Les restrictions d'eau prévues à Montpellier et le désespoir des agriculteurs

"Si je trouve qu'il devrait pleuvoir un peu plus ?" La dame sourit. "Bien sûr que non. Je suis ici pour le soleil - de la pluie, j'en avait assez chez moi." La jeune femme raconte qu'elle vient de la Normandie. "C'est fantastique", s'extasie-t-elle et embrasse la Comédie d'un grand geste de bras, "on est toujours en hiver et tout le monde se prélasse sur les terrasses."
De son point de vue, la "nouvelle Montpelliéraine" a certainement raison. Mais pas tout le monde partage son opinion. Les agriculteurs autour de Montpellier et même les amateurs des jardins commencent à désespérer. "Ça fait déjà quatre ans qu'on n'a pas assez d'eau", se plaint un Monsieur qui aime passer son temps dans son jardin dans le quartier Croix d'Argent. Il ajoute que le problème ne le concerne pas vraiment, vu qu'il n'a "que de jolies fleurs" dans son jardin. "Mais ceux qui cultivent des légumes et les agriculteurs ont de plus en plus des problèmes."
Les agriculteurs s'inquiètent effectivement, et les responsables commencent à réfléchir sur des restrictions d'eau pour tout le monde. La préfecture parle de très faibles cumuls pluviométriques pour cet hiver - juste 10 mm entre décembre et février, contre 170 mm dans les années "moyennes" et au moins 30 mm dans les hivers qualifiés comme "très secs" - un phénomène qui n'a plus eu lieu depuis 139 ans.

Ce qui, à l'époque, frôlait le prodige et suffisait à résoudre plus ou moins tous les problèmes d'eau n'a plus rien à voir avec les besoins d'aujourd'hui. "Si j'étais d'accord de restreindre la quantité d'eau que j'utilise ?" répète une dame dans la quarantaine la question de l'équipe de Montpellier Presse Online. "Certainement pas. Car ça signifierait que je n'aurais plus le droit de prendre mes douches. Ou de faire la vaisselle, ou de laver mon linge. Je pense que ces choses font partie des droits de base, aujourd'hui, n'est-ce pas ?"
Un Monsieur dans la cinquantaine pense qu'il ne vaut pas la peine de parler de l'eau utilisée à titre personnel. "Les quantités d'eau dont les gens ont besoin pour leur consommation sont ridicules comparées à la consommation de l'industrie. Où dans le secteur public. Avez-vous une idée combien d'eau est utilisée par les jardiniers de la ville de Montpellier ? Juste pour arroser les espaces verts, les petits jardins de quartier, les carrefours ? Il n'y a même pas assez d'eau pour le Jardin des Plantes - vous l'avez déjà vu en été ? Souvent, il est tout sec..."
Une Montpelliéraine un peu plus jeune que le Monsieur lui donne raison. "On gaspille trop d'eau", constate-t-elle. "En Espagne, par exemple, il est interdit de laver sa voiture en été. À quoi ça rime, laver sa voiture tandis que les agriculteurs ne savent pas comment sauver leur récolte ?"

Serait-il temps de s'avouer vaincu par la nature ? "Les gens n'arrivent pas à comprendre", déclare un Monsieur dans la quarantaine, "que la vie proche de la Méditerranée n'est pas une vie en Normandie. Il faudrait vivre différemment. On accepte la différence quand il est question de se faire bronzer à la plage en plein mois de février. Mais notre climat n'a pas que des avantages. Il faut accepter qu'en été, la nature soit sèche. Et il faut accepter que nous ne puissions pas avoir une flore du Midi et du Nord en même temps. Celui qui veut des pelouses vertes dans son jardin se trompe du paysage."
L'angoisse des agriculteurs ne se restreint pas à l'arrosage des plantes : "Les bêtes ont besoin de l'eau", constate un agriculteur. "L'état aurait peut-être dû interdire l'élevage des bêtes dans le Midi il y a longtemps, ça aurait été plus intelligent. Mais maintenant, il est trop tard, les bêtes sont là et elles réclament leur eau..."
Photos et texte : copyright Doris Kneller
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