L'esclavage et son l'abolition, la loi Taubira et l'écosystème des Caraïbes...
L'esclavage en France a été aboli en 1848. Mais ceux qui se sentaient concernés par tout ce qui a été fait dans le nom de la célébration d'être "blanc" ont dû attendre jusqu'à 2001pour voir apparaître la loi Taubira - la déclaration officielle que l'esclavage était un crime contre l'humanité.
Cette déclaration a été publiée un 10 mai. Et c'est la raison pour laquelle, en 2006, le 10 mai a été déclaré journée nationale des mémoires de la traite, de l'esclavage et de leurs abolitions.
Toutefois, de nos jours, dans une ville moderne et ouverte comme Montpellier, pourquoi penserait-on encore à l'esclavage ? - "Il y a beaucoup de raisons", explique un participant à la marche en souvenir de l'esclavage qui, traversant le centre de Montpellier, comblait la journée de la commémoration, remplie par des conférences, des discussions et un marché artisanal.
"Je ne veux pas parler du racisme qui, de nos jours, est toujours actuel", poursuit le jeune homme. "Bien que tout le monde sache que, même à Montpellier, un noir a beaucoup plus du mal à trouver un job qu'un blanc. Combien de temps il nous est arrivé, à mes amis ou à moi, d'avoir une promesse de travail au téléphone qui se transfère en 'erreur' dès qu'on se présente en personne."
Un autre homme, un peu plus âgé, se mêle de la conversation. "Tout le monde parle d'écologie. Aussi à Montpellier. Mais tout le monde a oublié que, quand les blancs sont arrivés aux Caraïbes, la nature était intacte. L'homme et la nature vivaient en harmonie."
En effet, l'arrivée des Espagnols au 15ème siècle, plus tard celle des Français, a entraîné des changements importants dans l'écosystème des îles. Les conquérants ont transformé un système d'abondance naturelle en exploitation immense où l'homme et la nature n'avaient plus les mêmes objectifs. "L'exploitation de la nature, produire de plus en plus, faire de l'argent avec la nature, c'était tout ce l'homme blanc avait en tête", commente une jeune femme qui, elle aussi, participe à la marche en souvenir de l'esclavage.
La destruction d'un écosystème naturel - et les souvenirs d'un peuple qui a souffert - est-ce cela qui nous reste aujourd'hui de l'esclavage ? - "L'esclavage n'est pas terminé", intervient un homme dans la quarantaine qui ne participe pas à la marche, mais qui se joint aux participants au moment où ils font la pause sur la place de la Comédie. "L'esclavage, ça signifie être la victime d'un tyran. Et des victimes de tyrans, il y en a toujours pleines."
"Il y a toujours des pays où, quand vous avez des dettes, vous êtes obligé de travailler pour votre créancier. Et dans ces pays-là, il n'y a n'y loi ni syndicat pour aider. Votre 'chef' fait de vous ce qu'il veut - il vous fait travailler jusqu'à ce que vous êtes au bout."
Une jeune femme préfère changer de sujet : "Oui, l'esclavage pour dettes, c'est connu. Ça existe même en France." - Plusieurs personnes éclatent de rire. - "Mais l'esclavage des enfants est beaucoup plus important. Le 'tourisme sex'. Combien de ces hommes présents ici sur la place", avec un geste de la main elle indique la place de la Comédie, "sont déjà allé dans des pays 'exotiques' pour abuser des enfants ? - Je ne souhaite même pas le savoir. Je ne pourrais pas regarder un tel homme sans devenir agressive."
"Et l'esclavage des femmes ?" intervient une autre jeune femme. "C'est un problème qui se passe ici, devant nos portes. Ou, plutôt, derrière les portes fermées. Combien des hommes frappent leurs femmes - combien de femmes ne peuvent pas quitter leurs maris parce qu'elles n'ont pas un centime à elles ? Elles doivent souffrir, toute leur vie."
"Tout cela n'est pas comparable à ce qui s'est passé dans l'histoire", reprend un homme plus âgé que les autres. "La soumission d'un peuple entier - de plusieurs peuples. Des hommes blancs qui attaquent des villages paisibles, quelque part en Afrique. Des gens qui les ont accueillis avec toute leur gentillesse, avec une hospitalité comme on ne l'a jamais connue en Europe. Et au lieu de se contenter de cette gentillesse, ils enlèvent les hommes et les enfants pour les tasser dans des négriers et les vendre. Combien d'hommes sont morts pendant les trajets, frappés et torturés ? Combien de familles ont été séparées, pour toujours ?
"Si, encore, on pouvais tirer des leçons de l'histoire", commente une femme dans la cinquantaine. "Mais ce n'était jamais le cas. Nous n'avons pas appris à garder la paix après les guerres, et nous n'avons pas compris que l'esclavage, de toute forme, est contre la dignité humaine. Et je ne parle pas de la dignité de la victime - une victime reste toujours digne, peu importe ce qui lui arrive. Je parle de la dignité des criminels. Torturer un être humain, c'est perdre toute sa dignité."
"De toute manière", dit un homme à peu près dans le même âge, "on ne risque pas d'oublier les esclaves. Tant qu'il y a des Montpelliérains qui marchent dans la ville pour nous les rappeler."
Cette déclaration a été publiée un 10 mai. Et c'est la raison pour laquelle, en 2006, le 10 mai a été déclaré journée nationale des mémoires de la traite, de l'esclavage et de leurs abolitions.
Toutefois, de nos jours, dans une ville moderne et ouverte comme Montpellier, pourquoi penserait-on encore à l'esclavage ? - "Il y a beaucoup de raisons", explique un participant à la marche en souvenir de l'esclavage qui, traversant le centre de Montpellier, comblait la journée de la commémoration, remplie par des conférences, des discussions et un marché artisanal.
"Je ne veux pas parler du racisme qui, de nos jours, est toujours actuel", poursuit le jeune homme. "Bien que tout le monde sache que, même à Montpellier, un noir a beaucoup plus du mal à trouver un job qu'un blanc. Combien de temps il nous est arrivé, à mes amis ou à moi, d'avoir une promesse de travail au téléphone qui se transfère en 'erreur' dès qu'on se présente en personne."
Un autre homme, un peu plus âgé, se mêle de la conversation. "Tout le monde parle d'écologie. Aussi à Montpellier. Mais tout le monde a oublié que, quand les blancs sont arrivés aux Caraïbes, la nature était intacte. L'homme et la nature vivaient en harmonie."
En effet, l'arrivée des Espagnols au 15ème siècle, plus tard celle des Français, a entraîné des changements importants dans l'écosystème des îles. Les conquérants ont transformé un système d'abondance naturelle en exploitation immense où l'homme et la nature n'avaient plus les mêmes objectifs. "L'exploitation de la nature, produire de plus en plus, faire de l'argent avec la nature, c'était tout ce l'homme blanc avait en tête", commente une jeune femme qui, elle aussi, participe à la marche en souvenir de l'esclavage.
La destruction d'un écosystème naturel - et les souvenirs d'un peuple qui a souffert - est-ce cela qui nous reste aujourd'hui de l'esclavage ? - "L'esclavage n'est pas terminé", intervient un homme dans la quarantaine qui ne participe pas à la marche, mais qui se joint aux participants au moment où ils font la pause sur la place de la Comédie. "L'esclavage, ça signifie être la victime d'un tyran. Et des victimes de tyrans, il y en a toujours pleines."
"Il y a toujours des pays où, quand vous avez des dettes, vous êtes obligé de travailler pour votre créancier. Et dans ces pays-là, il n'y a n'y loi ni syndicat pour aider. Votre 'chef' fait de vous ce qu'il veut - il vous fait travailler jusqu'à ce que vous êtes au bout."
Une jeune femme préfère changer de sujet : "Oui, l'esclavage pour dettes, c'est connu. Ça existe même en France." - Plusieurs personnes éclatent de rire. - "Mais l'esclavage des enfants est beaucoup plus important. Le 'tourisme sex'. Combien de ces hommes présents ici sur la place", avec un geste de la main elle indique la place de la Comédie, "sont déjà allé dans des pays 'exotiques' pour abuser des enfants ? - Je ne souhaite même pas le savoir. Je ne pourrais pas regarder un tel homme sans devenir agressive."
"Et l'esclavage des femmes ?" intervient une autre jeune femme. "C'est un problème qui se passe ici, devant nos portes. Ou, plutôt, derrière les portes fermées. Combien des hommes frappent leurs femmes - combien de femmes ne peuvent pas quitter leurs maris parce qu'elles n'ont pas un centime à elles ? Elles doivent souffrir, toute leur vie."
"Tout cela n'est pas comparable à ce qui s'est passé dans l'histoire", reprend un homme plus âgé que les autres. "La soumission d'un peuple entier - de plusieurs peuples. Des hommes blancs qui attaquent des villages paisibles, quelque part en Afrique. Des gens qui les ont accueillis avec toute leur gentillesse, avec une hospitalité comme on ne l'a jamais connue en Europe. Et au lieu de se contenter de cette gentillesse, ils enlèvent les hommes et les enfants pour les tasser dans des négriers et les vendre. Combien d'hommes sont morts pendant les trajets, frappés et torturés ? Combien de familles ont été séparées, pour toujours ?
"Si, encore, on pouvais tirer des leçons de l'histoire", commente une femme dans la cinquantaine. "Mais ce n'était jamais le cas. Nous n'avons pas appris à garder la paix après les guerres, et nous n'avons pas compris que l'esclavage, de toute forme, est contre la dignité humaine. Et je ne parle pas de la dignité de la victime - une victime reste toujours digne, peu importe ce qui lui arrive. Je parle de la dignité des criminels. Torturer un être humain, c'est perdre toute sa dignité."
"De toute manière", dit un homme à peu près dans le même âge, "on ne risque pas d'oublier les esclaves. Tant qu'il y a des Montpelliérains qui marchent dans la ville pour nous les rappeler."
Photos et texte : copyright Doris Kneller
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