jeudi 24 décembre 2009

Place de la Canourgue, Montpellier : la fontaine des Licornes

Une ville et ses statues : Montpellier, la place de la Canourgue, d'Assas, d'Antoine et les licornes

Les Licornes, MontpellierAu XIXe siècle, elle était la place la plus belle de Montpellier : baignée dans l'ombre des micocouliers, la place de la Canourgue était entourée des hôtels particuliers dont le plus riche et noble fut celui des Richer de Belleval, la famille du fameux Pierre Richer de Belleval, créateur du jardin des plantes à Montpellier. Et ce fut ici que résidait la mairie de la ville.

Pour les Montpelliérains de l'époque, la place de la Canourgue représentait ce qui, aujourd'hui, est la place de la Comédie : un endroit où on se promenait pour voir et être vu, où des musiciens de rue et des professionnels donnaient des concerts, où on trouvait les stands de toute sorte de commerçants - une place qui était vivante.

Place de la Canourgue, MontpellierIl est clair qu'une place si belle - une place qui, en plus, s'étendait devant la mairie - méritait une fontaine et une belle statue. Et quelle autre fontaine pourrait être digne de cette place que celle qui ornait déjà la place devant l'ancienne mairie ? La fontaine de la Licorne fut donc déplacée.

Au moment de sa création, les Montpelliérains ne pensaient pas seulement à la beauté des Licornes éternisés en pierre, mais aussi - ou surtout - au besoin urgent de l'eau et, par conséquent, des fontaines. En ce moment, on était au beau milieu du XVIIe siècle, on avait déjà le viaduc du Pérou, mais l'eau ne suffisait pas. On décida alors de construire trois fontaines avec un débit d'eau énorme. La première de ces fontaines fut celle des trois Grâces - et la troisième fut couronnée par la statue des Licornes.

Licornes, Place de la CanourgueDès leur création en 1776, on jugea les Licornes dignes d'enjoliver la place de la mairie qui, en ce moment, s'appela Notre Dames des Tables - notre place Jean Jaurès actuelle. Car il est clair que les Montpelliérains avaient besoin des fontaines, mais, avec l'envie habituelle des responsables de la ville d'offrir à Montpellier tout ce qui est beau et cher, on décida que ces fontaines devaient être parées par les plus belles statues.

En 1865, après le déménagement de la mairie vers la demeure des Richer de Belleval - où elle devrait rester jusqu'à 1975 -, on replanta les Licornes sur la place de la Canourgue, d'où elles avaient une vue imprenable sur la cathédrale Saint-Pierre. Pendant un moment on réfléchit d'ailleurs si la place de la Canourgue ne serait pas aussi idéale pour accueillir la nouvelle cathédrale de Montpellier - mais cela est une autre histoire.

Licornes, fontaine à MontpellierLe créateur des Licornes fut Étienne d'Antoine, le sculpteur qui était déjà à l'origine des trois Grâces. Mais tandis qu'il devrait attendre plusieurs ans avant qu'on accepte ses trois Grâces - dont on critiqua la nudité - il était bien plus heureux avec la fontaine des Licornes. Toutefois, ceci ne fut peut-être pas le mérite des beaux animaux de légende, mais celui du maréchal de Castries à qui la statue fut dédiée. C'est que, en 1760, ce maréchal fut le héros de la bataille de Clostercamp en Westphalie qui, comme nous racontent les livres d'histoire, devenait décisive pour la guerre de Sept Ans. - Et comme, à l'époque, les Montpelliérains (ou leurs politiciens) s'enthousiasmaient pour tout ce qui était armée française, il est clair qu'une statue érigée à l'honneur d'un héros français fut bien accueillie.

On dit que les Licornes "parleraient" aussi du jeune Nicolas-Louis d'Assas, sans lequel la bataille aurait été perdue. Mais il est peu probable que le sculpteur d'Antoine pensait au jeune héros issu d'une famille huguenote, lorsqu'il donna à la statue sa forme de Licornes. Et il est encore moins probable qu'il voulait offrir aux Montpelliérains des bêtes fabuleuses. On dit qu'il choisit les Licornes surtout pour plaire à ses commendataires - car les Licornes rappellent, tout simplement, les armes de la famille des Castries.

Une ville et ses statues : Montpellier, Louis XIV et le Peyrou
Une ville et ses statues : Les trois Grâces de Montpellier
Photos et texte : copyright Doris Kneller

3 commentaires:

  1. Bien intéressant. Je trouve que c'est encore maintenant la plus belle!!!!!!!!!

    Joyeuses fêtes !

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  2. Tu vas trop vite, j'arrive pas à suivre !!!
    Et en plus, il y a de chouettes petits bistrots sur cette place.

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  3. Meilleurs voeux à Doris et au blog!!!!!!!!!!

    Ca déménage ici, hein, Alain? On en apprend des choses!

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