vendredi 11 décembre 2009

Le Polygone de Montpellier : la croissance époustouflante d'une ville au Midi de la France

Un centre commercial qui fait histoire : Montpellier et son Polygone

Montpellier, PolygoneQui dit Noël dit aussi commerce. Et qui dit commerce, à Montpellier, pense, entre autres, au Polygone. Mais combien de Montpelliérains savent que le nom de leur Polygone actuel n'est pas une invention des maires récents qui, comme tout le monde le sait, ont toujours adoré l'ambiance grecque ? Si le nom du Polygone a donné à George Frêche l'idée de créer un "Antigone" et si, à Montpellier, on a maintenant un parking "Circé" (qui ne connaîtrait pas la fameuse magicienne de la mythologie grecque ?), il est, malgré tout, plus ancien que le centre commercial lui-même.

Il n'y a que quelque mois, on l'aurait certainement encore traité en "plus grand centre commercial de la région". Or, avec l'ouverture de l'Odysseum, il a perdu une partie de sa magie. Mais les commerçants ne baissent pas les bras. "Je suis sûr que le Polygone restera le centre commercial le plus important de Montpellier", prévoit un visiteur. "Odysseum ou non - les gens ne changent pas leurs habitudes."

Noël à MontpellierPour le moment, personne ne sait si ses prédictions se réaliseront. François Delmas, prédécesseur de George Frêche à la mairie de Montpellier, de toute manière, ne pensait certainement pas que "son" centre commercial aurait jamais de concurrence.

Lorsque, en 1977, François Delmas décida d'élargir le centre ville en construisant à la place du stade du Parc-à-Ballons ce qui, à l'époque, était un des plus grands centres commerciaux en France, il voyait disparaître les dernières traces d'un ancien champ militaire qui, il n'y a pas si longtemps, occupait encore l'espace du Polygone actuel. Toutefois, bien que les restes d'un champ militaire n'avaient plus la place dans sa ville moderne, il en garda le souvenir - car ce champ se nommait… le Polygone.

Mais, comme George Frêche plus tard qui continuait l'œuvre que son prédécesseur avait entamée, François Delmas voyait plus grand. En même temps que le Polygone, il a fait construire les premiers parkings souterrains de Montpellier. L'Esplanade s'est transformée en espace vert, prêt à accueillir les fêtes d'été, les marchés et les canards qui, toujours, se prélassent sur le petit point d'eau du Jardin du Champ de Mars (un autre souvenir de l'ancien champ militaire). La Paillade est devenue zone à urbaniser et, avec IBM, les premières sociétés internationales se sont installées à Montpellier.

Le Polygone ne fut donc qu'un début dont l'inauguration annonça une croissance qui s'est poursuivie avec une vitesse époustouflante - au point que, aujourd'hui, Anne, artiste-peintre à Londres, ne reconnaît plus sa ville natale : "Lorsque j'ai quitté Montpellier il y a 30 ans, c'était encore une petite ville où tout le monde connaissait tout le monde. On était entre nous, le monde restait dehors. Maintenant, les nations se réunissent à Montpellier, et je me perds dans ma propre ville. Tout est devenu si grand..."

Centre commercial à MontpellierDe toute manière, "Odysseum ou non", comme l'exprime ce visiteur du Polygone, le plus grand espace commercial du centre ville n'a pas encore dit son dernier mot. Face à la modernité de l'Odysseum, il fait peut-être déjà partie de l'histoire de Montpellier, mais il est toujours bien vivant. Dans ces jours avant Noël, il attire les clients avec des offres spéciales à tous les niveaux. Le niveau de base est rénové, la porte d'entrée modernisée. Les nouvelles couleurs sont censées plaire aux femmes - car, n'oublions pas, comme suggère la publicité, quelque 70 pour cent des boutiques sont consacrées à la mode. Tout, comme promet le gérant des lieux, sera plus "aéré" - surtout au moment où la mairie déménagera à Port Marianne et le Polygone pourra occuper son espace.

Mais la modernisation, l'espace plus aéré, les couleurs qui plaisent aux femmes - cela n'est pas tout. Le Polygone misera aussi sur une nouvelle clientèle, la "grande", les riches de la ville : déjà un parking VIP de 2000 places est aménagé, plus proche des boutiques et, évidemment, plus cher que le parking "normal". Son but ? La sécurité des beaux véhicules qui, surtout, ne doivent subir aucun dommage pendant que leurs propriétaires font leurs cours dans le centre.

"Ce que je pense du parking VIP ?" répète un homme qui, selon son explication, ne possède pas "de voiture digne à être accueillie sur le parking VIP", mais qui "bien que je sois peut-être pas la clientèle dont rêvent les responsable du Polygone", y fait ses cours. "Ce que j'en pense ? Je vais vous le dire. Je pense que, tout gentiment, ils veulent nous suggérer que les voitures des petits gens comme nous ne seront plus en sécurité. Et qu'on prenne sa voiture pour se faire voler ailleurs…"

Sans doute, l'idée du parking VIP n'est pas bien accueillie par tout le monde. Toutefois, si elle aide à faire survivre l'œuvre de François Delmas et à conserver les commerces du centre ville, les Montpelliérains seront contents.
Photos et texte : copyright Doris Kneller

2 commentaires:

  1. Il y en a à qui ça plait cette expansion exponentielle, sans limites. Moi je trouve que la ville y a perdu son âme. Et puis ce parking VIP, et bientôt un tram signé Lacroix (bien que son étoile se soit bien ternie ces derniers temps) ça ne fait pas trop ville de gôche, si?

    Les articles de ce blog sont très bien écrits !

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  2. Moi j'aime bien...et puis il y a Sauramps.

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