lundi 23 mars 2015

Montpellier et les élections départementales

Montpellier : Qui a voté pour le Front National ?

Un grand quotidien a divulgué la nouvelle : voter pour le Front National n’est plus une « honte ». Maintenant, les gens en parleraient ouvertement. Par conséquent, Montpellier Presse Online a voulu savoir qui sont les presque 32 pour cent qui, dans l’Hérault, ont voté pour la droite extrême. Sont-ils prêts, maintenant, d'en parler ouvertement ?

« Si j’ai voté pour le Front National ? C’est une blague ? » La dame dans la quarantaine a l’air de ne savoir si on l’insulte ou si on se moque d’elle. « Mais quelle idée. Ai-je l’air de quelqu’un qui ne sait pas ce qu’il fait ? »

« Vous souhaitez savoir qui a voté pour le parti Le Pen ? » réagit un Monsieur dans la cinquantaine. « Les Arabes, j’imagine. » Puis, il ajoute : « Faut être complètement zinzin pour poser une telle question. »

La plupart des réponses récoltées par l’équipe de Montpellier Presse Online se ressemblent : les Montpelliérains se fâchent. L’idée qu’ils auraient pu voter pour l’extrême droite les horrifie. Toutefois, les partisans du « bleu marine » se cachent-ils ou ne les rencontre-t-on pas dans les rues ?

« Qui a voté pour le Front National ? » répète un autre Monsieur, lui aussi dans la cinquantaine, la question. Il réfléchit. « D’abord, je pense, tous les gens qui ne sont pas contents de la situation politique actuelle. Les élections d’hier ne sont pas très importantes, c'est-à-dire qu’elles n’ont pas un impact énorme sur le jeu du pouvoir. Beaucoup les ont utilisées pour donner un avertissement aux partis classiques. Il faut qu’ils comprennent que la France a besoin d’un changement. »

« Dans dix ans, on aura peut-être compris », répond une dame dans la trentaine qui, comme elle dit, se sent très abattue aujourd’hui, face aux résultats des élections. « Il est vrai, on aurait dû y compter, après les sondages et tout. Mais j’ai espéré un miracle. D’un autre côté, on peut les comprendre : la gauche ne fait que la politique de la droite, la droite présente un leader dont la France a eu marre il y a déjà longtemps, et les autres partis ne sont pas assez forts. Dans dix ans, peut-être, tout changera de nouveau. Mais pour le moment, tout est fichu. »

« Moi, je vote pour le parti écologique », explique une autre dame, une dizaine d’années plus âgée que la précédente. « Mais il est vrai que les verts n’ont pas bien réussi, hier. Ce qui est logique. Tout le monde s’est dit qu’il faut voter ‘utile’, pour barrer le chemin aux Le Pen. »

Et enfin : « Oui, j’ai voté pour le FN. » Il s’agit d’une dame dans la quarantaine, assez élégamment vêtue. « Et je peux vous dire, pourquoi. J’en ai marre de la dictature des étrangers. Dans le tram, vous n’entendez presque plus le français. Dans mon quartier, ils ont brûlé des voitures. Pendant la nuit, les jeunes Magrébins sont dans la rue, jusqu’à deux ou trois heures du matin, ils gueulent et font marcher leurs radios à un volume que personne ne peut dormir. Ils s’en foutent de ceux qui doivent travailler - eux ils ne travaillent pas. Et à qui la faute ? A la police. Nous avons essayé, plus d’une fois, d’appeler la police pour qu’elle intervient contre ce bruit nocturne insupportable. Mais là, vous pouvez attendre longtemps. Les jeunes Magrébins peuvent faire ce qu’ils veulent, la police est de leur côté. »

Une autre dame d’à peu près le même âge parle également du sujet des Magrébins dont on dit qu’ils dérangeraient tout le monde. « D’abord », souligne-t-elle, « ce ne sont pas exclusivement des Magrébins, mais tout simplement des jeunes qui sont mal dans leur peau. Des jeunes Français, entre autres. Quant aux jeunes Magrébins, je veux dire des jeunes Français dont les parents sont nés dans un pays de Maghreb, qu’est-ce qu’ils ont dans la vie ? On ne leur donne pas de travail, ils sont exclus par le système. Tous les jours, ils sont confrontés avec le mépris de leurs concitoyens. Mais ils sont jeunes, ils veulent vivre, profiter des biens de la société. Alors ils se prennent ce qu’ils pensent qu’on leur doit. » Elle hésite, puis continue : « Oui, il faut changer de politique. Il nous faut une politique qui fait comprendre aux gens qu’il n’y a pas Français et Français, mais uniquement Français. Il faut la même éducation pour tout le monde et les mêmes chances. Nous avons des hommes politiques qui travaillent pour ce but, mais ils ne sont soutenus par personne et, avant tout, ignorés par la presse. »

Le sujet de la presse est également mentionné souvent : « Qui vote pour le FN ? La presse, bien sûr », dit par exemple un Monsieur dans la cinquantaine. « Prenez seulement l’affaire du footballeur suédois. Il a fait un petit faux pas - la presse en aurait parlé pendant une journée, peut-être, pas plus. Mais comme Marine Le Pen l’a utilisé pour faire sa publicité, tous les média l’ont soutenue. On devrait se demander si elle n’a pas payé le Suédois pour trouver un moyen supplémentaire de publicité - et les média pour, encore, ne parler que d’elle. »

« Non, je n’ai pas voté pour le FN », répond une dame dans la trentaine. « Je crois à un vote de signalisation. Les gens signalent qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Que, en fait, rien ne va plus. Et soyons honnêtes : pouvez-vous me nommer un seul politicien, parmi ceux qui ont une chance d’être élus à l'Elysée, qui est prêt ET capable de nous aider ? De donner du travail aux chômeurs ? Non. Mais attendons le deuxième tour, il nous montrera ce que les Français pensent vraiment. »
Photos et texte : copyright Doris Kneller

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