L'attentat à Charlie Hebdo, la prise d'otage à Montpellier - comment les Montpelliérains réagissent-ils aux événements chez eux ?
« Vous avez raison, on ne peut plus être sûr de rien », répond la dame dans la quarantaine à la question de l'équipe de Montpellier Presse Online. « On ne sait plus si on a affaire à un malade, un terroriste ou un criminel ordinaire. Il y a plus beaucoup de différence. »
La dame d’une dizaine d’années plus âgée que la précédente était à
Montpellier-centre lors de la prise d’otage. « C’était impressionnant »,
raconte-t-elle, « des policiers partout. Avec ma copine, je suis arrivée à
la Comédie, on voulait joindre une autre copine à la préfecture, mais on n’a
pas eu le droit de passer par la rue de la loge. Nous avons donc fait le détour
par les petites rues. Mais ce que je n’ai pas compris : il y avait un
énorme ‘trou’ dans le bouclage du quartier à la Grand Rue Jean Moulin. »
« Avez-vous eu peur ? » demande Montpellier Presse
Online à une autre dame un peu plus jeune que les deux interrogées avant elle
et qui, elle aussi, a vu le déploiement de police. « Non, pas vraiment. J’étais
plutôt étonnée de voir tant de policiers. Je leur ai demandé ce qui se passe,
et il ont répondu et expliqué très gentiment. Ils ont aussi aidé tout le monde
avec des explications, comment contourner la zone bouclée. »
Toutefois, d’autres ont eu peur. Des Montpelliérains profitant de
la belle soirée pour passer un moment sur une des terrasses de café au centre-ville
ont quitté les lieux en toute hâte, abandonnant même des affaires qui ont été « récupérées »
ensuite par des personnes moins anxieuses.
« N’est-ce pas triste ? » commente un Monsieur dans la
cinquantaine la réaction de ces « voleurs d’occasion ». « On
parle toujours de solidarité - mais dès qu’il y a un problème, les gens
profitent des autres. N’auraient-ils pas pu laisser les affaires sur place en
attendant que leurs propriétaires reviennent ? Mais non, on voit quelque
chose qui ne nous appartient pas et on devient criminel. »
« Je ne comprends pas l’hystérie de ces gens », explique
une dame de quelque trente ans. « C’est clair qu’on part rapidement dans
de telles circonstances, surtout face à l’insistance de la police. Mais d’un
autre côté, la présence de la police aurait dû les rassurer un peu. Ils
auraient pu se prendre le temps de ramasser leurs manteaux et leurs sacs. »
C’est plus facile à dire qu’à faire, pense une dame dans la
quarantaine qui, justement, faisait partie de ces gens aux cafés. « On a
eu tellement peur », relate-t-elle. « On nous a dit de dégager
immédiatement, parce qu’il y aurait prise d’otage. On ne savait pas de quoi il
était question, si ça nous regardait ou pas. Si on était en danger ou pas. Si on avait su que c’était une
affaire de bijouterie, on aurait certainement réagi différemment. Et puis »,
ajoute-t-elle, « n’aurait-on pas dû pouvoir compter sur la police pour
protéger nos affaires ? »
Un Monsieur de quelque 25 ans qui, lui aussi, s’est promené au
centre de Montpellier au cours de la prise d’otage, était impressionné de la
ville presque vide. « C’était incroyable, un vendredi soir, et presque
personne. Les cafés qu’on pouvait voir à l’intérieur de la zone interdite
étaient vides. Les propriétaires n’ont visiblement plus compté sur un
changement de situation, parce que beaucoup de chaises étaient rangées sur des
tables, d’autres avaient carrément vidé les terrasses,
comme dans la nuit. »
Montpellier Presse Online a aussi interrogé un des propriétaires des
cafés qui ont été privés de leur clientèle. « C’est toujours la même chose »,
se plaint-il, « dès qu’il y a un problème, c’est nous qui payons. Qui
penserait à nous rembourser pour la soirée où on ne pouvait pas travailler ?
Mais les charges restent. Vous pensez qu’on serait libérés des charges pour
cette soirée-là ? Non, nous on prend tous les risques et on doit payer en
plus. »
Une serveuse d’un des restaurants concernés pense plutôt aux
clients. « J’ai vu qu’ils ont eu très peur. Et moi aussi, d’ailleurs. Ils
sont venus pour passer un bon moment chez nous, et là, on les a obligés de
partir. Quelques-uns étaient si choqués qu’ils ont même oublié de prendre leurs sacs. Mais c’est ça le terrorisme, il fait peur à tout le monde. »
Le terrorisme est-il donc arrivé à Montpellier ? « Le
terrorisme, je ne crois pas », analyse un Monsieur d’une cinquantaine d’années,
« j’espère que non. Mais la peur du terrorisme, oui. D’après ce que j’ai
lu, le preneur d’otages n’était qu’un dérangé. Peut-être, il n’était même pas
vraiment dangereux. Mais après ce qui s’est passé à Paris et dans d’autres
villes, on pense tout de suite au terrorisme. Et on a peur. »
Une dame un peu plus jeune que le Monsieur n’est pas du même avis. « Le
terrorisme est partout, à Paris, à Montpellier… Il peut frapper à chaque
moment. Les temps qui courent fabriquent des extrémistes, et tous les
extrémistes sont dangereux, peu importe leurs idées, si elles sont religieuses,
politiques ou quoi que ce soit. La seule arme contre le terrorisme est la
raison. Faire en sorte que les gens s’aiment - comme, à la base, le demandent
les trois grandes religions - et qu’ils n’aient plus besoin d’aller à l’extrême. »
« Je ne sais pas, si le terrorisme est arrivé à Montpellier »,
dit une dame de 41 ou 42 ans. « Mais dans la tête des gens, il est partout.
Je suis Musulmane, je crois à ma religion, mais je n’ai rien à faire avec les
intégristes. Je suis Française, je suis bien en France, j’aime mon pays, et je
suis pour la liberté des gens, Chrétiens, Juifs ou Musulmans. Ceux qui ne sont
pas d’accord avec la liberté, ce sont des vrai terroristes et il faut s’unir
contre eux. »
Photos et texte : copyright Doris Kneller
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