lundi 11 octobre 2010

Nuit à Montpellier : quand l'EDF tombe en panne...

Panne d'électricité autour de la gare de Montpellier

Montpellier, l'EsplanadeMontpellier, la ville qui ne dort jamais. Montpellier l'active. Montpellier, où les rues sont pleines de gens, de jeunes et de personnes âgées, jour et nuit. Montpellier, la métropole où il ne fait jamais noir...

Il est vrai que les Montpelliérains ont pris l'habitude de se déplacer dans les rues de leur ville, jour et nuit, sans se soucier de la lumière nécessaire pour trouver leur chemin ou de voir les gens qui viennent à leur rencontre. Que se passe-t-il, alors, si, un jour, l'éclairage public de Montpellier tombait en panne ?

Rien n'est parfait - et l'équipement de l'EDF n'en fait pas exception. Ainsi, les rues autour de la gare étaient plongées dans le noir pendant plusieurs heures. L'équipe des Gens de Montpellier a interrogé un groupe de jeunes qui, rigolant, trouvaient leur chemin dans le noir, comme si de rien n'était...

"Je trouve ça rigolo", répond spontanément un jeune homme. "On n'a pas besoin de tant de lumière, toujours, ce n'est pas naturel. En plus, il ne fait pas vraiment noir. Regardez, il y a des fenêtres qui sont éclaircies et des panneaux de publicité. Ça suffit, n'est-ce pas ?"

La nuit à MontpellierUne de ses copines n'est pas d'accord. "Pour toi c'est facile. Avec tes tennis, tu ne risques pas de tomber. Mais moi avec mes talons hauts, c'est plus difficile." - Son ami éclate de rire. "Viens près de moi, je te soutiens."

Un tel soutien aurait certainement plu à tous les Montpelliérains - et à leurs visiteurs - qui, cette soirée-là, se sont aventurés autour de la gare. Un homme d'une trentaine d'années chargé d'un grand sac sur ses épaules et d'une valise qu'il tire derrière lui est désespéré. "Ça fait presque une heure que je tourne en rond. J'ai une liste des rues que je dois prendre, ici, sur le papier." Pour démonstration, il éclaire une feuille à l'aide de son téléphone portable. "Mais ça ne me sert à rien - il n'y a pas assez de lumière pour lire les indications sur les murs." - Ne peut-il pas demander de l'aide aux gens ? - Il rigole un peu amèrement. "Les uns ont peur quand je les interpelle dans le noir, les autres me disent qu'ils ne savent pas..."

Une dame dans la soixantaine confirme ses paroles. Quand l'équipe des "Gens de Montpellier" l'aborde, elle recule et, automatiquement, elle presse son sac contre elle. Mais, finalement, la présence de femmes dans l'équipe la rassure. "Normalement, je n'ai pas peur", explique-t-elle un peu honteuse. "J'ai l'habitude de rentrer dans la nuit, et je n'ai jamais eu de mauvaises rencontres. Mais aujourd'hui, il fait si noir... n'importe quoi peut arriver."

La comédie : la nuit à MontpellierUne autre dame, un peu plus jeune, se pose une question qui, comme elle dit, est "essentielle" : "Normalement, vous voyez partout des voitures de police. Elles circulent tout le temps. Mais aujourd'hui ? Rien. Où est la police dans une nuit comme celle-ci ? Ils pourraient, par exemple, aider les séniors qui ont des problèmes de vue déjà sous un éclairage 'normal'. Aujourd'hui, ces gens ne peuvent pas se déplacer."

Elle a raison. Un Monsieur lui aussi d'une soixantaine d'années n'avance que pas à pas. "Je ne vois strictement rien," explique-t-il, et son pied tâtonne le sol à la recherche d'un endroit sûr pour se poser. "Vous devez croire que je suis handicapé, la manière que je bouge. Mais avec tous ces trous dans le trottoir, j'ai peur de tomber. Si, encore, la ville nous faisait des trottoirs corrects. Mais non, tout l'argent va dans la construction des routes et des trams. Il ne reste plus rien pour aplanir les trottoirs. Les piétons ne comptent pas à Montpellier."

Une dame dans la quarantaine marche au milieu de la rue pour, elle aussi, "éviter les trous dans le trottoir." Mais une autre question la tracasse beaucoup plus : "Savez-vous, pourquoi il n'y a pas de lumière aujourd'hui ? Est-ce à cause de la grève ? Merci deux fois à notre gouvernement : nous souffrons déjà parce qu'il manipule nos retraites comme il le sent et jette dehors les gens qui ne lui plaisent pas - maintenant, il faut aussi subir les conséquences de la grève contre ses projets..."

Une autre dame d'à peu près le même âge n'est pas de cet avis. "Je pense qu'il s'agit d'une panne d'électricité. Mais pour qu'elle soit réparée, on peut toujours attendre. J'ai eu une panne chez moi, et ç'a pris une semaine entière à l'EDF pour m'envoyer quelqu'un. On aura alors pas mal de nuits noires devant nous..."

Un Monsieur d'une cinquantaine d'années est moins négatif. "Si c'est une panne, ils vont la repérer rapidement. Et si c'est la grève, ça va pas durer éternellement. On est à Montpellier, pas en Russie."

Un autre Monsieur, un peu plus jeune, se fait des soucis surtout pour la sécurité. "Si les filous se rendent compte que les rues ne sont plus éclairées, ils vont vite réagir. Et là, on aura tout intérêt à bien garder nos sacs. Même les maisons sont en danger d'être cambriolées."

Le noir est-il vraiment si dangereux ? Un jeune couple éclate de rire. "Oui, bien sûr," répond l'homme, "je vais en profiter pour violer toutes les dames qui osent aller dans les rues." Et sa copine ajoute : "Pendant qu'il viole les femmes, je leur pique leurs sacs..."

Une dame dans la cinquantaine éclate de rire elle aussi. "Regardez-en haut. Aujourd'hui, vous pouvez voir quelques étoiles. C'est pas beau ? C'est si rare à Montpellier de voir des étoiles."
Photos et texte : copyright Doris Kneller

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