mercredi 4 mars 2015

Les jeunes Montpelliérains face au comportement des vieux

Montpellier et sa jeunesse - conflit de générations ou à la recherche d'un chemin ?

« Respect », dit le jeune homme et il hausse les épaules, « ça se mérite. Et ce n’est pas votre génération qui le mérite le plus. » Il était étonné d’entendre la question posée par un membre de l’équipe de Montpellier Presse Online ciblant le comportement des personnes plus âgées que lui, de ceux qui, comme dit une jeune femme, « devraient servir comme exemple. »

« N’oublions pas que c'est nous qui ont éduqué les jeunes d’aujourd’hui », réfléchit une dame dans la quarantaine. « C’est notre philosophie, nos opinions, notre manière de vivre qui les ont formés. » 

« Je sais que, par exemple dans le tram, on devrait se lever pour les vieux », raconte une Lycéenne d’environ 16 ans. « Mais ils oublient qu’après l’école, on est fatigués nous aussi. Et eux sont à la retraite et n’ont rien à faire, toute la journée. » - Sa copine hausse la tête. « Mais ce n’est pas seulement ça », ajoute-t-elle. « Si, encore, ils étaient polis si on se lève pour eux. La plupart des vieux ne disent même pas merci, ce ne serait pas trop demandé, non ? »

La politesse des « vieux » tracasse beaucoup de jeunes. « On m’a toujours appris de dire ‘bonjour’ aux personnes adultes », se souvient par exemple une jeune dame d’une vingtaine d’années. « Mais ça fait longtemps que je ne le fais plus. A quoi ça sert d’être poli si, comme réponse, on te regarde bizarrement. Ils ne sont même pas capables de dire ‘bonjour’ eux aussi. »

Un jeune homme d’à peu près le même âge est encore plus amer. « J’ai un pote qui est d’origine magrébin. S’il dit ‘bonjour’ aux adultes ‘français’ dans son immeuble ou dans la rue, ils tournent carrément la tête, comme s’il avait fait quelque chose de dégueulas. Je suis pas fier de faire partie de cette ‘race’, j’ai plus envie de les saluer. »

« Ce qu’il faut pour notre jeunesse », décide un Monsieur dans la cinquantaine, « c’est des modèles. Mais où voulez-vous trouver des modèles, de nos jours ? A l’époque, c’était les hommes politiques qu’on a cité comme exemple d’honnêteté. Mais là, faut même plus rêver. »

« Un jeune », explique une dame dans à peu près le même âge, « a tendance à généraliser. S’il rencontre deux adultes qui se montrent malhonnêtes ou impolis, il pense que tout le monde est pareil - et agit en conséquence. »

« Voulez-vous savoir, pourquoi je n’ai pas envie de suivre les soi-disant règles de la politesse ? », demande un homme d’une trentaine d’années. «  Parce qu’elles ont été établies par une génération faux cul. Oui, faux cul. Elle veut qu’on respecte nos ainés et les supérieurs hiérarchiques, mais pour être respecté il faut être juste et honnête. La société base sur la fraude, ceux qui sont riches, très riches, je veux dire, n’ont pas gagné leur argent en travaillant. Voulez-vous vraiment que la jeune génération imite tous les crimes des vieux ? Pour le moment, nous n’avons pas d’alternative et cherchons notre chemin. Mais en attendant, on ne veut pas de votre fausse politesse. On veut respirer, avoir notre espace de vie. »  

Vendredi après-midi à la gare de Montpellier, dans un tram de la ligne 1. Plusieurs personnes sortent du tram, ceux qui attendent à l’extérieur ont hâte d’y entrer. Finalement, il ne reste qu’une dame âgée qui ne sort que très lentement. La première personne dans la file extérieure est un jeune homme dont les cheveux noirs pourraient indiquer une origine maghrébine. Il patiente jusqu’à ce que la dame âgée soit dehors. Mais avant qu’elle puisse s’éloigner de la porte, le jeune homme est poussé par derrière et bouscule, de son côté, la vieille dame qui, promptement, commence à se plaindre de haute voix. Le jeune se retourne et se trouve face à un Monsieur dans la cinquantaine qui pousse impatiemment pour entrer dans le tram.

« Mais attendez », lui lance le jeune homme, « laissez sortir la dame. » La réponse est immédiate : « On n’a pas que ça à faire. Poussez-vous. »

Une exception ? « Non, pas du tout », répond un étudiant de 22 ans. « Les personnes âgées parlent mal de la jeunesse, mais si vous êtes jeune à Montpellier, vous avez l’impression d’être de la m… » Par exemple face aux contrôleurs. « Avec-vous jamais remarqué que, dans les trams, il n’y a presque que les jeunes qui sont contrôlés ? Comme si, par définition, on serait tous des fraudeurs, automatiquement. »

Un dimanche matin, la ligne 2 du tram de Montpellier n’est pas très fréquentée. Une dame dans la cinquantaine occupe un compartiment pour quatre personnes et pose ses pieds sur le site en face du sien. Elle ne remarque pas qu’une contrôleuse s’approche de derrière qui, immédiatement, lui commande, dans un ton très dur, d’enlever ses « sales pieds » du fauteuil.

La dame obéit, mais elle fixe la contrôleuse d’un regard ironique. « Tiens », dit-elle, c’est la première fois que je vois un contrôleur réagir. Quand le tram est plein de jeunes qui ont les pieds sur les fauteuils, aucun contrôleur ne dit quelque chose. A moi, oui. Est-ce parce que je suis vieille ? »

La contrôleuse ne répond pas, mais une autre dame, un peu plus jeune que la précédente, commente : « Ne soyez pas étonnée. Les contrôleurs ont peur des jeunes, ils n’osent donc rien dire. De vous, ils n’ont pas peur. »
Photos et texte : copyright Doris Kneller

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