Manifestation à Montpellier contre le racisme et l'injustice : non à l'expulsion des "sans-papiers" et des Roms, oui à l'amitié
Il y en a qui ne tournent même pas la tête : "Encore une manifestation", commente une jeune femme qui pense qu'il ne vaut pas la peine de lire les tracts qui sont distribués. "Encore quelqu'un qui veut plus d'argent." D'autres s'arrêtent et lisent les déclarations fixées sur les dos de quelques manifestants. Et d'autres signalent qu'ils sont d'accord, et ils restent un peu, en silence.
De quoi s'agit-il, ce mardi après-midi sur la place de la Comédie à Montpellier ? Pourquoi un groupe de Montpelliérains se rassemble autour d'une petite flamme dont la lumière brille, solitaire, sous le soleil de la Méditerranée ? - "Pour nous tous", explique un Monsieur, "pour nos voisins. Pour nos enfants et pour les enfants des autres. Pour ceux qu'on appelle les 'sans-papiers'."
C'est les membres du "Cercle de Silence" qui sont là et qui demandent aux autres Montpelliérains de se joindre à eux. Ils ne crient pas leur mécontentement, ils ne bloquent pas des trains ou des voitures. Ils sont juste là, silencieux, et leur présence déclare qu'en France, tout n'est pas comme il devrait être.
Dans leurs tracts, ils parlent de racisme et d'injustice. Des enfants qui sont arrêtés, des bébés qui, au lieu d'être dans les bras de leur mère, sont enfermés dans des centres de rétention. Quel est leur crime pour être punis si sévèrement ? - "D'être conçus", répond un des manifestants, un homme dans la trentaine, "par le faux père. De ne pas avoir la bonne nationalité."
"Le pire : quand ils expulsent les gens, il disent que c'est au nom du peuple", continue le manifestant. "Mais personne ne nous demande, si on leur donne le droit de se cacher derrière notre dos. Je fais partie du 'peuple', et je ne veux pas que des humains soient expulsés 'au nom des Français'." Et une dame un peu plus jeune ajoute : "Si les politiciens veulent expulser des gens, qu'ils le fassent sous leur propre responsabilité."
Il s'agit des gens qui ont cherché asile en France, légalement, suivant les règles approuvées par la Déclaration universelle des Droits de l'Homme si chère aux Français, et qui, maintenant, sont expulsés. "Ce ne sont pas des criminels", reprend la dame, "mais des gens qui, dans leur pays, ont souffert des injustices et des persécutions politiques. Ils ont eu confiance en nous. Ils sont venus avec leurs enfants qui sont allés à l'école. Qui, dans leur tête, sont devenus Français. Maintenant, on les oblige d'interrompre leurs études pour se retrouver dans un pays qui n'a jamais été le leur."
"On veut nous suggérer que ces gens-là nous 'volent' les jobs et les places scolaires à nos enfants", critique un Monsieur d'une soixantaine d'années. "Mais je vous demande : la France va-t-elle vraiment si mal que nous sommes plus capables d'accueillir parmi nous quelques malheureux qui ont besoin d'un chez eux ? Il y a toujours des brebis galeuses, bien sûr, mais la plupart de ces gens ne veulent qu'un petit job, un petit appartement et une école pour leurs enfants. Ils n'ont même pas envie de vivre à nos frais. Et ils sont prêts à faire des jobs "simples" que nous, les Français, n'ont plus envie de prendre."
"Je ne sais pas si la France, avec la crise et tout, est capable de garder ces gens-là", explique une dame dans la quarantaine. "Nous avons plus assez de travail pour tout le monde, et on doit d'abord penser à nous-même avant qu'on pense aux autres. Mais, tout de même. Est-ce nécessaire de les traiter comme des bêtes ? Les familles sont séparées, les enfants ne trouvent plus leurs pères et mères. Les vieux et les malades sont jetés dans des cellules, personne ne s'occupe de leur santé. Ce comportement est-ce digne d'une grande nation comme la France ?"
Une autre dame, elle aussi dans la quarantaine, rejoint le petit cercle. "Aujourd'hui, on parle des sans-papiers. Mais on aurait aussi bien pu parler des Roms. Pourquoi, tout à coup, la France a besoin de les expulser ? Ils font partie du "décor" depuis toujours. Pourquoi cette haine ? Sommes-nous sur le chemin de devenir une nation qui chasse tout ce qui a du 'sang impur' ?" Elle hoche la tête. "On ne parle plus que de l'expulsion. Ne serait-ce pas mieux si on lierait la France au mot 'hospitalité' au lieu de devenir les champions de l'expulsion ?"
"N'oublions pas que même l'Union Européenne et l'ONU - et même le Vatican - ont déjà manifesté leur mécontentement", reprend la première des deux dames. "Si ça continue comme ça, nous avons intérêt de ne plus faire des vacances à l'étranger... les Français seront mal vus partout. Grâce à nos politiciens."
"Tout pourrait être si simple", approuve le Monsieur dans la soixantaine. "Si j'avais le pouvoir, je ferais une politique qui expulse tous les criminels, Français ou pas. Comme les Anglais l'ont fait à l'époque : ils ont placé leurs criminels en Australie, dans le jungle. Qu'ils se débrouillent ailleurs. Mais les gens de bonne volonté, ceux qui veulent travailler et vivre en paix, on les laisse ici. Nous à Montpellier, on a l'habitude d'accueillir des gens de partout dans le monde. Leur culture enrichit la nôtre. Pourquoi Messieurs les Politiciens veulent maintenant que nous haïssons les autres au lieu de profiter de leur expérience et de leur sagesse ?"
De quoi s'agit-il, ce mardi après-midi sur la place de la Comédie à Montpellier ? Pourquoi un groupe de Montpelliérains se rassemble autour d'une petite flamme dont la lumière brille, solitaire, sous le soleil de la Méditerranée ? - "Pour nous tous", explique un Monsieur, "pour nos voisins. Pour nos enfants et pour les enfants des autres. Pour ceux qu'on appelle les 'sans-papiers'."
C'est les membres du "Cercle de Silence" qui sont là et qui demandent aux autres Montpelliérains de se joindre à eux. Ils ne crient pas leur mécontentement, ils ne bloquent pas des trains ou des voitures. Ils sont juste là, silencieux, et leur présence déclare qu'en France, tout n'est pas comme il devrait être.
Dans leurs tracts, ils parlent de racisme et d'injustice. Des enfants qui sont arrêtés, des bébés qui, au lieu d'être dans les bras de leur mère, sont enfermés dans des centres de rétention. Quel est leur crime pour être punis si sévèrement ? - "D'être conçus", répond un des manifestants, un homme dans la trentaine, "par le faux père. De ne pas avoir la bonne nationalité."
"Le pire : quand ils expulsent les gens, il disent que c'est au nom du peuple", continue le manifestant. "Mais personne ne nous demande, si on leur donne le droit de se cacher derrière notre dos. Je fais partie du 'peuple', et je ne veux pas que des humains soient expulsés 'au nom des Français'." Et une dame un peu plus jeune ajoute : "Si les politiciens veulent expulser des gens, qu'ils le fassent sous leur propre responsabilité."
Il s'agit des gens qui ont cherché asile en France, légalement, suivant les règles approuvées par la Déclaration universelle des Droits de l'Homme si chère aux Français, et qui, maintenant, sont expulsés. "Ce ne sont pas des criminels", reprend la dame, "mais des gens qui, dans leur pays, ont souffert des injustices et des persécutions politiques. Ils ont eu confiance en nous. Ils sont venus avec leurs enfants qui sont allés à l'école. Qui, dans leur tête, sont devenus Français. Maintenant, on les oblige d'interrompre leurs études pour se retrouver dans un pays qui n'a jamais été le leur."
"On veut nous suggérer que ces gens-là nous 'volent' les jobs et les places scolaires à nos enfants", critique un Monsieur d'une soixantaine d'années. "Mais je vous demande : la France va-t-elle vraiment si mal que nous sommes plus capables d'accueillir parmi nous quelques malheureux qui ont besoin d'un chez eux ? Il y a toujours des brebis galeuses, bien sûr, mais la plupart de ces gens ne veulent qu'un petit job, un petit appartement et une école pour leurs enfants. Ils n'ont même pas envie de vivre à nos frais. Et ils sont prêts à faire des jobs "simples" que nous, les Français, n'ont plus envie de prendre."
"Je ne sais pas si la France, avec la crise et tout, est capable de garder ces gens-là", explique une dame dans la quarantaine. "Nous avons plus assez de travail pour tout le monde, et on doit d'abord penser à nous-même avant qu'on pense aux autres. Mais, tout de même. Est-ce nécessaire de les traiter comme des bêtes ? Les familles sont séparées, les enfants ne trouvent plus leurs pères et mères. Les vieux et les malades sont jetés dans des cellules, personne ne s'occupe de leur santé. Ce comportement est-ce digne d'une grande nation comme la France ?"
Une autre dame, elle aussi dans la quarantaine, rejoint le petit cercle. "Aujourd'hui, on parle des sans-papiers. Mais on aurait aussi bien pu parler des Roms. Pourquoi, tout à coup, la France a besoin de les expulser ? Ils font partie du "décor" depuis toujours. Pourquoi cette haine ? Sommes-nous sur le chemin de devenir une nation qui chasse tout ce qui a du 'sang impur' ?" Elle hoche la tête. "On ne parle plus que de l'expulsion. Ne serait-ce pas mieux si on lierait la France au mot 'hospitalité' au lieu de devenir les champions de l'expulsion ?"
"N'oublions pas que même l'Union Européenne et l'ONU - et même le Vatican - ont déjà manifesté leur mécontentement", reprend la première des deux dames. "Si ça continue comme ça, nous avons intérêt de ne plus faire des vacances à l'étranger... les Français seront mal vus partout. Grâce à nos politiciens."
"Tout pourrait être si simple", approuve le Monsieur dans la soixantaine. "Si j'avais le pouvoir, je ferais une politique qui expulse tous les criminels, Français ou pas. Comme les Anglais l'ont fait à l'époque : ils ont placé leurs criminels en Australie, dans le jungle. Qu'ils se débrouillent ailleurs. Mais les gens de bonne volonté, ceux qui veulent travailler et vivre en paix, on les laisse ici. Nous à Montpellier, on a l'habitude d'accueillir des gens de partout dans le monde. Leur culture enrichit la nôtre. Pourquoi Messieurs les Politiciens veulent maintenant que nous haïssons les autres au lieu de profiter de leur expérience et de leur sagesse ?"
Photos et texte : copyright Doris Kneller
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire