Les infirmières anesthésistes de Montpellier demandent la solidarite
"On fait comme si notre travail ne valait rien", a déclaré une des infirmières anesthésistes qui, hier, ont organisé une manifestation sur la Place de la Comédie à Montpellier. "Il est vrai que notre gouvernement ne juge pas le travail des infirmières à sa véritable valeur. Mais pour nous, c'est encore plus grave", explique une de ses collègues.
En fait, selon les infirmières anesthésistes de Montpellier, ils sont dans leur filière la profession la plus négligée par la reconnaissance salariale et "morale". "Nous nous sentons méprisés par le Ministère", proclame leur tract. Et des manifestants ajoutent : "Madame Bachelot, la députée qui veut dévaloriser notre travail, n'a probablement jamais eu besoin des services d'une infirmière anesthésiste. Sinon, elle n'aurait pas eu cette idée."
Comme si souvent, il est question de salaire, mais aussi de la "valorisation morale", comme l'exprime une des infirmières montpelliéraines sur la Place de la Comédie. On parle de la réputation de la profession. "Il est vrai que le gouvernement réfléchit sur une réévaluation salariale des infirmières", continue-t-elle, "mais les infirmières anesthésistes seront clairement défavorisées."
Les représentantes de la profession des infirmières anesthésistes basent leurs revendications - être reconnus au niveau salarial ainsi que "moral" - surtout sur leur professionnalisme et leur haut degré de responsabilité. "C'est nous qui surveillons le malade quand il revient à lui, après une anesthésie. Si, en ce moment critique, nous nous montrons incompétentes ou faisons une erreur, la vie du patient est en danger. Quelqu'un qui travaille dans un bureau peut 'relâcher' de temps en temps - nous jamais. Les conséquences seraient trop dures."
Un collègue se montre plutôt sarcastique : "Madame Bachelot peut faire tant de fautes qu'elle veut - ce n'est pas grave. Il y a peut-être un groupe de professionnels qui en souffre, mais cela ne fait mal à personne - sauf aux professionnels eux-mêmes. Et à la limite, elle peut toujours corriger ses fautes. Nous, par contre, on ne peut jamais rien corriger. Nous travaillons auprès des hommes et non des papiers. - Autrement dit, nos responsabilités sont beaucoup plus élevées que celles d'un ministre..."
Infirmières, camionneurs, conducteurs de tram, enseignants, représentants de la culture... Plus tôt ou tard, toutes les professions manifestent ou déclarent la grève. Et ils ont tous un point en commun : ils revendiquent la solidarité. "Il y a des interventions qui ne peuvent pas avoir lieu à des journées d'action, comme celle-ci. Mais nous manifestons aussi dans l'intérêt des patients. Ils devraient donc être solidaires avec nous."
Peut-on être solidaire quand on est malade es obligé d'attendre encore plus longtemps avant d'obtenir une intervention ? - "Tout le monde nous demande d'être solidaires", répond un jeune homme. "Et qui est solidaires avec ma profession ?" - Quelle est donc sa profession ? - "Chômeur", rigole-t-il. "Mais sérieusement," reprend-il ensuite, "tous ces gens qui font la grève ont un privilège : ils ont un travail. Moi non. Je serais déjà content de gagner le SMIG."
"Je ne sais pas pour les infirmières", dit une dame dans la quarantaine. "Je connais trop mal leur profession. Mais je me rappelle très bien les grèves des camionneurs. Sur l'autoroute, ils ne connaissent pas de solidarité, avec personne. Quand ils veulent doubler, ils le font, même s'ils bloquent tout le monde. Mais quand ils ont un problème, ils forcent tout le monde à la solidarité. Je n'oublierai jamais cette 'solidarité forcée' : avec mon mari, on était 'prisonniers' de cette solidarité pendant des heures."
"Nous savons bien qu'il y a des gens qui souffrent et qui ont besoin de nous. Pour eux, on devrait plutôt travailler, en ce moment, au lieu de manifester", reconnaît une autre infirmière. "Mais justement - presque tout le monde a besoin de nous, plus tôt ou plus tard. Pourquoi ils permettent donc au ministre de nous traiter comme si nous étions des employés sans la moindre responsabilité ?"
Un Monsieur dans la soixantaine observe la manifestation. "Ils ont raison," commente-t-il, "les grosses têtes pensent toujours qu'ils seraient les seuls qui comptent. Si, un jour, ils étaient obligés de faire le travail de tous ces braves gens", - avec un geste, il inclut les infirmiers et tout le monde sur la Comédie - "ils sauraient ce que signifie 'travailler pour vivre'. Mais c'est notre propre faute... on les paie trop bien. Un ministre devrait être payé selon l'importance de son travail - comme nous tous."
En fait, selon les infirmières anesthésistes de Montpellier, ils sont dans leur filière la profession la plus négligée par la reconnaissance salariale et "morale". "Nous nous sentons méprisés par le Ministère", proclame leur tract. Et des manifestants ajoutent : "Madame Bachelot, la députée qui veut dévaloriser notre travail, n'a probablement jamais eu besoin des services d'une infirmière anesthésiste. Sinon, elle n'aurait pas eu cette idée."
Comme si souvent, il est question de salaire, mais aussi de la "valorisation morale", comme l'exprime une des infirmières montpelliéraines sur la Place de la Comédie. On parle de la réputation de la profession. "Il est vrai que le gouvernement réfléchit sur une réévaluation salariale des infirmières", continue-t-elle, "mais les infirmières anesthésistes seront clairement défavorisées."
Les représentantes de la profession des infirmières anesthésistes basent leurs revendications - être reconnus au niveau salarial ainsi que "moral" - surtout sur leur professionnalisme et leur haut degré de responsabilité. "C'est nous qui surveillons le malade quand il revient à lui, après une anesthésie. Si, en ce moment critique, nous nous montrons incompétentes ou faisons une erreur, la vie du patient est en danger. Quelqu'un qui travaille dans un bureau peut 'relâcher' de temps en temps - nous jamais. Les conséquences seraient trop dures."
Un collègue se montre plutôt sarcastique : "Madame Bachelot peut faire tant de fautes qu'elle veut - ce n'est pas grave. Il y a peut-être un groupe de professionnels qui en souffre, mais cela ne fait mal à personne - sauf aux professionnels eux-mêmes. Et à la limite, elle peut toujours corriger ses fautes. Nous, par contre, on ne peut jamais rien corriger. Nous travaillons auprès des hommes et non des papiers. - Autrement dit, nos responsabilités sont beaucoup plus élevées que celles d'un ministre..."
Infirmières, camionneurs, conducteurs de tram, enseignants, représentants de la culture... Plus tôt ou tard, toutes les professions manifestent ou déclarent la grève. Et ils ont tous un point en commun : ils revendiquent la solidarité. "Il y a des interventions qui ne peuvent pas avoir lieu à des journées d'action, comme celle-ci. Mais nous manifestons aussi dans l'intérêt des patients. Ils devraient donc être solidaires avec nous."
Peut-on être solidaire quand on est malade es obligé d'attendre encore plus longtemps avant d'obtenir une intervention ? - "Tout le monde nous demande d'être solidaires", répond un jeune homme. "Et qui est solidaires avec ma profession ?" - Quelle est donc sa profession ? - "Chômeur", rigole-t-il. "Mais sérieusement," reprend-il ensuite, "tous ces gens qui font la grève ont un privilège : ils ont un travail. Moi non. Je serais déjà content de gagner le SMIG."
"Je ne sais pas pour les infirmières", dit une dame dans la quarantaine. "Je connais trop mal leur profession. Mais je me rappelle très bien les grèves des camionneurs. Sur l'autoroute, ils ne connaissent pas de solidarité, avec personne. Quand ils veulent doubler, ils le font, même s'ils bloquent tout le monde. Mais quand ils ont un problème, ils forcent tout le monde à la solidarité. Je n'oublierai jamais cette 'solidarité forcée' : avec mon mari, on était 'prisonniers' de cette solidarité pendant des heures."
"Nous savons bien qu'il y a des gens qui souffrent et qui ont besoin de nous. Pour eux, on devrait plutôt travailler, en ce moment, au lieu de manifester", reconnaît une autre infirmière. "Mais justement - presque tout le monde a besoin de nous, plus tôt ou plus tard. Pourquoi ils permettent donc au ministre de nous traiter comme si nous étions des employés sans la moindre responsabilité ?"
Un Monsieur dans la soixantaine observe la manifestation. "Ils ont raison," commente-t-il, "les grosses têtes pensent toujours qu'ils seraient les seuls qui comptent. Si, un jour, ils étaient obligés de faire le travail de tous ces braves gens", - avec un geste, il inclut les infirmiers et tout le monde sur la Comédie - "ils sauraient ce que signifie 'travailler pour vivre'. Mais c'est notre propre faute... on les paie trop bien. Un ministre devrait être payé selon l'importance de son travail - comme nous tous."
Photos et texte : copyright Doris Kneller
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