Philippe Saurel, défenseur du Stade à La Mosson : qu'en pensent les Montpelliérains ?
Ça y est, Montpellier et les Montpelliérains ont de quoi être fiers :
le stade à La Mosson accueille de nouveau les grandes rencontres sportives. Il
a été re-inauguré le 9 janvier avec le match de ligue 1 Montpellier contre
Marseille où, avec un score 2-1, l’équipe montpelliéraine a rendu heureux ses
fans.
Les amateurs de foot sont contents de l’exploit de leur équipe, mais
aussi de leur stade remis à neuf après les inondations en octobre 2014. Bien
que, pendant un moment, on ait envisagé d’en construire un autre au lieu d’investir
dans l’ancien. Mais Philippe Saurel a refusé toute alternative : pour lui,
le stade de foot est lié à l’histoire du quartier de La Mosson.
L’histoire du stade qui, depuis la Coupe du monde de football 1998, porte
le nom « Stade de la Mosson-Mondial 98 » commence effectivement par un terrain
de foot utilisé par quelques gamins issus d’un quartier habité depuis 1967. Ensuite, les événements se sont enchaînés : les gamins ont créé un club qui
a rapidement pris sa place dans le monde du foot, on a construit un premier petit
stade, des clubs ont fusionné jusqu’à ce que, finalement, Louis Nicollin, ami
proche de Georges Frèche, a pris en main le club et milité pour la construction
d’un grand stade : chaque fois que le club a gagné un match important, un
élément essentiel s'est ajouté au stade…
Jusqu’à ce qu’en octobre 2014, les inondations détruisent une grande
partie du stade, au point que les responsables pensent sérieusement à la
construction d’un nouveau stade, à un emplacement plus protégé des intempéries.
Mais ceux qui tiennent à continuer l’histoire du quartier La Mosson s’imposent :
au prix de 6,2 millions euros dont 30 pour cent sont financé par le contribuable
montpelliérain.
Certes, les Montpelliérains sont fiers de leurs équipes de foot et de
rugby - mais sont-ils d’accord avec les millions déboursés pour la réparation
du stade ? Montpellier Presse Online leur a posé la question.
« Ça fait combien, 30 pour cent de 6,2 millions ? » se moque une
dame dans la cinquantaine en rigolant. « Franchement, chaque fois qu’il
est question du coût d’un projet de la ville, je décroche. Ce sont des chiffres
qui, pour des gens comme moi, n’ont aucun sens. C’est trop, tout simplement, je
ne peux pas imaginer quelqu’un qui sait jongler avec de telles sommes. »
Une autre dame, par contre, d’une dizaine d’années plus jeune que la
précédente, imagine très bien ce qu’on pourrait faire avec une telle somme :
« Pour moi, le stade de foot est la honte du quartier et la honte de
Montpellier. Si un des visiteurs qui viennent de l’extérieur avait l’idée de se
promener dans le quartier, il comprendrait tout de suite que le stade n’a rien
à faire des gens qui y habitent. Ils ne pourraient même pas se payer une
entrée. Comment peut-on construire un tel symbole de richesse et de gaspillage
d’argent public dans un quartier où les gens vivent en dessous du minimum et où
les rues et les maisons auraient besoin d’argent pour les réparations de base ?
Une fraction de la somme utilisée pour les réparations du stade aurait suffi
pour aider le quartier entier. »
Un Monsieur dans la soixantaine est plus ou moins du même avis : « J’aurais
bien aimé que George Frèche et Louis Nicollin qui se sont engagés pour la
construction du stade ou maintenant Philippe Saurel et le fils Nicollin partagent un jour le quotidien d’un habitant ’moyen’ du quartier dont le stade est
le ‘symbole’. Ils auraient peut-être compris que leur ‘symbole’ n’a
rien à voir avec le quartier et les personnes qui y vivent. »
Mais pas tout le monde critique le stade - au contraire, beaucoup de
Montpelliérains sont fiers de lui et du succès de leurs équipes, même ceux qui n’y
ont jamais mis le pied : « Montpellier et son stade », s’enthousiasme
par exemple une dame dans la trentaine, « sont connus partout en France.
Peut-être même dans le monde. » Interrogée par l’équipe de Montpellier
Presse Online, combien de fois elle y aurait assisté à un match, elle avoue : « Jamais.
C’est trop cher pour moi. Mais je peux suivre les matchs à la télé ou sur grand
écran à la Comédie. »
« Les riches à La Mosson, les pauvres sur la Comédie », ironise
une autre dame d’à peu près le même âge. « De toute manière, ça ne change
rien », ajoute-t-elle d’une voix amère, « l’alcool coule à flot, aux
deux endroits, et pour beaucoup, c’est plus important que le foot. »
Toutefois : « Le foot et le rugby sont les points forts de
Montpellier », explique un Monsieur dans la quarantaine, et une dame dans
la cinquantaine part dans la même direction : « L’année dernière, j’ai
offert une bonne place à mon fils, il était très très content. » Et une
dame dans la trentaine se fâche carrément : « J’en ai marre qu’on me
parle des entrées trop chères au Stade de la Mosson. Il y a des places pour 10
euros, les étudiants peuvent même entrer pour 5 euros. Tout le monde peut s’offrir
ça. »
Une dame dans la cinquantaine parle également de l’argent, mais pour
elle, les sommes pour la réparation du stade ne sont pas « jetées par la
fenêtre » : « Au stade, ils encaissent dans les 400.000 euros
par match. L’argent déboursé est alors vite récupéré. Le montant de ses sommes
fait peur aux gens, mais en vérité, ce n’est que bénéfice. »
Un Monsieur du même âge est d’accord avec le bénéfice, mais il ne le regarde
pas d’un bon œil : « Quand il est question de dépenser de l’argent, c’est
le contribuable qui paie. Mais tout ce qu’ils gagnent restent dans les mains
des clubs ou de leurs sponsors. Pourquoi les bénéfices du stade ne sont pas
partagés avec les habitants de Montpellier ? Ou utilisés pour quelque chose qui
est utile pour tous, par exemple les écoles ? »
Un jeune homme de quelque 18 ans, par contre, exprime l’opinion de la
plupart des interrogés : « Le foot, c’est fun. Je trouve formidable
que nous avons ce stade à La Mosson. »
Photos et texte : copyright Doris Kneller
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