La modernité, ses mythes et ses politiques à l'Agora des Savoirs à Montpellier
Montpellier, le 4 novembre 2009. La salle Rabelais sur l'esplanade Charles de Gaulle est pleine "à craquer". Plus une place n'est libre, les Montpelliérains assis sur les marches se serrent les uns contre les autres, et il y a tant de gens debout dans les couloirs d'entrée des deux étages que personne n'arriverait plus à gagner la salle, même s'il y restait de place pour poser des pieds.
Que se passe-t-il ? Le Président de la République rend-il visite à Montpellier ? Où le concert d'un rock star international ? Une tombola dont tous les présents rentreraient gagnant du grand lot ? - Non, c'est la science, tout simplement.
Les organisateurs - la mairie en collaboration avec la librairie Sauramps - n'en reviennent pas. On s'en doutait que les conférences de science pourraient avoir du succès auprès des Montpelliérains... mais personne ne comptait sur un succès si immense que le maire Hélène Mandroux se sentaient obligée de promettre au public que, à partir de la prochaine fois, on prévoirait plus de chaises...
Et non, ni le sujet de ce premier soir du cycle des trente conférences dénommé l'Agora des Savoirs, ni le type de la conférence, ni la présence du conférencier à Montpellier n'était unique. L'invité de cette soirée était Jean-Claude Guillebaud qui posait la question : "Quel monde préparons-nous ?". Un sujet fascinant, certes, un conférencier excellent - mais ce n'était pas la première fois qu'on parlait de ce sujet, et ce n'était pas la première fois non plus que Jean Claude Guillebaud se manifestait à Montpellier.
Que, ce soir-là, était donc si unique que tant de Montpelliérains se sentaient attirés ? Jusqu'à aujourd'hui, personne ne connaît la réponse ou, plutôt, on sait que la réponse n'existe tout simplement pas. Car, comme on a apprit rapidement, la situation était loin d'être unique : depuis novembre, elle se répète semaine après semaine. Chaque mercredi, la salle Rabelais "déborde", et celui qui veut une bonne place a intérêt à se présenter une heure avant le début de la conférence.
À partir de la deuxième semaine, on avait bien trouvé une solution pour "caser" un peu plus de monde : on montait un grand écran dans la salle au rez-de-chaussée pour que ceux qui ne trouvait plus de place pouvait au moins suivre la projection. Et ce n'était pas tout : entre-temps, toutes les conférences sont diffusées sur Internet, on peut les écouter et observer par vidéo. Mais toutes ces mesures n'ont pas aidé à vider la salle Rabelais les mercredis soirs.
Petit à petit, les habitudes se sont installées. Ceux qui avaient la possibilité sont venus une heure avant le début de la conférence, on sympathisait, des débuts d'amitiés se sont liés. D'autres amenaient des livres ou même du travail pour passer le temps. Les premiers arrivés ont essayé de garder des places pour des gens qui, à 19.30 heures, ont encore travaillé ou étaient autrement empêches de venir. Et petit à petit, la "guéguerre" entre le public et certains membres du personnel de la mairie a commencé : les uns ne voulait qu'une bonne place pour eux-mêmes et leurs amis, les autres ne voulaient qu'un peu de pouvoir, une fois par semaine. Ainsi, on a commencé à bloquer l'accès à la partie supérieure de la salle pour que les gens soient obligés de s'installer en bas jusqu'à ce que toutes les places soient prises - ceux qui venaient tôt étaient punis par l'interdiction de choisir librement leur siège. Ensuite, on a essayé d'interdire aux gens de réserver des places pour leurs amis...
Toutefois, Montpellier est Montpellier, et les Montpelliérains n'ont pas l'habitude de se laisser faire. Ceux qui sont venus les premiers ont réclamés les meilleures places, et ceux qui travaillaient tard ont insisté à ce qu'on permet à leurs amis de leur réserver des sièges - bref, une mini-révolution a rodé dans la salle Rabelais, tout bas, ponctuée par l'ironie et la rigolade. Jusqu'à ce que ceux qui étaient au "pouvoir" aient renoncé, et tout est rentré dans l'ordre...
Ce qui ne veut pas dire que la salle serait moins remplie, maintenant, des mois et des conférences plus tard. Peu importe la météo, peu importe la "concurrence" de, par exemple, un match de foot, les Montpelliérains viennent écouter la science, tous les mercredis, fidèles au rendez-vous. Le premier cycle était entièrement consacré à la science pure : Jean-Pierre Luminet et la formation de l'univers, les origines de la vie avec Marie-Christine Maurel de Paris 6, Jean-Claude Bousquet et l'Hérault géologique et Darwin ou Jean Gayon avec Darwin et la sélection naturelle faisaient leur apparition.
Le deuxième cycle appartenait à l'homme, la société et la culture. Pascal Picq, par exemple, parlait des origines de l'homme, Jean-Pierre Lebrun expliquait aux Montpelliérains, pour quelle raison "La condition humaine n’est pas sans conditions" et Maurice Godelier venait pour nous mettre "Au fondement des sociétés humaines".
Or, le temps passe et le printemps est arrivé. Et avec lui, le troisième cycle de l'Agora des Savoirs qui sera entamé mercredi prochain. Cette fois-ci, on discute de la "modernité" : ses mythes, ses politiques - et ses crises. Pierre Manent parlera aux Montpelliérains de la "Naissance de la politique", et il sera question d'un nouvel ordre de politique, de la raison et de la volonté de l'homme. Et rien ne laisse espérer que ces sujets inciteraient moins de Montpelliérains à envahir la salle Rabelais...
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Et non, ni le sujet de ce premier soir du cycle des trente conférences dénommé l'Agora des Savoirs, ni le type de la conférence, ni la présence du conférencier à Montpellier n'était unique. L'invité de cette soirée était Jean-Claude Guillebaud qui posait la question : "Quel monde préparons-nous ?". Un sujet fascinant, certes, un conférencier excellent - mais ce n'était pas la première fois qu'on parlait de ce sujet, et ce n'était pas la première fois non plus que Jean Claude Guillebaud se manifestait à Montpellier.
Que, ce soir-là, était donc si unique que tant de Montpelliérains se sentaient attirés ? Jusqu'à aujourd'hui, personne ne connaît la réponse ou, plutôt, on sait que la réponse n'existe tout simplement pas. Car, comme on a apprit rapidement, la situation était loin d'être unique : depuis novembre, elle se répète semaine après semaine. Chaque mercredi, la salle Rabelais "déborde", et celui qui veut une bonne place a intérêt à se présenter une heure avant le début de la conférence.
À partir de la deuxième semaine, on avait bien trouvé une solution pour "caser" un peu plus de monde : on montait un grand écran dans la salle au rez-de-chaussée pour que ceux qui ne trouvait plus de place pouvait au moins suivre la projection. Et ce n'était pas tout : entre-temps, toutes les conférences sont diffusées sur Internet, on peut les écouter et observer par vidéo. Mais toutes ces mesures n'ont pas aidé à vider la salle Rabelais les mercredis soirs.
Petit à petit, les habitudes se sont installées. Ceux qui avaient la possibilité sont venus une heure avant le début de la conférence, on sympathisait, des débuts d'amitiés se sont liés. D'autres amenaient des livres ou même du travail pour passer le temps. Les premiers arrivés ont essayé de garder des places pour des gens qui, à 19.30 heures, ont encore travaillé ou étaient autrement empêches de venir. Et petit à petit, la "guéguerre" entre le public et certains membres du personnel de la mairie a commencé : les uns ne voulait qu'une bonne place pour eux-mêmes et leurs amis, les autres ne voulaient qu'un peu de pouvoir, une fois par semaine. Ainsi, on a commencé à bloquer l'accès à la partie supérieure de la salle pour que les gens soient obligés de s'installer en bas jusqu'à ce que toutes les places soient prises - ceux qui venaient tôt étaient punis par l'interdiction de choisir librement leur siège. Ensuite, on a essayé d'interdire aux gens de réserver des places pour leurs amis...
Toutefois, Montpellier est Montpellier, et les Montpelliérains n'ont pas l'habitude de se laisser faire. Ceux qui sont venus les premiers ont réclamés les meilleures places, et ceux qui travaillaient tard ont insisté à ce qu'on permet à leurs amis de leur réserver des sièges - bref, une mini-révolution a rodé dans la salle Rabelais, tout bas, ponctuée par l'ironie et la rigolade. Jusqu'à ce que ceux qui étaient au "pouvoir" aient renoncé, et tout est rentré dans l'ordre...
Ce qui ne veut pas dire que la salle serait moins remplie, maintenant, des mois et des conférences plus tard. Peu importe la météo, peu importe la "concurrence" de, par exemple, un match de foot, les Montpelliérains viennent écouter la science, tous les mercredis, fidèles au rendez-vous. Le premier cycle était entièrement consacré à la science pure : Jean-Pierre Luminet et la formation de l'univers, les origines de la vie avec Marie-Christine Maurel de Paris 6, Jean-Claude Bousquet et l'Hérault géologique et Darwin ou Jean Gayon avec Darwin et la sélection naturelle faisaient leur apparition.
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Photos et texte : copyright Doris Kneller
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