mercredi 28 juillet 2010

Voix de la Méditerranée - Lodève, Montpellier et les pays du Midi

Les voisins de Montpellier : Le treizième festival de poésie à Lodève

Voix de la MéditerranéePour la treizième fois, les amateurs de la poésie de Montpellier ont quitté leur ville - pour un jour, pour un week-end, pour une semaine... Leur but : Lodève et son festival de poésie, la Voix de la Méditerranée.

Lodève en été est devenu synonyme de culture : le musée Fleury avec ses expositions et sa collection permanente qui fait une "concurrence" plaisante au musée Fabre de Montpellier - ou, plutôt, qui sert à augmenter le plaisir des amateurs de la peinture qui circulent entre Montpellier et Lodève - et, bien sûr, la Voix de la Méditerranée, le festival de poésie. Il s'agit d'une poésie que, en France, seul "l'expert" arrive à s'en procurer, celui qui cherche "vraiment" et sait ce qu'il cherche. Le grand public, par contre, ne "tombe" pratiquement jamais sur cette poésie pourtant si forte, composée par des auteurs situés dans les pays autour de la Méditerranée - sauf au mois de juillet, à Lodève.

Déjà les lieux sont d'une telle originalité - et d'une telle beauté - que, déjà pour en profiter, on a envie d'assister aux moments de la poésie récitée par les auteurs eux-mêmes, traduite, au besoin, en français. Il y a, par exemple, les "lectures les pieds dans l'eau" ou les manifestations poétiques sur "fauteuils flottants", où le public est installé sur des chaises placées au milieu de la Soulondre et baigne, littéralement, ses pieds dans l'eau.

Mahmut Demir et Alain DésirMais ceux qui préfèrent la lecture plus "sèche" peuvent se bercer dans des hamacs ou se détendre dans des chaises longues tandis que leur esprit s'envole avec la poésie accompagnée, parfois, par la musique de la nature qui entoure la ville de Lodève. Le vent augmente le sentiment de s'échapper du quotidien pour entrer dans un monde de rêve, et les rouges-gorges joignent leurs voix à celles de la Méditerranée.

D'autres lectures ont lieu dans des cours cachées derrière des maisons, où le public écoute la poésie sous l'ombre de grands arbres, entouré de fleurs, qui donnent le sentiment de ne pas être en ville, mais quelque part dans la nature. On peut aussi s'installer sur des places de la ville, par exemple dans l'ombre de la cathédrale, et déguster des produits naturels pendant qu'on écoute. Et personne ne pourrait dire qui est le "meilleur" poète : ils ont tous un point en commun - l'immense talent. L'amateur de la poésie, bien que chacun ait son goût et ses styles préférés, trouve son compte, peu importe la manifestation qu'il choisit.

Si l'on parle de "goût" : il y en a pour tous les goûts poétiques. Celui qui, par exemple, a écouté la voix chaleureuse de Wael Abdel Fattah de Caire, scientifique et poète qui, avec son sourire timide et ses poèmes mélancoliques et, en même temps, pleins d'espoir enlève le public dans un univers de poésie qui flotte au-dessus de la Méditerranée, était étonné d'être confronté par la suite à la voix de Claude Favre. Claude est une poétesse française dont le public entendra encore parler : ses poèmes sont réalistes, parfois brutales dans leur vérité. Leur langage simple et, parallèlement, de grande force secoue l'auditeur et ne lui permet plus de fuir la vérité et continuer à faire le "sourd" face au monde qui l'entoure.

Toutefois, qui dit poésie dit aussi musique. Alain Désir était un des musiciens qui, avec sa guitare et la percussion, a accompagné des voix de poètes. Son jeu tout seul était suffisant pour enchanter le public : il présente un accompagnement sensible qui monte et descend avec les mouvements des sentiments exprimés par les poètes, mais sa musique vit aussi toute seule, s'adaptant à la beauté et à la gaieté du lieu. Quand il joue, Alain Désir sourit souvent. Le public sent que la musique l'enchante, et son propre enchantement se communique à sa musique et, par elle, au public.

Agnès Tuvache, chanteuseUn genre de musique qui, avant tout, étonne l'auditeur est présenté par Agnès Tuvache, une chanteuse à la voix indescriptible. Après l'étonnement, toutefois, vient l'enchantement. Agnès Tuvache maîtrise les hauteurs et descend dans les gammes les plus basses avec une légèreté qui laisse le public littéralement bouche bée. Dans la vie quotidienne, Agnès Tuvache utilise ses talents dans le secteur de la psychologie et psychothérapie. Mais pendant le festival, sa voix dominait celles des poètes et exprimait tous ces sentiments forts que le public n'osait pas s'avouer.

Le soir était le moment des spectacles musicaux. Comme tous les ans, l'équipe de la "Voix de la Méditerranée" présentait des chanteurs et musiciens connus et moins connus, mais tous choisis pour leur talent et leur originalité. Toutefois, la nuit était aussi le cadre pour des spectacles moins "voyants", conçus, surtout, pour faire plaisir. Un de ces artistes brillants dans la nuit était Noredine Mézouar.

Le chanteur-musicien-poète fait rêver les adultes et fascine les enfants avec des contes traditionnels et personnels. Pour quelques heures, il amène son public dans un monde d'hommes qui se croient sages, de femmes qui règnent dans l'ombre de leur foyer, de pauvres qui sont riches et de gens simples qui ne connaissent pas leur propre sagesse. Un monde de conte de fée où la philosophie est roi, irréel et réel en même temps. Et lorsque le corbeau d'un des récits de Noredine Mézouar comprend que les "petites choses" de la vie sont si importantes qu'il ne vaut pas la peine de poursuivre les "grandes", et lorsque le public rit et devient sérieux sans avoir l'impression d'être soumis à des sentiments contradictoires, le visiteur de la Voix de la Méditerranée sait qu'il n'oubliera pas de sitôt sa journée à Lodève.
Photos et texte : copyright Doris Kneller

1 commentaire:

  1. merci Doris pour cet article que je découvre aujourd'hui amicalement ALain Désir

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