jeudi 1 avril 2010

François Lapeyronie et Saint-Côme de Montpellier

Saint-Côme, Lapeyronie et le premier centre de congrès à Montpellier

La chambre de commerce, Saint-Côme, à MontpellierÀ l'origine, on ne pensait pas encore à des institutions comme la chambre de commerce. Pour les Montpelliérains - ou au moins pour ceux qui avait quelque chose à dire et l'argent pour réaliser leurs idées - tout ce qui comptait, au milieu du 18ème siècle, c'était l'université ou, plus précisément, la fac de médecine.

François Gigot de Lapeyronie, la "vedette" parmi les étudiants de médecine à Montpellier, voulait absolument que ses étudiants aient un amphithéâtre d'anatomie digne de ce nom. Il décida alors de léguer 100.000 livres à la ville pour qu'elle puisse construire cet amphithéâtre dont les étudiants montpelliérains avaient tant besoin : c'est donc grâce à Lapeyronie que le Collège Saint-Côme fut construit.

Celui de Lapeyronie est un des premiers noms qui se présentent à un Montpelliérain réfléchissant sur les grands hommes sa ville. Lapeyronie est né à Montpellier, il y fit ses études de médecine, et bien que, à la fin de ses études, il passe quelque temps à l'université de Paris, il revint deux ans plus tard pour entrer à l'hôpital de Saint-Éloi sur la Place d'Armes, situé sur la Place de la Comédie, là où, aujourd'hui, se trouve le "Monoprix".

Montpellier : Saint-CômeMais ce ne fut pas tout. Déjà un peu plus tard, il enseigna la médecine à la faculté de Montpellier, fut déclaré médecin et chirurgien personnel de Louis XV, fonda l'Académie Royal de Chirurgie, devint ce qui peut être considéré comme un pionnier de la médecine moderne - et finit ses jours dans un appartement luxurieux à Paris, dans les Tuileries, un cadeau du roi qui, la générosité déclenchée, en profita pour aussi l'anoblir.

Ce fut cette fin de noble bien établi à Paris qui lui coûtait quelques sympathies à Montpellier. Sa carrière assurée, ce fils du Midi avait-il oublié sa ville ? - Mais non, il n'avait oublié ni Montpellier ni ses étudiants. À la toute dernière minute, enfin, au moment où il fit son testament, il ne pensait pas seulement à sa ville adorée, mais il lui offrit aussi un cadeau très important : 100.000 livres.

La somme de 100.000 livres était beaucoup d'argent à cette époque. En plus, pour arrondir la somme, Lapeyronie y ajouta les deux maisons qu'il possédait à Montpellier. Car comme tous les Montpelliérains qui s'occupèrent jamais de la construction d'édifices importants, Lapeyronie ne voulait pas que l'on érige "n'importe quoi" - il rêvait d'une copie du Collège Saint-Côme à Paris. La nouvelle annexe de l'université de Montpellier devrait être aussi magnifique que l'original à Paris ou, mieux, encore "plus parfait" que celui-ci, comme Lapeyronie spécifia dans son testament.

La CCI de Montpellier, Saint-CômeAinsi, vers la fin du 18ème siècle, les étudiants de médecine pouvaient se rendre à Saint-Côme pour les démonstrations anatomiques. Mais cette idée ne suffisait pas à Lapeyronie lorsqu'il planifia le cadeau destiné à ses étudiants : Georges Frêche, lorsqu'il fit construire le Corum, n'était pas le premier à voir pour Montpellier un avenir glorieux comme ville de congrès internationaux - déjà Lapeyronie prévit que des maîtres-chirurgiens de tous les coins de la France et, peut-être, de plus loin pourraient se donner rendez-vous dans sa ville préférée. Ainsi, le Collège Saint-Côme fut doté de salles de conférence et de logements pour les invités lors de leurs assemblées à Montpellier.

Passons sur le fait qu'un autre médecin de roi, François Moostet - sa tâche était de s'occuper de l'armée - ajouta au don de Lapeyronie une rente d'exactement 1505 livres qui permit aux Montpelliérains d'agrandir le Collège Saint-Côme par la construction d'une école d'opération où les étudiants pouvaient transformer leurs connaissances théoriques en exercices pratiques.

Finalement, comme dans toute histoire d'un édifice montpelliérain, la révolution arrive et, avec elle, les grands changements. Or, le Collège Saint-Côme eut plus de chance que d'autres bâtiments : il n'est pas détruit mais juste vendu "au profit de la nation". Ainsi, dès 1801, l'ancien amphithéâtre de médecine se transforme en "Bourse de Commerce de la Commune de Montpellier" et, 19 ans plus tard, en Chambre de Commerce et d'Industrie...
Photos et texte : copyright Doris Kneller

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