au cours de leur promenade dominicale. Mais elles réclament "une publicité plus efficace. Nous n'avons rien su de la manifestation. C'est par pur hasard que nous l'avons découverte."

Une autre dame, elle aussi dans la quarantaine, trouve les installations "très originales" et même "poétiques". Son mari est plutôt sceptique, toutefois, il est d'accord que "ça permet de toute manière de voir les cours qui sont toujours fermées."
C'est juste cette ouverture des cours une fois par an qui tracasse une dame dans la cinquantaine. L'appareil photo dans la main, elle se plaint des installations. "On peut en penser ce qu'on veut", commente-t-elle, "mais, si déjà, pour une fois, on nous donne le droit de voir ces cours merveilleuses, on a la mauvaise idée de les cacher derrière de l'art contemporain. Je préférerais avoir la possibilité de prendre des photos des cours, dans leur état naturel, au lieu de n'apercevoir les murs qu'entre deux pièces d'architecture soi-disant moderne."
Une dame dans la cinquantaine qui assure qu'elle aurait vu toutes les onze cours au moins deux sinon trois fois, est bien informée. "Ils organisent ce festival tous les ans, et toujours dans d'autres cours. Comme ça, petit à petit, on a l'occasion de découvrir tous les hôtels particuliers de Montpellier." Interrogée si son enthousiasme concerne plus les cours ou les installations d'architecture, elle affirme que "oui, je viendrais aussi visiter les cours sans les installations. Elles sont très intéressantes. Mais l'idée du Festival est magnifique. Ils nous offrent deux choses en même temps : la vue des cours et, en plus, les installations artistiques."
Photos et texte : copyright Doris Kneller
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