Le drame des Estivales 2011 : le vin est-il nécessaire pour faire la fête ?

L'humeur est à la fête. On déguste les spécialités de la région et, surtout, les vins, on écoute la musique, on danse et on bavarde. Or, parfois, une note sérieuse se glisse dans les conversations. C'est comme s'il y avait une ombre qui couvre une partie de la gaieté des Montpelliérains... On parle de l'accident mortel du 12 août, après une nuit des Estivales sur l'Esplanade à Montpellier.
Les faits sont tristes, mais clairs. Une étudiante de 21 ans a dépassé toutes les limites de la "dégustation" - elle a pris le volant avec 2,4 g d'alcool par litre de sang, foncé dans les rues de Montpellier peuplées de piétons qui, eux aussi, rentraient après la fête, grillé un feu rouge et, finalement, blessé deux hommes et tué un autre. Lui aussi était étudiant. Il avait 26 ans et lui aussi avait fait la fête.

Un homme qui boit d'une bouteille d'eau - au contraire de ces copains qui ont tous un verre de dégustation de vin dans la main - est du même avis : "Là où on boit, il y a toujours des gens irresponsables. C'est comme ça. Il faut prévoir, on ne peut pas les laisser faire."
"Il faut prévoir", c'est aussi l'avis d'autres Montpelliérains interrogés par l'équipe de Montpellier Presse Online. Mais comment ? Faudrait-il renoncer à la dégustation ? Ou arrêter les Estivales ? "Non", dit catégoriquement une dame dans la trentaine. "On ne peut pas punir tous les Montpelliérains parce qu'il y en a qui déconnent." - "Et n'oublions pas l'aspect économique", remarque une autre. "Les Estivales sont devenues essentielles pour la survie des vignerons de la région."
Sans doute, les Estivales sont là pour faire la fête. Et pour consommer. Mais consommer plus faire la fête, cela donne des gens qui boivent. Et qui, plus tard, doivent retourner chez eux. Certes, il y a des trams qui roulent jusqu'à tard dans la nuit, jusqu'à une heure où les Estivales ont fermé leurs portes depuis longtemps. Ceux, par contre, qui dépendent des bus ont déjà plus de problèmes : "Montpellier n'a toujours que deux lignes de bus nocturnes", remarque une jeune femme. "Pourquoi ils ne mettent pas quelques bus à la disposition des Estivales ?"

Un homme un peu plus âgé ne voit pas le problème. "Si on est en voiture, on ne boit pas, un point c'est tout", déclare-t-il. Mais venir aux Estivales sans "déguster" ? "Ce n'est pas évident", approuve-t-il. "Mais je ne vois pas de solution."
La municipalité de Montpellier ne voit pas de solution non plus. Après l'accident, elle a réfléchi à finir la saison des Estivales, mais, finalement, elle a voté contre cette idée. La seule réponse qu'elle a su trouver, c'est l'interdiction de vendre des bouteilles de vin après 22.30 heures. Ceux qui veulent boire doivent alors s'approvisionner au début de la soirée. Elle a aussi eu l'idée d'offrir des chèques parking à ceux qui laissent leurs voitures au centre et rentrent... autrement. - "Justement", répond un Monsieur dans la trentaine lorsque l'équipe de Montpellier Presse Online lui demande son avis. "Comment peuvent-ils faire pour rentrer 'autrement' ?"
Certes, il y a des solutions, mais elles sont difficiles à mettre en place. Une dame a l'idée qu'on devrait créer une association qui, après les Estivales, raccompagne les fêtards. "En voiture privée, à un prix raisonnable." - "Non, ce n'est pas possible", intervient un Monsieur assis à la même table. "Cette association ferait concurrence aux entreprises des taxis, et c'est interdit." - "Mais les taxis", intervient la dame de nouveau, "sont beaucoup trop chers pour les gens."
Un Monsieur dans la cinquantaine propose que tout le monde devrait laisser ses clés de voiture à un stand spécialement dédié à cette tâche. "Tu imagines un peu la queue à la fin des Estivales ?" réagit une dame. Et : "Ceux qui veulent boire et conduire ne se sépareraient jamais de leurs clés."
"Il n'y a qu'une seule solution", décide un Monsieur dans la trentaine. "Ceux qui ont besoin de conduire, ne peuvent pas boire." - Une dame d'à peu près le même âge sourit : "Il y a beaucoup de gens ici en voiture... les parkings du centre sont pleins. Si tous ces gens ne buvait pas - est-ce que ça plairait aux vignerons ?"
Un vigneron donne la réponse. "Il va de soi que nous sommes ici pour vendre du vin. Mais l'argent n'est pas tout. Pourquoi les gens ne se groupent pas dans une seule voiture au lieu d'arriver chacun de son côté ?" Il soupire. "Oui, je sais de quel accident vous parlez. C'est affreux. D'ici l'année prochaine, la mairie doit sérieusement réfléchir. Et les gens aussi."
Photos et texte : copyright Doris Kneller
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