mercredi 1 juin 2011

Les indignés de Montpellier : la révolte des jeunes Montpelliérains

La résistance pacifique a atteint Montpellier - l'occupation de la place de la Comédie

Montpellier en révolteAprès-midi dans un immeuble à Montpellier. Dans l'escalier, une jeune femme croise une dame dans la cinquantaine. L'aînée lance un "bonjour" rapide. Pas de réponse. Elle s'arrête, se retourne vers la jeune femme et demande : "Vous ne voulez pas me souhaiter un 'bon jour' ?" - La jeune dame hésite, réfléchit et, finalement, elle sourit : "Mais je ne vous connais pas." - "Et alors ?", réagit l'aînée. "Ça change quoi ?"

Mardi soir, sur la place de la Comédie. La Comédie est occupée par quelques centaines de jeunes et moins jeunes qui ont envie de vivre "autre chose" : "La politesse n'est plus à la mode - mais ce qui est pire : la gentillesse est un phénomène oublié." Toutefois, ce n'est pas seulement la politesse ou la gentillesse que cherchent ces gens qui, assis sur le sol, rêvent d'une société où tout le monde respecte tout le monde. "C'est le côté humain qui manque au système", explique une dame dans la trentaine. "Mais nous ne croyons pas que ce côté humain soit définitivement perdu."

Révolution à MontpellierCe qu'ils veulent ? "On ne veut plus lutter pour le droit de travailler - on a ras-le-bol du chômage", explique un jeune homme. "Mais on ne veut pas non plus être obligés aux travaux d'intérêt généraux. C'est comme du travail forcé. C'est comme si on était des criminels qui ont une peine à purger. Notre crime est de ne pas avoir trouvé du travail." - "Nous ne sommes pas des SDF. Nous avons fait des études et appris un métier. Pourquoi l'état nous a encouragé à faire des études si, après, on est traités comme des prisonniers ?" - "C'est comme si tu es marqué", s'en mêle un autre jeune, la voix triste, "tu es pauvre, tu dois faire ce qu'ils veulent."

"Le chômage des jeunes n'est pas la seule raison pour laquelle nous sommes ici", explique une autre dame, elle aussi dans la trentaine. "C'est l'indignation en général. On décide sur nous sans nous demander notre avis - sans même nous informer. On n'a même plus le droit de savoir ce qui se passe." - Initialement, elle est venue à la Comédie avec ses deux enfants pour soutenir la manifestation de la fonction publique. "Je suis absolument avec les gens qui protestent contre la réduction du budget. Cela nous concerne tous."

À Barcelone et à Paris, ils sont des milliers à se révolter. "Des jeunes en Angleterre, Islande, Grèce, Espagne, Tunisie et Libye ont commencé la révolution." À Montpellier, il y a entre trois et cinq cents... "jusqu'à maintenant. Le mouvement a juste commencé. Mais il ne s'inscrit pas dans le mouvement espagnol - nous sommes ici parce que nous vivons en France. Et c'est en France, où ça ne va pas."

La révolte des Montpelliérains sur la ComédieQuel est exactement le problème qui tracasse ces jeunes à Paris, Lyon ou Montpellier ? Le chômage ? - "Tous les gouvernements disent qu'ils veulent faire quelque chose. Mais il n'arrivent jamais." - Certes. Mais ce n'est pas tout. "Notre génération pense que nos parents ont fait des erreurs. Nous avons envie de les corriger pour que nos enfants puissent vivre dans un monde plus sympa. Un monde où la différence n'attire pas la haine, mais l'amitié. Nous voulons cultiver la différence."

"L'évolution de l'homme est dans la tête", déclare une jeune femme, "et pas dans les i-phones. Où est le côté humain ? Nous voulons parler et manger ensemble..."

Pour "parler et manger ensemble", ils avaient créé un camp sur l'Esplanade où jusqu'à 300 jeunes ont passé leurs journées et leurs nuits - jusqu'à mercredi matin où la police est venue pour lever le camp. Les témoins, toutefois, ne sont pas tous d'accord sur le déroulement de l'action. Les uns parlent d'une intervention "un peu brutale" contre des gens "passifs qui n'ont pas résisté", les autres ont vécu une action "dans le calme et la compréhension."

"Ils nous ont tout pris", raconte une jeune dame, "nos draps, nos tentes... Quand ils sont arrivés, nous leur avons montré des roses, pour signaler que nous ne voulons pas de violence. Mais les policiers ont arrêté ceux qui avaient les roses dans les mains. - À Paris, la police a également réagi avec violence", continue-t-elle. "Ils ont même blessé un jeune. Quand les Espagnoles ont vu la violence à Paris et à Lyon, ils ont investi les ambassades de France, par solidarité."

Une autre dame a vu l'action différemment. "Les flics étaient gentils et hypercalmes. Ils ont tout fait pour que ça se passe bien", rapporte-t-elle, "Ils ont patiemment attendu jusqu'à ce que les gens ramassent leurs affaires. Puis le noyau dur a occupé la Comédie et quelques-uns ont un peu agressé les flics. Ils ont été embarqués. Mais les flics ont gardé le sourire, tout le temps. - Ce n'est pas mon premier combat", ajoute-t-elle, "et c'est rare que j'ai vu des flics aussi corrects."

La "violence" est un mot clé qui surgit dans presque tous les discours. "Nous exigeons un gouvernement sans violence", déclare un jeune homme. "Je souhaite construire sans être obligé de me battre. Et je veux laisser à mes enfants le choix de vivre sans violence." Et une jeune dame : "Si on se respecte deux fois plus, il y a deux fois plus d'amour." - "Nous vivons", explique une autre dame, "une révolution de conscience. Notre camp a fonctionné. Il a montré que nous sommes capables de renoncer aux artifices."
Photos et texte : copyright Doris Kneller

4 commentaires:

  1. le comportement de la police nationale appellé à la demande de madame notre maire Mandroux avec le soutien du Préfet, a été odieux. Les policiers aidés par les employés de Nicollin ont jeté dans un fourgon benne-broyeuse à ordures des sacs personnels d'une dizaine de personnes , dont de certains sdf qui étaient présents à nos cotés et qui ont perdu TOUTES leurs affaires personnelles (y compris leurs papiers d'identités). On appelle du VOL, et Destruction de biens ! C'est un délit qualifié susceptible de vous envoyer en prison ! D'autres membres des forces de l'ORDRE (quelle ironie !)ont attirés certains "indignés" pacifiques entre deux fourgons, sous prétexte de discussion, pour pouvoir mieux les frapper, et les arréter à l'abri des regards des passants... Etc (jeunes femmes tirées par les cheveux, )... no comment

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  2. C'est vrai Kris, moi aussi j'ai flipé. Mais bon le regard des personnes changent en fonction de là où elle se trouvait à ce moment là :)

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  3. Le site des indigné-es de Montpellier : acampadamontpellier.blogspot.com

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