"Si Stéphane et Hervé étaient parmi nous, ce soir, le concert sera parfait." - Montpellier, un an après : Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière

L'homme qui parle se tient devant l'Opéra-Comédie sur la place de la Comédie à Montpellier. Devant lui, sur les marches de l'Opéra-Comédie, se déroule un concert gigantesque : cinquante groupes ou chanteurs sont venus à Montpellier pour présenter une soirée de musique qui sera mémorable, une véritable soirée anniversaire. Mais ce n'est pas un anniversaire joyeux. Il marque une année entière de captivité de deux hommes que beaucoup de gens connaissent et qui sont aimés par tout ceux qui les ont rencontrés : Stéphane et Hervé, comme disent les gens qui se sentent proches d'eux. Ils pensent à Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière, les deux journalistes pris en otage en Afghanistan.
Le mot qu'on entend le plus, ce soir sur la place de la Comédie, c'est "courage". Il faut sans doute beaucoup de courage à Stéphane Taponier, Hervé Ghesquière, leurs familles et leurs amis pour tenir le coup. Car depuis octobre, le 304ème jour de leur calvaire en Afghanistan, où le club de la presse de Montpellier, en collaboration avec la mairie - Hélène Mandroux était présente -, a lancé 304 ballons "pour ne pas les oublier", rien n'a bougé.

En juin, après six mois de captivité, le ministre de la Défense et le patron de France Télévisions se déplacent enfin en Afghanistan pour entamer des négociations. Nicolas Sarkozy proclame que le gouvernement ferait tout son possible... Et de nouveau : rien.
En septembre, on parle d'un "espoir raisonnable" d'une libération avant Noël, et en décembre, on communique aux amis de Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière - et à tous ceux qui s'intéressent à leur sort - que le gouvernement afghan agirait aux côtés des Français.
Toujours est-il que le jour du concert à Montpellier, l'anniversaire de la prise en otage, les deux journalistes n'étaient pas à côté de leurs amis pour écouter la musique. Et ils étaient nulle part ailleurs en France : car, malgré toutes les bonnes paroles, ils sont toujours des otages.
Les amis de Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière sont tristes et se fâchent. Les autres hochent la tête. "Pourquoi ?", demande une dame dans la cinquantaine sur la Comédie qui dit de ne jamais avoir rencontré les deux journalistes. "Ce n'est pas possible qu'on ne puisse rien faire pour eux. La France a quand même une certaine influence..." Et elle ajoute, un peu moins sûre d'elle : "N'est-ce pas ?"

Il est clair que le public montpelliérain a bien profité du concert du soutien des deux journalistes. "C'est rare que la Comédie a vu un tel amas de grands artistes", commente une dame dans la quarantaine. Il y a des gens qui sont restés fidèles à la musique pendant toutes les six heures du concert. "Fabuleux", constate un Monsieur du même âge.
Une dame dans la trentaine est du même avis : "Un grand concert pour deux amis qu'il ne faut pas oublier", dit-elle. Mais puis, elle s'emporte. "Il y a une chose qui ne me plaît pas. On parle des deux journalistes français, de Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière, c'est très bien et on ne doit pas s'arrêter un seul jour. Mais les deux n'étaient pas seuls. Trois autres personnes ont été enlevées avec eux - et de ceux-là, on ne parle presque pas. Je me demande, pourquoi. Parce qu'ils ne sont pas journalistes ? Ou parce qu'ils ne sont pas français... ?"
En ce moment, personne ne sait, quand Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière seront de nouveau parmi nous - et leurs trois accompagnateurs parmi les leurs. "Tout ce que nous avons", dit une jeune dame qui fait partie du Comité de soutien à Hervé et Stéphane, "ce sont des paroles. Des paroles vides." Et un homme dans la cinquantaine ajoute : "C'est si facile aux terroristes et aux oppresseurs de ligaturer la presse. La presse ne doit pas être oppressée."

Bonne année à tous les gens dont le cœur connaît l'amour, qui aiment la terre et la paix. Bonne année à tout ceux qui sont de bonne volonté !
L'équipe des Gens de Montpellier et de Montpellier Presse Online
Photos et texte : copyright Doris Kneller