Zone Artistique Temporaire et inauguration du nouvel Hôtel de Ville : le Monstre du Loch Lez hante les Montpelliérains
Nostradamus, étudiant à la faculté de médecine de Montpellier, l'avait prévu - le 11 novembre 2011 à 11 heures 11 et 1 seconde, le Monstre du Loch Lez se réveillerait de son sommeil qui aurait duré plusieurs siècles. Toutefois, on ne sait pas si le monstre souffre d'insomnie ou s'il a juste eu un cauchemar : mais il semble qu'on l'aurait déjà aperçu en septembre... enfin, peut-être pas lui-même, mais ses traces sur les bords du Lez, près du nouvel Hôtel de Ville.La mairie de Montpellier, toujours occupée et préoccupée du bien des Montpelliérains, a vite réagi. La nouvelle sur l'apparition d'un monstre marin - ou plutôt fluvial - en plein Montpellier avait à peine percée, elle a déjà créé une cellule de crise - avec un monstrologue, un mythologue et un psychanalyste urbain - et, qui plus est, organisé une conférence de presse qui, évidemment a eu lieu à 11 heures 11.
En ce moment, la situation est peut-être sérieuse, mais loin d'être désespérée. Bien que personne ne connaisse les vraies intentions de ce monstre des profondeurs du Lez, il y a forte chance qu'il soit paisible et ne se nourrisse pas des Montpelliérains. Toutefois, retournera-t-il à son lit ? Ou cherchera-t-il la compagnie des étudiants de Montpellier ? Ferait-il la fête sur la place Jean Jaurès ou participera-t-il aux cours ? Assistera-t-il aux conseils municipaux ou en demandera-t-il la présidence ? Suspens...
Pour le moment, une cellule d'enquête a été mise en place par la mairie qui renforce la cellule de crise. Et les Montpelliérains ne seront pas seuls avec leurs angoisses - cette semaine-ci, certainement à 11 heures 11, deux représentants de l'ANPU, de l'Agence Nationale de Psychanalyse Urbaine, arriveront dans la ville depuis peu tenue en haleine par le monstre.
Mais cela n'est pas tout. À cette époque, où seule la solidarité entre les Montpelliérains peut donner de l'espoir, la mairie de Montpellier demande de l'aide à tous les habitants de la ville - appel auquel se joint, cela va de soi, l'équipe de Montpellier Presse Online : si vous apercevez la moindre trace, si vous avez des connaissances en matière du comportement des monstres fluviaux comme celui du Loch Lez, faites le savoir. Prenez des photos, réalisez des vidéos, dessinez, composez des haïkus, des bandes dessinées, des mangas ou, tout simplement, témoignez... Pour servir au mieux sa ville, l'équipe de Montpellier Presse Online a entamé une première enquête auprès des gens qui s'aventurent entre le Polygone et la place Jean Jaurès. Toutefois, pas tous les Montpelliérains ne sont au courant de la situation. À la question si elle avait vu des traces du monstre de Montpellier, une dame dans la trentaine a répondu : "Oui, bien sûr, pas plus tard qu'hier soir. Je suis mariée avec lui."
D'autres personnes, refusant la menace de l'inconnu, ont rigolé. Ils sont allés jusqu'à ne pas croire aux traces aperçues et confirmées, tout de même, par les autorités municipales. D'autres, par contre, sont informés et prennent au sérieux l'appel au secours de la mairie de Montpellier. "Personne ne connaît les profondeurs de la vie", constate un Monsieur dans la cinquantaine, "et encore moins celles du Lez." Une dame d'une quarantaine d'années, mise au courant de la situation par Montpellier Presse Online, a promis d'être vigilante. "Le petit copain de ma fille a une caméra vidéo. Je lui dirai de la tenir prête pour filmer les traces du monstre." Une bande d'étudiants, par contre, est sans pitié. "Nous nous ferons un devoir de chasser le Monstre du Loch Lez et de l'éliminer. Nous sauverons notre ville."
Ce qui, probablement, plaît moins au Monsieur dans la trentaine, un biologiste d'Oxford en Angleterre qui restera à Montpellier pendant une année pour étudier la faune de la Méditerranée. "Aucun scientifique", répond-il spontanément à la question de l'équipe de Montpellier Presse Online, "ne peut se vanter de connaître toutes les espèces. Chaque année, des espèces disparaissent de la terre, mais d'autres sont découverts. Pour la science et notre respect de l'humanité, de la nature et de Dieu, nous devons donner une chance à tout être vivant." Les Montpelliérains, cela va de soi, seront tenus au courant de l'enquête des cellules mises en place par la mairie de Montpellier et des résultats apportés par les habitants de la ville. La mairie promet de les publier le vendredi 11 novembre, lors de la nouvelle édition de la ZAT - Zone Artistique Temporaire - dans le quartier Port Marianne, au moment de l'inauguration du nouveau Hôtel de Ville.
Photos et texte : copyright Doris Kneller
Il y en a qui étaient soulagés lorsque, fin juillet, le cercle des
Et, définitivement, les indignés de Montpellier "savent faire des choses". Presque tout le monde parle plusieurs langues, il y a des musiciens, des dessinateurs, des artisans... "Nous organisons des ateliers en pleine rue, accessibles à tout le monde. Sur l'Esplanade, sur la Comédie..." L'atelier de dessin, par exemple, est déjà un premier succès. "On s'est installés sur la Comédie et a invité les passants à venir dessiner avec nous. Beaucoup de gens se sont arrêtés. Ils ont aimé dessiner avec nous. Ça leur a donné le sentiment de faire quelque chose 'ensemble'. Il y a trop de gens, ici à Montpellier, qui se sentent seuls."
Ce partage, toutefois, n'est pas bien vu par tout le monde. "Plusieurs fois, pendant un de nos ateliers, la police est venue pour nous demander ce qu'on fait. Ils étaient persuadés qu'on serait là pour vendre quelque chose", raconte un des indignés. "Ils peuvent pas comprendre", ajoute-t-il, "qu'on peut partager sans penser à l'argent."
Vendredi soir à Montpellier, la dernière édition des
Un accident tragique qui, malheureusement, n'a rien de "spécial" - il n'y a pas un week-end où des conducteurs ivrognes ne mettent pas en danger la vie des autres. Toutefois, les Montpelliérains se sentent concernés. "C'est à notre fête, à nos Estivales", dit une jeune femme, "que la fille a tant bu. Nous sommes pas responsables de son comportement, bien sûr", ajoute-t-elle, "mais, quand même, on se sent un peu...", elle hésite, "oui, responsable."
Mais les bus ne sont pas les seuls qui manquent. "La jeune fille venait de Nîmes", remarque un homme dans la quarantaine. "J'ai des amis à Nîmes qui viennent de temps en temps à Montpellier. Ils sont toujours obligés de prendre la voiture, parce que le dernier train part vers 21 heures. Les Estivales attirent du monde de partout - soit qu'on les limite aux gens qui habitent Montpellier, soit qu'on donne aux autres un moyen de rentrer sans utiliser la voiture. Faut se décider..."
Sans doute, ça bouge à Clapiers - un fait qui est garanti par les nombreuses associations locales qui se sont présentées lors de l'édition 2011 de la foire aux associations. Pour les visiteurs du village, déjà la découverte du site de la foire était enchantant : la manifestation s'est déroulée dans le parc municipal, dans l'ombre de chênes centenaires. Pour ceux qui ne venaient pas la première fois, la foire permettait, certes, de s'informer sur les activités culturelles et sportives de la ville, mais aussi de passer un dimanche après-midi agréable, de retrouver des amis et de discuter les exploits de l'été.
L'équipe de
Ceux qui veulent consacrer leur temps à d'autres peuvent s'engager pour l'Atelier Petites Mains au Crès, un atelier de loisirs créatifs pour les enfants, ou devenir un des bénévoles de Clapiers qui aident les jeunes à trouver le goût de la lecture. On peut apprendre l'occitan ou participer à un concours de cuisine, et les hommes ont même le droit de chanter dans un choral occitan. "Pour le moment, il n'y a que les hommes qui chantent chez nous", constate un membre de l'association Cocut avec un sourire un rien moqueur, "mais si les femmes veulent absolument chanter elles aussi, on va réfléchir..."
Début septembre, 9.30 heures, au centre de Montpellier. Trois piétons s'arrêtent au coin de la rue Pagezy et de la rue de la République. Ils se regardent, ils hochent la tête. Normalement, ils ne se seraient même pas remarqués, mais la situation les unit. "C'est toujours pareil", dit l'un et "On en a assez", remarque l'autre.
Entre-temps, la révolte des habitants de la rue Durand s'est étendue aux deux rues parallèles, la rue Levat et la rue de la République. Sur les portes et vitrines de la rue de la République, un tract appelle au rassemblement. "... groupons-nous", peut-on y lire, "constituons un comité de quartier et opposons-nous pour que la rue de la République ne devienne pas la Rue de tous les bus que personne ne veut."
Quelle ville ne rêverait pas d'un centre sans voitures ? Toutefois, Montpellier n'y est pas encore. Pour le moment, c'est juste les habitants du quartier de la gare qui ne savent plus où garer les leurs. Ainsi, la rue Durand a reçu un joli trottoir très large - "pour faire taire les voix qui disent que les piétons ne peuvent plus y passer" - et un couloir étroit pour les bus et les voitures. Voilà tout. Si un habitant de la rue a besoin de s'arrêter près de sa maison pour, par exemple, décharger ses bagages des vacances, il provoque immédiatement un embouteillage et la colère des conducteurs des bus. "La rue Durand est condamnée à mourir", explique une habitante, "car personne ne peut plus emménager. Les camions de déménagement n'ont plus de place." - Le déménagement, pourtant, n'est plus possible non plus.
Rien n'est définitif, alors, et rien n'est terminé. En attendant, le bruit, la pollution et la peur des accidents continuent à hanter les habitants du quartier de la gare. "Et même nos chiens n'ont plus de place", ajoute une dame en indiquant la fermeture du petit parc de la rue de la République qui, officieusement, était devenu le "terrain des chiens". Le parc existe toujours, mais ses arbres se cachent derrière un mur. Et là où, auparavant, se trouvait l'entrée, on peut lire maintenant que "Nos équipes aménagent votre cadre de vie"...